Deux hommes rencontrent deux femmes, et tout devrait aller pour le mieux, mais... L'un d'entre eux se laisse aller avec d'autres aventures. L'une d'entre elles va le mener jusqu'à un duel fatal.
...Du moins si j'en crois les scènes conservées, qui sont en désordre dans la bobine préservée, l'unique vestige d'un film qui reste assez mystérieux, notamment dans le fait qu'il soit signé non d'un, mais de deux grands noms du cinéma muet Danois. Un pedigree bizarre pour ce film adapté de Schnitzler. Par ailleurs, l'image choisie pour illustrer cet article est générique, il n'y a aucune trace de cette esthétique dans les treize minutes du film qui existent encore.
Un jeune homme de très bonne famille (Carlo Wieth) rencontre une vendeuse dans une boutique (Clara Wieth), et c'est le coup de foudre réciproque. Ils se voient souvent et trois mois plus tard, elle est enceinte. Quand elle le lui dit, il décide de faire ce qu'il faut: il vient annoncer son mariage à ses parents... Qui refusent, car la jeune femme est de basse extraction. les parents envoient le fils chez des amis, et le père va tout faire pour qu'aucun message de la jeune femme ne parvienne à son fils...
Selon la tradition du mélodrame, ça va aller plus loin encore: le jeune homme va rencontrer la fille (Zenny Petersen) des amis chez qui il séjourne, bien évidemment, des velléités de mariage, plus noble celui-ci, vont s'éveiller, avec la bénédiction des parents cette fois, et sinon la jeune mère célibataire va trouver son chemin de croix... Et comme le film est Danois, au bout: la mort.
Mais ce qui est frappant, en plus d'une certaine acuité sociale (le film fait le portrait sans fards d'une société bourgeoise et intolérante) et d'un ton résolument moderne (pas de chichis, et pas de temps morts, ici c'est un script signé du futur grand nom de la comédie burlesque, Lau Lauritzen, que Blom dirige), c'est à quel point le film prend totalement le point de vue de Clara Wieth, nous détaille son horreur, ses angoisses, ses fins de mois difficiles. L'accompagne sur son lit de mort, même... Et en la jeune femme qui la remplacera, elle a paradoxalement trouvé une alliée: c'est elle qui pousse l'homme qu'elle aime pourtant à recontacter la femme qu'il a trahie par faiblesse, et c'est elle enfin qui décide de poursuivre avec le mariage, assorti d'une adoption...
Une jeune femme (Clara Wieth) est présentée à un homme (Valdemar Psilander), dont elle tombe amoureuse: il est mormon, et décide l'emmener avec lui en Utah. Mais durant le voyage elle réalise qu'elle n'a plus le moindre droit, face à un homme qui s'avère brutal. Et les choses s'enveniment à l'arrivée aux Etats-Unis... Pendant ce temps, le frère et les amis de la jeune femme font tout pour la retrouver, et leur enquête les amène à Salt Lake City...
Salt Lake City, qui ressemble sans doute beaucoup à Copenhague! On peut éventuellement être patient et tolérant, et admettre qu'en ces temps reculés, le public populaire visé par la compagnie Nordisk ne voyait sans doute pas la pauvreté des tours de passe-passe mobilisés par Blom et son équipe, pour figurer une action située en Grande-Bretagne et aux Etats-Unis... Des images authentiques de la rue de Londres où se trouvait le principal lieu de culte Mormon en Europe a été filmé, mais intégré sans être le moins du monde convaincant au montage!
On peut aussi voir que le film a été tourné à la va-vite, pour capitaliser sur la sensation de titres de journaux du moment, qui ont peut-être décrit les Mormons comme encore plus exotiques que la normale... Mais Psilander porte ici des costumes de grande classe, boit, fume, habite un intérieur bourgeois et fréquente les restaurants avec un haut de forme... Il officie à des cérémonies qui tiennent plus du délire, qu'on ne peut pas imaginer plus éloigné de la rigueur et de l'obsession de la frugalité et de la pureté qui sont les bases d'un fanatisme autrement plus dangereux que les éléments risibles du film, qui prouvent que le film a été fait sans l'ombre d'une tentation de documentation...
Il faut aussi dire que Blom, sans doute, avait lu et appliqué à la lettre dans un film vite fait mal fait, les compliments nombreux (et justifiés) des critiques sur ses deux productions consacrées à la traite des blanches. On retrouve donc ici toute la gamme des frissons prodigués par les gros succès précédents: enlèvement, famille qui s'inquiète, poursuite, sauvetage de dernière minute, en plus de la cérémonie de baptême grandiloquente... Faut se méfier des mélanges: Mormons + traite des blanches, ça fait mal à la tête...
Willy (Valdemar Psilander) est un jeune homme qui cause beaucoup de souci à sa mère: il a pris l'habitude de la laisser régler ses dettes, nombreuses, après ses frasques. Il est justement régulièrement en contact avec un homme qui lui a prêté de l'argent, et le soumet à une forte pression pour qu'il paie avec des intérêts exorbitants. Mais Willy voit surtout qu'Anna (Clara Wieth), la fille de l'usurier, est tout à fait à son goût. Quand il se met en ménage avec elle, pour la mère c'est la goutte d'eau qui fait déborder le vase...
Sous le vernis moraliste en diable (si j'ose dire!) Blom s'intéresse aux différents moyens de rendre le drame intéressant, dans des scènes systématiquement tournées en intérieurs: bien sûr, les miroirs ont leur mot à dire, placés stratégiquement, notamment dans la scène où ma mère découvre à la nuit tombée son fils cambriolant son appartement! La façon dont il utilise le clair obscur nous rappelle l'influence énorme que les longs métrages Danois vont avoir jusqu'à la première guerre mondiale sur l'ensemble de la galaxie cinématographique!
Il veille aussi au rapprochement des corps, et on voit comment la suggestion fonctionne dans son cinéma à l'époque... Clara Wieth-Pontopiddan, méconnaissable, s'enlaidit sous une perruque blonde et joue à fond la vulgarité quelconque, pendant que Psilander incarne un piètre jeune homme tellement habitué à se reposer sur sa mère qu'il va désormais devenir tributaire de la femme qu'il aime...
Une jeune femme de bonne famille (Henny Lauritzen) se prépare à convoler en justes noces avec un fiancé qu'elle n'aime pas, mais que ses parents ont choisi pour elle. Elle se console comme elle peut dans les bras d'un garde forestier, Poul (Frederik Jacobsen). Mais les choses vont prendre un tournant dramatique quand pour ne pas être surpris dans la chambre de la damoiselle, Poul se voit contraint de se cacher sur le balcon, dont il tombe... Accusé d'avoir voulu cambrioler la maison, le seul moyen est de trahir l'honneur de la jeune femme...
Le film est contemporain de Afgrunden, et des autres premiers films d'Urban Gad avec Asta Nielsen, ou encore du premier film de "traite des blanches" du même Blom, autant dire que c'est un moment de l'histoire du cinéma danois, lorsque la température a sérieusement monté! Ca reste assez prude toutefois, Blom réservant ses audaces pour les rapprochements clandestins des deux héros, dont les ébats sont bien sûr laissé à la discrétion des imaginatifs! Reste que le film s'introduit comme on le faisait assez peu dans le cinéma de l'époque, dans les alcôves de la bourgeoisie, et le fait avec une certaine franchise: par exemple, lors d'une escapade en pleine nature, Henny Lauritzen ouvre son manteau pour dévoiler... sa robe, certes, mais le geste est sans équivoque. Et Jacobsen répond en dénudant avec empressement... le bras de sa partenaire, on n'a rien vu, rien n'a été montré, mais on sait tout. La tension érotique obtenue est assez typique, finalement, de ce qui allait devenir la règle dans le cinéma Danois durant les années qui précèdent la guerre.
A noter que, bien qu'il soit privé d'intertitres, le film reste étonnamment lisible aujourd'hui...
Un énorme succès, au cinéma, ça conduit généralement à la tentation d'une suite ou deux... August Blom avait déjà dirigé le très réussi remake d'une histoire de "traite des blanches" avec un film de 1910, il y revient, en changeant à peine l'intrigue, pour un film plus long et qui montre bien les progrès rapides du septième art dans ces années de formation. Le montage, les éclairages, la narration, tout dans ce film montre la maîtrise de Blom et des studios Danois...
L'intrigue est la suivante: Edith (Clara Wieth) est enlevée par une bande de proxénètes alors qu'elle se rend en Angleterre pour y vivre chez sa tante. On assiste à ses efforts pour résister à son destin abominable pendant qu'un détective remue ciel et terre pour débusquer la bande...
Dans ces conditions, le destin d'Edith (Clara Wieth sera aussi connue sous le nom de Clara Pontopiddan) est scellé, il va devenir tout bonnement celui d'une héroïne de feuilleton, trimbalée, enlevée, ligotée, sans jamais évidemment qu'une occasion ne se présente de la mettre vraiment au travail. Le film effleure donc le sujet, et s'il fournit un effort notable, c'est surtout pour rendre l'impression que l'on puisse, dans un film respectable, l'évoquer. A ce titre, l'actrice fait un travail impressionnant, compte tenu de tout ce qui lui arrive. La longue carrière de cette actrice éminente parle du reste pour elle...
Blom de son côté, un solide gaillard dont les films des années 10 seront parmi les fleurons du long métrage mondial, fait aussi un excellent travail, maintenant la pression dans ses péripéties, tout en soignant ici ou là d'une manière inattendue sa mise en scène. Il avait dans son premier film sur le sujet en 1910, divisé l'écran en trois pour une scène et ainsi lancé une mode qui allait être reprise de film en film, et il la reprend ici lui-même. Des exemples de split-screen, sous directe influence de ce film, allaient en effet inonder les écrans. Des films sur la traite des blanches aussi, cela va sans dire...
On pouvait faire confiance au cinéma Danois pour montrer la voie à suivre, en ces temps lointains... Ceci est en effet l'un des tous premiers longs métrages de l'histoire du cinéma, en même temps qu'un des films les plus importants d'une tendance qui va durer quasiment jusqu'à l'aube des années 20, et se prolonger parfois au-delà...
L'histoire concerne une jeune femme (Ellen Dietrich) qui se voit offrir une position comme dame de compagnie, mais c'est un piège tendu par un réseau de "traite des blanches", bref un système de prostitution. Une fois arrivée à Londres, et alors que sa famille ne reçoit plus de nouvelles d'elle, elle va aller d'aventure désastreuse en enlèvement de dernière minute... Car pendant ce temps, une amie d'enfance qui a flairé l'entourloupe a engagé un détective valeureux (Lauritz Olsen)... Pendant ce temps également, sa famille est rongée par l'angoisse...
Le sujet était déjà l'objet d'un film qui a obtenu un immense succès, sous le même titre, et réalisé pour le compte d'une petite société par Alfred Cohn. Devant l'engouement pour cette histoire sordide, la compagnie Nordisk a sans aucun scrupule décidé de le plagier... On peut comparer le film de Blom à 6 mn de fragments du film de Cohn, et on voir à la fois les similarités et la supériorité évidente du deuxième film...
Aux Etats-Unis, on n'avait pas encore trouvé la parade pour parler de prostitution dans les films, et ce long métrage aux péripéties de serial allait donner l'impulsion: puisqu'on ne peut pas en 1910 ou 1911 représenter la prostitution (d'ailleurs le terme est prohibé, et on se cache alors derrière le plus évasif d'esclave dans la "white slave trade"), autant montrer les contours: les moyens rocambolesques déployés par les bandits pour mettre une femme en confiance puis les façons de l'enlever, les hommes qui gravitent autour des cercles de prostitution et qui montrent de diverses façons leur désir de s'approprier une de ces femmes, etc...
Le film va plus loin que ses suites futures, sans doute victimes d'une censure de plus en plus tatillonne: ainsi, l'héroïne est-elle souvent en grand danger de devoir effectivement laisser les hommes, visiteurs du bordel clandestin où elle est prisonnière, disposer d'elle, et ses "collègues", pour leur part, sont manifestement aguerries, et ne semblent pas se plaindre de leur sort. Une dimension qui disparaîtra dès le deuxième opus, également dirigé par August Blom. Par contre, le deuxième film reprendra aussi un truc innovant qui fera beaucoup parler de lui, et qui voit ici l'une de ses premières utilisations: le split-screen, dans lequel l'écran est divisé en trois sections pour enrichir la narration.
Le DFI a mis en ligne Atlantis, en HD, et c'est une sacrée nouvelle! D'autant que le film propose des intertitres à la fois en danois et en anglais, pour ceux qui peuvent déchiffrer l'une de ces deux langues... Le film est à tous points de vue une grande date, et son accessibilité doit donc être fêtée comme il se doit! Tourné en 1913, il est un démarquage partiel de l'histoire du Titanic, en même temps que l'un des premiers très longs métrages, avec 114 minutes de spectacle.
Le Dr Von Kammacher (Olaf Fonss) est doublement affligé de malchance: non seulement son traité de biologie est refusé partout où il le présente, mais son épouse Angèle souffre de démence précoce et va devoir être internée. Pour fuir cette réalité, le scientifique s'embarque pour les Etats-Unis sur un caprice: il sait qu'une artiste qu'il a vue sur scène, la danseuse Ingigerd Hahlstrom (Ida Orloff), sera sur le bateau... Mauvaise idée, car le bateau va faire naufrage, et s'il vont survivre tous les deux, la suite ne sera pas de tout repos pour la belle danseuse volage et pour son amant ombrageux...
Côté pile, on a un film adapté d'un roman à succès de Gerhard Hauptmann, semble capitaliser sur le destin tragique du Titanic pour dresser un portrait apocalyptique de toute velléité de se rendre aux Etats-Unis (la première guerre mondiale se profile à l'horizon), et les mésaventures du Professeur Von Kammacher confirment que ce n'était pas une bonne idée en effet. En quittant le Danemark et sa famille, pour suivre la belle danseuse, il a clairement lâché la proie pour l'ombre. Cela étant dit, le bon docteur, si il est tombé sous l'influence vénéneuse d'une intrigante capricieuse, a un comportement souvent équivoque avec les dames, comme en témoignent deux scènes situées sur le bateau, et curieusement dépourvues de résolution: Von Kammacher a aperçu une femme, dans les cabines populaires, qu'il a désirée de suite. Quand elle est amenée chez le docteur pour traiter son mal de mer, le professeur qui rendait visite à son collègue séduit la jeune femme...
Côté face, le film est impressionnant par son étendue, et les moyens déployés par Blom: à l'opposé d'un cinéma mondial qui reste souvent strictement frontal, il joue en permanence avec la composition, contraste avec adresse les personnages situés en gros plan, avec des arrière-plans dynamiques; il place sa caméra au milieu des scènes de panique, et toute la séquence du naufrage est un tour de force, qui a du être difficile pour les acteurs, parce que la Mer Du Nord, où le film a été tourné, n'est pas à proprement parler un endroit riant et chaud... Et la façon dont Blom choisit une narration assez volontiers énergique, suivant son héros qui fait presque le tour du monde, se rendant à Berlin, puis décidant sur un coup de tête de prendre un avion pour Souhampton, et d'y attraper le bateau fatal... Il en ressort l'impression que Blom, tout en délivrant un message hostile aux pays étrangers, plaide en quelque sorte pour un cinéma international. Et le résultat, qui sera un énorme succès dans le monde entier, lui donne raison.
Pour finir, citons par acquis de conscience qu'un jeune acteur Hongrois était présent sur le tournage, qu'il joue un personnage secondaire, et qu'il était à l'aube d'une belle carrière, qui allait le voir, lui aussi, voyager... Michael Curtiz, alias Mihaly Kertersz, joue en effet un jeune médecin ami de Fonss dans les séquences Berlinoises...
L'un des rares films (ils sont au nombre de quatre seulement) mettant en scène Asta Nielsen et réalisés au Danemark: un paradoxe pour la superstar Danoise, mais en dépit de l'excellence et de la vitalité de sa production, le Danemark restait un petit pays même quand ses films régnaient sans partage sur les cinémas de toute l'Europe!
Asta Nielsen interprète ici le rôle d'une artiste dont la vie, en quelques semaines, va se transformer en une métaphore de son art... Un comble. Camille, actrice, danseuse et modèle, vient de remporter un énorme succès au théâtre, et le dramaturge dont elle vient de faire triompher la pièce la courtise avec ardeur. Ils filent, un temps, le parfait amour, mais Jean va vite s'intéresser à une autre, qui plus est une femme mariée: il faut dire que le mari de Madame Simon est un abominable tyran qui n'hésite pas à la fouetter. Quoi qu'il en soit, une fois que jean dépose Camille chez son ami Paul, un peintre qui va justement l'immortaliser en ballerine, il file ensuite retrouver sa maitresse. excédée, Camille dénonce les amants auprès de M. Simon, mais elle voit celui-ci préparer une arme. Elle prend peur, et "mue par l'amour avant la jalousie" comme nous l'indique un intertitre, elle va trouver une idée pour éviter que Jean et sa rivale soit pris en flagrant délit: elle va remplacer la dame in extremis...
L'intrigue est compliquée, ce que l'absence de certains passages n'arrange pas. Mais ce qui compte bien sûr dans cette histoire de coucheries et de tromperies de la pire espèce (bien sûr précautionneusement situées dans la lointaine France), c'est la façon dont Blom, qui n'était pas un manchot, a choisi la distance convenable, les positionnements de caméra (qui renvoient à Afgrunden, avec ses nombreuses séquences vues depuis les coulisses d'un théâtre) et a laissé la grande tragédienne faire le gros du travail. Elle est impressionnante, et accompagnée du grand acteur Valdemar Psilander, elle est parfaitement à son aise. Le film est un pur mélodrame avec tous les ingrédients, y compris une solide dose de ridicule, mais peu importe: une fois de plus, Asta Nielsen est tout entière dédiée à un rôle qui lui permet de montrer son impressionnante versatilité.
Blom, pour sa part, s'amuse constamment à rendre floues les théâtres de l'art et de la vie: il nous montre le triomphe de Camille vu des coulisses du théâtre, et incorpore à la scène le passage pour Nielsen de l'interprétation du rôle sur les planches, à l'interprétation de l'actrice qui revient à sa vie. Il nous la montre acceptant de réciter un extrait de son rôle pour des amis réunis dans une soirée, mais se laissant emporter par la vraie jalousie; mais surtout, elle va tenter de sauver son amant en jouant un rôle pour de vrai. Le film a un aspect rare dans les films Danois de ce genre et de cette époque: il finit par un happy end... Du moins dans la copie sauvegardée, on n'est jamais trop prudent.
Décidément, on mensure mal aujourd'hui la part de l'Europe dans a création de la science-fiction. J'ai déjà évoqué l'étonnant (Oui hilarant) Himmelskibet, de Holger-Madsen, sorti en 1918, qui envoyait des utopistes sur Mars. Voici un autre film Danois particulièrement bien conservé, et tourné par August Blom, mieux connu pour son spectaculaire long métrage de 1913, Atlantis... La fin du monde évoque donc une histoire bourgeoise qui croise l'inéluctable approche d'une comète destructrice sur notre planète. Un spéculateur réussit à persuader la presse de ne pas divulguer les informations les plus alarmantes, afin d'accumuler une fortune en revendant des actions au moment opportun, avec l'intention pour le moment de l'impact de se réfugier dans des souterrains qu'il a fait aménager près de son domicile. Dans cette histoire sombre, seuls seront épargnés les rares humains ayant décidé de se tenir à l'écart de tout compromis, de toute jalousie, de tout mal et de tout vice...
Bien sur, c'est moralisateur, mais ça a le bon gout de ne l'être que par l'image. Blom n'abuse pas de l'intertitre, et joue avec conviction sur le suspense, d'autant plus évident qu'à l'écran l'approche de la comète est documentée de minute en minute. Les effets sont mesurés, bien rendus, et on a un cataclysme, ma foi, tout à fait acceptable. Et la critique naïve mais violente de la spéculation est bienvenue.