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C'est bientôt le second tour de l'élection présidentielle... Les candidats qui s'affrontent sont d'une part un homme d'extrême droite (obsédé par l'immigration et l'insécurité, et fort d'une tendance à ne parler de rien d'autre, et à n'amener que ces sujet dans les débats) et un libéralbon teint: c'est Pierre-Henry Mercier (Albert Dupontel), un économiste génial qui a été appelé au secours par le camp progressiste quand le candidat "naturel" est tombé dans ce qu'on a appele le "zizigate"...
Mercier rassure les foules, et est assuré d'être élu au terme d'une campagne morne, et sur une chaîne d'info privée, on a décidé de confier le job à une équipe qui sort à peine d'un purgatoire au service des sports. C'est que Nathalie Pove (Cécile de France) a tendance à n'en faire qu'à sa tête, d'où la punition de couvrir les matchs durant quelques années. Pourtant, Gus (Nicolas Marié), le caméraman, était ravi: le foot, chez lui, c'est une obsession! Mais Nathalie qui a pour mission de couvrir une campagne dans laquelle elle ferait la promotion du candidat pour sa chaîne, a connu Mercier au lycée. Elle connaît les failles et les fragilités de celui qui a été son premier baiser... Maisquelque chose ne colle pas, elle s'en rend compte très vite. Cet ultra-libéral est constamment entouré, lors de ses meetings, de figures de la pensée, de la science, de l'écologie et de la politique, qui sont tous dotés de morale... Nathalie Pove et Gus vont découvrir que Mercier cache bien plus qu'une carrière d'économiste doué...
Ce n'était pas inattendu que celui des cinéastes français qui semble le mieux tout faire sans jamais perdre son âme de réalisateur de comédies, s'attelle un jour à une fable politique. Un exercice périlleux car en France ça ne prend pas, ou rarement. Dès qu'on représente la politique dans un film français, la caricature devient tellement grossière qu'on ne peut y croire un seul instant, et c'est gênant quand justement on reproche à la politique de reposer sur le faux, l'incompétence et le mensonge! Dupontel a donc choisi la fable et son exagération, dans un scénario qui va loin dans la politique fiction, imaginant même non pas un, mais deux complots l'un sur l'autre, et une vie politique régie non par les politiciens, mais bien par les éminences grises; et une presse, bien spur, aux ordres, qui fait ce qu'on lui dit de faire... Sauf Nathalie, bien sûr.
On a beaucoup reproché ces choix, condamnant le film a priori, pour son écomplotisme" supposé, et pour la caricature... Mais justement, il ne fait aucun doute dans ce film qui réussit (comme le faisaient si bien Au revoir là-haut et Adieu les cons) à maintenir l'atmosphère d'une comédie malgré la présence de figures tragiques, que ce soit de la caricature, de l'imagination. Une situation largement inspirée par les récentes campagnes politiques, qui ne prenaient de sens que dans un affrontement final entre le chaos (Marine Le Pen, insupportable choix d'extrême droite) et la supposée raison et la supposée mesure (en forme de premier de la classe avec Emmanuel Macron): ici, la vie politique tourne entièrement autour d'une issue écrite d'avance, et le candidat déballe un ramassis d'idées néo-libérales convenues, et empreintes de la pire platitude... Et le monde politique, les journalistes trop polis pour être honnêtes, le "zizigate" (DSK?) sans oublier la chaîne de télévision qui ressemble aux chaînes d'info qui ne se provent pas de favoriser un candidat (depuis TF1 et leur soutien à Balladur en 1995, on sait que c'est tout à fait possible, et les chaines Bolloré aujourd'hui en sont un exemple frappant); bref, si Dupontel exagère effectivement (car c'est une fable), il a quand même suffosamment d'exemples devant lui qui montrent la voie...
Et puis c'est un cinéaste qui ose, qui tente, qui s'approche de ce qui tendrait à lui faire peur: la mort, la guerre, la délinquance, la vieillesse, la politique maintenant... Car c'est pour lui le seul moyen de faire son travail d'artiste et qu'il apporte quelque chose... Ses films sont généreux, et nous font suivre de drôles de personnes aux failles palpables, mais assumées, depuis la juge qui a raté sa vie sociale de 9 mois ferme, à la coiffeuse condamnée de Adieu les cons, en passant par la journaliste qui a fini par accepter de ne pas exister dans son métier... Et comme toujours, il y a les uns (Philippe Uchan en patron de presse aux ordres, génial comme à son habitude) et les autres (Nicolas Marié, inoubliable en obsédé du football, François Damiens en coach sportif en plein exercice, et de nombreuses silhouettes aperçues et aussitôt engrangées...
Le film est certes moins percutant que le précédent, mais il vient clairement du même univers, de la même poésie, et là encore, de la même générosité. Car ce qui motive Dupontel, c'est son amour des gens, des mots, des acteurs et du cinéma. Et ça se voit, dans un film qui ne se laisse jamais aller à se départir d'un mélange rare d'expressivité, de direction d'acteurs majeure, de rigueur et d'inventivité dans la mise en scène. Même si d'aucuns le trouvent raté, c'est un film d'un metteur en scène majeur...
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