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Sarah (Eva Green), maman séparée, a une petite fille de huit ans (Zélie Boulant-Lemesle), qui vit très mal la situation: ingénieure, passionnée et impliquée dans la recherche spatiale internationale, elle a été sléectionnée pour remplacer une défection sur une mission internationale qui doit partir de Baïkonour, pour un séjour d'un an en orbite; le but: examiner la capacité d'un humain à s'éloigner de la terre au point de ne plus la voir: c'est une étape de préparation vers le départ pour Mars.
Et Sarah, quelle que soit sa passion pour sa mission, doit apprendre comme sa fille à affronter la séparation...
Examiner les liens humains en milieu conflictuel... Voilà ce qui est probablement le point commun entre ce film et le plus récent Revoir Paris qui examinait le traumatisme de Novembre 2015 sur des victimes qui avaient survécu... Mais le sujet du film ici, bien que tourné vers l'avenir, le progrès, l'élévation de l'humanité, reste quand même totalement terrien, et c'est tout l'enjeu. A l'heure où enfin, on considère les femmes en héroïnes de ce genre de mission, sans se livrer (comme le fait à un moment embarrassant un collègue à travers une blague un peu lourde) à des comparaisons dommageables, il convient malgré tout d'examiner ce qui se passe entre une mère et sa fille, qui sont engagées dans une relation fusionnelle. Examiner à travers des anecdotes, l'évolution aussi d'une situation qui pour la petite fille ne va pas de soi, et le conflit intérieur de la mère.
Bref, le film qui va jusqu'au départ, mais sans suivre Sarah dans l'espace, se situe entre l'histoire d'un projet scientifique qui a pour obstacle un amour maternel absolu, et l'histoire d'un amour profond contrecarré par la nécessité d'accomplir et de participer à un exploit. Il fallait une actrice qui puisse endosser les deux aspects, Eva Green est parfaite, sans parler d'un certain talent pour les langues étrangères, qui se manifeste souvent puisque le film, pour augmenter au trouble, est en Anglais/Français/Allemand/russe... Et joue de cet aspect multi-linguistique à plusieurs reprises... La comunication et ses occasionnelles ruptures seront en effet l'un des symptômes du trouble sur cette relation fragile. Et Zélie Boulant-Lemesle, la petite fille tiraillée entre son amour fou pour sa mère et son admiration pour sa mission, est fantastique elle aussi. A aucune reprise le personnage ne sombrera sans la facilité générique, et son mal-être n'est jamais caricatural... La structure du film rend aussi lisible la situation de sarah, à travers le morcellement de sa vie, qui se fracture en anecdotes sous nos yeux...
Un beau film, qui réussit à louvoyer (comme le fera Revoir Paris en 2022) entre une tentation documentaire, et un drame intime. Proxima, pour finir, comme Proxima du centaure, l'étoile si proche (proxima en latin)... mais aussi si lointaine puisqu'elle est quand même à 4 millions d'années-lumière. C'est le nom choisi pour la mission, c'est aussi un titre parfait pour ce film qui nous conte un drame de l'éloignement, ou le sacrifice d'un déchirement nécessaire... Ou les deux.