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22 janvier 2025 3 22 /01 /janvier /2025 17:21

Quel dommage qu'Hitchcock n'ait jamais travaillé, à part pour ce film de la série Alfred Hitchcock Presents, avec Vincent Price... l'acteur le plus gothique de sa génération et le metteur en scène de Rebecca et Under Capricorn auraient eu des choses à partager sans doute. Mais le rationnel irrationnel Hitchcock avait sans doute besoin d'acteurs moins, disons, marqués que lui...

Ici, donc, Price est un détective Charles Courtney, qui a une très haute opinion de lui-même. Il reçoit la visite chez lui d'un avocat (James Gregory), et après les banalités d'usage et la visite du musée personnel de Courtney, composé de pièces qui sont des souvenirs des affaires qu'il a élucidées, l'invité dit à son ami qu'il a commis un jour une erreur judiciaire; il lui raconte l'affaire dans le détail, afin de prouver ce qu'il avance...

La cible du metteur en scène, dans un premier temps, est la vanité incroyable de Courtney, qui est persuadé être incapable de faire une erreur. Et les deux hommes se battent à armes inégales, car Courtney et sa vanité ne font pas le poids devant les arguments de son invité. Mais très vite, le film rend justice à son titre, car l'avocat va raconter à son ami comment l'épouse adultère a tué son mari en comptant plus ou moins sur la dévotion de son amant, que le détective Courtney s'est empressé de juger coupable. ...Parce que l'homme en question, désireux d'épargner la femme qu'il aime, a tout fait pour cela.

Et Courtney, qui a dans ses collections une place vide, celle d'un "crime parfait", donc quelque chose à laquelle, selon ses convictions, il ne sera jamais confronté puisqu'il est supposé déjouer toutes les ruses et machinations, voit donc ses certitudes flancher...

A côté du huis-clos formé par le duo, Hitchcock insère des flash-backs "objectifs", une objectivité mise à mal par le fait qu'ils sont commentés par les deux rivaux en voix off. il s'amuse à y rejouer le cinéma muet, avec des plans d'une clarté impressionnante. Et on y constate que le metteur en scène s'y est adonné à quelque chose qu'il n'a fait que très rarement: la scène se situe vers 1910, le film est donc l'un des rares "films en costumes" de son oeuvre.

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Published by François Massarelli - dans Alfred Hitchcock TV Alfred Hitchcock presents
13 janvier 2025 1 13 /01 /janvier /2025 14:52

Hitchcock avait lu Poe, et s'amuse à nous faire une variation sur The Pit and the Pendulum avec ce film court, réalisé pour la télévision. 48 minutes: voilà le temps dont le metteur en scène dispose pour nous raconter une histoire extrêmement bien exposée, on connait son talent en matière de pédagogie lorsqu'il s'agit de donner au spectateur toutes les informations nécessaires au suspense. Il installe donc l'histoire de cet horloger irascible (E.G. Marshall) qui envoie paître ses clients le temps de s'essayer à la construction d'une petite bombe... Resté seul, il ponctue l'expérience de remarques qui trahissent sa colère... Il se rend chez lui, et cuisine son épouse sur tous les détails qui clochent dans la maison: un fromage que tous deux détestent, des bières qui disparaissent trop vite, un mégot suspect dans le cendrier... autant d'indices qui lui permettent de conclure à l'infidélité de son épouse, et qui disent au spectateur ce qu'il faut attendre: il va faire exploser les amants infidèles avec sa maison!

...Lorsqu'il met son plan à éxécution, l'homme a tout prévu, sauf qu'après avoir installé sa machine infernale, et rêglé son réveil sur 16 heures, il serait assailli dans sa cave par deux cambrioleurs, ligoté et baillonné puis installé devant le cadran qui égrène les minutes qui mènent à l'explosion de sa bombe et donc à sa propre mort. D'autant qu'il entend au-dessus de lui une conversation entre son épouse et un inconnu qui lui prouve qu'il avait faux sur toute la ligne quant à ses soupçons!

Le film devient forcément extrêmement prenant, prouvant s'il en était besoin que ce dont on a besoin pour obtenir un vrai suspense, c'est de maitriser les tenants et aboutissants d'une situation à 90 ou 95 %: on connait ici le risque (L'issue fatale), la future victime, l'heure... On sait aussi que ligoté et baillonné, il ne peut ni appeler à l'aide ni arrêter la marche inéluctable de la mort; alors reste à espérer avec lui qu'une intervention extérieure lui permettra de s'en sortir. Le temps passe, inexorablement...

Certes, le personnage est désagréable, et le fait qu'il se soit trompé sur son épouse n'arrange rien, mais le sel de la situation, c'est que l'on se surprend à le plaindre, et comme souvent, on souhaite évidemment qu'il s'en sorte. Hitchcock nous rend solidaires d'un sale type qui était prèt à transformer son épouse et son hypothétique amant en poudre, mais il faut bien reconnaitre que c'est au mieux un minable, au pire un pauvre type! Et on le plaint sincèrement parce que c'est comme ça que l'homme réagit devant une telle situation.

D'une certaine manière, dans la bulle confortable de la télévision, débarasseé de l'obligation de faire briller ses stars, Hitchcock se laisse aller à une transgression que ses films de long métrage ont du attendre un peu plus longtemps, même si on a par endroits une vraie solidarité de suspense inquiet pour le Norman Bates de Psycho (La scène durant laquelle il fait disparaitre une voiture dans un marécage), le prochain sale type de l'oeuvre d'Alfred Hitchcock, c'est un peu Jon Finch dans Frenzy. ...quoique lui au moins n'avait pas d'intentions homicides!

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Published by François Massarelli - dans Alfred Hitchcock TV Alfred Hitchcock presents
13 janvier 2025 1 13 /01 /janvier /2025 14:31

Hitchcock a réalisé trois films en 1957, tous pour la télévision... C'est sans doute que le travail sur le long métrage qui s'annonçait (Vertigo) a posé des problèmes inédits de préparation, mais il se peut aussi que le médium l'intéressait de plus en plus: j'imagine qu'il a été décidé de lui confier la direction et la supervision d'une série afin de retranscrire son style à la télévision, mais il me semble que la série est devenue un laboratoire dans lequel il a puisé de nouvelles idées... Ce film de la série Alfred Hitchcock presents anticipe sur un chef d'oeuvre: Psycho. Il recyclera dans le long métrage cette économie de moyen, cette rigueur et cette évidence de la mise en scène, tournée vers trois objectifs: narration, économie de moyens et effet maximum...

On est prévenu par la séquence d'introduction, comme d'habitude présentée par le maître: "il s'agira ici de régler un problème: l'épouse". Peut-être faudrait-il dénombrer les cas où le suspense ou les données criminelles tournaient autour du meurtre conjugal (Suspicion, Young and innocent, The Paradine Case, Under Capricorn, Stage fright, Rear window, ou Mr Blanchard's secret, et après cette période, Frenzy... Je suis sûr d'en oublier); mais ce film révolutionne l'affaire en commençant par une séquence, aperçue depuis l'extérieur d'une fenêtre: un mari est excédé par l'agacement verbal constant de son épouse, et la tue dans un mouvement de colère. La musique pren toute la place sur la bande-son, première audace, car la télévision, bien souvent, c'était (et c'est toujours) de la parlote. Ici, le son est utilisé strictement pour des raisons de réalisme, et toute la première partie à l'exception de la dernière minute se passera de dialogue intelligible. Deuxième audace: en une minute, on a tout, depuis le prétexte (ce qui n'excuse rien du meurtre) jusqu'au meurtre lui-même...

Puis le monsieur doit agir et se débarrasser du corps, il va donc le placer dans sa voiture, et partir, la trouille de se faire prendre chevillée au corps... Alors quand un policier l'arrête, il a peur... mais c'est que sa voiture a un problème. Durant tout ce qui va suivre le suspense est phénoménal, bien qu'il ne s'agisse que de discussions entre un policier, un garagiste, et un conducteur... Nous ne pouvons nous empêcher d'être à son côté, bien que nous sachions qu'il a le cadavre de son épouse dans le coffre...

Et quand le danger revient pour lui, nous constatons avec ironie que ce qui risque bien de lui coûter sa liberté, c'est un simple problème mécanique. Le réalisateur, suprème audace, ne nous montrera même pas la coda du film, l'arrestation, car c'est inutile: le visage du personnage principal et sa réaction nous siffisent à comprendre qu'il a perdu la partie...

Ce quotidien nocturne des routes de la campagne Californienne, cette audacieuse assimilation du criminel à un héros, et la façon dont la mise en scène nous embarque avec lui, mais aussi la peur du gendarme (un aspect évident de Psycho), tout ici tient d ela synthèse de l'univers trouble du metteur en scène, et ces 25 minutes sont à leur façon un chef d'oeuvre... noir.

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Published by François Massarelli - dans Alfred Hitchcock Alfred Hitchcock presents TV
12 janvier 2025 7 12 /01 /janvier /2025 20:58

Une jeune femme (Mary Scott), autrice de scripts pour des émissions policières, finit par être obsédée par le crime... Au point de développer une théorie délirante à propos de son voisin, M. Blanchard (Dayton Lummis): il est poli, un peu froid, et... où donc se trouve son épouse? Elle commence à soupçonner que ce dernier a décidé de la supprimer... Puis quand Mme Blanchard (Meg Mundy) se manifeste, elle reste persuadée que son grand escogriffe de mari va la tuer un jour ou l'autre...

Le film est passé à la télévision au lendemain de la sortie en salles du dernier film de long métrage d'Hitchcok, The wrong man. Si ce dernier est particulièrement sous l'influence apparente de la série Hitchcock presents, il n'empêche qu'on ne peut imaginer deux films plus dissemblables: dans un cas un homme parfaitement normal doit faire face à l'irruption du soupçon et de l'accusation, ce qu'il n'est pas du tout prêt à comprendre, et en subit toutes les conséquences dans un exposé souvent proche d'un document. Dans l'autre, une femme fantasque laisse son imagination remodeler le monde autour d'elle et s'invente des voisins particulièrement délirants!

Bien sûr il est compliqué de ne pas penser à rear window, mais ici, le metteur en scène a poussé la comédie de la situation sur le devant de la scène, et c'est une réussite. Hitchcock, qui sait de quoi il parle, nous raconte ici une affaire d'obsession particulièrement carabinée! En choisissant de faire l'inverse de ses habitudes, il en profite pour peindre avec humour des petites scènes du quotidien d'un couple, entre l'épouse qui se lève la nuit pour s'introduire par effraction chez ses voisins, et le mari qui voudrait tant... dormir.

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Published by François Massarelli - dans Alfred Hitchcock Alfred Hitchcock presents TV
5 janvier 2025 7 05 /01 /janvier /2025 17:31

Les Princey: une famille comme les autres... du moins dans l'univers d'Alfred Hitchcock: le père (Cedric Hardwicke) a réuni la maisonnée dans le salon pour établir une bonne fois pour toutes ce qu'il s'est passé: sa fille Millicent (Tita Purdom) a tué un homme qui la courtisait avec un maillet de croquet... Ce que le frère (Jerry Barclay), étudiant raté en médecine, confirme d'un ton morne. Il leur faut donc un bouc-émissaire...

Sir Cedric Hardwicke est le parfait interprète du père de famille: tâchant de récapituler avec ses enfants un meurtre comme si c'était une simple histoire de pneu crevé...  Méthodiquement, avec juste un soupçon d'impatience à l'égard de ses enfants dysfonctionnels...

L'arrivée de l'ami de la famille, le capitaine Smollet (John Williams), ne va même pas déstabiliser le père: il délègue à sa fille et son épouse la tâche d'accueillir leur ami, et élabore un plan d'une simplicité qui fait froid dans le dos: proposer à son ami un marché: soit il endosse directement la responsabilité du meurtre, soit il est tué sur le champ d'un coup de fusil... Une conversation presque civile, en dépit de la nervosité de l'un des protagonistes!

C'est la deuxième fois que John Williams (et son impeccable flegme Britannique) incarne un héros lié au crime dans la série Hitchcock Presents...) et on ne peut imaginer deux personnages plus dissemblables pour autant... N'empêche, Princey est effrayant quand il assène son choix à son ami, un fusil dans les mains... L'humour noir de la situation est évident, mais pour Smollet, l'important est sans doute de gagner du temps. 

Dans ses longs métrages, Hitchcock n'a jamais joué avec une telle situation, évidemment... Il lui fallait sans doute le confinement des 25 minutes de la série pour tenter une telle approche. Il tourne ce petit film avec autant de méthode, finalement, que son personnage principal, sauf qu'on espère qu'il n'a pas été obligé de le faire avec un fusil dans les mains! Et le capitaine Smollet, qui "aurait pu tuer", mais ne l'a pas fait, et pourtant va être accusé du meurtre, s'ajoute à la longue liste des meurtriers par procuration, qui encombrent de façon spectaculaire l'oeuvre du cinéaste...

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Published by François Massarelli - dans Alfred Hitchcock Alfred Hitchcock presents TV
1 janvier 2025 3 01 /01 /janvier /2025 15:40

Herbert (John Williams) et Hermione (Isobel Elsom) Carpenter sont un couple d'anglais d'âge moyen, qui vivent une petite existence tranquille... Pendant que Madame prend soin, admirablement semble-t-il, de tout ce qui a trait à la vie de la maison, Monsieur s'affaire au sous-sol: il y creuse le sol afin dit-il d'y installer une cave à vin. Mais on comprend assez rapidement que le trou qu'il a creusé et qui selble lui convenir, devrait être en réalité pour contenir le corps de son épouse... Ils expliquent à leurs amis, lors d'une soirée, qu'ils vont passer un court séjour aux Etats-Unis, mais Hermione insiste sur ce point, elle a préparé une surprise pour son mari, et il est hors de question qu'ils ne soient pas de retour pour Noël...

En attendant, quand il se rend aux Etats-Unis, Herbert est seul, tranquille et particulièrement satisfait de sa solitude, au point de songer à s'installer de manière permanente...

C'est l'une des petites incursions Hictchcockiennes en terrain Britanniques, qui ont été assez peu fréquentes après 1940, mais toujours intéressantes. Le metteur en scène y fait appel à un acteur qui a participé à deux de ses longs métrages, Dial M for murder, et To catch a thief: John Williams a en lui une telle fobre Britannique, impossible de s'y tromper et de le prendre pour quoi que ce soit d'autre! Il incarne avec un flegme presque humoristique le brave type qui n'a qu'un seul défaut, celui d'être obsédé par la pensée de tuer son épouse...

Et la mise en scène, justement, se focalise sur cette obsession en nous en faisant complice: la soirée entre amis, avec toutes ces conversations (qui évidemment tournent toutes autour de la perfection de Hermione) semble entièrement tournée avec le cadre sur Herbert et son visage presque impassible ne trahit en rien sa désapprobation... sauf pour le spectateur qui désormais en sait assez pour imaginer qu'il pense exactement le contraire de tous ses amis sur son épouse!

Leçon de subtilité et de non-dits, célébration de la capacité qu'a la mise en scène de cinéma de construire sur presque rien, ce petit film de la série Alfred Hitchcock presents est un modèle du genre!

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Published by François Massarelli - dans Alfred Hitchcock Alfred Hitchcock presents TV
30 décembre 2024 1 30 /12 /décembre /2024 21:58

Ce film court, réalisé pour la télévision par Hitchcock lui-même (qui conformément à la règle établie, interprète un prologue et un épilogue apposé pour la présentation à la télévision), est l'un des "épisodes" de la série Alfred Hitchcock presents. C'est le troisième de ces films qu'il a lui-même réalisés et il fait partie de la veine "absurde" de la série, un style totalement absent de son cinéma par ailleurs... Il est adapté d'un roman de l'auteur canadien Anthony Armstrong.

M. Pelham (Tom Ewell) est un cadre bien sous tous rapports, qui vit dans l'élégance et le luxe, et qui vit un cauchemar. Il s'en ouvre auprès de l'un de ses amis, nous permettant de voir, en flash-back, l'évolution de ses problèmes. Il a commencé par ne pas comprendre ce qu'il se passait quand certains de ses amis lui ont reproché de les avoir croisés sans les reconnaître. Puis il a constaté que ses amis, domestiques, et collaborateurs avaient eu affaire à lui EN SON ABSENCE... Il y a un double dans sa vie, et celle-ci est devenue un cauchemar, car M. Pelham ne sait comment reprendre le contrôle de son existence, qui manifestement lui échappe au profit d'un sosie.

Bien sûr, Tom Ewell n'est pas un inconnu, loin de là; cette même année, il est un mémorable quadragénaire atteint du démon de midi dans The seven year itch de Billy Wilder... Et ici, il joue à merveille le pauvre type auquel l'impossible arrive. Bon, évidemment, Hitchcock traite au premier degré cette histoire, dans une narration rigoureuse et parfois un peu trop redondante... On comprend longtemps avant le personnage ce qui lui arrive et le metteur en scène aime utiliser le cadre et le montage pour faire de la pédagogie. Mais cette histoire cruelle d'aliénation, après tout, se place dans une trajectoire qui contient d'autres films, The wrong man en tête, et les feux d'artifice que sont North by Northwest et Psycho.

Sinon, contrairement aux deux précédents films de la série qu'il a réalisés, celui-ci tend à montrer Hitchcock expérimentant hors des sentiers battus, comme on se dégourdit les jambes...

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Published by François Massarelli - dans Alfred Hitchcock Alfred Hitchcock presents TV
30 décembre 2024 1 30 /12 /décembre /2024 21:38

Callew, un important homme d'affaires de Floride (Joseph Cotten) a récemment renvoyé un employé, Hubka (Forrest Stanley). Celui-ci le joint au téléphone pour contester son licenciement. La discussion tourne vite à vide entre l'employé qui demande du respect, et l'employeur qui oppose une volonté de fer, sans aucune considération pour la détresse de son interlocuteur.

Le même jour, il a un accident en roulant négligemment en voiture. Il est paralysé, totalement bloqué, mais parfaitement conscient... Pendant qu'il est coincé, des prisonniers évadés autour de lui pillent sa voiture pendant qu'il réalise qu'il n'a aucun moyen de se plaindre, de se faire entendre, et de se sortir de là où il est.

C'est le septième épisode de la série Alfred Hitchcock Présente, et le deuxième réalisé par le maître lui-même. Dès le départ, on sent la patte d'Hitchcock qui oppose à travers les plans disjoints montrant le patron et l'employé renvoyé au téléphone, deux hommes qui ont non seulement un contentieux personnel, mais qui ont aussi une façon radicalement différente de voir les choses... ce que va subir Callew est une façon comme une autre d'ouvrir les yeux, et subissant l'horreur, l'indignité et l'humiliation à son tour.

La voix off sera le principal lien de Callew avec le spectateur, Joseph Cotten passant une bonne moitié du film sans bouger, la tête coincée sur le volant!

Une certaine façon de présenter le monde vu par le conducteur qui ne sait pas qu'il va subir un accident, renvoie à l'univers décalé expérimenté par Marion Crane dans Psycho, où le moindre plan d'un policier devient une trace d'un cauchemar qui prendra tout son sens quelques heures plus tard. On a souvent, Hitchcock le premier, relié ces films de 20 minutes réalisés pour la télévision à ses oeuvres ambitieuses des années 60. C'est une évidence... Il a trouvé dans cette série et ses contributions une façon de redéfinir son style.

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Published by François Massarelli - dans Alfred Hitchcock Alfred Hitchcock presents TV
30 décembre 2024 1 30 /12 /décembre /2024 21:11

En Californie, un parc pour caravanes comme il en existe des milliers aux Etats-Unis... dans l'une de ces caravanes, un homme (Ralph Meeker) se lève, et alors que son épouse continue à dormir, s'apprête à partir travailler. Ils sont adorables, de vrais tourtereaux, et Madame aimerait beaucoup partager sa grasse matinée, mais le devoir appelle Monsieur...

Elle reste donc seule pendant qu'il se rend à l'usine, et s'apprête à cuisiner un peu... Mais d'abord elle bronze.

Quand Monsieur revient, il a la surprise de découvrir son épouse évanouie, un gâteau en train de brûler dans le four. En état de chocc, la jeune femme a été attaquée par un homme. Le mari prend une décision radicale: il va trouver l'homme et venger son épouse.

C'est le premier épisode de la série Alfred Hitchcock présente. Il ne me semble pas pertinent ici de se poser la question de la motivation de la chaîne qui a commandité cette série, si ce n'est en constatant que le nom du metteur en scène et producteur le plus célèbre de son temps y est particulièrement mis en valeur... Le pari est pour cette série, dont Hitchcock ne fut évidemment pas le seul réalisateur, loin s'en faut, était de traduire pour la télévision l'esprit si particulier de la filmographie du maître, tout en permettant de chercher à capitaliser sur l'impression du oublic le concernant: on a à cette époque une impression du réalisateur comme étant le maître du frisson, du bizarre et du tordu.

C'est aussi et surtout, il l'a suffisamment montré, un maître du sordide quotidien, de la criminalité tellement ordinaire qu'elle concerne votre voisin de palier, et des situations extrêmes qui se développent au foyer... Avec ce premier épisode d'une série appelée à rencontrer un immense succès, il frappe très fort, là où ça fait vraiment mal, et réussit l'impossible, en développant en 25 minutes pour la télévision une histoire adulte de vengeance crapuleuse qui part d'un viol. Un petit film qui s'inscrit en plein dans son oeuvre, et lui permet de travailler avec une actrice qu'il n'allait pas tarder à admirer, Vera Miles, celle dont il aurait bien fait sa deuxième Grace Kelly.

Son premier effort dans la série lui permet de passer d'un extrême à l'autre en situant dans un endroit idyllique, à travers le bonheur doucereux d'un gentil couple, l'irruption de l'horreur et de la criminalité la plus inattendue. Il y montre le mécanisme du soupçon et de l'erreur, du jugement hâtif, et de l'effet de la carpulerie sur les gens faibles, en opposant les gens ordinaires aux policiers. En tant que tel, c'est presque une synthèse de toute son oeuvre.

 

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Published by François Massarelli - dans Alfred Hitchcock TV Alfred Hitchcock presents