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  • : Allen John's attic
  • : Quelques articles et réflexions sur le cinéma, et sur d'autres choses lorsque le temps et l'envie le permettront...
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19 juillet 2017 3 19 /07 /juillet /2017 10:42

On va évacuer ça tout de suite: y a-t-il film plus inutile à la base que cette troisième visite de la franchise? Les carrières de Barry Sonnenfeld et Will Smith sont-elles tellement en danger, que la seule solution pour les sauver était une nouvelle visite de la franchise, confirmant après coup l'impression insistante que le deuxième film était lui-même essentiellement alimentaire? On reprend d'ailleurs un élément de ce deuxième film dans le troisième: il faut "retrouver" K. Bref, toujours reconstituer le duo, car il y a urgence: invasion alien, ou... banqueroute pour les deux compères qui ont fait le succès du premier film...

Donc on pourrait aussi énumérer ce qui ne va pas: ces répétitions, l'omniprésence de Will Smith et de sa façon de verbaliser sa présence dans le monde, et une tendance à utiliser des outils merveilleux (Les images modulables à merci de l'animation 3D) pour essentiellement faire quelque chose de repoussant: le personnage de Boris l'animal, franchement... 

Mais il est aussi probable que les avis particulièrement tranchés sur ce film (Qui a pourtant eu plus de succès encore que les deux autres)  sont dus à un problème de l'homo sapiens avec un truc qui ne pose pourtant aucun problème à certains: le paradoxe temporel. Certains humains n'ont en effet aucun problème à accepter l'idée du voyage dans le temps et les ramifications de conséquences, principal ingrédient rigolo de ce nouveau film. D'autres en revanche, ne s'y feront jamais...

Donc pour faire court: un alien a perturbé l'espace-temps et tué l'agent K en 1969, créant ainsi les conditions de la survie de son espèce, qui en profite pour venir détruire la terre. J va lui aussi remonter le temps pour empêcher ça...

Voilà, pas besoin d'en savoir plus: Will Smith a beau jouer un personnage qui lui ne s'en fout pas, Will Smith en revanche s'en fout complètement... Comment voulez-vous qu'on s'y intéresse vraiment? Cet aspect des choses plombe toutes les tentatives de recourir à l'émotion, et il y en a. Mais ce qu'on cherche dans ce genre de film, ce sont les gags: il y en a. Un peu... La recréation d'une époque a été effectuée, de façon fonctionnelle dirons-nous, et Josh Brolin est à son plus hait niveau de Josh Brolinitude pour interpréter un Tommy Lee Jones jeune, et là aussi ça marche... Pour peu qu'on ne s'en foute pas trop.

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Published by François Massarelli - dans Comédie Barry Sonnenfeld
5 juillet 2017 3 05 /07 /juillet /2017 17:05

Pour commencer, voici la version cynique:

Vous n'aimez ni les chats, ni la comédie familiale dans laquelle un acteur de renom se ridiculise en jouant un sale type dont l'âme est transposée dans le corps d'un animal? Ce film n'est pas pour vous. 

Pour les autres:

Ca fait belle lurette que Sonnenfeld ne représente plus grand chose à Hollywood, et c'est dommage, mais c'est ainsi. Au moins, il peut encore travailler, parfois y ressusciter partiellement sa carrière et l'intérêt du public (Men in black 3, loin d'être son meilleur film), et lancer une série en en signant quelques épisodes, qu'elle marche (A Series of Unfortunate Events) ou pas (Pushing daisies)... Nine lives est donc son dernier film en date, et bien que tourné entièrement en Anglais, aux Etats-Unis, avec une équipe Américaine, c'est une co-production Franco-chinoise. C'est aussi un film mi-mercenaire, mi-personnel...

L'intrigue qui nous est contée montre comment un nabab Américain (Kevin Spacey) totalement imbu de lui-même et richissime, va changer, lorsque il fait la rencontre du propriétaire d'une boutique spécialisée dans les chats. Sa fille (Malina Weissman) en veut un, c'est son anniversaire, et bien qu'il déteste les chats (Je vous ai dit que c'était un con, oui?), il s'est résigné, faute d'autre idée, à lui en offrir un... Et le propriétaire (Christopher Walken) qui a flairé l'abruti, va provoquer son transfert par magie dans la peau d'un chat, le très digne Sibérien Mr Fuzzypants... Le problème c'est que pendant qu'il sera un chat, le corps de Tom Brand sera dans un coma profond, à deux doigts de mourir. Mr Fuzzypants, le nouveau chat, va donc devoir soit faire comprendre à sa famille qu'il n'est pas un chat mais le pater familias, soit trouver Mr Perkins le boutiquier pour lui faire inverser le sort. Et comme quand le chat n'est pas là, les souris dansent, son second tente de faire main basse sur la société tentaculaire...

Mercenaire, disais-je: Sonnenfeld l'a dit lui-même, il est allergique aux chats, il fallait donc de la nécessité et du cran pour s'attaquer à un tel film, et le mener à bien! Mais il a triché en faisant appel à des spécialistes pour qu'ils lui trouvent une race de chat qui soit non seulement hypoallergénique, mais qui sache en prime jouer la comédie assez docilement. Vive le Sibérien!

Mais personnel aussi: Sonnenfeld a toujours penché d'un côté plus ou moins marqué de l'échiquier politique, qui lui fait ne pas trop aimer les autocrates, et les conservateurs de tous poils... Et il a fait de Kevin Spacey un milliardaire auto-satisfait tellement préoccupé de sa propre auto-promotion qu'il a décidé de bâtir la plus haute tour possible, la Brand tower... Il est marié et remarié, d'ailleurs Cheryl Hines (RV) revient pour interpréter une ex-épouse truculente dotée d'une fille insupportable qui nous rappelle un peu l'infecte garce interprétée par Mercedes McNab dans Addams Family Values... Il agit avec ses subalternes comme un butor, les menaçant de licenciement pour un oui ou pour un non. Ca ne vous rappelle pas quelqu'un?

Non que le film ait des visées politiques, pas plus que d'habitude! Même si on se débrouille aussi pour qu'un portrait de George Bush soit tâché gratuitement et ce à plusieurs reprises... Non, c'est juste un portrait du monde, comme toujours dans ces films dont la vocation est de nous faire rire. Et la jolie complicité entre Malina Weissman et les chats, le personnage de Jennifer Garner en jeune épouse qui remet son divorce en question rendent la comédie plaisante et sans jamais la compliquer lui donnent des enjeux. Après, si vous n'aimez pas les chats... Tant pis.

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Published by François Massarelli - dans Barry Sonnenfeld Comédie
3 juillet 2017 1 03 /07 /juillet /2017 09:48

Une famille part en vacances dans une rocambolesque virée en minibus (ou en "camping-car", nous dit le titre du film.) dans le sud-ouest, et va bien sur rencontrer tous les tracas possibles et imaginables, réussissant tout de même à rester unis dans le danger. La motivation du père pour imposer ce voyage à sa famille est en fait professionnelle: il a un rapport à rendre, et doit annuler ses vacances... Il tente donc d'assumer les deux en même temps! Entre autres ennuis, les Munro vont rencontrer une famille de voyageurs, les Gornicke (Dont les parents sont Jeff Daniels et Kristin Chenoweth) qui vont s'avérer bien irritants...

C'est dommage: Sonnenfeld a du talent, mais personne ne semble plus y croire. Ce film est donc l'avant-dernier long métrage en date du metteur en scène de MIB... Certes, le film dont je viens d'écrire le titre est un énorme succès contemporain, un film fantastique et rigolo qui doit beaucoup aux nouvelles technologies numériques, mais Sonnenfeld reste décidément un émule de Buster Keaton: l'essentiel de ses films est basé sur la science du gag, généralement visuel, assumé à froid, et avec une caméra frontale et immobile.

Et si je continue sur l'analogie Keatonienne (Keaton qui lui aussi incorporait la technique de l'époque dans ses films: les truquages sont nombreux, ne serait-ce que dans Sherlock, Jr, et il s'est amusé à tourner un délicieux prologue en couleurs pour son film Seven chances. Enfin, n'oublions pas qu'il était comme Harold Lloyd parfaitement à l'aise pour aborder le parlant...), ce petit film familial qui voit Robin Williams, son épouse et leurs deux enfants se lancer dans un voyage en camping car géant serait en quelque sorte son Balloonatic. D'ailleurs de nombreux gags renvoient ici au décalage entre citadins Californiens, et vie au grand air.

Ici, pourtant, si les gags sont souvent drôles, le film n'est pas toujours fédérateur; le syndrome Robin Williams, toujours aussi cabotin, mais qui doit obligatoirement faire un discours tire-larmes à la fin du film! Mais c'est malgré tout essentiellement de comédie physique qu'il s'agit, et bien sûr... quelques gags scatologiques font leur apparition, signe des temps sans doute.

On notera qu'après ce film (qui s'est ramassé au box-office, et qui a généré des critiques toujours très très très négatives) Sonnenfeld a tourné pour Bryan Fuller deux épisodes de la sublime série surréaliste Pushing daisies, dont le premier, imposant ainsi son style et son tempo à deux saisons, certes vouées à générer l'indifférence du public, mais quel bonheur...

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Published by François Massarelli - dans Comédie Barry Sonnenfeld
22 juin 2017 4 22 /06 /juin /2017 11:48

On prend les mêmes, etc etc etc. L'agent Jay (Will Smith peine à se trouver un partenaire digne de ce nom, alors quand une affaire d'alien venu de très loin pour mettre la pagaille, suite à un ancien dossier qui impliquait le fameux Kay (Tommy Lee Jones), rangé des voitures, il se fait un plaisir d'aller récupérer son copain qui végète à la poste... Et donc c'est reparti.

Deux façons de voir le film: Premièrement, c'est une suite qui ne s'imposait en rien, se contente de fournir quelques variations sur le sujet et sur la forme, et prolonge un peu le plaisir pris au premier film en fournissant quelques gags supplémentaires.

Deuxièmement: après l'échec de Wild wild west, un projet dans lequel Sonnenfeld avait mis beaucoup de lui-même, il lui fallait vraiment retrouver une certaine santé en redevenant une valeur sure au box-office... Donc le film était motivé de toute façon par la nécessité impérieuse de faire revenir le public dans les salles! Du coup, toute invention scénaristique en était bannie par avance. C'est ce qui fait, mais oui, l'intérêt du film: il est du début à la fin intéressant pour la forme, la façon dont Sonnenfeld, mais aussi Smith et Jones jouent sur le rythme, le cadrage bien entendu, sur l'attendu et l'inattendu. Il profite aussi pour recycler des acteurs de Big Trouble, notamment Johnny Knoxville ou Patrick Warburton, et accessoirement un peu de l'ambiance bricolo qui avait régné sur ce film, qui allait sortir. Comme on le sait depuis, à la fin du tournage de ce deuxième Men In Black, le 11 septembre 2001 a décidé que la sortie de Big Trouble ne pouvait se faire que dans la discrétion (Le film contait une rocambolesque histoire d'avion et de bombe...), et donc avant la sortie de MIIB, Barry Sonnenfeld était désormais responsable de deux flops monumentaux. C'est dommage, car à partir de là, sa carrière était flinguée.

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Published by François Massarelli - dans Comédie Barry Sonnenfeld
16 juin 2017 5 16 /06 /juin /2017 09:32

Il serait inutile d'imaginer que ce film n'est qu'un produit de série, du cinéma jetable. Projet adapté d'un comic Marvel, longtemps avant que cet éditeur ne devienne un "studio", il a été conçu par ses producteurs Walter F. Parkes et Laurie MacDonald comme un mélange obligatoire entre pulp et comédie, et à ce titre, leur choix ne pouvait que se porter sur l'auteur de The Addams Family et Get Shorty. J'y reviendrai. Il bénéficie de beaucoup de contributions majeures, des acteurs Tommy Lee Jones, Rip Torn, Vincent D'Onofrio et même Will Smith dont avouons-le, on peut dire qu'il a trouvé le rôle de sa vie, au designer Rick Baker, en passant par les effets spéciaux d'ILM (Savamment dosés), et la musique de Danny Elfman. Spielberg a eu son mot à dire puisque c'est une coproduction Amblin Entertainment, mais son rôle est resté consultatif. Non, le patron, c'est Sonnenfeld, pour un film qui n'en finit pas de définir son style et son importance.

Faut-il revenir sur l'histoire? Sur le principe d'un gamin des rues de New York, devenu un excellent flic et qui se retrouve malgré lui confronté à une réalité presque parallèle et du même coup bombardé membre des "Men in black", ce groupement mystérieux qui fait tout pour éviter que les braves gens se rendent compte du fait que leur planète est envahie en permanence d'aliens... Non, ce sera inutile. En revanche, le ton qui s'en dégage est intéressant, permettant de rebondir sur la société Américaine contemporaine, sur la gestion de la différence (la première scène voit les MIB intervenir pour saboter une rafle anti-clandestins à la frontière Mexicaine, après tout), et le tout sans jamais donner le moindre crédit à une quelconque thèse conspirationniste: Men In Black reste une comédie de bout en bout, que nul ne pourra jamais prendre pour argent comptant.

Ouf.

Donc, Sonnenfeld: il s'amuse comme un fou, trouve constamment le bon rythme, avec un sens du cadrage et de l'économie, qui lui viennent en droite ligne de son idée de la comédie: sa façon d'utiliser les différentes couches d'un plan sont un héritage de Buster Keaton, comme le fragile équilibre entre le jeu à froid des uns, et les soudaines embardées du jeu des autres, qu'il aime à distiller au compte-gouttes: c'est à ce titre que Will Smith, pour une fois, est bon. Le montage est serré (Et même un peu trop parfois, tant on a le sentiment que Sonnenfeld déteste s'embarrasser de scènes inutiles) et sans temps morts. Le résultat est un manifeste de comédie, dont on pourra se plaire à égrener les temps forts: l'arrivée d'un alien dans une ferme, en un seul plan, l'anecdote du "costume d'Edgar", le chien, et le fameux accouchement qui dégénère en arrière-plan pendant que l'avant-plan nous montre une conversation banale... Un seul moment  regretter selon moi: un embryon de conversation sérieuse entre Smith et Jones qui ne s'imposait pas. Tuée dans l'oeuf, elle ne gâche pas le film...

Et du même coup, Men In Black devient le film dans lequel Sonnenfeld aura su résumer son projet et son efficacité, tout en se situant exactement là ou il souhaitait être: après les comédies fantastiques The Addams family et Addams family values, après la comédie moderne For love or money et le faux noir pour rire Get Shorty, avant la récupération d'une série western Wild wild west, les retours à Men In Black (II et 3)les comédies familiales RV et Nine lives, ou le très malchanceux Big Trouble faisant feu de tout bois pour faire rire, Sonnenfeld est un militant de la comédie populaire, un petit soldat de l'entertainment, qui a eu le bon goût permanent de ne jamais trop se prendre au sérieux, et de faire son boulot avec une efficacité redoutable.

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Published by François Massarelli - dans Barry Sonnenfeld
14 juin 2017 3 14 /06 /juin /2017 08:57

Suite du premier film, pour laquelle on prend les mêmes et on recommence. C'est selon, en fait: soit on considère que dans l'exercice périlleux des suites, Sonnenfeld s'en est bien tiré en jouant la carte du jusqu'au boutisme sur l'oncle Fester (Confronté à la joie de l'amour, mais aussi et surtout à des risques sérieux) et sur Wednesday et Pugsley, les deux enfants Addams (Confrontés quant à eux d'une part à l'arrivée dans eur vie d'un petit frère, mais aussi à la réalisation qu'une intrigante veut supprimer leur oncle): du coup, il réussit à prolonger le premier film et l'univers de Chas Addams, tout en développant quelques contours... Soit on considère que le film ne s'imposait pas et n'est, en dépit d'une prestation hilarante de Joan Cusack, pas un renouvellement profond de tout ce qui était déjà dit dans le premier film. 

L'intrigue: Un nouveau né entraîne l'engagement d'une nourrice mais on confie le poste à une serial-killeuse, attirée par les millions de Fester Addams. Ils se marient, et elle essaie de le supprimer, pendant que les deux enfants, qui ont été placés dans un camp de vacances sur les conseils éclairés de la nourrice, vont en faire baver à leur moniteurs et leurs atroces camarades de jeux, tous terriblement blancs, blonds et Républicains... en fait presque tous.

Et c'est dans ce dernier aspect que Sonnenfeld s'amuse le plus: confronter Pugsley et Wednesday à la normalité révoltante des (Autres) enfants de riches, l'inspire... et il montre de quelle façon les laissés-pour-compte dans ce camp terrifiant seront les minorités, dont les handicapés et les obèses (Avec les noirs, les asiatiques, les Juifs et les indiens) font bien sur partie! Un portrait de comédie, mais qui tranche sur le climat consensuel ambiant. D'ailleurs dans ce film profondément idiot mais toujours aussi rigolo, on tente, de sang-froid, de tuer un enfant! Certes, il a de la moustache, et il boit des cocktails dans on biberon, mais quand même...

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Published by François Massarelli - dans Comédie Barry Sonnenfeld
11 juin 2017 7 11 /06 /juin /2017 09:07

Si on juge un metteur en scène à son premier film (Ce qui n'a rien d'idiot, après tout: prenez Welles et Citizen Kane!) Sonnenfeld apparaît définitivement comme celui qui ne fait rien comme tout le monde, avec une oeuvre extravagante et totalement burlesque, dont les censeurs, et autres maniaques du classement logique, ne doivent pas savoir quoi faire: le mauvais goût y est omniprésent, élevé glorieusement au rang d'ingrédient essentiel. Le comportement psychopathique de ce petit monde, et son installation au coeur de notre société sont la clé d'une histoire de toute façon impossible. Bref, c'est du cinéma qui joue à fond son rôle de ne pas refléter la réalité, et le fait avec un humour féroce et permanent.

...Et très drôle: le grand mérite de Sonnelfeld, qui le fera aussi après tout pour son Men In Black, c'est d'avoir aussi bien repris l'univers existant de Charles Addams, auteur des cartoons originaux, et de la série télé cheap des années 60, que créé sa propre vision en extrapolant tous les aspects les plus variés de ces personnages. Et tous les systématismes du film deviennent de précieuses pépites: les talents les plus multiples (Danse, escrime) de Gomez Addams (Feu Raùl Julia), sa manipulation des langues latines, les phrases en deux temps de Morticia Addams (Anjelica Huston) qui assènent en permanence la différence entre la famille et le reste de l'humanité, ou encore Lurch (Carel Struycken) et son allure tirée du monstre de Frankenstein.

Là où le metteur en scène a fait fort, c'est sans doute en confiant un rôle à Christina Ricci. Je pense d'ailleurs que c'est son meilleur! La jeune fille (Dix ans à l'époque) adopte instinctivement ce style de jeu absolument dépassionné qui sera la marque de fabrique du réalisateur, contrastant fortement avec le cabotinage phénoménal demandé à un des acteurs les plus excessifs au monde: Christopher Lloyd qui interprète le personnage de l'oncle Fester, ou du moins un imposteur se faisant passer pour lui...

Rappelons donc puisque je viens d'y faire allusion, l'intrigue du film: la très riche famille Addams, qui habite une immense et bien glauque maison, vit tranquille, absolument pas intégrée dans sa petite communauté, et chacun passant les journées à accomplir une série de tâches parmi lesquelles magie noire, torture, et autres bizarreries font toutes bon ménage. Les enfants jouent à se tuer mutuellement, et les adultes, Gomez et Morticia, s'aiment au point de se séduire en permanence, au mépris de ce qui les entoure. Mais il y a une ombre au tableau: le frère de Gomez, Fester, a disparu vingt-cinq années auparavant, pour ne jamais plus donner signe de vie, suite à une querelle. Un avocat véreux (Dan Hedaya) qui souhaite mettre la main sur la fortune des Addams, découvre un sosie (Christopher Lloyd, et un stratagème se met en place...).

Sonnenfeld souhaitait qu'il ne soit jamais clair si Lloyd était bien Fester, fin de donner à ce dernier une dimension plus mythologique, et sans doute afin d'asséner au spectateur l'idée que même si c'était un imposteur, la vie des Addams le séduisait tellement qu'il devenait son personnage! Cette impression reste un peu dans le film fini, mais peu importe: le film est une suite de décalages bouffons, de gags visuels et d'étrangetés parfois un peu inabouties, mais toujours extrêmement drôles. Et Sonnenfeld, qui était auparavant un chef-opérateur et non des moindres, s'est volontiers surpassé au niveau visuel: regardez de quelle façon il s'est débrouillé en toutes circonstances pour éclairer Anjelica Huston exactement comme si un rayon de lune lui éclaboussait le visage, et ce, en tout lieu et en toutes circonstances... bref, ne cherchons ni à la classer, ni à essayer d'y trouver de la logique et du raisonnable, et d'ailleurs, à quoi bon?

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Published by François Massarelli - dans Comédie Barry Sonnenfeld
26 mars 2017 7 26 /03 /mars /2017 13:59

Barry Sonnenfeld n'est pas Billy Wilder. C'est une évidence, mais il ne faudrait pas non plus passer à coté de lui: le metteur en scène, qui était au départ un talentueux directeur de la photographie, a un style, une obsession même, celle de réaliser des scènes qui renvoient à la comédie pure, celle de la juxtaposition burlesque. Il a non seulement expérimenté à peu près tous les styles actuels de comédie en y injectant son grain de sel personnel, mais il a aussi su créer une franchise qui allie grosse artillerie et humour visuel loufoque, en obtenant le succès par dessus le marché, et créé (entre autres) une série fabuleuse qui est hélas passée à la trappe des télévisions pour cause d'originalité, Pushing daisies. Autant de raisons pour aller fouiller parmi les recoins d'une filmographies en grand danger de devenir une simple TVgraphie...

For love or money est un film qui renvoie partiellement à The apartment, sans qu'on sache vraiment si c'est volontaire: Doug (Michael J. Fox) est le concierge du Bradbury, un hôtel de luxe, et il est très populaire auprès des clients: et pour cause! Il leur fournit ce dont ils ont besoin, en permanence, et il n'oublie jamais rien ni personne... Mais en dépit de son succès professionnel, Doug a des rêves: d'une part,il désire se lancer dans un projet de rénovation d'un bâtiment pour en faire un hôtel de rêve, à Manhattan; d'autre part, il souhaite séduire une employée de l'hôtel, Andy (Gabrielle Anwar)... Ce qu'il ne sait pas, c'est que les deux rêves vont se mélanger l'un et l'autre, de façon inattendue: il trouve un partenaire idéal pour son projet, en la personne d'un milliardaire britannique et pompeux, mais apprend très vite que cet homme, richissime, marié et père de famille, est l'amant d'Andy... Pire: il doit souvent subir l'humiliation d'occuper la maîtresse de son futur associé, et lui mentir pour excuser l'absence de son amant; comme il souhaite que son plan aboutisse, Doug va donc s'exécuter, mais pour combien de temps?

Ceci est le troisième film, et l'un des plus obscurs, de Sonnenfeld. Coincé entre les deux cartons successifs de Addams Family et Addams Family values d'une part, et les succès confirmés de ses deux films suivants, Get Shorty et Meninblack d'autre part, il est tout bonnement oublié. C'est dommage, même si on comprend un peu le désamour du public, devant un film qui tient beaucoup de la comédie romantique traditionnelle, sans la touche particulière, mélange de burlesque visuel et de comédie froide, qu'on associe le plus souvent au réalisateur. Non qu'il n'y ait de gags visuels, loin de là, mais c'est toujours relégué à l'arrière-plan. Et si le film reste difficilement plus qu'un agréable divertissement, le metteur en scène s'est ingénié à placer des petites idées saugrenues à l'arrière du champ.

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Published by François Massarelli - dans Barry Sonnenfeld
15 octobre 2016 6 15 /10 /octobre /2016 11:25

Chili Palmer (John Travolta) est un prêteur sur gages, qui vit à Miami une petite vie tranquille de gangster "soft", jusqu'au jour où son patron décède, le mettant en danger d'avoir de sérieux ennuis à cause d'un homme auquel il a résisté, Ray Barboni (Dennis Farina). Palmer, à la faveur d'une mission, se retrouve à Los Angeles, et infiltre le milieu du cinéma... Il est très cinéphile, et se décide à sauter le pas: il va devenir producteur... Avec un producteur de série Z, Harry Zimm (Gene Hackman), une actrice qui lui fait les yeux doux (Rene Russo) et un acteur égocentrique, Martin Weir (Danny De Vito), il se lance dans le rêve de sa vie, avec l'optimisme qui le caractérise... Il va évidemment se faire de nouveaux ennemis.

Adapté d'un roman d'Elmore Leonard, qui était tant à la mode à l'époque, Get Shorty est à la fois un succès certain, et un film à la réputation mollassonne, ce que j'ai du mal à expliquer: d'une part, c'est peut-être le film de Sonnenfeld qui ressemble le plus à ce que les frères Coen ont fait dans leur carrière depuis qu'ils se sont attachés à reproduire aussi fidèlement les genres qu'ils parodient. Et Sonnenfeld, justement, était le chef-opérateur des premiers de ces pastiches éclairés. Ici, Sonnenfeld réalise sans doute, avec For love or money, son film le plus, disons, "normal"! Aucun monstre, aucun alien, aucune invention délirante, pas de camping car géant, pas de réincarnation...

Le metteur en scène, passé par la comédie comme chacun sait, maintient un parfait équilibre entre comédie visuelle, comédie de dialogues (avec une mention spéciale pour les répliques de Ray Bones et sa vulgarité assumée!!!), et un portrait ambigu du monde du cinéma. La morale souffrira, mais le fait est que ces escrocs, gangsters et autres margoulins semblent évoluer dans un monde d'où la police est (presque) totalement absente... Et les producteurs, acteurs, cinéastes en tous genres évoluent main dans la main avec des malfrats, tentant parfois de les imiter (Gene Hackman, fasciné par le monde des gangsters  s'essaie au rôle dans une scène hilarante) avec des résultats peu probants... John Travolta est excellent dans le rôle de Chili Palmer, le cinéphile qui semble ne jamais devoir avoir le moindre pépin. On appelle ça la force tranquille... Sa gentillesse paradoxale nous permet de garder l'impression que tout ceci n'est qu'un film de gangsters pour rire...

Sauf que pour moi il se fait constamment voler la vedette par Dennis Farina, dans le rôle sublime, une vraie synthèse de l'art du comédien, de Ray Barboni dit Bones, mafieux de la vieille école au verbe à la fois haut et très bas ("Fuck you, fuckball!"), au front tout aussi bas, et aux chaussettes antiques dans des mocassins en croco qui trahissent quelque peu son statut professionnel, ainsi que son mauvais goût absolu...

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Published by François Massarelli - dans Barry Sonnenfeld Noir Comédie
17 août 2011 3 17 /08 /août /2011 19:17

Un jour, Barry Sonnenfeld était l'un des hommes les plus importants à Hollywood, réalisateur de 4 succès énormes consécutifs: The Addams family, Addams family values, Get shorty, MenInBlack. Puis vint l'excès: Wild wild west, film moins réussi (En dépit de moments de grâce burlesque), qui ne répondait pas aux attentes du public, ou de sa star, Will Smith. Depuis, en dépit d'un MIB2 plutôt réussi, plus rien, ou presque. Et pourtant le monsieur a continué à tourner, sans jamais cesser de diriger ses acteurs en les rendant les plus froids possible, n'exprimant d'émotion que si on ne peut pas faire autrement. Big trouble raconte une soirée durant laquelle tout se goupille très mal pour:

 

-un ex-journaliste divorcé, reconverti en publicitaire

 

-deux tueurs vaguement bêtes venus à Miami pour un contrat , et qui sont très vite allergiques à Miami en raison du nombre hallucinant de tuiles qui leur tombent dessus

 

-un conservateur Républicain ultra-méchant trafiquant d'armes à ses heures, et amoureux de Xena (la princesse guerrière, oui, oui)

 

-deux délinquants locaux imbéciles au QI rétro-actif

 

-deux Russes corrompus (et forcément trafiquants d'armes)

 

-l'épouse du Républicain

 

-la fille de l'épouse

 

-le fils du journaliste , camarade d'école de la précédente

 

-un hippie sans abri fan de Fritos

 

-une bonne Hispanique victime de harcèlement sexuel, amoureuse du précédent qu'elle prend un peu pour Jésus

 

-un crapaud hallucinogène

 

-quatre chèvres

 

-un chien très stupide: attention, chien crétin!

 

-deux policiers, une femme et un homme dragueur et lourd

 

-une bombre nucléaire

 

et enfin, un gros con.


Le tout dans une intrigue qui a l'air improvisée au fur et à mesure, et en 82 minutes.
C'est une merveille. Hélas! le film a été tourné avant, et distribué après le 11 septembre 2001, et cette histoire de comédie débridée qui joue avec une prise d'otages armée à la bombe a forcé Disney à ne pas faire la moindre publicité pour le film...

 

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Published by François Massarelli - dans Comédie Barry Sonnenfeld