Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Présentation

  • : Allen John's attic
  • : Quelques articles et réflexions sur le cinéma, et sur d'autres choses lorsque le temps et l'envie le permettront...
  • Contact

Recherche

Catégories

30 juin 2017 5 30 /06 /juin /2017 11:01

Avec ce film et beaucoup de ceux qui suivront dans la carrière de Capellani, on aborde un genre qui donnera naissance à d'autres types de films, mais qui rappelle que le cinéma est encore, d'une certaine façon, un art "nouveau", un angle d'approche qui permet encore d'expérimenter avec des choses qu'on n'a pas encore faites. Et Pathé, la maison où Capellani fera toute sa carrière Française, est particulièrement attirée par la dimension populaire du média... 

Ce film permet donc de visualiser un fait divers, le genre d'histoire crapuleuse, dont on lira le compte-rend forcément édulcoré dans les journaux du soir, et les détails qui croustillent dans les gazettes... Le titre est très clair, le drame en question nous est narré par le menu: un homme quitte sa maîtresse, mère d'une petite fille, et se marie pour l'argent. Lors du mariage, l'ex est là, décidée à se venger... un film assez direct, cru, d'une grande clarté.

Capellani, filmant ses promeneurs nonchalants sur le pavé Parisien, ancre son film dans la vérité de l'époque, aidé en cela par le naturel des acteurs. Quand le drame commence à pointer le bout de son nez, on passe au studio, et le jeu devient nettement moins naturel, mais ça reste dans un certaine limite du raisonnable... Le film aboutit, au terme de six minutes bien remplies, à un plan qui est le but à atteindre pour le cinéaste: parfaitement composé, un mariage qui se finit par un coup de revolver: le poids des passions, le choc des images. La combinaison gagnante...

Partager cet article
Repost0
Published by François Massarelli - dans Muet Albert Capellani
29 juin 2017 4 29 /06 /juin /2017 17:35

Ce premier film conservé de Capellani est aussi sa première adaptation répertoriée de Victor Hugo. Il y reviendra, ne serait ce que pour donner un contexte à ce chemineau: c'est Valjean bien sur, et Capellani réalisera en 1912 une adaptation impressionnante des Misérables.

En attendant il se concentre sur l'épisode de Jean Valjean recueilli chez Monseigneur Myriel, le vol, et l'arrestation du vagabond. La résolution du film manque, les copies conservées étant incomplètes, mais le film est fascinant: Capellani, durant cette aube du cinéma, avait déjà des idées picturales qui l'élevaient au-dessus du lot: ce premier plan de vagabondage hivernal, tout en atmosphère, avec son héros qui s'avance vers l'écran, puis le panoramique chez Myriel qui se substitue à un montage, permettant à un changement de décor dans le plan de faire office d'ellipse, sont plus que prometteurs.

Partager cet article
Repost0
Published by François Massarelli - dans Muet Albert Capellani
29 juin 2017 4 29 /06 /juin /2017 12:24

Dans les courts métrages de Capellani, qui sont rappelons-le antérieurs ou contemporains des courts métrages de Griffith, on est frappé par leur imprévisibilité, et le jeu avec ce qui va devenir les genres, ainsi que leurs codes. Ce film en est un exemple frappant...

Bien que contemporain du film L'assommoir (1908), qui était d'une durée plus importante (35 minutes environ), L'homme aux gants blancs ne dure que 17 minutes, et ne prend donc pas trop son temps: il nous montre d'abord l'arrivée à Paris, à son hôtel, d'un homme que son patronyme (M. Rasta) identifie comme un escroc, malgré sa présentation et l'impeccabilité de sa tenue. M. Rasta qui projette un mauvais coup commence par s'assurer de sa présentation, et voit que ses gants blancs sont abîmés: un épisode assez long nous le montre s'en plaindre, puis accueillir une couturière, et on voit (Un gros plan est utilisé) un bouton tout neuf... Pourquoi, au-delà de l'identification au titre, se préoccuper à ce point de ce détail vestimentaire? C'est que Capellani a un plan...

Le reste de la soirée se passe sans accroc: le gentleman cambrioleur rencontre une femme, ils se connaissent, ils se donnent rendez-vous. le soir il l'accompagne chez elle, et pendant qu'elle est occupée en dehors du salon, il lui vole subrepticement un bijou, avant qu'elle ne le raccompagne dehors. Durant toute la scène, nous avons vu, nous, un malfrat (avec le costume d'Apache 1908, des godasses en lambeaux à la casquette sale), qui attendait dehors. Et au moment où M. Rasta sort, il perd, en manipulant l'un des bijoux qu'il a subtilisé, sa paire de gants blancs. Le malfrat s'en empare, rentre dans la villa ou il va faire chou blanc... Et pour cause, le bourgeois qu'il a vu était déjà passé par là. mais ce qu'il n'avait pas prévu, c'était qu'il lui faudrait faire face à la présence de la dame: il la tue, laisse les gants et s'en va.

Le reste, techniquement, est prévisible: c'est une erreur judiciaire particulièrement ironique, dans laquelle Capellani va au bout de tout ce qu'il nous a montré, et la police n'a aucun mal à mettre la main sur la couturière qui a  bien sur très bien vu les gants blancs, et leur bouton distinctif! Mais là ou on attendrait un dénouement qui serait plus confortable pour notre "M. Rasta" (La Gaumont l'aurait sans doute exigé!), le dernier plan nous montre le gentleman cambrioleur emmené par la police sous les yeux des badauds.

Parmi eux, l'apache: il assiste tranquillement à la scène, et une fois la voiture partie, il continue son chemin comme si de rien n'était...

Partager cet article
Repost0
Published by François Massarelli - dans Muet Albert Capellani
27 juin 2017 2 27 /06 /juin /2017 17:49

Une danseuse (Mistinguett) rentre chez elle, et se couche. Mais elle ne parvient pas à dormir, et allume une cigarette. En jetant son allumette, elle aperçoit avec terreur un homme sous son lit. Sous le choc, elle prend la fuite. Les domestiques appellent la police. Le cambrioleur cherche à fuir et s’accroche à une gouttière et se laisse glisser le long du mur, suspendu dans le vide. Sa victime va l'aider...

C'est un film étonnant, et à plus d'un titre, d'abord par la rupture de ton qu'il impose dans les cinq premières minutes. Le résumé ci-dessous ne tient pas compte d'un élément important: quand Mistinguett rentre chez elle, nous qui l'avons vu à l'oeuvre, interrompu par le retour de la maîtresse de maison, nous savons qu'il y a un homme caché quelque part! Et cette danseuse qui rentre chez elle après son travail, pourrait être Mistinguett elle-même: l'absence de précision sur ce point permet au spectateur une plus grande identification avec l'atmosphère de tension voulue par Capellani.

Mais celui-ci, qui avait décidément une certaine forme de génie, ne s'arrête pas là: il passe aux actes avec un insert formidable, d'autant plus à une époque où le cinéma Français semblait très réticent face au montage! Lors du coucher de Mistinguett, le cambrioleur est sous son lit. la scène est traitée en plan large, mais lorsque l'héroïne fait tomber l'allumette, la caméra se recule, et on voit alors le cambrioleur qui a vu l'allumette tomber sur la moquette, et avance un bras pour l'éteindre. Capellani coupe et le plan suivant est en plongée, sur le lit de Mistinguett, sur le bras de l'homme qui s'étend vers l'allumette... effet de surprise partagé et garanti!

Partager cet article
Repost0
Published by François Massarelli - dans Muet Albert Capellani
12 février 2013 2 12 /02 /février /2013 11:06

La sortie d'un livre consacré à l'histoire du cinéma, en cette époque numérique, est toujours un évènement. Lorsqu'en plus c'est de cinéma muet qu'il s'agit, on a envie de soutenr le projet du mieux qu'on le peut, tant le projet parait risqué. Avec ce livre (Aux éditions la tour Verte http://www.latourverte.com/), en plus, on y parle d'Albert Capellani, un grand, un très grand cinéaste, que je tiens pour l"égal d'un Griffith, en importance sinon en style, pour les années qui précèdent la grande guerre. On attend avec imatience que le livre sorte, pour se précipiter dessus, d'autant que la dame qui l'a écrit, Christine Leteux, n'est pas une inconnue: historienne du cinéma par passion, traductrice, elle a a accompli la rude tâche de traduire le superbe livre-phare de l'historien Kevin Brownlow, La parade est passée (The parade's gone by, Editions Actes sud). C'est tout naturellement que Kevin Brownlow soi-même va préfacer son ouvrage, et on en salive d'avance. Ce qui nous permet d'en revenir à capellani, un cinéaste dont la vision des films s'impose!!

 

Voici le texte de présentation:

Aux temps héroïques du cinématographe, ce cinéaste oublié a joué un rôle majeur dans le développement du long-métrage et de l’adaptation littéraire. Chez Pathé, Albert Capellani réalisa les premières versions de L’Assommoir (1909), des Misérables (1912) et de Germinal (1913), qui connurent un succès international. Considéré comme l’un des plus grands cinéastes de son époque, il partit en 1915 pour l’Amérique, et dirigea de grandes stars du muet comme Clara Kimball Young, Alla Nazimova et Marion Davies. Longtemps tombé dans l’oubli, redécouvert récemment par le Festival de Bologne, ce metteur en scène qui plaçait le cinéma sur le même plan que le théâtre, la littérature et la musique, fit faire un pas de géant au septième art par sa subtile direction d’acteurs et son extraordinaire sens visuel. Fruit d’un méticuleux travail de recherches, ce livre est la première biographie consacrée au grand pionnier du muet que fut Albert Capellani.
http://annhardingstreasures.blogspot.fr/2013/02/albert-capellani-cineaste-du-romanesque.html
Partager cet article
Repost0
Published by François Massarelli - dans Muet Albert Capellani
29 mai 2011 7 29 /05 /mai /2011 17:45

Moins beau que son Germinal, cette adaptation de Dumas par Capellani est à son meilleur dans les extérieurs, tournés dans des décors authentiques et plausibles, jamais propres, toujours inquiétants. c'est d'autant plus important que comme à son habitude, le metteur en scène fonctionne par taleaux. L'intrigue ne tourne pas qu'autour du "Chevalier de Maison-Rouge", tout comme Les trois mousquetaires sont surtout l'histoire du quatrième... Autour de ce royaliste bien décidé à sauver marie-Antoinette de son destin funeste, toute une galerie de personnages, souvent bien campés: Dixmer, le tanneur qui trahit la révolution par amour pour son épouse; Geneviève Dixmer, la soeur du chevalier, qui n'aime pas son mari, et découvre l'amour en la personne d'un garde révolutionnaire; Rocher, le sans-culotte impitoyable... Si les partisans de la révolution sont, comme souvent dans la fiction, des gens peu accomodants et violents, on constate que le jusqu'au boutisme de certains royalistes finit par faire des victimes, à commencer par Dixmer, de plus en plus aveuglé par la jalousie. Le final permet à Capellani de ménager la chèvre et le chou, comme le cinéma le faisait souvent, sans pour autant tiomober dans le délire révisionniste à la Vendéenne...

 

De Capellani, je préfère de loin les adaptations de Zola que j'ai pu voir, mais cette histoire située en pleine révolution a ses charmes, et nous permet d'anticiper sur le monument que ne manquera pas d'être Quatre-Vingt-Treize, le "grand oeuvre" paradoxal d'Albert Capellani...

Partager cet article
Repost0
Published by François Massarelli - dans Muet Albert Capellani 1914 * Dumas
21 mai 2011 6 21 /05 /mai /2011 16:44

Avec la S.C.A.G.L., Capellani se lance dans l'adaptation fleuve de grands classiques, ses deux principales sources étant Zola et Hugo. Germinal, contemporain de Judith of Bethulia de Griffith (environ 60 minutes), et du premier Fantômas de Feuillade (55 minutes), totalise 2h28, et propose un spectacle peu banal... Aussi enthousiasmant aujourd'hui qu'il y a 98 ans.

Licencié de l'usine qui l'employait parce que son bon coeur l'a poussé à défendre un camarade viré avant lui, Etienne Lantier (Henry Krauss) trouve un travail à la mine. Il tombe vite amoureux d'une femme, Catherine (Sylvie), la fille de l'homme qui l'a hébergé. Elle est promise à un autre, Chaval (Jean Jacquinet), et la rivalité entre les deux hommes va faire de sérieuses étincelles, tout comme les dégradations des relations entre les patrons et les ouvriers. Vite reconnu comme un leader syndical, Lantier se trouve au centre des passions...

Le naturalisme de l'interprétation et des décors, le sens de la composition du metteur en scène font merveille. Capellani, qui a vocation à illustrer le roman dans un premier temps, utilise les intertitres comme des en-têtes de chapitre: "Où Lantier découvre la raison de l'hostilité de Chaval", un peu comme Griffith annonçait l'action par les titres avant de la montrer. A une époque ou le gros plan, le montage serré deviennent des options qui font encore polémiques, Capellani fonctionne encore sur le principe des tableaux. Il en tire deux avantages: d'une part, le cadre est composé en fonction des séquences, avec un talent pour trouver l'angle parfait, et une utilisation de l'espace pensée en fonction de l'ensemble de la séquence; la profondeur de champ est utilisée aussi, notamment dans les scènes de réunions syndicales, ou les scènes dans les bars, restaurants, les intérieurs. d'autre part, les acteurs jouent l'ensemble de chaque scène, généralement avec retenue, même si par exemple Jean Jacquinet en fait parfois trop.

Les scènes anthologiques dépassent le cadre des tableaux, je pense en particulier à la première descente dans la mine, illuminée par une révélation: ce jeune mineur, qui vient de dénouer une imposante chevelure, est donc une femme... L'idylle entre Lantier et Catherine vient de commencer, elle se terminera tragiquement en écho de cette jolie scène: lorsque le corps de la jeune femme sera remonté, seuls dépasseront de la couverture, son bras et la masse de ses cheveux...

La scène de la fusillade, qui voit le monde simpliste de la lutte des classes exploser, lorsque les militaires tirent sur la foule des grévistes et que la fiancée du patron tombe victime des balles, est préparée lentement par une montée de la tension. Capellani nous montre les préparatifs, l'arrivée des bataillons, les ouvriers qui contiennent leur colère... On sait que le drame est inéluctable.

Maintenir la tension pendant 2h28, nous rendre témoins et complices d'une histoire déjà rendue immortelle par la littérature, relayer sans restriction le cri d'indignation d'Emile Zola, et pouvoir le faire encore presque un siècle plus tard... sacré cahier des charges! Sacré film, aussi.

Partager cet article
Repost0
Published by François Massarelli - dans Muet 1913 Albert Capellani *
11 mai 2011 3 11 /05 /mai /2011 16:27

Grâce à deux coffrets à la fois austères et pleins de bonnes choses, on peut se faire une petite idée du travail de ce pionnier, Albert Capellani, l'un des grands réalisateurs Français des premiers temps qui comme Tourneur ont fait un petit tour aux Etats-Unis, de 1915 à 1923. Pour commencer, on peut s'intéresser à ses films courts, avant qu'il ne se lance dans des adaptations fleuves de grands classiques littéraires (Zola, Hugo surtout). Ces films sont des purs produits de Pathé, plus prolétarienne que la conservatrice Gaumont; les films sont réalisés par des "spécialistes": George Monca a en charge la comédie, Segundo de Chomon la féérie (Largement imitée de Méliès), et Zecca, Nonguet et Capellani se chargent quant à eux des drames.

 

Les films courts de Capellani disponibles dans les coffrets, à une exception près, font partie de cette catégorie. Tous sont très courts, ils atteignent parfois ou dépassent les dix minutes. Beaucoup sont marqués par une approche cruelle, violente et graphique, qui culmine dans des scènes de mort, et le principal sujet reste les amours cruelles, et leurs horribles conséquences. Tous les films alternent déja des séquences d'intérieur parfois tributaires de décors bien mal fichus (Le pavillon de chasse en carton-pâte dans L'age du coeur, par exemple), d'autres fois plus soignés, et des extérieurs qui sont frappants par leur simplicité et leur naturalisme. La caméra reste à bonne distance, mais on a le sentiment que les acteurs trouvent un juste milieu, le bon geste, dans ce qui est une utilisation très efficace de l'espace. A coté de ces six films, on remarquera un autre court, le plus long de fait, qui est une féérie, dans laquelle Capellani profite des bons offices de Segundo de Chomon, opérateur spécialiste des effets spéciaux, et spécialiste maison chez Pathé des films merveilleux. On peut rapprocher ce film d'un autre plus connu, le court métrage La légende de Polichinelle, avec un jeune Max Linder d'avant Gaumont et la gloire, et qui est attribué à Capellani également. Enfin, le dernier film est à ranger dans les moyens métrages, totalisant trois bobines, et anticipant sur les films plus longs et plus ambitieux de Capellani: c'est, déjà, une adaptation de Zola...

Le chemineau (1905) La première adaptation de Hugo n'est pas comparable par sa durée à celles qui suivront, mais elle est remarquable, pour ce qui est, pour autant qu'on en croire les dernières recherches ayant fait état de la filmographie du bonhomme, le deuxième de ses films (Et le plus ancien conservé). Le chemineau, c'est Valjean bien sur, et Capellani réalisera en 1912 une adaptation impressionnante des Misérables. En attendant il se concentre sur l'épisode de Jean Valjean recueilli chez Monseigneur Myriel, le vol, et l'arrestation du vagabond. La résolution du film manque, les copies conservées étant incomplètes, mais le film (de moins de six minutes) est fascinant: Capellani, durant cette aube du cinéma, avait déjà des idées picturales qui l'élevaient au-dessus du lot: ce premier plan de vagabondage hivernal, tout en atmosphère, avec son héros qui s'avance vers l'écran, puis le panoramique chez Myriel qui se substitue à un montage, permettant à un changement de décor dans le plan de faire office d'ellipse, sont plus que prometteurs...

 

Drame Passionnel (1906)

le titre est très clair, le drame en question nous est narré par le menu: un homme quitte sa maitresse, mère d'une petite fille, et se marie pour l'argent. Lors du mariage, l'ex est là, décidée à se venger... un film assez direct, cru, d'une grande clarté.

 

Mortelle Idylle (1906)

Là encore, on ne peut pas dire que le titre soit vraiment crypté. Une femme trahit l'amour de son ami d'enfance, celui-ci se venge d'une façon expéditive. Le film montre un exemple très intéressant de construction de suspense, puisque il y a une tentative de meurtre avant que le tueur n'atteigne son but. Ainsi, le spectateur est placé dans l'attente de ce qui va venir... Encore une fois, un film choc, qui atteint son but en peu de temps.

 

L'age du coeur (1906)

Ce dur film conte les mésaventures d'un couple "mal assorti", nous dit un intertitre: il est vieux, elle est jeune, le premier gandin qui passe devient un amant. une bonne âme prévient le mari, qui jure de se vanger... Mais il en est incapable, alors... il retourne dans sa chambre et se suicide, de façon très graphique. On est ici à deux doigts du grand guignol, avec un alliage astucieux de trucage cinématographique (On arrête tout simplement la caméra et le mouvement) et de maquillage sanglant. Le cinéma de Capellani va déja vers le réalisme sans concessions...

 

La femme du lutteur (1906)

Vu à plus grande distance que les autres, ce film incorpore un grand nombre de figurants, ce qui est d'autant plus justifié qu'une partie de l'action se place dans le cadre forain: un lutteur à succès se laisse draguer par une riche bourgeoise, et abandonne roulotte, femme et enfants pour s'installer dans la belle vie. Le sujet parle d'abandon du domicile conjugal, d'adultère, et donc de sexe. Le fait que l'homme fasse un usage professionnel de son corps est à prendre en compte. En tout cas, cette fois, il y a utilisation d'arme blanche. A noter aussi, dans tous ces films, le crime est la fin: la police n'intervient pas, en tout cas pas dans l'espace filmique, tout comme, on le verra, dans l'assommoir... Pas de résolution bourgeoise, donc.

 

Pauvre mère (1906)

Encore un film dur! cette fois, une mère dont la fille s'est tuée sombre dans l'alcoolisme, devient folle, et s'empare dans un jardin public d'une fillette qu'elle prend pour la sienne. Elle meurt dans un couvent, "visitée" une dernière fois par le fantôme de sa fille. On notera qu'elle est seule, sans qu'on puisse déterminer si elle est veuve, divorcée, ou... pire. Au mur, dans la première scène, un portrait anonyme d'un monsieur en moustache permet éventuellement de rassurer le bourgeois!

 

La fille du sonneur (1906)

Un vieil homme, sonneur de cloches à Notre-Dame, désavoue sa fille qui fricote avec un monsieur pas comme il faut. La fripouille abandonne la jeune femme avec un bébé, et celle-ci n'a d'autre solution que de laisser la petite à son père, qui la prend en charge, avec suffisamment d'amour. Mais la mère cherche ensuite à revoir la petite, contre l'avis du grand-père. La copie dure dix minutes, et est un condensé du film. un mélodrame, donc, mais marqué par la composition, la scénographie et l'utilisation parcimonieuse de figuration: on est devant un film qui ménage ses effets, et si certaines scènes avec le vieux sonneur, au jeu excessif, vont trop loin dans le pathos, on le suit avec tension. Une scène avec le vieux sonneur à coté d'une gargouille, qui contemple l'horizon, et donc les toits de Paris, atteint à la grandeur: c'est un moment de pure poésie. N'oublions pas que Capellani réalisera une version de Notre-Dame de Paris, en 1911...

 

Aladin ou la lampe merveilleuse (1906)

Très décoratif, ce film assez peu intéressant est typique de la production féérique, avec ses tableaux et son final en forme de ballet ou de revue. Segundo de Chomon a donc contribué avec ses effets, qui sont très bien amenés, mais les deux minutes de danseuses exotiques avec couleurs au pochoir nous donnent envie de retournenr à notre Paris des passions en 1906 tel que le dépeint Capellani...

 

La légende de Polichinelle (1907)

Parfois attribué à Nonguet, parfois à Capellani, ce Polichinelle est très soigné mais souffre des mêmes défauts que le précédent film. il n'apporte pas grand chose de plus à notre affection pour Max Linder, pas vraiment dans son élément, et rien du tout à notre intérêt pour Capellani, dont on veut découvrir les beaux films, séance tenante!

 

L'assommoir (1909)

Cette adaptation de Zola en trois bobines est excellente. En dépit de la longueur du film, à une époque ou on ne s'aventurait pas dans le long métrage en effet, la maitrise de l'ensemble est impressionnante. En dépit de sa brièveté, on suit ici l'évolution de personnages, et le décor, tant humain que matériel, est très réaliste, ou pour reprendre l'expression consacrée, tant pis pour le cliché, "naturaliste". c'est du Zola, après tout, et pas encore passé par la censure, on y appelle un chat un chat. il y est question de vie 'à la colle', de saoulographie, de crise de delirium, d'absinthe, de basse vengeance, le tout dans une atmosphère ô combien populaire.

 

Un grand cinéaste, de toute évidence!

 

Partager cet article
Repost0
Published by François Massarelli - dans Muet Albert Capellani