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5 mai 2022 4 05 /05 /mai /2022 17:25

Un jeune étudiant (Walter Slezak) arrivé à Turin va rencontrer dans son immeuble une jeune couturière (Carmen Boni), dont il tombe amoureux. Mais Elena (Elena Sangro) une cliente de la maison de couture située dans l'immeuble, l'a vu et l'ajouterait volontiers à son tableau de chasse...

C'est la deuxième version de cette adaptation par Genina d'une pièce de Nino Oxilia, et celle de 1918, qui l'avait consacré, a sans doute gardé une grande importance pour lui. A l'instar de Sandberg qui refait en 1926 son film Le clown de 1917, le metteur en scène Italien a donc décidé d'y revenir, en tenant compte d'un certain nombre d'évolutions...

D'une part, en 1927, le cinéma Italien ne peut plus rivaliser avec les autres cinématographies, notamment Française, Allemande et surtout Américaine, et la production de cette deuxième version est donc internationale, avec Walter Slezak, acteur Germanophone (déjà vu dans Michael, de Dreyer, et promis à un bel avenir) dans le rôle principal.

D'autre part, si le premier film était une comédie sentimentale nostalgique d'une grande douceur, notamment à travers la délicatesse du jeu de Maria Jacobini, celui-ci prend en compte l'existence d'une comédie "moderne" aux Etats-Unis: on verra donc, l'espace d'un instant, les étudiants en pleine action: pas en train d'étudier, non, mais de se livrer à l'athlétisme, comme dans les comédies estudiantines Américaines... Et là où Maria Jacobini remplaçait la sophistication par son bon coeur et son sourire, Carmen Boni est grimée en flapper de la fin des années 20: chapeau cloche, cheveux courts, costumes stricts et cravates... elle contraste bien sûr avec sa rivale qui elle est une pure gravure de mode 1926.

Et puis, on est en 1927, donc le fascisme est là. En lieu et place des vues aérées de Turin, dans le premier film, ce deuxième effort nous montre les corps athlétiques des hommes en plein effort, et se permet dans une scène de train un gag raciste bien de son époque. C'est le dernier film Italien muet de son auteur, qui s'apprêtait à s'installer pour un temps à Paris... Pour le meilleur.

 

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Published by François Massarelli - dans 1927 Muet Augusto Genina *
5 mai 2022 4 05 /05 /mai /2022 17:09

Lors d'une petite fête à laquelle se retrouvent plusieurs amis, dans une propriété cossue sur les bords du lac de Côme, un adultère se termine mal: Savina (Italia Almirante), l'épouse du propriétaire des lieux Paolo (Vittorio Rossi Pianelli) a fauté avec un des invités, mais le mari, contrairement à nous, n'a pas vu que c'était un jeune avocat (Ettore Piergiovanni). Répudiant son épouse, il lui intime l'ordre de disparaître et prétend à son ami avocat qu'il l'a tuée. Il lui demande, sans réaliser qu'il s'adresse à son rival, de le défendre dans un procès retentissant, d'autant plus qu'il n'y a pas de cadavre... L'avocat s'exécute, et salissant toujours plus la mémoire de celle qu'il a séduite, en rajoute pour obtenir l'acquittement de son client. Pendant ce temps, Savina peine à rester à l'écart...

Ca commence comme un mélodrame délirant, mais la façon dont les intertitres, assez nombreux, nous présentent la situation, trahit déjà une profonde ironie. Et c'est à la décadence de cette bourgeoisie, qui acquitte un homme qui prétend avoir tué sa femme dans une affaire d'honneur, mais le condamnerait pour avoir inventé ce meurtre de toute pièce, que Genina s'attaque dans un jeu de massacre d'autant mieux orchestré qu'il se pare de toute la sophistication qu'il lui a été possible de produire... 

La presse de l'époque a beaucoup eu de mal à s'y retrouver, et de fait, c'est, à travers le décalage entre l'action, les moyens mis en oeuvre, le jeu des acteurs et les notions liées au point de vue, un film qui se situe à la fois dans la lignée des oeuvres d'un Evgueni Bauer (dont je doute qu'il ait été distribué en Italie à cette époque, donc il s'agirait d'une coïncidence), des films Danois des années 10 (ceux-là ont été vus partout), et à l'opposé du cinéma lyrique des divas du muet, des films contre lesquels Genina et d'autres metteurs en scène semblaient réagir...

 

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Published by François Massarelli - dans muet Augusto Genina 1919 *
1 mai 2022 7 01 /05 /mai /2022 17:01

Mario (Lido Manetti) entame ses études: il souhaite étudier le droit et se rend à Turin; il y trouve une chambre idéale pour vivre, tenue par une dame dont la fille Dorina (Maria Jacobini) est plus que charmante: les deux jeunes deviennent amoureux, jusqu'au jour où une dame sophistiquée (Helena Makowska) commence à attirer l'oeil de Mario...

A l'origine de ce film, il y a une pièce écrite par Nino Oxilia et Sandro Camaso. Une première adaptation a été réalisée vers 1911, qui est perdue, mais Oxilia, devenu metteur en scène, comptait bien en réaliser un remake. Son départ pour le front, puis sa mort en 1917 l'en ont empêché. C'est donc le co-adaptateur Augusto Genina qui a été désigné réalisateur...

Et c'est une belle surprise. Le film se départit rarement de son ton indubitablement tourné vers la comédie, et utilise au maximum les décors de Turin, beaucoup de scènes ont d'ailleurs été tournées en pleine rue, mais aussi dans des cages d'escalier qui sonnent particulièrement véridiques! Le cinéma Italien a entamé sa grande mutation, et désormais l'heure n'est plus aux divas et aux femmes fatales: c'est la leçon de ce film, qui comme si souvent à l'époque du muet, oppose deux femmes, la mystérieuse Elena et la douce Dorina, cette dernière opposant à la fois son bon sens et sa joie de vivre à la froideur manipulatrice de sa rivale. Mais si cette dernière reste volontairement esquissée (elle en devient une ombre, une fatalité qui retournera vers le néant à la fin du film), on est ébahi du jeu tout en invention permanente de Maria Jacobini qui souvent porte le film à bout de bras. Du coup, c'est son point de vue qui prime...

Le titre est d'ailleurs à double sens: certes, le passage de Mario, qui achève ses études et devient un avocat promis à un bel avenir à la fin, est un peu le baroud d'honneur de sa jeunesse, mais on pense plus volontiers au sacrifice que Dorina fait, elle qui comprend qu'elle ne verra plus jamais l'homme qui a failli la trahir... Dans la joie ou l'amertume, Jacobini est solaire, nuancée, et son visage est un festival d'expressions, qui nous font regretter que si peu de ses films aient survécu.

 

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Published by François Massarelli - dans Augusto Genina 1918 Muet Nino Oxilia *
4 avril 2020 6 04 /04 /avril /2020 15:49

On ne va pas attendre d'avoir écrit des lignes et des lignes avant de le dire: tourné en 1922, assemblé et colorié à partir de 1923, ce film franco-italien n'a qu'un seul intérêt: ses couleurs. Apposées au pochoir, selon une technique rodée depuis Méliès mais qui demandait énormément de soin, de personnel et de temps, elles sont aujourd'hui particulièrement impressionnantes, et aussi proches que possible de l'expérience fournie par le film à sa sortie tardive ne 1925.

J'imagine qu'avec sa distribution transalpine, menée par Pierre Magnier qui était depuis 1900 l'interprète phare du rôle de Cyrano au théâtre, ce machin était sans nul doute une opération de prestige, destinée à faire reluire le cinéma Européen au firmament, et à ce titre la chose a été présentée aux Américains... qui ont du bien rigoler, s'ils se sont déplacés.

Car entendons-nous, les couleurs sont certes impressionnantes, mais un film ça se met en scène, et quand la source est une pièce de théâtre, aussi connue soit-elle, il y a des choix à faire. Prenez Tartuffe de Murnau: certes, le film trahit la pièce. Mais c'est un film, un vrai. Truffé d'images, de moments de cinéma, donc... Ici le film est surtout truffé d'intertitres, les acteurs jouent comme au théâtre, et le film ne prend vie qu'à deux ou trois instants; quand on sait qu'on doit le subir sur près de deux heures, on frémit... Mais non: vous n'êtes, après tout, pas obligés... 

Alors peut-être que c'est un reflet fidèle de la pièce, soit. Mais qu'importe? en tant qu'argument cinématographique, je continue à penser que la fidélité au théâtre ne vaudra jamais rien.

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Published by François Massarelli - dans 1923 Muet Augusto Genina *
29 mars 2020 7 29 /03 /mars /2020 18:39

On ne parle pas beaucoup de ce film, qui a pourtant tout pour être une cause célèbre... Une star en fin de course qui profite de sa dernière occasion de briller dans un premier rôle, une production internationale (scénario, distribution et studio français, réalisateur Italien, star Américaine, techniciens Allemands et extérieurs Espagnols...), et par dessus le marché un problème de timing particulièrement important: commencé en plein muet, sorti synchronisé et doublé puisque sa star ne parle pas un mot de français... ce qui se voit, et se lit sur les lèvres.

Le film devait être une réalisation de René Clair, mais ça ne s'est pas fait; il signe par contre l'argument, aussi simple que peut l'être Sous les toits de Paris: Lucienne (Louis Brooks) est en couple avec André (George Charlia), et il est jaloux, mais jaloux... La jeune femme, qui est dactylo, rêve de participer à un concours de beauté, et s'inscrit malgré les réticences de son fiancé... Et évidemment elle gagne: le couple va se déchirer à la suite de l'affaire...

Le miroir aux alouettes et l'illusion des paillettes, la difficulté à opérer une véritable ascension sociale, la jalousie, les moteurs mélodramatiques ne manquent pas pour une héroïne qui a autant envie de rêver que de s'en sortir: rêver, c'est justement, probablement, le point qui a motivé René Clair, mais le film me paraît peu en phase avec son oeuvre. D'une part parce que Gennina en a gommé toute fantaisie au profit d'une étonnante et souvent efficace peinture des milieux, des contrastes entre les deux vies possibles de Lucienne la dactylo. Avec son André si terriblement jaloux , elle aurait un peu d'affection et très peu de glamour. Avec les hommes qui guettent les miss, et qui tentent de les séduire et les exploiter elle bénéficie d'un rêve glauque et probablement de courte durée: le film nous conte le choc de ces deux mondes en même temps que le choc entre le prolétariat des années 20 et 30 et une certaine vision de la bourgeoisie. 

Louise Brooks est excellente, à condition bien sûr de regarder la version muette exhumée ces dernières années, qui font de Prix de beauté un bien meilleur film que le bricolage dégoûtant sorti en août 1930. Le film est plus long, plus fluide aussi... La tentation du son y est bien présente (nombreux plans de "machines parlantes", radios, phonographes, etc), et aurait pu être l'affaire d'une ou deux chansons, le reste tient la route presque sans intertitres. C'est souvent du grand cinéma muet, avec cette attention toute particulière du détail, de l'environnement, ces mouvements de caméra et cette place donnée au suspense. A ce titre, la dernière bobine est tout simplement remarquable... 

 

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Published by François Massarelli - dans Muet 1930 René Clair Louise Brooks Augusto Genina *