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18 mai 2012 5 18 /05 /mai /2012 12:18

Il était le roi de Hollywood... Principal metteur en scène à la Metro, entre 1921 et 1923, Rex Ingram a subi la fusion entre Metro et Goldwyn, et n'a pas apprécié semble-t-il d'être ravalé au rang d'employé de l'industrie. On raconte souvent qu'une inimitié personnelle entre lui et Louis B. Mayer (il se débrouillait pour qe ses génériques créditent la Metro-Goldwyn, et non la Metro-Goldwyn-Mayer, comme étant la compagnie de distribution de ses films, cela doit donc être vrai) l'avait poussé à affirmer son indépendance après The arab (1924) Mais si la MGM a un temps accepté de distribuer ses films tournés en France (Mare Nostrum, The magician, The garden of Allah), il allait finalement être lâché par le studio devant le manque d'enthousiasme du public. Après sa fuite vers Nice et la Méditerranée, Ingram perd donc vite de sa superbe, et ce film, le premier tourné à l'écart de MGM, le dernier de ses films muets (Qui possédait semble-t-il des séquences parlantes à sa sortie), est aussi l'avant-dernier film de son auteur. Tourné pour le compte d'une société Anglaise, le film est situé à Londres...

 

On fait la connaissance de trois personnages, liés par bien des façons: Lord Bellmont, un industriel qui a réussi, mais est désormais coupé de ses ouvriers dont les conditions se dégradent; son fils Philipp, à la recherche d'une autre vérité après avoir profité pendant des années de la vie d'oisif que lui permettait la richesse paternelle; il souffre aussi dela vacuité de sa mère, qui console son ennui et sa solitude dans la consommation de gigolos; enfin, Lady Victoria, aussi oisive que Philipp, est aussi très amoureuse, et va changer elle aussi sous l'impulsion de cet amour. Les trois passions présentes dans le film, la puissance aveugle, la foi et l'amour sont-elles conciliables?

 

...Non, bien sur. Le conflit à trois têtes dans le film est hautement symbolique, et par certains côtés, on pense à Metropolis et sa sage morale. Mais une fois de plus, Ingram n'est pas un idéologue, et la morale de son film est d'un conservatisme prudent et de bon aloi, comme le montre cette scène vers la fin ou Philipp, sachant son père mourant, calme les grévistes en leur faisant deux trois promesses, et en flanquant un clone de Trotsky au bas de son estrade. Ce qui a compté pour le metteur en scène, c'est de voir évoluer ses personnages dans leurs univers respectifs, de peupler comme il savait si bien le faire ses décors très soignés, mais passe-partout, de faunes millimétrées et dans lesquelles on se doute qu'une fois de plus, chaque figurant avait une tâche très claire à accomplir. Mais quoi qu'il en soit, le film est aussi esthétiquement typique d'Ingram, que peu probant d'un point de vue dramatique. Restent les acteurs: Ivan Petrovitch, débarrassé du maquillage qui l'affadissait dans The magician, il est un jeune premier assez solide. Alice Terry, toujours parfaite, a un rôle ambigu, et subit une tentative de viol (La brute est jouée par Andrews Engelmann, que tous ceux qui ont vu Le journal d'une fille perdue connaissent.) parfaitement orchestrée. Mais en une heure, la précipitation de cette intrigue ne joue pas toujors en sa faveur. Si on jurerait que ce film quelque part sur le continent, les stock-shots de Londres confirment qu'on est bien devant un "Quota-quickie" Anglais, ces films vite faits réalisés pour remplir les quotas de films Anglais à l'exportation. Michael Powell, l'ancien assistant d'Ingram, allait y commencer sa carrière; Ingram y a quasiment fini la sienne... Grandeur, puis décadence.

 

Pour finir, ce film est rare, très rare même: il a été perdu jusqu'en 2008, lorsqu'une copie a été trouvée en Allemagne. Elle est semble-t-il complète, mais muette, ne nous permettant pas d'affirmer que le film possédait bien, à l'instar des films Anglais Blackmail ou The flying Scostman, tous deux tournés la même année, de séquences sonores.

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Published by François Massarelli - dans Rex Ingram Muet 1929