Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
14 septembre 2023 4 14 /09 /septembre /2023 08:09

Amber (Alison Brie) est gérante d'un restaurant à Bakersfield, un maillon d'une chaîne de lieu de restauration qui tourne autour des pâtes... Elle est désignée par ses supérieurs pour se rendre en Toscane, afin de participer à un stage sur place, qui permettrait d'améliorer encore plus le service proposé dans les établissements du groupe, en compagnie d'une sélection de cuisiniers et autres managers. Mais dès le départ, les distractions se multiplient, en particulier les interventions du dirigeant (Alessandro Nivola) qui la séduit en un clin d'oeil. Au lieu d eparticiper à des activités autour de la cuisine, elle se retrouve ballottée par des événements de plus en plus étrange, voire suspects...

Ca part dans tous les sens: voilà le principal défaut de ce film déguisé en une comédie sentimentale basique, avec une héroïne séduisante (c'est Alison Brie, et on sait l'actrice plus que capable; elle a par ailleurs participé au script du film), le soleil de la Toscane, et quelques épices de loufoquerie, les deux principales étant deux actrices qui nous rappellent leur participation pour Baena et avec Alison Brie dans le merveilleux et grinçant The Little Hours, qui adaptait Boccace dans un esprit moderne rafraîchissant... Aubrey Plaza ici est une sorte de guide pour Amber, qui la transporte de surprise en surprise, et joue en permanence du mystère de son absence totale d'émotion. Mais le personnage ne parvient pas à être beaucoup plus qu'un vecteur de mystère un peu facile... Et Molly Shannon joue une participante au stage, totalement dépassée par les événements, et assez franchement désagréable.

Le problème, c'est que l'intrigue tient très peu debout, on anticipe assez facilement les révélations finales, et cette héroïne qui se fait balader de bout en bout ne sort pas grandie... Surtout que les dialogues Italiens qu'elle ne comprend pas, enfoncent le clou. Et entre les tentations (comédie romantique, comédie grinçante, loufoque, film policier avec enquête, ou film d'horreur) il faut parfois choisir. A propos, l'affiche du film (voir plus bas) est ouvertement parodique...

Reste une belle scène, et comme elle est située à la fin je vous en laisse la primeur. Disons qu'il y sera question de consentement, mais aussi du choix d'une femme d'honorer sa dignité, sans se précipiter dans la facilité d'un happy-ending hollywoodien, que n'importe quelle comédie sentimentale aurait certainement proné.

 

Partager cet article
Repost0
Published by François Massarelli - dans Comédie Alison Brie
10 juin 2023 6 10 /06 /juin /2023 17:30

Cassie Thomas (Carey Mulligan) est une jeune femme qui a pour habitude se rendre, sous des identités différentes, dans des cafés et boîtes de nuit, où elle joue la comédie de l'ivrognerie totale: le but? Eh bien, attraper dans son filet des hommes qui se donneront pour mission de profiter de son état, pour la ramener chez elle... Où elle leur révèle qu'elle est en pleine possession de ses moyens, et leur fait honte. Elle le fait depuis que sa meilleure amie, victime à l'université d'une soirée durant laquelle elle avait abusée par toute une troupe de garçons, s'est suicidée. Cassie a abandonné ses études de médecine, pris un travail de misère dans un coffee shop, et vit chez ses parents. 

Ca aurait pu continuer ainsi pendant des années, s'il n'était arrivé deux choses: d'une part, elle rencontre Ryan (Bo Burnham), un jeune homme qu'elle avait croisé à l'université, et qui la poursuit de ses assiduités. D'autre part, Ryan lui révèle qu'il est toujours en contact avec Al Monroe, le principal violeur de son amie. Cassie se mue en ange exterminateur et décide de venger pour de bon la jeune femme...

Voilà un film totalement de notre époque, qui s'intéresse à la façon dont on voit désormais différemment des comportements qui ont toujours plus ou moins été tolérés, présentés comme d'innofensifs rites de passage par les hommes. Ces rites sont des traditions particulièrement implantées dans l'université Américaine, c'est sûr, ce qui ne vet pas dire qu'on ne les trouve pas ailleurs... Le film, à travers un personnage qui use de moyen extrêmes de militance, nous permet de questionner la morale de ses personnages en s'abstenant de les présenter simplement comme bons ou mauvais. 

Le script est d'Emerald Fennell, dont c'est aussi la première réalisation... ce qui est impressionnant. Elle va tout faire pour mettre en valeur non seulement son personnage, mais aussi le caractère étrange de son obsession, en la cadrant de façon très spécifique à plusieurs reprises, la dotant avec des éléments de décors d'une auréole ou d'une paire d'ailes! Une ironie qui ne joue pourtant jamais contre Cassie. Les costumes prennent aussi une importance capitale dans ses changements de personnalité... Elle la suit dans une mise en scène permanente de sa mission de vengeance, qui joue en permanence des zones grises de la légalité et de la morale: intéressant de constater, comme le fait le film, que la plupart des faits de viol, d'abus de consentement, et autres exactions du même genre, sont en fait généralement passés sous silence par des autorités complices (et par des gens qui ont eux aussi un peu trop facilement laissé faire, comme le personnage incarné ici par Alison Brie). Tirant ses propres conclusions, Cassie se situe souvent dans les mêmes zones grises elle aussi. Le film est âpre, souvent étrangement réjouissant, et profondément nécessaire.

 

Partager cet article
Repost0
Published by François Massarelli - dans Emerald Fennell Alison Brie
29 mai 2023 1 29 /05 /mai /2023 09:06

Ally (Alison Brie) est une créatrice et présentatrice d'un reality-show, qui est sur le déclin. Quand elle apprend que le réseau qui l'accueille s'apprête à l'annuler, elle décide de faire ce qu'elle n'a pas fait depuis longtemps, rentrer chez elle à Leavenworth, état de Washington, d'où elle était partie pour Hollywood avec des rêves exigeants: devenir documentariste. Sur place, elle va voir sa mère (un peu), et surtout Sean (Jay Ellis), son ancien petit ami, avec lequel le charme agit toujours. Sauf qu'il s'apprête à se marier. Ally décide de jouer le tout pour le tout et de profiter du mariage pour le reconquérir.

C'est le principal noeud à problème du film, en fait: l'idée que cette reconquête d'un amour passé puisse être effectuée lors du mariage est quand même gonflée, mais le film est particulièrement atypique, dans un genre miné par tellement de conventions qu'il en est devenu souvent insupportable. Dave Franco, dont c'est le deuxième film, a volontairement placé sa comédie sentimentale dans la lignée des films des années 80 plutôt que de cocher toutes les cases du genre actuel: sage décision. Car Somebody I used to know, porté par Alison Brie (qui est exceptionnelle de naturel) en devient profondément original, finalement, centré autour du point de vue et de la vie de l'autre femme, celle qui va tout faire pour empêcher un mariage. 

Mais surtout, on y verra que des fois, le problème dans un triangle amoureux de ce type, ce n'est pas "l'autre femme", justement, mais bien l'homme lui-même, objet de toutes les convoitises. En rencontrant Cassidy (Kiersey Clemons), la fiancée de Sean, Alison se pose en rivale, avant de voir qu'elle a beaucoup en commun avec elle. ...Ce qui lui permettra de constater qu'en épousant Cassidy, Sean revient à un schéma qui renvoie à leur relation passée: Cassidy est une musicienne avec des rêves de tournée, tout comme Ally était aspirante réalisatrice. Ally a du rompre pour accompir son rêve (plus ou moins, puisqu'elle a perdu son objectif en route) là où Sean demande justement à Cassidy de briser sa carrière pour rester avec lui.

Souvent loufoque, d'un ton légèrement (mais pas trop) décalé, rempli de personnages attachants, et mené par une actrice dont on savait déjà à quel point elle était versatile, c'est une petite halte atypique qui fait plaisir. L'équipage Brie-Franco me paraît être une équipe à suivre.

 

Partager cet article
Repost0
Published by François Massarelli - dans Comédie Dave Franco Alison Brie
26 mai 2018 6 26 /05 /mai /2018 17:31

En 1347, au fin fond de l'Italie, nous faisons la connaissance d'un couvent tenu par le père Tomasso (John C. Reilly). On y brode, on y prie, et tout va à peu près pour le mieux... Si ce n'est que le comportement de certaines des nonnes est parfois suspect. Et certaines d'entre elles sont exaspérées par le jardinier, qu'elles agressent un jour parce qu'il leur a adressé la parole! Le père Tomasso le remplace bientôt par un homme en fuite, Massetto (Dave Franco) qu'il décide de faire passer pour sourd et muet, car le prêtre dans sa grande naïveté pense que ce simple petit mensonge va permettre d'intégrer le jeune homme sans faire de vagues.

C'est très naïf.

En quelques jours, les nonnes vont mettre une pagaille, si j'ose dire, de tous les diables: soeur Fernanda (Aubrey Plaza) aura initié soeur Ginevra (Kate Micucci) au plaisir saphique, et commis en compagnie d'une mystérieuse inconnue (Jemima Kirke) des messes noires; soeur Alexandra (Alison Brie), la fille du meilleur bienfaiteur du couvent, aura découvert de son côté son attirance pour le nouveau jardinier, et la venue d'un évèque aura d'autres conséquences embarrassantes ou farfelues, dont des révélations sur la mère supérieure (Molly Shannon).

Le parti-pris est simple: adapter deux contes du Décaméron de Giovanni Boccace, dans un décor aussi orthodoxe (si j'ose dire) que possible, et le faire dans le ton d'une comédie, en demandant aux acteurs d'improviser leur texte. Avec des acteurs tels que John Reilly ou Kate Micucci, le pari était gagné d'avance: c'est drôle, très drôle même, d'autant que le seul décalage anachronique du film est le fait que les personnages s'expriment en Américain contemporain! ...Sauf Jemima Kirke, bien sûr, mais elle est Britannique. Quelqu'un lui fait d'ailleurs remarquer qu'elle a un accent étrange. Bref, le film ressemble un peu à une rencontre inattendue entre un Décaméron mis en scène par un metteur en scène compétent (sorry, Pasolini!) et une visite, pour les connaisseurs, du Castle Anthrax, en l'an 932 après Jésus-Christ. Et en plus, c'est souvent très inspiré visuellement. Derrière le mauvais esprit, pas beaucoup de blasphème, mais une vraie réussite.

 

Partager cet article
Repost0
Published by François Massarelli - dans Comédie Alison Brie