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28 décembre 2024 6 28 /12 /décembre /2024 17:02

Au milieu des années 50, ce film au style volontiers flamboyant est quand même une sorte de parenthèse... D'une part, Hitchcock sort à peine d'avoir avec génie illustré les turpitudes de l'être humain, dans un cadre qui renvoie constamment au cinéma et au voyeurisme (Rear Window), et s'apprête à revenir à un de ses films favoris de sa période Anglaise (The man who knew too much), en le réactualisant, afin de se replonger dans les affres d'une famille comme vous et moi tout à coup plongée dans le drame. Et puis, avec Grace Kelly, superbe créature doublée d'une remarquable actrice, il a une fois de plus trouvé une muse à la hauteur, après Ingrid Bergman... Elle a déja accompagné le maitre dans un film noir, très noir, Dial M for Murder, et dans Rear Window déja évoqué.

Alors le nouveau film surprend un peu: une histoire d'abord romantique de héros, ancien voleur qui doit faire reconnaitre son innocence dans le cadre d'une enquête sur des vols qui sont parfaitement imités de son style, tout en subissant les avances particulièrement marquées de deux femmes qui se consument manifestement de désir pour lui: une jeune écervelée qui le connait depuis son enfance, et la fille d'une sympathique parvenue Américaine vaguement alcoolique, qui est autant attirée par l'homme que par le danger de fricoter avec l'ancien voleur. Le tout étant situé sur la côte d'Azur, pour laquelle on peut faire confiance à Hitchcock, qui sait tirer toutes les cartes postables possibles et imaginables d'un pays pittoresques...

Film de vacances? Oui, ça tient un peu de ça, le metteur en scène s'étant d'ailleurs amusé à apparaitre dans un autobus à l'intérieur duquel cary Grant s'installe. A la droite du maître impassible, bien sur... Mais si le film profite à fond du coté couleur locale de l'arrière-pays Niçois (Bien plus que l'improbable Cote d'azur de Foolish Wives!), et montre des Américains en villégiature et attablés à des casinos, il montre aussi une fois de plus un innocent en quête de preuves de son innocence, mais aussi un homme en proie à son double, qui fait tout ce qu'il ne fait plus justement. un fantôme de ses désirs de vol. Sans parler de la dangerosité des désirs féminins, dont John Robie, le "Chat" qui reconnait avoir surtout le désir de rester tranquillement à la maison, est la victime, dans un film qui accumule les sous-entendus sexuels, le plus souvent dans la bouche de Grace Kelly ou de Brigitte Auber... 

Mais dans ce film à l'interprétation cosmopolite Franco-Américaine parfois gauche (Il m'est insupportable d'entendre Brigitte Auber parler l'Anglais, par exemple), c'est l'impression de vacances qui domine, mais on était prévenus par un générique sur fond de vitrine d'agence de voyages. Cary Grant a l'air un peu essoufflé, pas convaincu de sa place, et peut-être nous sera-t-il plus convaincant en Roger Thornhill dans North by Northwest, qui se définira d'abord et avant tout par l'action, et la prise de pouvoir physique. Ici, Robie a surtout à coeur de prouver qu'il ne fait plus rien, justement... Quant à Grace Kelly, on sait que sa carrière se termine. Mais si elle est la conductrice dangereuse d'une scène de suspense routier qui relève un peu le film, il est d'une ironie noire de constater que c'est d'un accident de voiture sur ces mêmes routes qu'elle décèdera, 27 ans plus tard.

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Published by François Massarelli - dans Alfred Hitchcock Cary Grant