
Soyons pour commencer bien personnel: j'ai vu ce film lors d'une rétrospective organisée à Cardiff, des films muets de Ivor Novello, pour fêter son centenaire: il était né dans la capitale du pays de Galles, dans mon quartier!! Je passais devant la maison de sa naissance tous les jours... Donc, forcément, le revoir aujourd'hui ça vous a un petit coté madeleine... The rat fait partie des films les plus populaires de Novello, qui en a écrit le scénario. le nom de Cutts est connu principalement pour sa collaboration avec Hitchcock, qui fut son assistant avant de réaliser ses premiers films, dont ce gros succès est immédiatement contemporain. la comparaison est inévitable, on y viendra...
Paris.... Le rat (Novello), c'est un voyou des faubourgs, véritable tombeur, qui fascine le bourgeois. Mais toutes les mauvaises filles locales ont beau dire ou faire, voire rêver, il est à une seule femme: Odile (Mae Marsh, sortie de sa retraite pour ce film; il faut croire qu'elle avait de bons souvenirs du travail avec Novello sur le film The white rose, de Griffith, sa dernière interprétation en 1923). Alors, lorsqu'une dame de la haute qui s'ennuie décide de séduire le jeune homme pendant qu'un de ses amis jette son dévolu sur la frêle Odile, il y a du vilain en perspective...
Le film joue à fond la carte de l'exotisme Parisien, intemporel, avec absinthe et danse d'apaches comme dans Les Vampires. Les spectacles présentés au music-hall sont franchement fripons, avec danseuses à peine vêtues: on n'est décidément pas à Londres... Le film allie une naïveté militante dans son enchaînement d'aventures et une mise en scène très sophistiquée, constamment inventive; mais bien sur, toute comparaison avec Hitchcock montrera une différence évidente de profondeur, peu problématique d'ailleurs: on ne s'attelle pas à The rat pour réfléchir à la condition humaine ou aux problèmes de culpabilité, on y va pour du bon temps, légèrement porté vers le second degré. Dès The pleasure garden, la noirceur d'Alfred Hitchcock explose au visage, et The lodger n'est pas en reste... pour revenir à The rat, le film n'est pas exempt de ce second degré du genre, qu'on appelle Camp chez les anglo-saxons. Un petit plaisir, donc, qui donne envie, forcément de poursuivre avec les deux autres films de la série, également mis en scène par Graham Cutts, dans lesquels on retrouve Isabel Jeans et bien sur Ivor Novello, un "leading man" comme on n'en fait plus!