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Chicago, à la fin des années 60: Bill O'Neal (Lakeith Stanfield), un voyou qui vient de se faire pincer à voler des voitures (18 mois) en se faisant passer pour un agent du FBI (5 ans) est poussé par l'agent fédéral Roy Mitchell (Jesse Plemons) à accepter un boulot d'infiltration des Black Panthers, le parti afro-américain qui monte, et qui inquiète énormément J. Edgar Hoover (Martin Sheen): en particulier, O'Neal devra surveiller les agissements de Fred Hampton (Daniel Kaluuya), un leader charismatique qui inquiète les autorités par son pouvoir à galvaniser les foules, et fédérer les ennemis; en effet, l'un de ses exploits sera de réussir à unir les Panthers avec un groupe noir radical de Chicago, les Crowns, mais aussi de se rapprocher des groupes Puerto-Ricains et même des Young Patriots, un groupe de protestataires essentiellement composés de blancs (et regroupés derrière un drapeau Sudiste!)...
Comme toujours avec ce genre de film, l'écueil serait de se contenter de proposer une leçon d'histoire, car bien sûr cette intrigue est, essentiellement au moins, authentique. Fred Hampton, assassiné en 1969 à l'âge de 21 ans, était effectivement un impressionnant leader, et le coup de génie a été de le saisir, ici, non seulement dans la fougue de sa jeunesse, mais aussi dans ses contradictions, affirmant la nécessité d'une révolution brutale un jour, et pointant du doigt l'importance d'un travail social de fond, qui restait la principale activité du parti des Black Panthers jusqu'à sa disparition. On aura pourtant, essentiellement un seul point de vue, celui du "judas" du titre, à savoir Bill O'Neal, dont le destin particulier nous sera aussi rappelé à la fin.
L'intrigue est linéaire, d'une grande clarté, et repose sur un groupe d'acteurs fantastiques, dont bien sûr Jesse Plemons en éternel vague doublure de Matt Damon, qui prête sa bonhomie apparente à la roublardise d'un personnage de témoin qui est d'une grande richesse. Lakeith Stanfield, le Candide qui se prend au jeu de la radicalité politique qu'il est supposé miner de l'intérieur, délivre une belle performance, mais celui qui reste le plus fascinant, c'est bien sûr Daniel Kaluuya, qui prête une immense force, et une ferveur impressionnante à un leader plus que convaincant. Il nous rappelle ainsi qu'il a interprété un autre orateur génial dans un épisode de Black Mirror.
La mise en scène, largement inspirée du cinéma des années 70 (je sais, c'est un cliché, mais au moins ça fait plus qu'efficacement le travail!), va droit au but, sans se disperser: on est, de toute façon, plus au coeur de l'action, dans une situation rendue de nouveau pertinente par le mouvement Black Lives Matter, que devant une leçon d'histoire. Même si...
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