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  • : Allen John's attic
  • : Quelques articles et réflexions sur le cinéma, et sur d'autres choses lorsque le temps et l'envie le permettront...
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17 avril 2020 5 17 /04 /avril /2020 16:59

1792: la Révolution Française s'installe dans la longueur, et la réaction ne se fait pas attendre. En Bretagne, l'abbé Cimourdain (Henry Krauss) s'est fait l'apôtre d'une politique d'avenir qui peine à trouver des fidèles: on commence à entendre parler de choses arrivées à Paris, qui ne plaisent pas dans l'Ouest... Mais Cimourdain réussit au moins à convaincre Gauvain de Lantenac (Paul Capellani), jeune vicomte un tant soit peu idéaliste, et les deux hommes vont se retrouver à Paris, engagés au plus près du coeur de la Révolution. De son côté, le Comte de Lantenac (Philippe Garnier) est parti en Angleterre, près de l'aristocratie exilée, et reçoit bientôt la mission de retourner en Bretagne pour fédérer la chouannerie derrière lui. Il trouvera face à lui deux hommes bien décidés à contrer ses plans, mais aux idées bien différentes: Cimourdain, aussi fanatique pour son camp que Lantenac pour le sien, et le neveu Gauvain, un héros de Valmy qui mène ses troupes avec coeur et ouverture d'esprit...

C'est un film qui devrait avoir tout de l'oeuvre maudite: tourné en 1914 et interrompu pendant le conflit, une période durant laquelle Capellani lui-même part aux Etats-Unis... Mais le film a été fini, sorti, et a survécu, même si on peut quand même s'interroger sur la façon dont il nous est souvent présenté: j'y reviendrai. Pour Capellani, qui a déjà réalisé un Notre-Dame de Paris (de petite taille, et assez oubliable, en 1911), et une adaptation ambitieuse des Misérables (en 1912), le retour à Hugo semble naturel, et il fait de Quatre-Vingt-Treize une adaptation modèle, linéaire, et idéologiquement personnelle: tout tourne ici autour de trois consciences, et l'ensemble des scènes du film nous montre la France de 1793 à l'heure du choix, mais ce n'est pas, seulement, un choix entre Révolution et Ancien Régime. Sous la plume de Victor Hugo, qui traque les justes et les salauds dans tous les camps, certes la balance penche fermement du côté de la révolution, mais il oppose le fanatique Cimourdain (qui devient avant longtemps un obsédé de la guillotine) aussi bien à Lantenac (qui se pare dans une cape pour fusiller tout ceux qui passent à sa portée et qui ne sont pas assez royalistes à son goût) qu'à Gauvain: ce dernier est le héros véritable du film, un homme qui tente d'avancer en respectant aussi bien l'ami que l'ennemi, et qui va se sacrifier pour sauver la peau d'un ennemi, justement...

Outre cet aspect, le film reste une production française d'avant 1915, un film qui ne subit que pu l'influence des Américains et d'autres. Capellani privilégie souvent des scènes en tableaux, comme on disait à l'époque, et une caméra à distance... Ce qui ne l'empêche pas, parcimonieusement, de s'approcher, comme dans une scène nocturne de rencontre entre deux hommes, deux amis: l'un a condamné l'autre à mort, et leur débat est le coeur du film. Alors la caméra, lentement, s'approche du fond de la scène pour recadrer les deux hommes. Là où Capellani a fait définitivement le bon choix, c'est dans le choix de ses deux interprètes principaux, Krauss, et sinon Paul, le petite frère du réalisateur; ils donnent à voir des personnages qui s'élèvent au -dessus des archétypes qu'ils auraient pu être. Certes, l'un comme l'autre tend à abuser des gestes grandiloquents, ces mains levées brusquement au ciel, et qui seront aussi souvent utilisées par les acteurs de Napoléon d'Abel Gance, soyons juste! Mais toute proportion gardées, les acteurs du film nous font vite comprendre que le véritable enjeu est dans la tête / l'âme / le coeur (choisissez votre version) de chacun...

Si occasionnellement, le réalisateur choisit de tourner en décors reconstruits (c'est le cas lors des séquences situées à Dol, où les décors trahissent assez volontiers le carton-pâte), il privilégie néanmoins des décors naturels et authentiques, et c'est d'autant plus visibles lors de l'arrivée de Lantenac sur les côtes Normandes: c'est bien le Mont-Saint-Michel à l'horizon. Le prologue situé entièrement en Bretagne est d'une grande véracité, et les scènes nombreuses dans les sous-bois font respirer le film: il est vrai que celui-ci dure plus de deux heures et quarante minutes! par contre, peu de scènes sont situées à Paris, ce qui n'est peut-être pas qu'un parti-pris: rappelez vous, le film n'a pas été achevé... Une scène relevée par Christine Leteux dans un article qu'elle a consacré au film, me paraît notable, elle concerne les trois grands noms de la révolution: Danton, Robespierre, Marat. La scène sera reprise et développée par Gance dans Napoléon... 

Reste la question: qui a fini Quatre-Vingt-Treize? Le nom le plus souvent retenu est celui d'André Antoine, grand homme de théâtre, et metteur en scène proéminent en cette fin des années 10 à la S.C.A.G.L., la compagnie productrice du film, que Capellani avait quittée en 1914. C'est la version officielle, d'ailleurs, entretenue par des années de paperasserie, et une restauration définitive en 1985, qui entérinait qu'il s'agissait d'un "film d'Albert Capellani et André Antoine". Pourtant, et comme on n'est jamais si bien servi que par les spécialistes, je reviens à Christine Leteux, qui a fait plus que se pencher sur le cas de Capellani, elle lui a consacré un ouvrage (que je vous conseille*, au passage), dans lequel elle s'interroge ouvertement sur ce point: d'une part, Antoine n'était pas homme à partager un crédit. Et Antoine n'a jamais parlé d'une quelconque participation au film. D'autre part, si le film a été complété des années plus tard, quelles scènes sont concernées? Et à la vision du film, on peut en effet s'interroger: la cohérence entre toutes les scènes, le style cinématographique global, l'aspect physique des acteurs, il n'y a rien qui puissent trahir ce type d'intervention; comme par enchantement, la scène qui était en tournage au moment de la déclaration de guerre, qui a mis fin au tournage, était symboliquement la dernière du film.

On peut même imaginer que le film n'était pas fini, mais que la S.C.A.G.L. avait surtout besoin de trouver quelqu'un qui puisse prendre la responsabilité du montage final, et éventuellement d'ajouter du matériel neutre pour lier le tout: ainsi peut-on avancer sans aucun problème que la séquence qui ouvre et termine le film (deux mains qui ouvrent puis ferment le livre d'Hugo) est envisageable sous cette hypothèse. Et la restauration de 1985 fait apparaître des gravures et autre dessins qui servent d'intertitres, donnant à voir la politique Parisienne de l'époque: le grand manque du film. Ces éléments ne sont pas attribuables à Capellani... Mais sinon, le film ressemble à s'y méprendre à... un film de Capellani de 1914!

Et pas un petit film de rien du tout, ça non!

*Albert Capellani, cinéaste du romanesque, par Christine Leteux, éditions La Tour Verte, 2013. Préface de Kevin Brownlow

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Published by François Massarelli - dans 1914 Albert Capellani Muet *
17 février 2020 1 17 /02 /février /2020 16:23

Alors que le tumulte de la terreur commence à se mordre la queue, on assiste aux difficiles amours entre Tallien (Jacques Grétillat) et la prisonnière Royaliste Térésa Cabarrus, Marquise de Fontenay (Marie Ventura). Celle-ci, emprisonnée en compagnie de Josephine de Beauharnais (Angèle Nadir), estime que sa seule chance de salut réside en la possibilité d'une chute de Robespierre (Georges Saillart)...

Une copie en couleurs de ce film est préservée au musée Eye d'Amsterdam. La fin de ce film est, semble-t-il, perdue. On en sait assez peu sur un film qui est passé au travers des mailles des filets de plusieurs historiens, en raison probablement de plusieurs titres différents ce qui rend toujours le travail des archives compliqué. Il est toutefois mentionné dans l'indispensable biographie rédigée par Christine Leteux.

Notons pour les amateurs de seconds rôles muets, que l'acteur des futurs films de Erich Von Stroheim Cesare Gravina, venu d'Italie, aurait tourné dans ce film, quelques années avant son départ pour les Etats-Unis... Mais je me contenterai du conditionnel, ne l'ayant pas reconnu.

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Published by François Massarelli - dans Albert Capellani Muet
24 novembre 2018 6 24 /11 /novembre /2018 09:39

Mahlee (Alla Nazimova) est la fille (illégitime) d'un Américain de passage à Pékin, et elle n'a jamais connu ni son père (parti peu de temps après sa naissance) ni sa mère (morte en la mettant au monde). Ni blanche, ni Chinoise, elle souffre en particulier des moqueries qui l'accompagnent partout: le père, avant de partir, a formellement interdit qu'on lui raccourcisse les pieds durant sa croissance, et toute la ville la rejette parce qu'elle a des "pieds diaboliques". Mais au-delà de cette situation de rejet, c'est la vraie place de Mahlee qui est l'enjeu du film, et du personnage. A la mort de sa grand-mère, elle est recueillie par une mission, et finit par se considérer comme une occidentale. Jusqu'au jour où des Américains en visite arrivent à Pékin, parmi eux, le père de Mahlee, et sa fille, qui ressemble de manière troublante à l'héroïne. Pour le malheur de celle-ci, sa vraie place va lui être révélée...

Mené tambour battant par l'interprétation (double, vous l'aurez compris) de Nazimova, le film fait partie des productions les plus remarquables, et remarquées (il a eu un énorme succès à sa sortie) de Capellani aux Etats-Unis. Le réalisateur, parti en 1915, tournait alors pour la compagnie Metro (dont nous reconnaissons d'ailleurs l'acteur vétéran Edward Connelly qui tournera ensuite pour Rex Ingram, Tod Browning et d'autres), et nous donne à voir un film plastiquement superbe, avec des décors impressionnants d'efficacité. Il réussit à détourner certains codes du mélodrame et évite le racisme, en renvoyant dos à dos les préjugés des uns et des autres. Noah Beery y interprète son rôle favori, celui d'un homme Eurasien qui va entraîner Mahlee avec lui dans la spirale de la violence, mais surtout menace de la violer à tout bout de champ! L'interprétation de Nazimova, subtil mélange de ballet et d'observation, est la meilleure création de l'actrice que l'on puisse voir, bien différente de son horrible Salomé.

Réalisé clairement en étroite collaboration entre le metteur en scène et sa star, ce film séduisant est non seulement une preuve supplémentaire de l'importance de Capellani, c'est aussi un film de femme, une production qui permet à une autre sensibilité de s'exprimer, avant même les années 20, et contemporain des oeuvres de Lois Weber ou Nell Shipman. Et pour couronner le tout il est foncièrement distrayant et superbement accompli.

 

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Published by François Massarelli - dans Muet Albert Capellani 1919 Alla Nazimova *
19 novembre 2018 1 19 /11 /novembre /2018 17:06

On connait l'histoire: un marchand perdu dans un magnifique jardin se fait agresser par le propriétaire des lieux, une bête mystérieuse et effrayante. Le marchand est sommé de donner à la créature une de ses filles, et la plus brave se constitue donc sa prisonnière...

Et donc, si on connaît l'histoire, tant mieux parce qu'il ne reste pas grand chose de ce film, qui fait partie des féeries réalisées par Capellani pour Pathé. Des probables quinze minutes originales, seul un fragment de quatre minutes a survécu, et il est tellement décomposé qu'on ne parvient à deviner qu'une minute de l'action, dans deux ou trois scènes...

C'était, donc, sans doute, une de ces histoires enluminées avec soin par le réalisateur, à la gestuelle moins assurées que ses films contemporains, et rendue plus belle par l'ajout de couleurs en "Pathécolor", c'est à dire peintes au pinceau et avec pochoir par les petites mains des ateliers. L'ombre de Méliès passe derrière les effets spéciaux qu'on peut apercevoir (l'apparition de la bête, notamment), et... on n'en saura pas plus.

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Published by François Massarelli - dans Muet Albert Capellani Film perdu
10 juillet 2017 1 10 /07 /juillet /2017 10:32

Après voir réalisé, en se cantonnant à la limite d'une bobine, de nombreux courts métrages, Capellani souhaitait faire profiter son cinéma de l'aura de prestige dont bénéficiaient les productions de la S.C.A.G.L. pour Pathé: cette filiale du film d'art était le prolongement de la politique ambitieuse de produire des films plus longs et plus "nobles". Et cette tentation d'allonger la sauce, devenue nécessaire quand on voit la façon dont les péripéties s'enchaînent et se bousculent dans les films d'une bobine, devait selon Pathé et Capellani passer par les grands écrivains populaires que sont Zola et Hugo... Hugo viendrait plus tard (Un Notre-dame de Paris de 36 mn, en 1911), mais pour commencer, le metteur en scène résume un classique des Rougon-Macquart. Son choix lui permet de maintenir vivant l'esprit de Pathé qu'il avait lui même créé: la peinture de conditions sociales défavorisées n'y passait pas par une diabolisation systématique des pauvres gens. Ici, le terrain était glissant, avec l'alcoolisme, mais l'écueil a été, heureusement, évité... au prix de quelques raccourcis, devenus indispensables quand on résume un roman de 400 pages en 35 minutes.

Cette adaptation de Zola en trois bobines est excellente. La maîtrise de l'ensemble est impressionnante. En dépit de sa brièveté, on suit ici l'évolution de personnages, et le décor, tant humain que matériel, est très réaliste, ou pour reprendre l'expression consacrée, tant pis pour le cliché, "naturaliste". c'est du Zola, après tout, et pas encore passé par la censure, on y appelle un chat un chat. il y est question de vie 'à la colle', de saoulographie, de crise de delirium, d'absinthe, de basse vengeance, le tout dans une atmosphère ô combien populaire. Le choix de Capellani a été de concentrer sur Lantier et sa maîtresse d'un temps Virginie, toute la méchanceté: ce sont eux qui précipitent Lantier dans l'alcoolisme; une scène, celle de la découverte de l'absinthe, me frappe parce que Lantier, qui est extérieur au cercle d'amis ouvriers qui compose le principal noyau de personnages, est au café, avec les copains de Coupeau, et il est habillé d'un costume plus bourgeois que les autres. Et il devient le tentateur, et pour finir c'est lui qui versera l'absinthe. Je pense que Capellani savait ce qu'il faisait...

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Published by François Massarelli - dans Muet 1909 Albert Capellani *
9 juillet 2017 7 09 /07 /juillet /2017 16:16

On tombe parfois en fouillant l'histoire du septième art sur des situations cruellement ironiques... Par exemple, ce film de quinze minutes, qui a été conservé dans une copie absolument splendide, probablement tirée directement du négatif original, et qui plus dont toutes les séquences ont été conservées, ce qui n'est pas toujours le cas, loin de là, des films Pathé de Capellani! Le film est en noir et blanc, et n'a aucune indication de teintes, ce qui est un défait mineur, mais... on n'en a conservé aucun intertitre! On est donc, pour le suivre, obligé d'avoir une petite connaissance, soit de l'Histoire (dont l'épisode concerné est vraiment un détail mineur, donc ce ne sera pas donné à tout le monde), soit de la pièce qui en contait les faits à la fin du XIXe siècle... On pourra aussi noter que le titre du film fait un peu écho au fameux Assassinat du Duc de Guise, de 1908, de Le Bargy.

Napoléon cherche à asseoir son autorité et a trouvé un bouc émissaire en la personne d'un noble qui ne cherche pourtant pas spécialement à se distinguer par son opposition, le Duc d'Enghien. Napoléon souhaite le faire arrêter, puis juger sommairement, et enfin exécuter. Le film nous conte par le menu cette histoire, tournée en décors naturels, et avec un réalisme et une justesse de ton à peine tâchée par l'une ou l'autre attitude un peu trop théâtrale du Duc (La pose de la dignité bafouée ors de son procès, par exemple). La photo que j'ai choisie pour illustrer l'article ne provient pas du film, mais a été "mise en scène" par un photographe de plateau, pas par Capellani!

Capellani semble utiliser le temps réel, en n'omettant aucun détail, et en montrant l'arrestation et le voyage en prenant son temps. Il n'oublie pas d'avertir le sectateur de l'inéluctable en lui montrant un fossoyeur creuser un trou, façon de prévenir sans détours de l'issue du simulacre de procès qui s'apprête à se dérouler. Et il ajoute un détail formidable à son intrigue, en montrant un chien qui refuse de laisser aller le duc tout seul, et qui va accompagner l'homme tout au long de son périple... Au final,une merveille de ton, qui adopte une posture aussi réaliste que possible, décidément mais je me répète, totalement absente par ailleurs dans le cinéma Français de l'époque.

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Published by François Massarelli - dans Muet Albert Capellani
8 juillet 2017 6 08 /07 /juillet /2017 08:46

On est en 1905, et Pathé vient de lancer la série du Film d'Art, dont le plus illustre représentant est sans doute L'assassinat du Duc de Guise, qui va si bien s'exporter que Griffith va y puiser son inspiration pendant des années. Parmi les autres films influents de cette première fournée, se trouve cette Arlésienne, qui dans une certaine ironie, va disparaître durant des années avant de réapparaître dans les collections de Lobster en 2010.

Je ne reviens pas sur l'intrigue, celle d'un drame amoureux située dans un cadre paysan à cheval entre XIXe et XXe siècle. Capellani a choisi de condenser la nouvelle de Daudet à travers quelques épisodes choisis, en évitant les tableaux mais en privilégiant des plans uniques.

Et c'est là que se trouve l'immense atout de ce petit grand film (Une bobine seulement, mais de 18 minutes: la tentation du long métrage titille déjà Capellani...): il a été tourné dans les paysages ensoleillés du Sud, et ses arènes d'Arles sont bien sur... les arènes d'Arles. La justesse des costumes, la vérité des lieux, la beauté de la composition font beaucoup.

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Published by François Massarelli - dans Muet Albert Capellani
8 juillet 2017 6 08 /07 /juillet /2017 08:38

L'antiquité... elle va devenir la principale source du cinéma Italien, et ça a déjà commencé à cette époque. Mais ce qui me frappe dans ce film du à l'un des meilleurs cinéastes européens en cette période, c'est précisément l'impression que ce petit film ne fait absolument rien pour se dégager des styles en vigueur... Bref, ressemble à tous les autres.

L'histoire est celle d'un patricien, qui constate qu'il est attiré par l'une de ses esclaves, et c'est réciproque. Ils vont s'aimer, et bien sur tout cela va se terminer en drame, car la famille du noble ne va pas l'accepter. 

...Et Roland Barthes 'a bien analysé, ce genre de film sur l'antiquité est beaucoup plus un reflet de l'époque de sa production, qu'autre chose: les acteurs se comportent comme ils se seraient comportés sur une scène de théâtre, le jeu est ampoulé, du plus haut ridicule. Le comble pour Capellani dont les films sont si souvent interprétés avec justesse...

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Published by François Massarelli - dans Muet Albert Capellani
8 juillet 2017 6 08 /07 /juillet /2017 08:20

De tous les films de Capellani qu'on a conservés, les féeries restent les plus difficiles à apprécier aujourd'hui, la principale raison étant sans doute que ces productions se trouvent au confluent de plusieurs tendances, et Cendrillon, bien sur, ne fait absolument pas exception! C'est un film d'une bobine, réalisé pour une large part en extérieurs, et qui dépasse l'accumulation de tableaux, en donnant une illustration de plusieurs passages-clés du conte.

La caméra reste bien sur à distance, et la plupart des séquences se résolvent en un plan, mais l'invention au coeur de chaque prise reste une qualité du film, qui trouve à travers des idées liées aux mouvements de caméra, aux truquages, des moyens de rendre chaque passage au moins intéressant. Pour ce qui est de l'esthétique, le mauvais goût contemporain, hélas, l'emporte! Et avec le sempiternel ballet final, on se demande un peu si le film n'essaie pas de courir après le music-hall...

Pour finir sur une note positive, on se réjouira du fait que le film ne tombe pas dans le piège habituel et si embarrassant de la pantoufle de "verre" par opposition à la pantoufle de vair. On notera aussi que le film, tout en sacrifiant à l'héritage de Méliès (une obsession des films Pathé, décidément!), se tient à l'écart de la pesanteur de ses films.

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Published by François Massarelli - dans Muet Albert Capellani
6 juillet 2017 4 06 /07 /juillet /2017 14:33

Capellani a parfois sacrifié à la féerie, pour le compte de Pathé, qui avait pour intention très claire de copier les films de Méliès en en adaptant l'esprit aux méthodes "modernes"... Et c'est très efficace: on dirait du Méliès, mais en bien meilleure santé que les films contemporains du maître de Montreuil... Ce conte délirant montre deux amoureux séparés par les convenances et rassemblés par...

Oui, un pied de mouton.

Tout ça est en couleurs apposées au pochoir, et bien sur ça n'est pas très sérieux, et le film se termine par la figure imposée: des danseurs et danseuses (De Châtelet? Histoire de copies Méliès jusqu'au bout...) qui donnent un ballet devant des décors de théâtre amovibles...

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Published by François Massarelli - dans Muet Albert Capellani