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11 avril 2024 4 11 /04 /avril /2024 20:52

C'est bientôt le second tour de l'élection présidentielle... Les candidats qui s'affrontent sont d'une part un homme d'extrême droite (obsédé par l'immigration et l'insécurité, et fort d'une tendance à ne parler de rien d'autre, et à n'amener que ces sujet dans les débats) et un libéralbon teint: c'est Pierre-Henry Mercier (Albert Dupontel), un économiste génial qui a été appelé au secours par le camp progressiste quand le candidat "naturel" est tombé dans ce qu'on a appele le "zizigate"...

Mercier rassure les foules, et est assuré d'être élu au terme d'une campagne morne, et sur une chaîne d'info privée, on a décidé de confier le job à une équipe qui sort à peine d'un purgatoire au service des sports. C'est que Nathalie Pove (Cécile de France) a tendance à n'en faire qu'à sa tête, d'où la punition de couvrir les matchs durant quelques années. Pourtant, Gus (Nicolas Marié), le caméraman, était ravi: le foot, chez lui, c'est une obsession! Mais Nathalie qui a pour mission de couvrir une campagne dans laquelle elle ferait la promotion du candidat pour sa chaîne, a connu Mercier au lycée. Elle connaît les failles et les fragilités de celui qui a été son premier baiser... Maisquelque chose ne colle pas, elle s'en rend compte très vite. Cet ultra-libéral est constamment entouré, lors de ses meetings, de figures de la pensée, de la science, de l'écologie et de la politique, qui sont tous dotés de morale... Nathalie Pove et Gus vont découvrir que Mercier cache bien plus qu'une carrière d'économiste doué...

Ce n'était pas inattendu que celui des cinéastes français qui semble le mieux tout faire sans jamais perdre son âme de réalisateur de comédies, s'attelle un jour à une fable politique. Un exercice périlleux car en France ça ne prend pas, ou rarement. Dès qu'on représente la politique dans un film français, la caricature devient tellement grossière qu'on ne peut y croire un seul instant, et c'est gênant quand justement on reproche à la politique de reposer sur le faux, l'incompétence et le mensonge! Dupontel a donc choisi la fable et son exagération, dans un scénario qui va loin dans la politique fiction, imaginant même non pas un, mais deux complots l'un sur l'autre, et une vie politique régie non par les politiciens, mais bien par les éminences grises; et une presse, bien spur, aux ordres, qui fait ce qu'on lui dit de faire... Sauf Nathalie, bien sûr. 

On a beaucoup reproché ces choix, condamnant le film a priori, pour son écomplotisme" supposé, et pour la caricature... Mais justement, il ne fait aucun doute dans ce film qui réussit (comme le faisaient si bien Au revoir là-haut et Adieu les cons) à maintenir l'atmosphère d'une comédie malgré la présence de figures tragiques, que ce soit de la caricature, de l'imagination. Une situation largement inspirée par les récentes campagnes politiques, qui ne prenaient de sens que dans un affrontement final entre le chaos (Marine Le Pen, insupportable choix d'extrême droite) et la supposée raison et la supposée mesure (en forme de premier de la classe avec Emmanuel Macron): ici, la vie politique tourne entièrement autour d'une issue écrite d'avance, et le candidat déballe un ramassis d'idées néo-libérales convenues, et empreintes de la pire platitude... Et le monde politique, les journalistes trop polis pour être honnêtes, le "zizigate" (DSK?) sans oublier la chaîne de télévision qui ressemble aux chaînes d'info qui ne se provent pas de favoriser un candidat (depuis TF1 et leur soutien à Balladur en 1995, on sait que c'est tout à fait possible, et les chaines Bolloré aujourd'hui en sont un exemple frappant); bref, si Dupontel exagère effectivement (car c'est une fable), il a quand même suffosamment d'exemples devant lui qui montrent la voie...

Et puis c'est un cinéaste qui ose, qui tente, qui s'approche de ce qui tendrait à lui faire peur: la mort, la guerre, la délinquance, la vieillesse, la politique maintenant... Car c'est pour lui le seul moyen de faire son travail d'artiste et qu'il apporte quelque chose... Ses films sont généreux, et nous font suivre de drôles de personnes aux failles palpables, mais assumées, depuis la juge qui a raté sa vie sociale de 9 mois ferme, à la coiffeuse condamnée de Adieu les cons, en passant par la journaliste qui a fini par accepter de ne pas exister dans son métier... Et comme toujours, il y a les uns (Philippe Uchan en patron de presse aux ordres, génial comme à son habitude) et les autres (Nicolas Marié, inoubliable en obsédé du football, François Damiens en coach sportif en plein exercice, et de nombreuses silhouettes aperçues et aussitôt engrangées... 

Le film est certes moins percutant que le précédent, mais il vient clairement du même univers, de la même poésie, et là encore, de la même générosité. Car ce qui motive Dupontel, c'est son amour des gens, des mots, des acteurs et du cinéma. Et ça se voit, dans un film qui ne se laisse jamais aller à se départir d'un mélange rare d'expressivité, de direction d'acteurs majeure, de rigueur et d'inventivité dans la mise en scène. Même si d'aucuns le trouvent raté, c'est un film d'un metteur en scène majeur...

 

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Published by François Massarelli - dans Albert Dupontel
29 septembre 2022 4 29 /09 /septembre /2022 16:46

C'est l'anniversaire d'Antoine (Albert Dupontel): il a 42 ans, est publicitaire, marié, père de famille... et manifestement ne tourne pas rond: il fait un scandale pendant une séance de pitch à son agence, et après avoir été odieux avec un marchand de yaourt qui fait la fine bouche devant tout ce que l'agence propose, il laisse tout en plan et annonce à son partenaire qu'il lui vend ses parts... Il déjeune avec une belle jeune femme, et il est clair qu'ils ont un petit secret tous les deux. Une amie de Cécile, l'épouse d'Antoine, les voit...

Le soir, après avoir été absolument abominable avec sa belle-mère, il rentre chez lui où Cécile lui fait une scène monumentale, avant de lui annoncer que le lendemain, il y aura une petite fête-surprise pour son anniversaire: il s'y déchaîne, décochant flèche après flèche, méchanceté sur méchanceté, envers ses amis. Même ses enfants ne s'en sortent pas indemnes... Puis il disparaît, file vers Cherbourg et prend le ferry pour l'Irlande, afin de régler ses comptes avec son père absent...

Au départ, on se dirige vers une comédie méchante, aigre, violente et profondément satirique, avec un personnage qui d'un côté ne tourne pas rond, clairement, et de l'autre ne rate aucune occasion d'être franc... De la franchise qui laisse par terre! Mais on sent très vite qu'il y a quelque chose, en effet, qui ne va pas: ainsi, ses dénégations par rapport au soupçon d'adultère (la colère de Cécile, en réalité, paraît totalement justifiée) ont des accents de sincérité. Et son comportement avec ses amis est tellement direct qu'on se demande bien ce qui pourrait le pousser à nier!

Mais le film est du début, presque jusqu'à la fin, un trompe-l'oeil, le récit d'une stratégie calculée d'un sacrifice. Je ne dévoile pas, mais honnêtement, on s'en doute assez vite. Ce qui n'enlève rien au film, qui en 84 minutes ne sous laisse pas le temps de respirer, et est structuré comme il sied aux films de Jean Becker par des éclairs de bonne vie, pour ceux qui aiment (le vin, par exemple, il y a des gens qui aiment, pour un fois je ne vais pas en dégoûter les autres!), avec la pêche, la nourriture qui tient parfois lieu d'unique lien de tendresse entre deux personnes qui ne parviennent pas à se parler...

Et surtout, il y a un acteur exceptionnel, qui tient tout le film avec sa pudeur, son air mystérieux, qui cache un immense tendre derrière un masque de salaud, en jouant constamment sur des transgressions assumées: on arrive à aimer Dupontel, y compris quand il est grinçant avec ses enfants, quand il est odieux avec sa belle-mère (il faut dire que...), ou encore dans une cave, avec une amie qu'il traite comme une moins que rien...

Mais derrière l'intrigue qui file vers une révélation à la fin du film, se cache aussi l'histoire d'un homme qui tout à coup peut s'affranchir des codes sociaux, peut dire leur fait aux amis, aux parents, à son épouse, et peut enfin se permettre de dire tout le mal qu'il pense du yaourt qu'il est supposé vendre. Quel que soit la fin, ça fait aussi du bien, non?  C'est le paradoxe de ce film à la fois sensible, et méchant, aigre, violent et profondément satirique!

 

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Published by François Massarelli - dans Albert Dupontel Jean Becker
2 juin 2021 3 02 /06 /juin /2021 09:30

Deux faits aussi navrants l'un que l'autre, et sans aucun rapport l'un avec l'autre, vont se télescoper: Suze Trappet (Virginie Efira), coiffeuse, apprend d'un médecin bredouillant que les cosmétiques utilisés dans son métier lui ont refilé une maladie mortelle, et incurable. Effondrée, elle prend une décision: avant de mourir, elle va retrouver la trace de l'enfant qu'elle a eu 28 ans auparavant, et qu'elle a sous la pression de ses parents abandonné pour adoption; de son côté, Jean-Baptiste Cuchas (Albert Dupontel), informaticien surdoué à la sociabilité plus que perfectible, apprend qu'il va devoir laisser la place à des petits jeunes, à la demande de ses supérieurs...

Ce qui va les rapprocher, c'est que Cuchas travaille dans l'administration sociale, et quand il tente de se suicider, son bureau est juste à côté du cubiculum où Suze tente d'obtenir d'un fonctionnaire morne et mécanique une aide pour retrouver son enfant: quand il se rate, Cuchas tire avec une grosse carabine, par erreur, sur l'infortuné gratte-papier. Pour les deux losers, c'est le début d'une cavale: Suze demande à Jean-Baptiste d'utiliser sa science de l'informatique afin de retrouver son fils perdu, et Jean-Baptiste attend de Suze qu'elle témoigne du fait que son geste était bien une tentative de suicide, et non une chaotique forme de protestation terroriste et meurtrière... Ils seront aidés dans leur périple par deux autres perdants, le Docteur Lint (Jacky Berroyer), obstétricien atteint d'Alzheimer, et Serge Blin (Nicolas Marié), un ingénieur EDF qui a perdu la vue...

Dédié à Terry Jones: le grand universitaire Gallois, écrivain, cinéaste, comédien, auteur dramatique, spécialiste reconnu de Chaucer, et membre à vie (et à mort) des Monty Python, est décédé au début de la triste année 2020, et Dupontel qui a souvent travaillé avec lui (c'était lui qui jouait Dieu dans Le créateur) lui rend ainsi hommage... Pourtant c'est à l'univers d'un autre Terry, tout aussi Monty mais beaucoup moins Gallois, que le film fait penser. D'ailleurs Gilliam est lui aussi un mentor de Dupontel, auquel il a fait l'amitié d'accepter de participer avant ce film à Enfermés dehors, et 9 mois ferme. Ici, il participe, en quelque sorte, de deux façons: d'une part il joue un petit rôle, propice à déclencher l'hilarité, je vous laisse découvrir par vous même; et d'autre part son univers de cinéaste a servi de matrice à ce septième long métrage de Dupontel, et par au moins trois détails. Enfin, "détails", c'est un mot un peu vague: d'abord, il y a ici un acteur qui joue un rôle, celui d'un certain M. Tuttle, ce n'est sans aucun doute pas un hasard, quand on sait que Tuttle est l'un des personnages-clés de Brazil. Ensuite, Dupontel utilise le décor, lors de la scène du suicide chaotique, pour citer l'ambiance de Brazil, justement: les tuyaux en plastique à poubelle qui pendouillent du plafond, les fils électriques en grappe, tout renvoie à la fameuse scène de l'appartement envahi par les matières fécales dans le film de science-fiction de Gilliam. Enfin, le propos des deux films est étrangement similaire, avec dans les deux la fuite en avant de deux personnes, un fonctionnaire associable et gauche, et une jusqu'au-boutiste condamnée à plus ou moins brève échéance. Et les deux films sont d'imposantes radiographies d'un monde en déliquescence...

Ce qui ne veut pas dire, d'une part, qu'Adieu les cons soit un plagiat, absolument pas, et on en est très loin. On est plus devant un hommage structurel, à la façon dont les frères Coen, par exemple, revisitent les genres en se servant de films comme modèles dont ils vont refaçonner les contours: The big sleep, d'Howard Hawks, pour The big Lebowski, ou encore Sullivan's travels de Preston Sturges pour O Brother where art thou?... Et d'autre part, ce n'est pas parce que le film de Dupontel se veut une charge d'un monde en pleine détresse émotionnelle, que l'on n'y rigole pas, au contraire... Les gags pleuvent, et c'est du grand luxe: bien sûr, il y a des répliques superbes, cette obsession du cinéphile français qui n'a pas toujours compris que le film c'est aussi de l'image (Dupontel: "Comment il va, M. Dupuis?"; Efira: "Moyen"; Dupontel: "Moyen mort, ou moyen vivant?"); évidement, le film repose aussi sur le concours d'une troupe d'acteurs qui reviennent de film en film avec le metteur en scène: Marié, déjà cité, Michel Vuillermoz formidable en psychologue du ministère de l'intérieur, et Philippe Uchan qui interprète le supérieur de Cuchas, il s'appelle Kurtzman (et ça aussi c'est une piste), et il est incapable de prononcer "Cuchas"; le médecin au début n'est autre que Bouli Lanners, et il est royal... Normal: il est belge! Non, le plus beau, c'est l'abondance d'humour physique, donc visuel, et l'énergie formidable qui se dégage du film, monté sans un poil de graisse. De plus, les deux acteurs principaux, qui doivent constamment évoluer du tragique vers le comique, dans un seul souffle, sont superbes, et j'applaudis enfin Virginie Efira qui cette fois m'a plus que convaincu.

Je parlais du rythme soutenu... C'est pourtant une fable, comme Brazil, et des plus cruelles; le portrait du monde dans lequel nous vivons, et où l'ironie du sort a fait qu'au moment de sortir, le film a du se prendre une pandémie internationale dans les dents, est sans équivoque: on vit mal, le nez dans des portables (pour ceux qui en ont, car il y en a), on ne sait plus communiquer, la preuve les noms sont d'une grande difficulté à retenir; on remplace le vieux qui a fait ses preuves (Jean-Baptiste ou les quartiers d'île-de-France) par du jeune clinquant et du style moderne; les administrations sans aucun lien apparent avec la réalité, les policiers, les DRH: tout le monde fonctionne au protocole, et pour se faire aider, on n'a plus que deux ressources: le système D, et... les faire-valoir à la fois minables et sublimes: le Dr Jacques Lint ("Jacques... c'est moi?") à la fois reflet d'une époque nostalgique et symbole de l'oubli par sa maladie, et bien sûr l'archiviste aveugle, source inépuisable de gags potaches, interprété par Nicolas Marié: il n'empêche, cet handicapé un peu dragueur, un peu veule, va se conduire en héros... et se cogner dans à peu près tout et tout le monde, aussi, car on est dans une comédie.

Oui, mais une comédie noire, qui touche juste, qui a un message tout simple: et si on levait la tête et qu'on s'aimait. Ca ne va pas loin? Parce que "traverse la route, tu vas en trouver du boulot", ou "suicidez-vous", "il y a ceux qui ne sont rien", ou "la république, c'est moi", ça va loin peut-être? Non, c'est bien une comédie, mais elle vise juste et à la fin, 

Non, voyez-le, c'est une merveille.

 

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Published by François Massarelli - dans Albert Dupontel Comédie Terry Gilliam Virginie Efira
23 août 2019 5 23 /08 /août /2019 17:03

L'angoisse de la page blanche est-il un sujet approprié pour une oeuvre narrative? C'est une superbe mise en abyme en perspective, quand on y pense, qui peut bien sûr tourner à vide. C'est un peu le risque que prend Dupontel en faisant de son deuxième film une méditation burlesque, et incendiaire, sur la terreur de la deuxième oeuvre! 

Darius (Dupontel), auteur dramatique, vient juste de triompher avec sa première pièce Détresse intime, quand il doit s'arrêter, et prendre le large pour six mois: désespérément alcoolique; complètement à côté de la plaque, il se met au vert, et revient six mois plus tard, guéri à Paris. Il a juste oublié son engagement auprès de Pierre, le directeur du théâtre (Nicolas Marié), de lui livrer une autre pièce. A son retour, il a deux jours, et pas la moindre idée. Surtout qu'il faut bien avouer qu'il n'a déjà aucun souvenir d'avoir écrit la première, qui s'était semble-t-il écrite toute seule dans une sorte de stupeur alcoolique... Sous la surveillance affectueuse de Victor (Philippe Urchan), son voisin un peu trop collant et attentionné, et sous la pression méfiante exercée par sa vedette Chloé Duval (Claude Perron), Darius tente de se mettre au travail...

L'auteur a chargé la barque, et les vingt-cinq premières minutes du film, paradoxalement, sont les plus difficiles à passer... C'est qu'on n'en sait sans doute pas suffisamment sur Darius pour vraiment s'investir dans ce qui ressemble au départ à une fable kafkaïenne. Une fois les tentatives délirantes amenées (Chloé en vient à penser que Darius trouve l'inspiration dans le fait de tuer les chats, alors il s'exécute), la comédie noire et provocante prend fermement le dessus. Le résultat final, réflexion artistique au vitriol mêlée d'un commentaire narquois sur le rapport entre créateur et public, et tant qu'à faire le créateur et Dieu, est sinon emballant, au moins distrayant. 

Et puis non seulement dans son film il tue les chats (ce qui est mal dans la réalité, cela va sans dire) mais en prime il se lance dans un chapitre anti-Bretons inattendu, et qu'il faut bien sûr prendre au second degré. Ce qui occasionne une phrase qui en contexte fait du bruit: "Kenavo, les bouseux!"

Dupontel, par ailleurs, y affirme sa dette envers des créateurs qui l'ont inspiré, et qui tranchent clairement sur l'ordinaire du cinéma Français: en réalisant un film qui visuellement (entre rêve-cauchemar et réalité, entre raison et folie) se situe dans la lignée du style de Terry Gilliam, il en profite pour ajouter à son équipe de choc (les comédiens Claude Perron, Michel Vuillermoz, Dominique Bettenfeld, Philippe Urchan et Nicolas Marié sont très souvent là) la présence de Terry Jones dans le rôle de Dieu.

C'est bien normal.

 

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Published by François Massarelli - dans Comédie Albert Dupontel Terry Jones
18 août 2019 7 18 /08 /août /2019 11:07

Un clochard amoureux, Roland (Albert Dupontel) saisit une opportunité en or: un policier qui vient de mettre fin à ses jours a laissé derrière lui un uniforme. Comme les collègues du suicidé ne supportent pas que Roland franchisse la porte du poste de police (du moins volontairement), il se résout donc à utiliser le déguisement pour défendre la veuve et l'orphelin. Il commence donc par essayer de protéger les sans abris (ceux qui comme lui sont "enfermés dehors", dont Bruno Lochet, Yolande Moreau, Philippe Duquesne, Bouli Lanners,Terry Gilliam et Terry Jones) puis se concentre sur le cas de Marie (Claude Perron): celle dont il est amoureux parce qu'il dort pas loin d'une affiche qui promeut le sex-shop où elle travaille (elle était auparavant star du porno), et qui la représente de façon forcément aguicheuse. Bien sûr elle ne le connaît pas, mais il va quand même essayer de lui rendre justice: sa fille Coquelicot a été "enlevée" par ses grands-parents, les Duval (Hélène Vincent, Roland Bertin), qui désapprouvent le métier de leur belle-fille... Parallèlement, Roland apprend lors d'une conversation avec un "collègue" que le richissime Armand Duval-Riché (Nicolas Marié) est corrompu, et les deux affaires vont se mélanger dans son cerveau abîmé par la consommation de colle...

Ca a l'air de faire beaucoup, comme ça, mais il y a une grande logique derrière tout ça. C'en serait même simpliste, puisque si Dupontel a un peu commencé avec ce film à infléchir sa manière (plus tendre, moins méchante), il a quand même choisi de le situer dans un monde qui est vu au travers des yeux d'un enfant, même si cet enfant s'appelle probablement Bernie... Et d'ailleurs le parcours accidenté de Roland est de la pure bande dessinée. La première fois qu'on le voit, il est dans le fond de l'image, à sauter sur de vieux matelas, complètement shooté à la colle. Il rebondit tant et si bien qu'il atterrira vingt mètres plus loin... Donc tout ça n'est effectivement pas bien sérieux. 

C'est du dessin animé, bruyant et mal poli, dominé par les performances excessives et souvent réjouissantes: Nicolas Marié en sale type riche, mais qui a cette fois le privilège de pouvoir se racheter... Hélène Vincent, malmenée par son réalisateur, doit risquer sa peau en se suspendant dans le vide... Et Bruno Lochet se prend des parpaings dans la tête! La présence de Terry Jones et Terry Gilliam (je ne me lasse pas de l'écrire) dans une scène courte mais mémorable, ensemble, situe le film dans la tradition de la plus saine des bouffonneries, et la musique d'Alain Ranval (également connu sous le nom de Ramon Pipin) et le montage volontairement haché confirment cette tendance. 

Mais Albert Dupontel derrière l'excès et la comédie, a toujours une dent dure, et si tout est ici simplifié, on y voit quand même un clochard qui se substitue à la police dont il considère qu'elle ne fait pas son travail. Bien sûr son altruisme a de sérieuses limites, et il va finir par se concentrer (comme Amélie Poulain, tiens!!) uniquement sur le cas de Marie et de sa fille. Quand même, il y a une petite graine de justicier derrière ce grand méchant Dupontel, qui reste l'un des plus intéressants de nos cinéastes en exercice. Y compris avec ce petit film rigolo, où il mêle sa gouaille et un univers essentiellement visuel où on trouve même des bribes de Tati... Mais en avance rapide.

 

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Published by François Massarelli - dans Comédie Albert Dupontel Terry Gilliam Terry Jones
27 juin 2019 4 27 /06 /juin /2019 10:57

Madame Maniette Thomas (Catherine Frot) est une personne âgée, une digne vieille dame dont l'essentiel des activités tourne autour d'une croisade partagée par ses voisins: garder le quartier aussi authentique que possible, contre les promoteurs véreux qui ont déjà obtenu, à coup de liasses sous la table, d'acheter la majorité des maisons... Mais elle souffre d'une cause inattendue: elle se demande pourquoi, alors qu'il n'y a pas grand chose pour la retenir sur terre, Dieu ne l'a pas rappelée à ses côtés. Elle est persuadée, même, d'être immortelle car elle aurait commis une faute, mais... laquelle?

Sydney Thomas (Albert Dupontel) est quant à lui le fils de la précédente. Officiellement, il a quitté sa môman 20 années auparavant pour accomplir ses études: il lui avait même donné une durée, qu'il estimait à cinq ans, quatre mois... Inutile de dire que non seulement c'est un gibier de potence, mais en plus il n'a jamais eu le coeur de le dire à sa chère maman, qui en plus ne sait absolument pas ce qu'il a bien pu devenir.

Mais nous le saurons avant elle! Car Sydney vient de faire un casse, et si il a réussi, ça s'est bien moins bien passé avec ses complices qui l'attendaient à l'extérieur, et donc ceux-ci veulent sa peau. Une balle dans l'épaule, poursuivi par un camion noir avec des gens qui tirent sur tout ce qui bouge, Sydney vient presque par hasard, se réfugier chez sa maman... Qui va en une seule nuit de révélation, apprendre d'une part qui est vraiment son gamin... Et comprendre enfin quelle faute elle doit expier!

On pourrait croire que pour Dupontel, qui tend à peindre au vitriol des histoires basées sur des familles dysfonctionnelles et mal foutues, c'est "famille je vous hais", mais non: c'est plutôt "Famille, avec vous c'est compliqué". Après tout, y compris dans le délire cauchemardesque et funéraire de Bernie, on a un garçon certes perturbé, qui cherche à reconstituer le cocon familial! 9 mois ferme est aussi consacrée à cette reconstitution paradoxale, et les problèmes familiaux sont à la base de la fuite en avant de la "gueule cassée" de Au revoir là-haut... Donc tout ce film est basé sur la confrontation entre une (presque) sainte femme, et un fils dévoyé, dont l'historique nous apparaît dans une scène de révélation superbement menée (il garde dans un recoin secret de sa chambre les preuves de toutes ses ignominies, et elles remontent à la maternelle!): il y a une morale, mais Dupontel, dans sa sagesse, a décidé que celle-ci serait surtout "privée", entre Sydney le dingue et sa maman trop gentille.

Et il y a des gags: on comprend l'enthousiasme de quelques spécialistes qui ont prêté main forte à leur copain Albert pour la promotion de sa comédie: Terry Gilliam, Terry Jones, Ray Cooper et Marcel Gotlib ne sont-ils pas des connaisseurs en matière de rigolade? Car Dupontel, qui met toujours quatre ou cinq ans entre deux films, est un orfèvre en matière de gag, et un cinéaste rigoureux. Son style est raffiné, pensé à l'extrême, et d'une grande finesse. Il en fallait pour non seulement imaginer toute une sous-intrigue autour d'une tortue homicide (et couverte d'inscriptions obscènes) mais aussi la faire tenir dans le film, du début à la fin, et la cerise sur le gâteau, c'est que si vous enlevez la tortue, l'édifice se casse la figure...

S'il n'est pas encore à la hauteur des deux films suivants, ce film a au moins le mérite de montrer une facette de Dupontel, qui à sa façon et seulement à sa façon, s'attendrit. Quant à Catherine Frot, elle est absolument géniale du début à la fin du film.

 

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Published by François Massarelli - dans Comédie Albert Dupontel
25 mai 2019 6 25 /05 /mai /2019 09:12

Après Désiré, Bernie... Bernie Noël, ainsi nommé car celui qui l'a trouvé, dans une poubelle d'une cité, quand il avait deux semaines, s'appelait Bernie justement, et bien sûr c'était durant la trêve des confiseurs. Donc "Noël". Le gamin, maintenant grandi (il le dit lui-même, il a 29 ans, bientôt 32) est simplet, mais doté d'une sorte d'hyperactivité dangereuse, pour son environnement surtout. Il a économisé pendant douze années de travail pour l'orphelinat qui l'avait accueilli, et a décidé de se lancer dans la vie. Car Bernie a un but: retrouver ses parents...

Bon, on va le dire tout de suite, ce n'est pas un film confortable du tout. Ultra-violent, le personnage irresponsable de Bernie devient une sorte d'incarnation de toute la bêtise humaine et de ses conséquences, et vous imaginez bien que si le rejeton infernal trouve ses parents, il suffit de les voir ensemble pour comprendre qu'il ne pouvait pas en être autrement! Parfois burlesque, parfois à la limite du regardable, parfois franchement grinçant, le film fait parfois penser aux moments les plus excessifs de la carrière de Terry Gilliam, avec une utilisation au cordeau d'objectifs inattendus, et une constante envie de chambouler le spectateur en tournant le film à une vitesse légèrement inférieure à la moyenne (ce qui a pour effet d'accélérer le mouvement durant le visionnage)...

Dupontel en profite pour montrer un portrait en creux d'une époque de transition, avec ses à-côtés, ses paumés, ses clochards, ses drogués et autres alcooliques, une époque qui semble parfaitement convenir à notre petit garçon qui a quand même mal tourné, et dans laquelle, à coup de vidéos-journaux intimes (parmi les moments les plus hilarants du film) Bernie semble se frayer un chemin, à l'aise... Jusqu'à un certain point, car tout a une fin.

 

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Published by François Massarelli - dans Albert Dupontel Comédie
5 septembre 2018 3 05 /09 /septembre /2018 18:31

Albert Maillard, arrêté au Maroc, est cuisiné par deux policiers Français: il raconte comment, depuis le 09 novembre 1918, il est passé à l'escroquerie pure et simple en compagnie de son meilleur ami, défiguré par un obus en lui sauvant la vie, et auquel il a permis de disparaître officiellement en intervertissant quelques papiers. Désormais, Edouard Péricourt, fils de bonne famille mais artiste en révolte, est très officiellement mort pour la France. Albert Maillard et lui vont monter une petite entreprise d'escroquerie, qui va tourner bizarrement, surtout quand deux facteurs de destin bizarre vont s'en mêler:

D'une part, la famille d'Edouard ne se contente pas de l'annonce de la mort, il leur faut plus: visiter la sépulture, et surtout inviter le bon copain a partager des souvenirs: pas facile, quand on s'appelle Albert Maillard et qu'on est un modeste comptable, de dîner avec ces gens de la haute, surtout quand il s'agit d'inventer la mort de son meilleur copain...

D'autre part, le salaud qui est responsable de la «mort» d'Edouard et surtout de son absence de mâchoire, est lui bien vivant: le lieutenant Pradelle, salaud d'officier et salaud de profiteur de guerre, va même se marier avec la sœur d'Edouard et devenir en prime un salaud de mari... Et celui-là, Albert ne l'aime pas, mais alors pas du tout, depuis que le galonné ridicule (je sais, je sais, c'est un pléonasme. Puisque c'est vous qui le dites, je ne vous en empêcherai pas) a sciemment, pour son plaisir, provoqué une bataille qui a tourné au massacre: à deux jours d'un armistice qui poussait les camps en présence à se foutre, enfin, la paix, ce planqué (parce qu'évidemment, étant galonné, vous ne croyez quand même pas qu'il allait charger avec ses hommes, non?) a dû trouver que ça ne sentait plus assez souvent la poudre...

C'est d'un roman de Pierre Lemaître, prix Goncourt en 2013, que Dupontel a tiré le scénario de son sixième long métrage. C'est aussi une grande, très grande réussite, qui confirme l'importance du trublion, qui a souvent montré comment il pouvait doser sa méchanceté et la rendre plus percutante encore, après deux premiers films (un court métrage, Désiré, et un long, Bernie) en forme de gros coups de poing dans la figure... Ici, il apporte à lui tout seul un vent de renouveau du cinéma Français, dans sa veine poétique, doublé d'un talent technique indiscutable qui rompt de façon très notable avec le tout-venant de notre cinématographie nationââââle.

Pour commencer, Dupontel a le bon goût de mêler avec un talent visuel fou, l'évocation historique (costumes, décors, cache et effets informatiques, combinés avec un œil de maniaque) et une certaine atmosphère fantastique, qui passe notamment par les fabuleux masques portés par l'acteur Nahuel Perez Biscayart (Edouard Péricourt). Il fait d'ailleurs de ce dernier, qui ne peut «parler» que par des borborygmes, un «Créateur», pour reprendre le titre de son deuxième long métrage, un artiste cette fois, mais qui est l'âme de l'escroquerie. Mais une escroquerie à trois: Albert, Edouard, et une petite orpheline qu'ils ont recueillie, Louise (Héloïse Balster). Dans cette pas si sainte trinité, elle est la voix d'Edouard, dont elle comprend et traduit les bruits, en mots clairs comme de l'eau de roche.

Ce que n'aurait pas pu faire Albert Maillard, lui qui est quand même un peu limité dans son imagination. Un homme simple, qui a une morale, de celles qui vous poussent à regretter le fait de ne pas pouvoir faire que le bien. Il s'en confesse d'ailleurs aux deux policiers qui l'interrogent, avec une candeur impressionnante... Mais il est pour toujours décalé dans ce monde dont les autres êtres, sont souvent en avance sur lui sur bien des points: à noter que la famille d'Edouard, représentée par Emilie Dequenne, la sœur, et Niels Arestrup, le père, n'est jamais diabolisée. Non, ils n'en ont pas besoin, il y a Pradelle (Laurent Lafitte). Dans la première apparition de son méchant, Dupontel s'amuse et fait du cinéma: le planqué est dans l'ombre, et il fume, composant une silhouette inquiétante...

Dans son film qui lui permet de dévoiler un cœur gros comme ça (je le disais pour 9 mois ferme, je le redis ici: Dupontel aime ses personnages, vraiment.), il « fait du cinéma ». Et quel ! L'ombre de Feuillade, cinéaste contemporain de l'action qui a laissé une empreinte visuelle vivace sur le cinéma Français, est souvent là sous nos yeux. Celle de Buster Keaton, cité à travers un costume porté par Dupontel : un chapeau, et un costume qui le rapetisse, et l'illusion est presque parfaite. Surtout, il utilise beaucoup les objets, mais pas comme le fait Jeunet : Jeunet accorde finalement autant d'importance aux objets et à leur mise en marche, qu'à ses personnages. Chez Dupontel, l'acteur prime sur l'objet, qui reste un accessoire... Ce qui ne l'empêche évidemment pas d'être pertinent.

On parlait de Jeunet, Dupontel, qui a joué un rôle émouvant dans son adaptation de Japrisot Un long dimanche de fiançailles, y a peut-être vu naître une envie furieuse, à son tour, de montrer la première guerre mondiale. Sans chercher à renouveler la narration des champs de bataille (je pense que Spielberg a pour l'instant la palme du récit définitif à ce sujet, et Jeunet lui emboîtait magnifiquement le pas), Dupontel botte en touche et excelle non pas à la mise au point historique, mais bien au ressenti gonflé d'amertume, d'injustice et de révolte, de ce qu'était probablement un champ de bataille. Et c'est, plus que jamais, nécessaire...

Et tout ça, c'est beaucoup, beaucoup, beaucoup, pour un film très, très, très enthousiasmant. Majeur.

 

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Published by François Massarelli - dans Albert Dupontel Première guerre mondiale
26 août 2017 6 26 /08 /août /2017 09:17

Durant quinze minutes, le premier film de court métrage d'Albert Dupontel nous propose une vision d'avenir qui devrait faire sérieusement froid dans le dos, avec une thématique qui lui permet de franchir une des limites du cinéma, tout en s'amusant à tout casser. Pas de surprise quand on connait le personnage, et des thèmes qui résonnent encore dans son film Neuf mois ferme... Bien que celui-ci soit quand même nettement plus raisonnable!

Désiré nous montre un hôpital imaginé de 2050, dans lequel on attend la naissance de Désiré Jacquinot. La mère s'impatiente en mâchant du chewing-gum, le père est à la ramasse et caméscope tout, sauf l'événement, et les docteurs ont tellement confiance dans leur système ultra-moderne qu'ils ne vont à aucun moment s'intéresser à l'événement. Le système prévoit une heure d'extraction du bébé, une série de tâches mécanisées (Couper le cordon et cautériser la plaie, etc). Mais ces braves gens n'ont pas prévu un grain de sable: le bébé lui-même. Je ne sais pas si Désiré l'est vraiment, désiré, au vu du peu d'intérêt qu'on semble lui porter... Mais lui a envie d'y aller en tout cas. Cela dit, comme le fait qu'il prenne lui même les choses en main est totalement exclu du protocole, ça va être l'horreur...

Dupontel incarne lui-même le docteur en charge, et parmi les comédiens qui l'entourent, on reconnaît beaucoup de gens qui reviendront dans ses longs métrages. En marge de l'accouchement proprement dit, il nous montre un environnement dans lequel les humains sont devenus des imbéciles (Plus que maintenant, du moins), et en profite pour brosser le portrait d'un infirme, incarné par Michel Vuillermoz, qui va avoir une crise de jalousie terrible à l'égard de ce bébé: "Moi, quand ma mère a accouché, elle a cru qu'elle avait fait caca!"... La vision du futur de Dupontel, un futur mécanisé et dans lequel l'homme abandonne toute responsabilité, serait terrifiante s'il n'y avait cette accélération systématique du mouvement, provoquant moins le malaise qu'un effet burlesque, et qu'on retrouve jusque dans des films beaucoup plus récents. Mais le ton est délibérément à la provocation, en particulier par rapport à ce qu'on ne voit pas, mais qu'on entend à la fin du film, alors que le générique démarre: une réflexion du médecin sur le bébé, se posant la question suivante: "qu'est-ce que c'est, ce liquide rouge?".

Bref, punk, quoi.

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Published by François Massarelli - dans Comédie Science-fiction Albert Dupontel
25 août 2017 5 25 /08 /août /2017 11:21

Ariane Felder (Sandrine Kiberlain) est juge. Pas une rigolote, non: célibataire militante, aimant son métier, et pas pour y montrer candeur ou gentillesse, non: c'est une tueuse. Mais un soir, pas n'importe lequel quand on y pense, puisque c'est le 31 décembre, la nuit durant laquelle l'être humain se croit obligé de déconner encore plus que d'habitude, elle va se lâcher, un peu contrainte et forcée. Poussée par ses collègues en meute qui organisent une fiesta indécente au palais de justice de Paris, elle va boire, danser, et quitter les lieux dans un état lamentable... A tel point qu'elle n'a aucun souvenir de ce qu'elle a fait cette nuit fatale.

Six mois plus tard, elle ne va pas bien. En consultant un médecin, elle apprend qu'elle est enceinte. Et en menant sa propre enquête pour établir d'où vient "l'intrus", elle découvre que le père s'appelle Bob Nolan (Albert Dupontel): cambrioleur pas fin, multi-récidiviste, il a été arrêté pour des faits particulièrement graves... Il a attaqué un vieil homme, l'a découpé en morceaux avant de manger ses globes oculaires.

Du moins c'est ce que dit le dossier...

Comment Ariane va-t-elle gérer l'affaire? Bob Nolan est-il vraiment le père? Y-a-t-il quelque chose à attendre d'un tel homme? Et d'ailleurs, le "globophage", comme on l'appelle désormais, est-il vraiment ce monstre qu'on décrit?

Une immense surprise, voilà comment on peut qualifier ce film admirable. J'insiste sur l'adjectif: on n'a que très rarement, sinon jamais, eu une telle qualité dans un film Français de comédie! Le timing des acteurs, le montage, la mise en scène inventive, les surprises cachées dans chaque plan, et le ton global, tout apporte la réussite. Et c'est drôle de bout en bout... Bien sûr, on ne peut absolument pas prendre ce film au sérieux, même si Dupontel s'y livre à une parodie hilarante de la justice sous ses dehors les plus poussiéreux... A voir et revoir, pour ses 82 minutes de comédie hystérique, ses séquences de délire (Une improvisation de Dupontel a donné lieu à une scène hilarante aux effets spéciaux gore), et ses personnages: parce qu'en plus, et ça se voit tout le temps, si les autres en prennent pour leur grade, Dupontel aime beaucoup ses héros, sa juge froide et coincée, et son cambrioleur bas du front.

 

 

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Published by François Massarelli - dans Comédie Albert Dupontel Terry Gilliam