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6 novembre 2024 3 06 /11 /novembre /2024 15:19

Jean frémeaux, un jeune bourgeois (Arthur Pusey), fait la connaissance d'une mystérieuse et envoutante jeune femme, Rita (Ica de Lenkeffy)... Qui est en fait une voleuse, une "souris d'hôtel", habituée des palaces, hôtels particuliers et Casino où elle sonde la bonne société pour préparer ses coups... Il tombe dans son piège, mais celui-ci se referme aussi sur elle, car elle est tombée amoureuse du jeune homme. Ce qui va déplaire prodigieusement aux amis et à la famille de ce dernier...

C'est un film méconnu, contemporain du Cagliostro de Richard Oswald, quand la compagnie Albatros était aux abois face à leurs nombreux concurrents, et qu'il leur fallait participer à la mise en route d'un cinéma plus commercial pour subsister. C'est une adaptation d'une pièce à succès de l'époque, largement oubliée aujourd'hui, et un film qui e ressemble à rien de ce que le cinéma Français pouvait faire... Extravagante, l'intrigue le placerait presque dans les environs du cinéma Américain, entre la comédie farfelue - ce qu'il est assurément - et un univers plus baroque. Mais les auteurs n'ont pas non plus négligé de rendre hommage à un déjà glorieux passé du cinéma Français populaire avec cette intrigue dans laquelle une jeune femme effectue ses cambriolages en tenue collante noire, telle une Irma Vep des années 20!

Et comme Cagliostro, mais avec infiniment plus de classe et de subtilité, cette Souris d'hôtel joue aussi la carte d'un certain érotisme diffus, à travers les tenues révélatrices mais pas trop de son héroïne, bien sûr, mais aussi grâce à l'alchimie entre les deux acteurs principaux (lui ne semble d'ailleurs se réveiller qu'en la compagnie de sa partenaire!), l'allant de la jeune femme qui mène son monde à la baguette, et aussi une scène inattendue et suggestive, durant laquelle une bonne toute tourneboulée assiste au déshabillage d'une dame, qui ne la laisse pas indifférente... On dépasse la simple curiosité historique, pour s'aventurer au pays des découvertes... 

Le réalisateur aussi n'est pas vraiment connu, c'est un acteur et metteur en scène d'origine Chilienne qui a beaucoup bourlingué... Il se trouve qu'il était à Paris au moment du tournage de cette production Albatros! Comme quoi, le hasard fait parfois très bien les choses...

Disponible sur la Plateforme Henri de la Cinémathèque Française:

https://www.cinematheque.fr/henri/film/50114-souris-d-hotel-adelqui-millar-1929/

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Published by François Massarelli - dans Muet Albatros 1929
25 mai 2022 3 25 /05 /mai /2022 19:03

En Andalousie, deux amants séparés par les circonstances (lui est militaire, et il est parti se battre) s'ennuient simultanément de l'autre, sans savoir que seul un mur les sépare...

Ce film court (trois petites bobines) disponible sur le site de la Cinémathèque Française est un exercice imprévu, commandité à Marcel Silver, assistant de Feyder sur le tournage du pesant Carmen (1926), d'où la présence de la star Raquel Meller et de son partenaire Louis Lerch. L'idée de la compagnie Albatros était simple: les vicissitudes du tournage loin du studio (au sud de l'Espagne pour être précis forçant Feyder à prendre son temps, pourquoi ne pas en profiter pour tourner un autre film?

C'est donc un petit film, mineur en quelque sorte, dans lequel l'intrigue se concentre sur deux solitudes, de deux personnes destinées à rester séparées. Le réalisateur, estimable, utilise le décor (les prises de vues spectaculaires de l'exposition!) et le jeu très sensuel de Raquel Meller à bon escient, et me donne furieusement l'impression d'avoir bien mieux réussi son film que Feyder. Comme quoi...

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Published by François Massarelli - dans Muet 1926 Albatros
9 mai 2020 6 09 /05 /mai /2020 17:16

C'est en 1927 que Walter Ruttmann a sorti son film le plus connu, Berlin, Symphonie d'une grande ville, un documentaire non narratif qui présentait, en une heure, un portrait effervescent de la capitale Allemande, rythmé autour d'un principe de voyage (entrer, visiter, sortir de la ville) et en une journée. Ce n'est pas un hasard si plus tard cette même année, Lucie Derain, critique de cinéma enthousiaste et qui a déjà tourné un court métrage, récidive et propose sa vision de Paris dans un style similaire...

Souvent rigoureusement objectif, le film fait aussi la jonction avec l'avant-garde par des jeux de caméra, comme ces moments où l'image est comprimée dans le sens de la hauteur, donnant l'impression d'une foule plus compacte encore dans les rues. Le vertige des monuments et autres statues en hauteur est marqué par des images qui se déforment... Mais essentiellement, les plans tendent à montrer ce qui est passé devant la caméra.

Souvent rendu par des plans fixes, structuré en chapitres (qui nous présentent les monuments, les lieux emblématiques mais aussi la vie grouillante des marchés, et beaucoup d'autres choses dont certaines ont sans doute disparu, modernité urbaine oblige), le film n'occulte ni le présent ni le passé, et fascine par l'impression de bonheur absolu qui ressort de ces vues enthousiasmées d'une grande ville. A la fin, un gros plan nous montre le visage radieux d'une jeune femme, qui nous regarde droit dans les yeux... Je ne serais pas surpris si c'était madame Derain.

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Published by François Massarelli - dans Muet Albatros
7 mai 2020 4 07 /05 /mai /2020 18:14

Un comptable Américain, Harry (Nicolas Rimsky), francophile jusqu'à la naïveté (il passe le plus clair de son temps de travail à lire une vieille édition d'un roman de mousquetaires et rêve de vivre "là-bas", rencontre une jeune femme (Dolly Davis) qu'il croit, dans son délire chevaleresque, sauver du suicide, et ils deviennent inséparables. Ils se fiancent, et quand Harry gagne de l'argent grâce à un coup en bourse, il décide qu'ils vont s'offrir un voyage mémorable à Paris, au terme duquel il envisage un mariage face à Notre-Dame!

Mais rien, alors rien du tout, ne se passera comme prévu! Pour commencer, lors du voyage organisé, Harry passera son temps à ralentir la troupe à cause de sa maladresse; ensuite, il va vite être supplanté par un bellâtre, nobliau de surcroît. Et pour finir, il va se perdre...

L'idée de Nicolas Rimsky, auréolé d'un beau succès pour son film précédent, était de contribuer avec Albatros à rendre le cinéma français international. Juste retour des choses, le film est construit sur une optique que les cinéastes jugeaient internationale, marchant aussi bien en France (caricature tendre des Américains visitant la France) qu'à l'étranger (un Paris éternel, mais parfois bien embrouillé pour le voyageur). Le film a eu du succès, mais il n'est pas la meilleure comédie de tous les temps loin de là. Au moins permet-il de nous rappeler l'existence, au sein de la décidément bien versatile compagnie de Montreuil, d'une équipe d'excentriques qui tentaient de faire sienne le slapstick, en le francisant un peu. Ici, on appréciera de quelle façon les cinéastes suivent l'exemple de Gance et Volkoff en se livrant à quelques prouesses de montage, et une visite express du Louvre (reconstitué en studio, et on y voit au moins deux "Jocondes"!)... Le reste est parfois un rien franchouillard quand même. Pas mal pour un Russe!

 

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Published by François Massarelli - dans 1925 Muet Comédie Albatros Nicolas Rimsky
24 avril 2020 5 24 /04 /avril /2020 15:23

Comédie, drame mondain, mélodrame... Cette Dame Masquée, produite dans les studios Albatros de Montreuil et mettant en lumière Nathalie Kovanko, Nicolas Rimsky et Nicolas Koline, est un peu tout ça à la fois. C'est aussi, en cette année 1924, un film des plus extravagants, qui n'est sans doute dépassé en étrangeté que par deux productions effectuées autour de Mosjoukine, Le Brasier Ardent et Le lion des Mogols...

Dans un premier temps, on croit à une comédie, durant environ une minute... Nathalie Kovanko interprète en effet Hélène Doss, une adolescente qui s'adonne à son passe-temps favori, le théâtre, devant tous ses petits voisins... mais c'est aussi une tragédie, parce que pendant ce temps-là, sa maison brûle: littéralement! Orpheline, car elle a perdu sa mère dans l'incendie, la voilà donc obligée de mendier une place auprès de sa famille proche, qui est en réalité une bande de sales gens, dont la richesse s'explique d'abord et avant tout par leur appât du gain. Le seul qui trouve grâce aux yeux d'Hélène, c'est l'oncle Michel (Nicolas Koline)... Avec quelques réminiscences de Way down east, nous voilà en plein mélo.

Mais la jeune femme est aussi l'unique héritière d'un lointain oncle, et afin de faire main basse sur sa fortune, son cousin germain, un bon à rien dont le goût pour le jeu fait courir la famille à la ruine, reçoit donc pour mission de l'épouser. Le mariage d"intérêt sera tellement inintéressant, qu'Hélène va céder aux avances de Girard, un ami de son mari: le film devient un drame mondain, dans lequel Girard meurt suite à une tentative de chantage sur l'héroïne. Qui l'a tué? ...Une seule certitude: il y a eu un témoin, l'ignoble Li, le tenancier Chinois d'un tripot local que fréquentaient à peu près tout le casting du film...

Comment, après cela, voulez-vous prendre ce film au sérieux? Clairement, l'intention de Tourjansky et d'Albatros, est de proposer au public un divertissement à la mode Hollywoodienne, dans lequel un parfum de pastiche flotte, jamais trop souligné, mais qui accumule les péripéties avec une abnégation qu'il convient de saluer. Dire qu'elles sont incroyables ne changera rien à l'affaire: l'idée était de divertir... Et d'ailleurs, comment voulez-vous y croire, quand on passe de la devanture d'un restaurant Chinois, à son intérieur, qui s'avère grandiose? Car les décors, les costumes, tout l'apparat du film a été particulièrement soigné, d'autant qu'Albatros commençait dans ce domaine à avoir une sacrée réputation.

Il ne s'agit pas de faire grand cas de ce film, qui déçoit forcément un peu... Nathalie Kovanko et Nicolas Koline sont splendides, Rimsky en fait des tonnes en incarnant à lui seul l'inévitable "péril Jaune", une sale manie des Etats-Unis à l'époque du muet, qu'on n'était en aucun cas obligé d'importer. Mais le jeu adaptable de l'actrice me semble promettre de la comédie, et on se sent un peu frustré à ce niveau... Et tant qu'on parle de Nathalie Kovanko, elle avait manifestement apporté sa garde-robe, comme en témoigne cette robe noire (voir photo), frappée de ses initiales. Mais bon, même raté (et c'est assumé par tous), il y a toujours tant à trouver dans un film Albatros...

https://www.youtube.com/watch?v=MLEYOi-2weo

 

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Published by François Massarelli - dans Albatros Muet 1924
17 mars 2020 2 17 /03 /mars /2020 16:39

Sorti en 1923, mais prêt depuis la fin 1922 quand il a été montré aux exploitants, La maison du mystère est pour la compagnie Albatros d'une grande importance; hérité des productions Ermolieff, qui s'installent à Paris à l'aube des années 20, le petit studio de Montreuil dominé par les Russes, va enfin rencontrer le succès, en particulier grâce à ce film en dix épisodes, qui sera un triomphe, après les succès d'estime des précédentes productions des Russes Blancs (Dits "De Montreuil") qui ont fui la révolution. Leur cinéma est essentiellement basé sur l'émotion, l'évasion et la captation des sentiments à l'écran, et nul mieux que Mosjoukine ne sait exploiter ce créneau. C'est ce que démontre cette imposante mais superbe production de 6h30, entièrement conservée et reconstituée avec un soin incroyable par feue Renée Lichtig, et enfin mise à notre disposition depuis 2015 en DVD dans la collection Flicker Alley.

Julien Villandrit est un chef d'entreprise heureux en amour, mais dont des soucis de comptabilité assombrissent la vie. Sa femme, la tendre Régine, est à son insu l'objet d'un lourd secret: le banquier Marjory est en effet son père, issu d'une liaison passée et secrète. Depuis la mort de la maman, plus personne n'est au courant, et Marjory ne souhaite pas propager la nouvelle... Mais ses largesses pour le jeune couple, et son amour débordant pour Régine finissent par faire jaser, en particulier Henri Corradin: le meilleur ami de Julien est en effet depuis toujours amoureux de Régine, et très, très jaloux... Et bien sûr le drame est inévitable: après avoir fait part de ses soupçons à Julien, Corradin assiste à une bagarre entre les deux hommes, et lorsque Julien (Qui a compris la vérité) va chercher du secours pour venir en aide à Marjory mal en point, son ami tue froidement le banquier. Les empreintes de Villandrit, les traces de lutte, et les rumeurs sur l'infidélité de Régine, tout concourt à faire accuser Julien du crime... C'est le point de départ de 20 années de tumultes, de coups de théâtre, de trahisons et de mésaventures en tous genres...

Le roman de Jules Mary à la base de cette sombre histoire est sans aucun doute un pensum à fuir, mais le traitement qu'en proposent Volkoff (Et Mosjoukine, qui comme d'habitude à la main sur le scénario) est tout en passion... L'âme Russe, toujours, pour le flamboyant Mosjoukine, qui habite chaque scène de son regard intense, et grâce à son jeu d'une puissance rare, et presque unique dans le cinéma Français. Volkoff se tire de l'invraisemblance de chaque scène en jouant avec un talent fou la carte d'un cinéma visuel, tant dans l'utilisation de décors naturels que dans la composition magnifique; il prend par exemple le parti dans le premier épisode de traiter le mariage des Villandrit en cinq minutes d'ombres Chinoises, sans céder à la tentation de la joliesse et de la mièvrerie: ce théâtre d'ombres incorpore aussi le drame à venir. En prime, il se sert du montage comme personne, sans se vautrer dans l'utilisation d'effets à la Gance (Ce qu'il fera malgré tout avec plus de retenue que le metteur en scène de La roue, dans Kean en 1924 et Casanova en 1927): tout ici est dédié à la mise au coeur de l'action, et au coeur des passions, des spectateurs. Une fois mis le pied dans l'engrenage du premier épisode, impossible de s'arrêter ou de demander grâce!

Et le serial, avec sagesse, suit le parcours inévitable du genre: il installe une harmonie (Un mariage, une naissance) à peine entachée de quelques zones d'ombre suffisamment définies pour apporter plus tard leur lot d'ennuis (L'argent, les soupçons d'infidélité, la présence envahissante du "rival" félon Corradin), et le chaos qui s'ensuit (L'arrestation, puis l'incarcération et enfin l'évasion et la fausse mort de Villandrit) va être la toile de fond d'un long retour à la joie et au bonheur, véritable but des protagonistes et du public (En l'occurrence proclamer et prouver son innocence pour avoir le droit de récupérer sa femme et sa fille!). Les règles du genre sont donc bien respectées, et les passages obligés aussi: spectaculaires retournements de situation, traîtrises diverses (le méchant Corradin), dosage de l'émotion, suspense, accélération du rythme en fin d'épisode...

Ni Mosjoukine, ni Volkoff, ni leurs acteurs ne se sont lancés dans cette aventure pour faire passer quelque message paternaliste que ce soit: on n'est pas chez Gaumont, et si "le patron" est bien mis en danger, c'est par son égal, son meilleur ami, un jaloux, un bilieux qui poursuit probablement des motifs peu recommandables. Certes, le monsieur est amoureux. ...La belle affaire! La façon dont Corradin, l'éternel éconduit par Régine (Hélène Darly), l'épouse de Julien, se retrouve tout à coup à dévisager la petite Christiane, la fille des Villandrit (Francine Mussy), nous laisse à penser qu'en plus d'être un lâche, un traître et un assassin (comme lui fait remarquer Villandrit dans leurs retrouvailles de l'épisode 8), Corradin est peut-être aussi un salopard fortement louche. Pour le reste, justement les sous-intrigues du film (un maître-chanteur pétri de remords et mû uniquement par le bien-être de son fils adoré, un évadé sûr de son bon droit, mais qui montre un profil bas en devenant l'humble et anonyme contremaître de l'entreprise dont il est le propriétaire et patron légitime) donnent l'impression d'une véritable humanité, qui s'étend au-delà des stéréotypes. Le héros est un brave homme, qu'il soit patron ou employé. Et le rôle joué par la religion (exactement comme dans Michel Strogoff, même si ici c'est de Catholicisme Romain qu'il s'agit et non de Catholicisme Orthodoxe) est essentiellement décoratif, pour Mosjoukine et Volkoff qui ont compris où s'arrêter pour qu'un motif ne prenne pas toute la place...

Et la cerise sur le gâteau, c'est qu'au milieu de tout ça, face à Ivan Mosjoukine, qui domine (mais comment pouvait-il en être autrement?), on trouve dans le rôle de Corradin le grand Charles Vanel, qui est superbe. Le clou du film, selon moi, est situé dans le huitième épisode, lorsque les deux hommes luttent après s'être perdus de vue pendant près de quinze ans: ils en sortiront vivants tous deux, mais la lutte est à mort et dure sept minutes, alors tout y passe: les poings, les baffes, l'arrachage de vêtements, les jets d'objets, même les meubles sont mis à contribution dans ce qui est une destruction systématique de l'environnement. Cette lutte se terminera d'une façon inouïe, par la projection d'un des deux protagonistes dans le vide, qui survivra à flanc de falaise. Falaise qui est filmée, entre autres, de très loin, avec des personnages qui ne sont que de menues silhouettes (voir photos plus bas)... Et pourtant, c'est on ne peut plus clair à comprendre. A l'issue de la bagarre, le spectateur est sans doute aussi exténué que les personnages...

C'est frappant, à quel point la mise en scène de ce film, à l'interprétation à la fois sobre et profondément émotionnelle, tranche sur toute la production française de l'époque, à de rares exceptions... Feyder et Crainquebille, ou Visages d'enfants, peut-être? Mais la modernité de Volkoff (et Mosjoukine, et leur assistant non crédité Tourjansky, soyons juste) passe par une habitude Russe d'une part: les personnages et leurs émotions sont constamment relayés par le décor et l'éclairage; et d'autre part, l'influence des Américains est là et bien là: le montage, le rythme de jeu et les angles de prise de vue sont tout entiers dédiés à l'impact émotionnel, et à la rigueur du point de vue. Il en résulte un film joué de façon convaincante, avec autant de fougue que de subtilité. Même si comme je le disais plus haut Mosjoukine domine, ce qui est incontestable, il semble avoir imprimé son style à tous les acteurs... Et c'est la naissance du style Albatros, justement, ces films merveilleux qui vont montrer au cinéma français la marche à suivre!

La Maison du mystère propose donc une évasion express, un divertissement spectaculaire et totalement grisant, dans des images qui sont du cinéma pur de bout en bout. En bref: c'est un film à voir absolument, l'un des chefs d'oeuvre de Mosjoukine, et sans doute l'un des plus beaux films muets Européens... Voilà c'est dit.

 

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Published by François Massarelli - dans Ivan Mosjoukine Muet Albatros 1922 Alexandre Volkoff *
22 juillet 2017 6 22 /07 /juillet /2017 15:58

L'Espagne était à la mode dans les films Albatros de la fin du muet...Mais contrairement à Carmen, ce film co-produit entre Paris et Madrid reste majoritairement Espagnol, témoin d'une époque de grands bouleversements, durant lesquels la compagnie de Montreuil cherchait à rebondir en multipliant es co-productions Européennes...

Bon, Cette Comtesse Marie n'est pas, hélas, le Thérèse Raquin de Feyder, collaboration notoire entre la France et l'Allemagne, et film perdu et recherché sans succès depuis bien longtemps. Mais c'est un témoin de son temps, et un mélodrame très intéressant dont la mise en scène n'ennuie jamais.

L'intrigue est d'un grand classicisme: à Madrid, Rosario, une jeune couturière (Sandra Milowanoff), aime un beau militaire (Jose NIeto) sans savoir que celui-ci est le fils de l'illustre Comtesse locale! Cette dernière (Rosario Pio) ignore tout de l'idylle. Mais quand le bel officier est envoyé au Maroc, Rosario tombe malade. Elle est enceinte, et le jeune homme ne revient pas parce qu'il a été fait prisonnier. Rosario n'a pas d'autre solution que d'aller demander asile à la Comtesse, non sans lui faire croire que son fils l'a épousée avant.

Mais l'arrivée de la mère et de l'enfant, accueillis à bras ouverts par la brave femme, ne se passe pas sans heurts: Manolo (Valentin Parera) et Clotilde (Renée Standart), les neveux et nièces de la comtesse, sentent l'arrivée de Rosario comme une réelle menace à leur bien-être oisif...

C'est sans grande rétention, mais Perojo s'amuse beaucoup à lier les scènes par des associations visuelles souvent brillantes qui donnent au film un côté presque ludique parfois... Et le ton, résolument à mi-chemin entre le drame et la comédie, fait beaucoup pour le charme du film. 

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Published by François Massarelli - dans Muet 1928 Albatros
21 avril 2017 5 21 /04 /avril /2017 15:15

C'est ce film qui va faire le lien entre les carrières russes respectives de Joseph Ermolieff, Jacob Protozanoff, Ivan Mosjoukine, Natalie Lyssenko et Alexandre Volkoff, d'une part, et leur arrivée en France d'autre part; littéralement: en fuyant la révolution (ou les révolutions pour être exact), et l'annonce par Lénine de la nationalisation, Mosjoukine et ses associés emportaient avec eux le cinéma. Et leur voyage, de Moscou à Yalta, de Yalta à Constantinople, et de Constantinople à Marseille, a été l'occasion pour eux de tourner un film... Scénarisé par Mosjoukine et Volkoff, mis en scène par Protozanoff, interprété par Mosjoukine et Lyssenko, et produit par Ermolieff. Son intrigue ressemble à une histoire sans queue ni tête improvisée sur la route, et filmée dans des décors qui varient sans cesse, et pour cause!

Le comte de Granier est heureux: il va marier son fils Charles, le plus grand, le plus raisonnable aussi. Son fils Octave, c'est une autre paire de manches, ou de gants de boxe: il est passionné de sport, mais ce grand nigaud n'a pas la moindre notion de ce que c'est que de séduire une femme. Ce qui est loin d'être le cas de Charles: quand sa future belle-soeur lui demande d'aller chercher son grand frère, Octave le trouve aux côtés de l'actrice Yvonne Lelis, une dangereuse séductrice. Il les pousse à rompre, mais Yvonne va le séduire... Et Octave, subjugué, et désavoué par son père va peu à peu tomber dans tous les pièges tendus par la fourbe actrice, devenant lui-même acteur, puis trichant au jeu pour pouvoir subvenir aux besoins toujours plus importants de son épouse... Puis lorsque la déchéance s'installe, ils vont trouver avec leur fille un travail dans un cirque. Mais la petite, acrobate, fait une chute, et il n'y a plus qu'une ressource: trouver de l'argent auprès de la famille De Granier. Et au besoin, le voler...

Les quinze premières minutes épousent le rythme de la comédie, et rappellent la façon excentrique de Mosjoukine de traiter ce genre, que ce soit dans Le brasier ardent, Kean ou Feu Mathias Pascal... Protozanoff semble donner corps ici à une vision totalement due à son acteur-scénariste, qui a semble-t-il décidé de montrer au public les atouts de la troupe. Et le film, avec ses ruptures de ton, qui permettent d'explorer à peu près tous les genres, et de montrer la versatilité de ses acteurs, en particulier Mosjoukine et Lyssenko, devient une démonstration des capacités de cette troupe ambulante, qui va devenir la base de la société Albatros. Donc ce film en forme de tout et de rien, foncièrement sympathique par son côté surréaliste, est une démonstration de force...

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Published by François Massarelli - dans Muet 1920 Comédie Albatros Ivan Mosjoukine
14 avril 2017 5 14 /04 /avril /2017 08:57

Le nom de Robert Macaire est pour toujours associé à un film, Les enfants du Paradis, qu'on n'a plus besoin de présenter. Il était, rappelons-nous, non pas un personnage du film, mais  le personnage qui avait donné la notoriété à l'acteur Frédérick Lemaître, incarné dans le film de Carné par Pierre Brasseur; Ce qui, du reste, était conforme à la vérité historique, puisque Lemaître avait triomphé au théâtre en 1832 en interprétant non seulement le personnage de Macaire dans la pièce L'auberge des Adrets, mais aussi la pièce elle-même, transformée par la grâce du laisser-aller volontaire et de l'improvisation calculée, en une pochade alors que l'intention de ses auteurs était mélodramatique... Macaire n'a existé que dans cette pièce, il est malgré tout l'archétype du brigand de cette première moitié du XIXe siècle. C'est l'époque de la fin des dernières conséquences du passage de Napoléon, des décombres de feue la Révolution Française, d'une restauration qui se cherche, et dans l'imaginaire collectif, c'est l'époque de Vidocq et des premiers trains; la campagne est encore un monde complètement éloigné de la ville, mais pour combien de temps? C'est ce monde qui vit ses derniers instants, que parcourent dans le long film d'Epstein Robert Macaire (Jean Angelo) et son fidèle compagnon Bertrand (Alex Allin).

Ces "aventures" sont au nombre de cinq, le film épousant la forme d'un serial classique... Mais ces cinq "aventures" seront en fait exploitées en deux temps: le premier épisode se compose des trois premières, et les deux suivantes se retrouvent donc dans le deuxième service. Entre les deux, un cliffhanger en forme d'un saut dans le temps, de 17 années... Macaire et Bertrand sont deux brigands professionnels, sans le sou évidemment, qui parcouret les routes à la recherche de rapines. Leur armes favorites: la ruse, le déguisement, la persuasion plutôt que la violence. On les voit détrousser une fermière pingre qui leur a refusé un repas, en jouant sur sa superstition: ils sont déguisés, respectivement, en St Antoine (Que la fermière aime tant prier) et son cochon. Mais lors de leur première aventure , ils font la connaissance de la belle Louise de Sermèze (Suzanne Bianchetti), qu'ils sauvent, en se faisant passer pour le Vicomte de la Tour Macaire et son intendant Picard... Louise et Macaire s'aiment, ce qui n'est pas du goût de tous. Apprenant qui est réellement Macaire, le frère de Louise (Nino Costantini) tente de les faire arrêter; ils le seront finalement, au terme d'une aventure ou d'une autre... Et la deuxième partie les verra revenir sur le théâtre de ces événements, pour permettre à la fille de Louise disparue, et donc la fille de Robert Macaire lui-même) de connaître un meilleur destin que son père... Tout en faisant quelques affaires, bien entendu.

Le format surprend, d'autant qu'Epstein, qui a si souvent versé dans le mélodrame, n'a pas pour habitude de faire durer ses films aussi longtemps... Mais le propos avec ce Robert Macaire qui est une commande de la compagnie Albatros (La dernière des collaborations d'Epstein pour cet excellent studio), était de fournir à moindre frais du picaresque décoratif, et quoi de mieux que cette époque bénie, ces costumes si caractéristiques, et le frisson facile de la rapine, du brigandage, et de la vie au jour le jour et au grand air de deux fripouilles sympathiques? Deux types qui s'adorent, se complètent, mais se signalent l'un à l'autre leur amitié indéfectible en se faisant mutuellement les poches... Car bien sur, à l'imitation de Lemaître, le film ne se prend jamais vraiment au sérieux. Pour preuve, cette présentation de leurs exploits par une famille de paysans qui se racontent des horreurs à la veillée, dans laquelle Angelo et Allin incarnent des versions terrifiantes (Et sérieusement exagérées) de leurs personnages... Personnages que nous connaissons déjà, et dont le public peut apprécier le décalage par rapport à l'image de ces horribles voyous inquiétants qui nous sont montrés dans cette narration au coin du feu!

Epstein et son équipe se sont tranquillement promenés dans les campagnes et vallées provençales, faisant merveille avec les décors naturels, profitant justement des lieux pour alterner de façon efficace les gros plans (son pêché mignon, il fait le rappeler) et les plans d'ensemble qui inscrivent les aventures picaresques de Macaire et Bertrand dans la nature même, une nature bien sur encore proche de celle du XIXe siècle, mais condamnée tôt ou tard à disparaître. Il fait taire ses petites manies d'avant-gardiste, au profit d'une narration tranquille et linéaire, laissant ses acteurs faire leur travail en toute simplicité: pas d'excès, mais beaucoup de clins d'oeil dans les aventures de Macaire. Angelo a trouvé l'exact milieu entre le sérieux d'un bandit qui se prend toujours pour quelqu'un d'important, y compris quand on l'arrête, et le fieffé escroc pour lequel plus c'est gros, plus ça passe... Bref, avec Macaire et Bertrand, qui commencent le film exactement comme ils vont le finir, en arpentant les routes, tout cela est fait très sérieusement, même si ce n'est pas sérieux du tout.

Et dans ce monde sans foi ni loi, ou se confondent les braves gens et les méchants (Des nobles incapables de laisser les tourtereaux en paix), Macaire nous apparaît comme une sorte de Robin des bois, marqué par le passage des ans perdant ça et là un bout de son costume, voire un oeil (Lequel au fait? Le bandeau noir sur l'oeil semble hésiter entre les deux...), un personnage hauts en couleurs dont on aimerait bien qu'il ait existé, ne serait-ce qu'un peu. 

 

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Published by François Massarelli - dans Muet Comédie 1925 Jean Epstein Albatros
12 avril 2017 3 12 /04 /avril /2017 20:45

Ceci est le troisième film d'Epstein pour la compagnie Albatros, et le scénario en est signé de sa soeur Marie... Mais la patronne incontestée, déjà vue dans Le lion des Mogols, et qui avait joué aux côtés d'Ivan Mosjoukine aussi bien en Russie qu'en France (Le brasier ardent), c'est Natalie Lissenko. Mon sentiment, devant ce film, c'est qu'Epstein s'est tout simplement dit qu'il allait profiter de la commande pour faire ses gammes...

La comtesse Maresco (Lissenko) se sacrifie pour un homme (Jean Angelo) qui disparaît en la laissant enceinte. Vingt ans plus tard, les fantômes du passé resurgissent: alors qu'elle a refait sa vie autour de son fils unique, Jacques (Pierre Batcheff), elle constate que celui-ci devient aussi joueur que l'était son père... Et celui-ci, qui a fait fortune aux Etats-Unis, refait surface.

Naalie Lissenko est grande, belle et digne, Jean Angelo est lent, et Pierre Batcheff intense dans un de ses premiers rôles. Epstein souligne un peu trop ses effets, dans une production qui pourrait finir par devenir profondément ennuyeuse à force de lenteur... Mais on voit ou toute l'équipe veut en venir: on sonde ici les tréfonds de l'âme d'une mère: passionnée, jusqu'au-boutiste, accueillant à bras ouverts la mauvaise foi si la bonne santé de son fils en dépend... Une maman bien Russe, au fond.

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Published by François Massarelli - dans Muet 1925 Jean Epstein Albatros *