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10 mai 2021 1 10 /05 /mai /2021 16:29

L'intrigue? Il s'agit de la vie de Rembrandt van Rijn (Charles Laughton), à partir de la mort de son épouse, et la déchéance de plus en plus cruelle de l'artiste qui se refuse à peindre comme on le lui demande... Alexander Korda avait réussi trois années auparavant avec son Henry VIII un coup d'éclat spectaculaire, et entendait bien le refaire...

Mais le cinéma a changé en trois ans: l'évidente coquinerie du film précédent est ici escamotée au profit de l'histoire d'une chute, celle d'un artiste destiné à ne pas être reconnu de son vivant. Pour Laughton, c'est un défi personnel dont il se ire avec les honneurs, celui de montrer la vie d'un homme qui va physiquement changer de manière spectaculaire entre le début et la fin du film. Il est accompagné, pour un temps, par madame Laughton, Elsa Lanchester qui interprète la deuxième épouse du peintre: rien que pour elle, le film vaut le détour!

 La peinture reste étonnamment à l'écart du film, à l'exception d'une anecdote autour de la commande de La Ronde de nuit, et de citations, notamment un autoportrait final... En lieu et place, Korda se plaît à recréer les ambiances d'Amsterdam au XVIIe siècle, et du même coup retrouve une part de ce qui fait la peinture du génie. Mais une fois de plus, devant un film de Korda, on se rend compte à quel point il se voulait, essentiellement, le passeur des émotions des autres... Le film ne cache rien, ici derrière l'évocation linéaire d'un génie pictural. Rien, si ce n'est bien sûr le talent pour la composition, une utilisation rigoureuse de l'espace et du décor, et une direction d'acteurs absolument impeccable. On s'en contentera...

 

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Published by François Massarelli - dans Alexander Korda Criterion
30 juillet 2016 6 30 /07 /juillet /2016 21:42

On connaît mal Korda aujourd'hui: capable du pire (Marius), du très quelconque (je suis désolé, mais... ses films d'aventures en couleurs des années 39-40 m'ont toujours fait bailler) comme du très surprenant, il avait une obsession, exprimée dès sa carrière en Autriche, en concurrence avec l'autre Hongrois Mihaly Kertesz, futur Michael Curtiz: explorer l'intimité de l'humanité à travers ses grands hommes ou femmes... Ce qu'il allait souvent faire, tant au poste de réalisateur, qu'à celui de producteur (Pour le film Catherine the great, d'un autre émigré: Paul Czinner).

Le premier des films de Korda consacrés à des grandes figures ne correspond pas à l'idée qu'on se fait aujourd'hui d'un biopic-hagiographie tel qu'un Richard Attenborough peut en tourner (Chaplin, Gandhi...). Au contraire, Korda, avec la complicité de Charles Laughton, nous montre un homme qui, au lieu de fuir le statut d'être humain au profit de celui de demi-Dieu, se rapproche de plus en plus du sol, et réussit à s'humaniser réellement; un tour de force, lorsqu'on constate que le point de départ du film est l'exécution d'Anne Boleyn (Merle Oberon), pion sacrifié sans ménagement par Henry (Charles Laughton) au nom de la raison d'état, et remplacée dans la minute qui suit le décollement de sa jolie tête, par une fiancée plus accommodante.

Et même après ça, Laughton en Henry VIII réussit à nous être sympathique, gros poupon dont on satisfait le moindre des caprices. Deux scènes magnifiques par ailleurs: la déclaration d'amour inattendue et émouvante à Katherine Howard, et la nuit de noces avec Anne de Cleves (Elsa Lanchester, mrs Laughton): les deux tourtereaux (Lui Quasimodo, elle Carabosse) abandonnent toute prétention au frivole, conviennent en toute amitié d'un divorce, et se lancent dans une belote...

Korda accomplit un miracle de chronique historique qui est aussi une comédie, entièrement suspendue aux caractères qui nous sont montrés, et qui rendent toutes ces exactions, exécutions, décisions douteuses prises pour raison d'état, adultères voire baffreries (Laughton, Laughton!) tellement humaines... 

 

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Published by François Massarelli - dans Alexander Korda Comédie Criterion
13 septembre 2015 7 13 /09 /septembre /2015 15:28

...Et donc nous allons prendre congé de Douglas Fairbanks avec ce film, certes mineur, mais c'est au moins une bonne nouvelle de se dire que la dernière rencontre de l'acteur avec son public ne se sera pas faite sur un film aussi indigent que l'était son Robinson! C'est à l'initiative de Korda que Fairbanks a incarné pour lui un Don Juan vieillissant, car le réalisateur producteur voulait prolonger les succès de ses dernières productions, dont son Private life of Henry VIII. Une bonne idée, et avec Fairbanks, un film qui ne pouvait pas laisser indifférent...

Mais le public a boudé la chose, trop sophistiquée, trop spirituelle pour attirer le public. Et avec un vieil acteur dans le rôle d'un vieux séducteur, le jeu de miroirs devenait peut-être trop cruel. C'était d'ailleurs le but poursuivi, de permettre à Don Juan d'admettre sa vieillesse, avant de le voir se retirer pour vivre tranquillement une vie plus saine, et sans doute plus tendre, avec son épouse légitime (Benita Hume) après avoir flirté avec toute la gent féminine (Dont Merle Oberon, excusez du peu)... Mais ce qui reste de ce film, et qui a du demander plus de courage à Fairbanks que tous les bonds dont il était coutumier, et qui sont d'ailleurs fort peu nombreux dans ce film, c'est bien sur la scène durant laquelle Don Juan, que tout le monde croit mort, devient la risée de toute la ville en montant sur scène pour arrêter la représentation d'une pièce qui ne lui rend pas justice. Personne n'acceptera de le reconnaître, et... On lui dira en face qu'il est trop vieux, fini, passé.

Le film, derrière un humour vaguement coquin, est surtout empreint de cette impression pour le personnage principal d'avoir quelque peu passé la date de péremption, et lui qui a passé sa vie à courir après le succès, puis a tout fait pour être oublié, a sans doute trop bien réussi.

 

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Published by François Massarelli - dans Alexander Korda Douglas Fairbanks Criterion