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  • : Allen John's attic
  • : Quelques articles et réflexions sur le cinéma, et sur d'autres choses lorsque le temps et l'envie le permettront...
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31 octobre 2025 5 31 /10 /octobre /2025 13:53

C'est, selon toute vraisemblance, la première des quatre adaptations de romans de Dickens par Sandberg, et ça montre bien les ambitions du metteur en scène, qui cherchait à produire des films au Danemark qui rivaliseraient avec le meilleur du cinéma mondial et en particulier avec les quatre leaders de l'industrie, Italiens, Français, Américains et les Allemands revenus d'entre les morts, et qui étaient fortement présents au Danemark. Bref, le réalisateur de Klovnen cherchait à apporter sa contribution pour restaurer la toute-puissance Danoise d'avant 1914 en ce qui concerne le cinéma...

Dans ces conditions, le choix de Dickens peut paraître étonnant, mais la même année, Griffith aux Etats-Unis sortait Orphans of the storm, qui devait plus aux romans de Dickens qu'à la pièce qu'il adaptait! Pourtant, le film de Sandberg est très différent de ce que faisait Griffith...

L'intrigue du dernier roman de Dickens est touffue, et il semble que le film ait cherché à en adapter les moindres recoins, et à en reprendre toute la richesse des personnages, qui sont fort nombreux, et chacun d'entre eux apporte un nouvel élément de complication dans la première partie! Il est donc question d'un testament, celui d'un vieil homme dont l'unique héritier est retrouvé mort. Sa fortune est donc reprise par son valet, un brave homme un peu simplet, mais... Evidemment, tout le monde la convoite un peu; bien sûr, certains sont plus malhonnêtes que d'autres; bien sûr, les riches et les pauvres vont s'opposer, en particulier sur la morale; et enfin, pour couronner le tout... L'héritier est-il vraiment mort?

C'est emballant, car en dépit d'une fidélité au texte, à sa linéarité et à la naïveté mélodramatique de l'intrigue, Sandberg a évité les pièges d'une trop littérale adaptation. Il illustre, oui, mais en poussant les ambiances, pour faire de son Londres inquiétant quelque chose de plus fort encore que ce que voulait Dickens. Chaque personnage peu être lu de plusieurs façons grâce à des caractérisations plus cinématographiques que littéraires, et le metteur en scène utilise le montage à merveille pour alterner plans d'ensemble d'une grande richesse, et inserts vivants. Les acteurs incarnent totalement leur personnage, et comme c'est un film Danois les éclairages sont luxueux!

Après ce qui précède, on s'attend à un "mais...", et ça ne va pas pouvoir être évité: "...mais" le problème c'est que la deuxième partie est perdue, en tout cas de moitié, et n'a survécu que sous la forme de fragments disjoints. Au regard de la qualité photographique de la copie et de l'impeccable tenue de la première partie, c'est un crève-coeur... Cette adaptation sage mais très réussie donne envie de voir les autres films adaptés de l'écrivain par le décidément très intéressant metteur en scène, qui ne mérite absolument pas d'être tombé dans l'oubli.

 

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Published by François Massarelli - dans A.W. Sandberg Muet 1921
27 octobre 2025 1 27 /10 /octobre /2025 08:53

Bien que le copyright du film indique la date de 1920, le film est sorti à l'automne de 1921, alors que le cinéma Danois se remettait encore avec difficulté de la mort de Valdemar Psilander (que Sandberg avait dirigé en 1917 dans son film Klovnen peu de temps avant son décès prématuré)... C'est donc Gunnar Tolnaes, qui avait plus ou moins pris la place de la star disparue, qui interprète le rôle principal aux côtés de l'acteur Philip Bech, et de Kate Riise. Cette dernière, qui incarne une artiste de music-hall, avait exigé d'apparaître sous un nom d'emprunt, car le rôle exigeait d'elle des scènes en petite tenue (en l'occurrence un justeaucorps et des collants pour les scènes situées dans les coulisses, des vêtements jugés trop suggestifs par l'actrice)...

Le titre, qui signifie "Les yeux peuvent-ils mentir?", trouve dès l'ouverture, un écho: en effet le film commence par un plan très clair, celui des yeux d'une jeune femme aux cheveux blonds, qui nous regardent de façon très aguichante... Une façon comme une autre de placer le sujet de ce mélodrame: Egil, un riche héritier (Tolnaes) est amoureux d'une artiste (Riise), et la séduit. Ils veulent se marier mais la famille n'a pas confiance en elle. Alors que le mariage se profile à l'horizon, la jeune femme disparaît. Quand elle revient, elle apprend à son fiancé qu'elle est mariée, et qu'elle a fui son mari violent, le comte Mirko. Mais elle est bien vite accusée d'avoir tué son mari...

Un (mélo) drame dans la noblesse, des traditions bousculées, des codes amoureux dictés par les conventions, un mariage en dépit de la désapprobation des parents, une figure féminine sur lequel le doute (celui des protagonistes aussi bien que celui des spectateurs) plane avec insistance, des personnages mystérieux, une mort suspecte, et enfin des secrets compliqués voire inavouables... On est en plein mélodrame établi, étanche et à l'épreuve des balles. Mais Sandberg démontre une fois de plus son métier et sa filiation avec les grands noms du cinéma Danois des années 10, Blom, Holger-Madsen, Gad et Christensen en tête: son utilisation des lumières et de l'ombre, sa scénographie des intérieurs bourgeois (particulièrement luxueux), le jeu souvent très retenu des acteurs, tout fonctionne très bien. Le cinéaste prend un certain plaisir à détailler à travers tous les univers aperçu (les coulisses d'un théâtre fréquentés par les héritiers en haut-de-forme qui viennent fréquenter les danseuses, un salon austère dans lequel la famille tient conseil, des galeries imposantes de manoirs tout aussi peu discrets...) tout le luxe mais aussi la vanité d'un monde qui semble bien loin de ce que devait être le quotidien des gens qui fréquentaient les salles de cinéma à l'époque. Car cet art consommé du mélodrame est un art populaire par définition, qui se doit de raconter et d'aller d'un point A à un point Z...

Le film fait la part belle aux gros plans dynamiques, pas de décrochage idéaliste à la façon d'un Griffith: chaque plan a une fonction rigoureuse dans la continuité... Et cette histoire certes un rien éventée plus d'un siècle plus tard se déroule tranquillement sous nos yeux, dans un style qui ne fait certes pas de vagues, mais donc l'eficacité n'est plus à  démontrer... C'est un film qui ressemble beaucoup, donc, à ceux que Sandberg allait réaliser durant toute la décennie, et Sandberg aime à questionner les apparences dans une narration certes sage, et dans laquelle à la fin, tout conduit au bonheur de ces nobliaux d'un autre âge...

Le film, comme tant d'autres de son auteur, est disponible sur le site de plus en plus fourni du Danske Filminstitut, mais comme pour la plupart des oeuvres disponibles, ce sera avec des intertitres danois sans traduction...

https://www.stumfilm.dk/stumfilm/streaming/film/kan-disse-ojne-lyve

 

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Published by François Massarelli - dans Muet A.W. Sandberg 1920
19 juillet 2025 6 19 /07 /juillet /2025 00:03

Les Quatre Diables, des acrobates, sont deux garçons et deux filles, issus de deux fratries différentes, et élevés jusqu'à devenir des artistes talentueux par un père adoptif particulièrement pointilleux... Ils sont très unis, mais avec l'arrivée de l'âge adulte, les ennuis commencent: l'une des deux jeunes femmes, Aimée (Margarethe Schlegel), ressent un amour d'autant plus troublant pour Frederick (Ernest Winar), qu'il ne semble pas se soucier d'elle. Par contre, il est tombé amoureux d'une comtesse qui ne rate pas une seule des représentations, et qui l'a invité à la rejoindre dans sa maison... Frederick en revient épuisé par l'amour, mais commence lors des entraînements à ressentir un vertige qui l'inquiète beaucoup, et ses partenaires également: c'est que pour une soirée de charité très en vue, ils vont effectuer leur numéro de trompe-la-mort sans aucune protection... 

Sandberg est en délicatesse avec la compagnie Nordisk Film de Copenhague au moment où il effectue ce film, tourné à Leipzig et à Berlin pour un distributeur Allemand. Il vient de compléter son film le plus ambitieux (tourné en 1918, monté en 1919, et qui ne sortira qu'en 1921), une adaptation de Our mutual friend de Dickens, et doit batailler sur le montage, l'exploitation et tout un tas d'autres choses. On remet en cause sa position au sein de la compagnie, qui lui permettait de mettre en scène des grands sujets sans interférences... Le choix du film tourné en Allemagne est assez ironique, puisque Les quatre diables avait déjà été un énorme succès en Europe en 1911, sous pavillon Danois! C'était une production de Robert Dinesen, adaptée du roman de Hermann Bang, et qui allait ensuite fournir la base d'un film de Murnau aujourd'hui disparu, réalisé à la Fox en 1928...

Mais Sandberg, dont le style passe-partout s'adaptait assez bien à tous les environnements, en fait un film totalement nocturne, dans lequel il focalise toute son intrigue sur l'âge adulte de ses protagonistes, contrairement aux deux autres adaptations qui proposent l'histoire en séquence, en commençant par la jeunesse difficile sous la protection mais aussi la férule du clown Cecchi... L'intrigue est vraiment centrée sur ces deux personnages, plus évidemment celui de la comtesse, qui est essentiellement un type de femme fatale assez fréquent dans le cinéma Européen de cette époque. On retrouve la patte de Sandberg dans l'attention portée aux coulisses du spectacle, saisies dans une volonté de naturalisme qui parfois tranche singulièrement avec le traitement mélodramatique du drame des personnages principaux... Et la main du destin prend la forme, clin d'oeil très itonique, du dessin d'un diable sur un costume de scène, qui est visible dans le miroir lors de la présentation d'Aimée: nous ne voyons, d'ailleurs, que ce diable grimaçant, avant de la voir elle...

C'est sans doute une certaine forme de dépit qui a poussé le metteur en scène à quitter le Danemark momentanément, pour y faire ce film. Il n'empêche, il y est très à l'aise: il y trouve le même ton ironique, caché derrière le mélo, que dans ses deux adaptations du Clown, celle de 1917, mais aussi et surtout sa version de 1926 qui est probablement son plus grand film... Comme ce fameux remake, ces Quatre Diables 1921 ne se contentent pas d'être une nouvelle version d'un film passé de mode (la première version, de 1911, réalisée par Robert Dinesen et Alfred Lind): Sandberg y continue son exploration des coulisses de l'art, des hommes voués par leur aveuglement à l'échec amoureux, et à travers le mélodrame expose une vision noire du monde, parfois baignée de flash-backs qui nous renvoient à la fois à Dickens (dont il venait d'effectuer une adaptation, comme je le disais plus haut) et au feuilleton... C'est donc un film qui lui ressemble! 

Et si ce film a été longtemps visible dans des copies incomplètes (notamment une, trouvée en Uruguay, qui réduisait le film à 40% de sa durée, et qui éliminait les flash-backs), et de mauvaise qualité: celle actuellement disponible (pas visible, cependant, sur le site du DFI consacré au fonds muet de la cinémathèque danoise... Sans doute parce qu'il s'agit d'abord et avant tout d'un film allemand!) est superbe, dominée, scènes nocturnes obligent, par un teintage bleu. Elle n'est semble-t-il pas complète non plus, puisqu'on passe abruptement de a fin du troisième acte au sixième... il y a une évidente ellipse, avec une évolution des rapports entre les quatre artistes, mais le "grand final" est là, presqu'intact. Un saut de la mort particulièrement littéral...

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Published by François Massarelli - dans A.W. Sandberg Muet 1920
18 juillet 2025 5 18 /07 /juillet /2025 14:46

La Comtesse Evelyn (Clara Wieth) est sur le point d'accéder à sa majorité, le moment pour elle de commencer à gérer elle-même le budget d'une maison, qu'elle a eu tendance jusqu'à présent, par son insouciance, à laisser dans le rouge. Un administrateur a dépéché un agent (Gunnar Tolnaes)pour établir si les comptes on besoin d'être resserrés ou pas. Ca tourne au bras de fer entre la jeune femme volage, et l'ombrageux fonctionnaire... Sur fond de révolte des employés de la ferme!

C'est le troisième film  de Sandberg avec Clara Wieth, et elle commence clairement à passer l'âge de jouer les jeunes premières, mais la grande comédienne s'est prétée au jeu de la comédie sentimentale avec une certaine énergie. Le film est d'ailleurs strictement une comédie, sans jamais s'éloigner d'une dynamique légère: il n'est pas compliqué de deviner très tôt dans le film, dans sa première séquence (un bal masqué lors duquel la jeune femme rencontre, derrière un loup noir, son futur administrateur), que les deux protagonistes vont finir ensemble. Sandberg est sans doute moins à l'aise dans ce genre, sans les noirceurs du drame et du mélodrame, les deux genres dans lesquels il s'est illiustré.

Tout est dans l'ordre, dans un raisonnable revendiqué, avec un petit trait assez fréquent toutefois: quand une révolte des ouvriers et des employés se déclenche (suite à un accident provoqué par la comtesse), l'agent de l'administrateur et la Comtesse se réfugient à l'écart, dans une cabane au fond du parc, où elle va devoir apprendre l'humilité... C'est lors de cette cohabitation forcée entre deux fort caractères, à l'écart du monde, que leur relation va vraiment se révéler... Comme dans d'autres escapades, dans des films ultérieurs de Sandberg (Lasse Månsson fra Skaane, de 1923, ou Kærligheds-øen, de 1924).

 

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Published by François Massarelli - dans 1920 A.W. Sandberg Muet
18 juillet 2025 5 18 /07 /juillet /2025 14:46

Un couple (Aage Fønss et Clara Wieth-Pontopiddan) se marie... mais le fils est appelé en urgence auprès de son père (Albrecht Schmidt) malade, qui a quelque chose d'important à lui dire: aucune femme ne doit entrer dans sa maison, qui est maudite. Pour appuyer ses dires, il lui raconte une histoire lointaine, une légende de famille...

C'est alors qu'un flash-back nous conte cette légende (qui concerne une ancètre qui a trompé son mari violent, seigneur du château: pour la punir, il l'emmure vivante) que le film s'arrête, réduit à la dimension d'une seule bobine... Il promettait d'être un solide mélodrame à caractère mystérieux, comme Sandberg en a fait quelques-un: on se souvient en particulier du très esthétique Kaerlighedens Almagt sorti quelques mois auparavant...

Donc c'est a priori un film superbe esthétiquement, dont l'intrigue ou du moins celle du flashback rappelle le court métrage de 1909 The sealed room, de Griffith, lui-même une variation sur les nouvelles de Poe dans lesquelles une personne est emmurée vivante... Mais il n'en reste hélas que 11 minutes. Elles sont disponibles (avec des intertitres en Anglais sous-titrés en Danois) sur le site Stumfilm, de la cinémathèque danoise, consacré intégralement au films muets préservés par l'organisme.

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Published by François Massarelli - dans Muet A.W. Sandberg 1919
6 juillet 2025 7 06 /07 /juillet /2025 10:33

Le film commence un peu comme La nuit vengeresse de Benjamin Christensen, avec des plans nocturnes d'un homme qui s'approche d'une maison, la nuit, où vivent deux personnes: une dame âgée, alitée, est mourante, et sa fille (Clara Wieth) s'occupe d'elle; l'homme (Peter Fjelstrup) réclame à manger, et il est manifestement en fuite. le lendemain, il se re-manifeste, et elle lui donne à manger, puis le suit: elle découvre qu'il habite une cabane dans les bois...

Quand le médecin passe pour surveiller l'état de la mère, il est direct: elle va mourir si on ne lui prodigue pas de soins le plus vite possible. En bon instrument du destin, le docteur attire aussi l'attention de la jeune femme sur une affichette qu'il a ramassée: un avis de recherche, au nom de Carl Weldon, recherché pour meurtre. Bien sûr, c'est l'homme aperçu par Nina la nuit précédente et qu'elle a suivi jusque chez lui. Elle se rend au poste de police, et les choses se précipitent: les éléments du mélodrame se mettent en place les uns à la suite des autres. D'une part, Nina reçoit sa récompense avec laquelle elle espère pouvoir payer des soins à sa mère; d'autre part, deux protagonistes importants se manifestent, l'un est le neveu de la victime du meurtre Pedro (Peter Malberg), qui souhaite féliciter la jeune femme... Et plus si affinités, car le gandin est plutôt bavard voire beau-parleur. L'autre personne qui intervient au poste de police, le Dr Weldon (Carlo Wieth), est le fils du suspect qu'on vient d'arrêter, et qui bien sûr clame l'innocence de son père. Si contrairement à moi, vous n'avez pas encore trouvé le vrai coupable, voyez le film. Sinon... voyez-le quand même!

Car ce n'est pas par ses qualités de whodunit que ce long métrage vaut la peine d'être vu. Le film est entièrement assujetti au point de vue de Nina, qui est interprété avec un souffle impressionnant par l'une des divas de l'écran Danois muet. Le mot n'est d'ailleurs pas choisi au hasard: elle réussit par un jeu d'une constante subtilité, à faire passer les mêmes émotions, les mêmes passions que les divas Italiennes, Francesca Bertini en tête. Mais Bertini avec un sens de l'économie, si c'était possible. Et Clara Wieth-Pontopiddan joue en subtilité, mais de tout son être...

Autour d'elle, un casting solide, et surtout un metteur en scène qui est inspiré du début à la fin. Sa mission est double, finalement: d'un côté, livrer clés en mains au public un divertissement parfait, avec un script personnel et généralement très clair; de l'autre, suivre les doutes et les sentiments de culpabilité d'une héroïne qui non seulement réalise qu'elle a commis une erreur en acceptant de l'argent sur la tête d'un homme, mais surtout souffre de cacher la vérité à l'homme qu'elle aime, car bien évidemment, elle va tomber amoureuse du bon docteur et même l'épouser...

Sandberg utilise du début à la fin de son film les scènes nocturnes avec une maestria confondante, et c'est là sans doute que la référence au film de Christensen fait sens: Avec son art du clair-obscur, son sens de la composition et du cadrage en plus de sa direction d'acteurs impeccable, Sandberg peut sans problème se placer en droite ligne dans la même classe que le réalisateur de L'X mystérieux et La nuit vengeresse... Comme Le Clown (1926) ou Nerfs Brisés (1923), ce film de Sandberg place le mélodrame Danois à a lisière des cinématographies du monde, car comme chez Dreyer, l'austérité des Danois cache de bien sombres turpitudes (surtout Peter Malberg, qui allait comme de juste bien vite être abonné des rôles de types louches), mais avec Sandberg, on commence à trouver les moyens de la mettre en scène de façon moins suggestive, plus directe. Ce qui nous fait un film esthétique, mais aussi excitant, à plus forte raison dans un dénouement très physique pour les principaux personnages.

https://www.stumfilm.dk/en/stumfilm/streaming/film/kaerlighedens-almagt

 

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Published by François Massarelli - dans A.W. Sandberg DFI Muet 1919
15 juin 2025 7 15 /06 /juin /2025 13:42

Ce mélodrame Danois date d'une époque durant laquelle le pays du Nord, anciennement champion incontesté du cinéma Européen, et donc mondial, est en lutte pour garder sa première place... Mais c'est bien fini. Les Danois, qui savent qu'ils ne peuvent plus exporter comme avant vers la France, l'Italie ou l'Angleterre, en cette époque où les alliances scellent des pactes authentiquement guerriers, se tournent plus que jamais vers les genres éprouvés, en premier lieu le mélodrame! 

Joe Higgins (Valdemar Psilander) est clown dans un petit cirque familial. Un noble de la ville qui vient voir le spectacle est impressionné et lui propose de venir avec lui pour faire carrière sur les scènes citadines. Il accepte, à la condition de pouvoir emporter avec lui Daisy (Gudrun Houlberg), la femme qu'il aime, et ses parents. Des années après, Joe court de succès en succès, mais il découvre que Daisy, qu'il a épousée, le trompe avec le comte Henri (Robert Schmidt). Il la confronte, elle part, et c'est la déchéance...

Le film est hautement prévisible, et nous conte précisément la chute d'un homme. La scène qui va servir de révélateur pour Joe, pas pour le public, sera vue par lui dans un miroir, qui lui montre littéralement ce qui se passe dans son dos. Quelques scènes plus tard, Joe éméché croise dans un restaurant une troupe de gens en pleine débauche: parmi eux, Daisy et le comte sont occupés à lutiner d'autres amants. Joe fait un scandale... qui secoue violemment la jeune femme. Ainsi, Sandberg semble établir non seulement le thème classique du mélo, la ville qui corrompt, mais par ces deux scènes il insiste sur cette déchéance comme un drame intérieur, inhérent à Joe lui-même. Et quand il croise Daisy, tous les deux sont dans un très mauvais état... 

La dernière bobine, située après la mort de Daisy, le premier "climax" du drame (il y en a un deuxième, mais je ne vous le révélerai pas), est fascinante par une utilisation assez rare du flash-back, quelques années avant la structure chronologique déroutante de La charrette fantôme... Joe se remémore les bons moments entre deux gorgées de mauvais vin, et on voit non seulement les scènes que nous avons déjà vues, mais aussi d'autres, qui prolongent le drame, et la vie qui est sous nos yeux. Valdemar Psilander, qui EST le spectacle à lui tout seul, est évidemment impérial dans ce film et lui assurera un succès non négligeable... D'autant plus qu'il est décédé quelques semaines avant la sortie! mais le film avait ses mérites propres, avec ou sans sa vedette: ce qui allait persuader Sandberg, neuf années plus tard, de retourner à la conquête de l'Europe avec un remake en tous points superbe...

Copie du film (sans sous-titres) disponible sur le site du Danske Film Institut: 

https://www.stumfilm.dk/en/stumfilm/streaming/film/klovnen-0

 

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Published by François Massarelli - dans A.W. Sandberg Muet 1917 DFI Valdemar Psilander
15 juin 2025 7 15 /06 /juin /2025 13:39

"L'homme au doigt manquant" (il n'est connu que sous ce patronyme générique) s'évade de prison, et ne tarde pas à réassembler sa bande de malfrats. Avec leur aide, il kidnappe un banquier avec l'intention d'en obtenir une rançon en échange... Mais la banque confie l'affaire à un détective doué...

L'ombre de Feuillade, encore et toujours, plane sur ce film, dont Sandberg, qui a déjà réalisé plusieurs films avec le même personnage et le même univers, fait une fois de plus un laboratoire de mise en scène atmosphérique. Il utilise avec une grande efficacité toutes les ressources offertes par le cadre, la profondeur de champ, le montage, et le décor...

Le titre est clair et explicite, mais l'identification du bandit qu'il permet est souvent utilisée pour des gros plans dynamiques, qui montrent que sandberg a tout compris de l'utilisation du signe cinématographique, à travers le recours à ces plans lents qui voient la main au doigt manquant en action: trois ans avant les premiers films de Fritz Lang, qui sera (en autre disciple déclaré de Louis Feuillade) un maître absolu de cette technique narrative... Un excellent exemple est cette scène au vours de laquelle une des complices du malfrat est dans un café, parlant avec un employé de banque: il frime un peu, montrant un badge qui lui donne accès aux endroits stratégiques de la banque. Lentement, elle prend le badge et le met à portée des mains de '"l'homme aux neuf doigts" (pour reprendre la terminologie originale). On verra juste la main de celui-ci, lentement, qui s'empare de l'objet...

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Published by François Massarelli - dans A.W. Sandberg Muet 1916 Noir
15 juin 2025 7 15 /06 /juin /2025 09:20

C'est le premier film d'une série de cinq, qui seront tous réalisés par Sandberg. Tous n'ont pas survécu, et ce moyen métrage qui devait totaliser environ 40 minutes n'est pas non plus complet: il y manque un début qui aurait été une exposition... Cela étant dit, étant admis qu'on ne me fera jamais dire qu'il est bénéfique qu'un film se voie privé d'une partie de son métrage, le fait est qu'en l'état, ce film policier commence de la plus belle des façons, par une poursuite spectaculaire...

Le titre de la "série", tout d'abord": il signifie tout simplement "l'homme au doigt manquant"... On est en plein dans une période de création d'un genre, le cinéma policier, sous l'influence de Jasset et Feuillade, et Sandberg sacrifie au principe d'un héros et d'un anti-héros récurrents, comme Fantômas et Juve dans les cins films de Feuillade, qui inspireront à peu près tout le courant policier (Lang en tête!) pour le reste du cinéma muet et même au-delà...

Deux policiers, Jackson (Alf Blütecher) et Warren (birger Von Cotta-Schonberg), sont à la poursuite d'un dangereux malfaiteur, Smith (Aage Hertel), qu'ils soupçonnent d'être le mystérieux bandit au doigt manquant, et il leur échappe. Par un stratagème, il les attire tous deux, séparément, dans une villa, afin de se débarrasser d'eux: ils sont tous deux, prisonniers, alors qu'une bombe va exploser... Notons que dans les copies Anglophones, Jackson devient Stacey et Smith le moins transparent Morton.

Coups de théâtre, poursuites, déguisements, ligotages, séquestrations, sauvetages de dernières minutes... Avec de telles situations, on ne s'étonnera pas que Sandberg, sous l'influence des styles baroques de Feuillade et Jasset, se jette à fond dans la bataille du suspense, et ça marche... Le film est sans doute un modeste effort, un complément de programme destiné à fidéliser les foules comme il en existait des tonnes dans toutes les cinématographies durant les années 10, mais il est très réussi...

 

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Published by François Massarelli - dans 1915 A.W. Sandberg Muet Noir
15 juin 2025 7 15 /06 /juin /2025 09:19

Meyer, un mari (Oscar Stribolt) profite de l'absence de son épouse partie prendre des vacances à la mer, pour mener la grande vie. Mais quand elle revient, elle a la désagréable surprise de retrouver chez elle un homme, fin saoul, qui ne se rappelle même pas qu'il n'est pas M. Meyer...

C'est tout sauf subtil, et c'est un peu inattendu de la part de Sandberg, qui allait se spécialiser dans le drame et le mélodrame: son Clown de 1926 est une merveille... Mais le film se distingue des productions plus basiques de Lauritzen, par le recours à un dispositif intéressant: le mari rentre chez lui pour y voir son copain saoul aux prises avec son épouse, par le truchement de trous de serrures. La mise en scène se divise alors en trois... Pour le reste, c'est de la kolossale Komédie...

https://www.stumfilm.dk/en/stumfilm/streaming/film/ungkarl-og-aegtemand

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Published by François Massarelli - dans Comédie A.W. Sandberg DFI Muet