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9 janvier 2012 1 09 /01 /janvier /2012 18:15

Chaplin estimait que Demille parvenait à maturité avec ce film, une étonnante production dans laquelle le metteur en scène explore une nouvelle fois le drame bourgeois, exploitant le thème de la déchéance et ses ramifications sur la famille d'un héros et son entourage, mais cette fois-ci, il en profite pour expérimenter avec la surimpression, de façon très appuyée.

Un homme frustré par sa médiocrité trafique les comptes de sa société pour offrir une vie plus décente à sa femme. Pris par le remords (Et par crainte des suites judiciaires) il s'enfuit, et réussit par une machination à se faire passer pour mort, assassiné. Et comme nous sommes dans un mélodrame, il sera accusé de son propre meurtre, mettant en danger, s'il fait éclater la vérité, le bonheur de sa '"veuve", remariée. Le titre Français, Le rachat suprême, met l'accent sur le dilemme du héros. Une constante de ce film est la matérialisation des pensées, de la conscience et des graves questions que se posent les personnages par des surimpressions très travaillées et traitée avec une grande attention. Nous sommes en 1918, et les films suédois (Korkarlen de Sjöström) ou Allemands, friands de ces techniques, n'ont pas encore eu leur influence fantastique; du reste, pas de monstres, et à peine un fantome dans ce film, qui rappelle une fois de plus les films russes de Bauer par son esthétique bourgeoise faite d'une reconstitution minutieuse des décors et des toilettes, et de la représentation de la conscience du héros(le "choeur chuchotant" du titre). Une autre utilisation de la surimpression permet à DeMille d'économiser les plans, représentant l'héroïne comprenant sa situation, sa bigamie, et la menace qui pèse sur l'enfant qu'elle attend, le tout grâce à des images qui gravitent autour d'elle; on anticipe sur la vision des 7 péchés capitaux quittant le corps de Madeleine dans King of Kings (1927), et le résultat, en un seul plan, est efficace.


Le film a bien sur vieilli par son sujet et la sempiternelle représentation d'une bourgeoisie en décadence; Mais, comme dans les trois films précédemment évoqués, le jeu des acteurs (Raymond Hatton, Elliot Dexter, et la troupe habituelle de DeMille), la photographie (Alvin Wyckoff), les décors et costumes déjà mentionnés sont tous excellents. Le sens de l'économie et la rigueur du montage permettent une foie de plus d'aller directement à l'essentiel. Une nouveauté, annonciatrice de cieux plus lourds, en revanche: le symbolisme de la conscience du héros, systématiquement visualisée par ce "Whispering Chorus", n'est déjà pas en soi terriblement heureux, mais de surcroît il autorise DeMille et Jeanie McPherson à user du commentaire d'auteur sur la situation, une constante irritante de leurs films ultérieurs, et une des sales manies les plus ennuyeuses des films contemporains de Griffith.

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Published by François Massarelli - dans Muet Cecil B. DeMille 1918 *