1929: Tom Mix (Bruce Willis) tourne western après western pour son producteur (Malcolm McDowell). Celui-ci lui impose d'incarner le célèbre Wyatt Earp dans un nouveau film, pour lequel il engage un conseiller technique particulier, rien moins que le marshall de Tombstone (James Garner) lui-même. Le courant passe très bien entre le vrai et le faux cow-boy, qui vont assez rapidement devoir élucider un crime inattendu...
C'est, selon les envies et les humeurs, soit une idée génialement inattendue, soit une intrigue qui mélange tout jusqu'à l'intoxication: évocation du vieil Hollywood, western, film noir, buddy-movie, comédie... Dans les deux cas on aurait trouvé du bonheur. Pas ici, hélas... Edwards s'amuse occasionnellement, mais choisit le plus souvent la voie d'un pastiche sage, et débouche sur un film qui ne provoque que l'ennui et l'indifférence. Les personnages sont réduits à des enveloppes vides, Bruce Willis le premier... Je vous rends un service: c'est Malcolm McDowell le méchant.
Indéfendable? Peter Sellers est mort en 1980, soit environ 18 mois avant la sortie de ce film, qu'il n'a en fait jamais tourné: sa participation a été ajoutée à un script taillé pour les circonstances, et la source était tout simplement un excédent particulièrement important de scènes tournées pour The Pink Panther strikes again en 1976... Confronté à la mort de son complice, Blake Edwards aurait pu tout simplement laisser tomber, mais en lieu et place, il a choisi de faire fructifier l'héritage, ou du moins de tenter, car ce film a été un échec commercial.
Il est divisé en trois parties: une "nouvelle enquête", tout d'abord, basée sur les scènes tournées mais coupées du montage final de Strikes again, voit Jacques Clouseau confronté une fois de plus à un vol du plus rose de tous les diamants. C'est décousu (pour commencer il est évident que Sellers est ici échappé d'un autre film) et il convient de se rappeler que ces scènes ont été coupées, donc sans doute considérées comme pas terribles... Je le confirme.
Une deuxième partie voit Clouseau disparaître, et une journaliste (Joanna Lumley) mène l'enquête: elle interroge notamment Dreyfus (Herbert Lom), Cato (Burt Kwouk), sir Charles Litton (David Niven), permettant de se servir dans les scènes notables de la filmographie de la franchise, en guise d'illustration aux flash-backs.
Enfin la troisième partie nous propose un épaississement du mystère: un parrain Provençal tente de faire pression sur la journaliste afin que Clouseau reste disparu, et elle interroge en toute fin le père du grand policier, ce qui donne lieu à un flash-back inepte sur la jeunesse de Jacques Clouseau (et à une scène de nudité particulièrement inutile et malvenue). Et le film se termine sur un déloyal et crétinissime point d'interrogation: Clouseau reviendra-t-il?
Ma réponse est non, car Peter Sellers est mort: une première fois en juillet 1980, puis une deuxième fois, avec ce film.
George Webber (Dudley Moore) a tout pour plaire: il est compositeur et forme sans doute depuis de nombreuses années un duo inséparable avec un parolier, il vit à Beverly Hills et roule en Rolls, et il fait à peu près ce qu'il veut. Et pour couronner le tout, il a une petite amie formidable, Samantha (Julie Andrews), chanteuse et aussi Britannique que lui, qui garde une part de son indépendance et donc lui laisse une part de la sienne. Alors dans ces conditions, qu'est-ce qui ne va pas, puisqu'on ne peut pas faire de film avec du bonheur?
Réponse: il a 42 ans, et pour lui ça sonne comme le début de la fin. Il a un voisin qui passe son temps à partouzer et George a pris l'habitude de l'observer à travers une lunette astronomique. Et surtout, surtout, George a perdu la tête en croisant une femme parfaite, en robe de mariée, qui se rendait à l'église. Sur une échelle de 1 à 10, il classerait Jenny (Bo Derek) à 11... C'est le début d'une obsession de midi qui ira très loin, jusqu'au Mexique.
Au beau milieu de la production pléthorique (et excessive) des derniers films "Pink Panther" de Peter Sellers, Edwards a mis aussi en chantier des films personnels et assez volontiers autobiographiques. D'ailleurs, honnêtement, ce George à succès, reconnu mais irritable, pas marié à Julie Andrews mais c'est tout comme, c'est quand même un peu lui, non? Dudley Moore a beau tout faire pour jouer le personnage aussi près que possible de lui-même, il n'en ressemble pas moins à un Blake Edwards avec 20 cm de moins...
C'est, je pense, le film définitif sur cette maladie de gens riches qu'est le démon de midi, trempé dans du vitriol et assaisonné d'une solide dose d'humour et d'un je-ne-sais-quoi de relatif à cette impressionnante habitude qu'ont les Américains de se faire psychanalyser. Et justement, Julie Andrews et Blake Edwards se sont rencontrés chez leur psychanalyste commun. Comme quoi on y revient toujours... D'ailleurs, l'actrice est formidable dans ce film où elle n'a aucun mal à jouer son propre rôle, beaucoup plus en tout cas que dans S.O.B. qu'elle tournera avec Edwards trois ans plus tard.
Il y a eu une époque durant laquelle on reprochait au cinéaste de mélanger les genres... Pas tant dans The pink panther que dans Breakfast at Tiffany's, dans lequel les touches (pourtant discrètes) de comédie burlesque ont fait grincer quelques dents au milieu d'un concert de louanges. 10 prouve que Edwards n'a pas changé d'optique, et avec le concours de Dudley Moore, se livre dans cette comédie de moeurs grinçante à quelques exercices de slapstick millimétrés. Bref: que du bonheur. Avec Victor, Victoria, Blake Edwards et son épouse allaient confirmer cette forme exceptionnelle...
S.O.B. vient bien sûr d'abord de son of a bitch, une expression triviale qu'il est probablement inutile de traduire ici. Mais dans le film, se trouve une autre interprétation de l'acronyme quand un personnage décrit une situation particulièrement embarrassante comme étant un Standard Operational Bullshit. Et le film nous conte en effet une situation particulièrement épineuse, qui ne fait qu'empirer à chaque minute...
Mais d'abord, il me semble qu'il faut évacuer quelque chose: la réputation ou la gloire d'un film tient parfois à peu de choses... Ce film est aujourd'hui surtout réputé pour être celui dans lequel Julie Andrews, l'actrice qui possède sans doute la plus belle image de sainte-nitouche de toute la création, montre une partie de son anatomie. Et tant qu'à faire, elle le fait en interprétant une actrice dotée d'une solide image de sainte-nitouche, qui doit justement se dévêtir pour un rôle... Tiens donc.
Justement: Julie Andrews est l'épouse de Blake Edwards, et à ce stade a interprété quatre rôles pour son mari: Darling Lili en 1970, puis The Tamarind Seed en 1974, et enfin un rôle d'épouse potentiellement trahie dans 10(Ten) en 1979. Et le metteur en scène a cette fois décidé de se lancer dans un film qui sans être autobiographique, est quand même bien proche de lui sur bien des points...
Le producteur Felix Farmer (Richard Mulligan) finit un film, avec son épouse Sally Miles (Julie Andrews): une comédie musicale, qui a sa sortie est conspuée partout, par les studios, la presse et le public. Farmer est en pleine dépression, son épouse décide de partir du domicile conjugal avec les enfants et de profiter de la situation pour se lancer dans une opération de divorce, et le metteur en scène n'a plus qu'à se suicider. Seulement, c'est semble-t-il plus facile à dire qu'à faire... Devant ses tentatives répétées, les propriétaires de Capitol Films dépêchent un groupe de mercenaires du métier afin de temporiser et de sauver le studio: le metteur en scène Tim Culley (William Holden), qu'on a déjà chargé d'une mission de sauvetage du film encombrant, et un médecin prêt à tout (Robert Preston) sont du voyage.
Mais au lieu de se tuer, Felix émerge de l'expérience gonflé à bloc: il vient d'avoir une idée pour sauver son film. Il va en faire une comédie musicale pornographique, et demander par-dessus le marché à sa tendre épouse de se déshabiller... alors commence une lutte de pouvoirs autour d'un cadavre encombrant de film qui, décidément, bouge encore...
Tout ici semble renvoyer à une certaine idée du studio de cinéma tel qu'il existait dans les années 70, avant que le cinéma indépendant n'ait la peau de cette image. Edwards règle clairement ses comptes avec la MGM et la Paramount, dont il se rappelle les déboires eu moment de tourner et d'achever ses films consécutifs Darling Lili (un désastre financier, dont le final cut a été confisqué par la production), Wild Rovers (Remonté derrière le dos du metteur en scène) et The Carey Treatment (Montage enlevé des mains d'Edwards)... Le film n'a pourtant que très peu un goût de vengeance, car chacun y va de son auto-dérision. S'il est évident que Richard Mulligan (Surtout avec cette coupe de cheveux!) joue à être une sorte de vision déformée d'Edwards, que penser de l'extraordinaire prestation de Julie Andrews?
...En même temps, c'est Julie Andrews.
Mais voilà, même en réglant ses comptes, il y a deux façons dont une comédie de Blake Edwards peu fonctionner: la réussite ou le désastre. C'est heureusement la première solution qui se joue sous nos yeux, avec sans doute le cocktail le plus complet des éléments de son univers qu'il m'ait été donné de voir: gags visuels taillés pour l'écran large, accidents méchants (un doigt mordu, un homme qui traverse un plafond, et ce pauvre Larry Hagmann qui se prend une voiture hors champ et finit en fauteuil roulant... Et puis une party hollywoodienne finit en orgie, des drogues s'échangent, et les excès de langage et de jeu au-delà du naturel se suivent à la pelle. Bref, on rigole... Le fait est qu'en plus Edwards a rassemblé un casting incroyable pour son petit règlement de comptes: Marisa Berenson, Robert Vaughn, Shelley Winters par exemple complètent la liste des déjà mentionnés...
...Jusqu'à un certain point, car Edwards, qui n'a pas oublié de mettre un petit élément perturbateur dans ce jeu de massacre (Un type qui meurt sous nos yeux au début du film, et qui va rester couché sans vie sur une plage dans l'indifférence totale) n'a pas oublié qu'à Hollywood, le succès ou la réussite ne sont pas conditionnées par le fait qu'une personne qui le recherche doit rester vivant. Un film finit par être un jouet dans les mains des actionnaires, des financiers, des patrons de studio, des avocats, etc... Il choisit donc de tuer son personnage potentiellement principal au terme d'une cavale absurde, et de continuer son film sans lui, pour aller jusqu'au bout de la farce macabre.
Et là, ça devient irracontable, mais disons qu'il y a quand même des funérailles viking.
Car au départ, ce film ne se serait jamais fait comme on peut le voir aujourd'hui: une comédie policière ultra-light, dans laquelle le héros interprété par David Niven est un bandit international, un Arsène Lupin avec moins de morale et beaucoup de sex-appeal, spécialisé dans le vol de bijoux du grand monde. L'intrigue le voyait hésiter entre deux femmes, une femme mariée avec laquelle il avait combiné bien des coups, et une de ses victimes, une princesse d'un royaume lointain, dépositaire d'un diamant fameux entre tous...
De fait, l'intrigue n'est pas loin de ressembler à ça dans le film tel qu'il a été conçu. Sauf que...
Dans le concept original, la maîtresse du bandit était mariée à un inspecteur de la Sûreté Nationale, un imbécile inepte, mais qui restait un rôle secondaire. Et celui-ci était supposé être interprété par Peter Ustinov.
Donc quand Ustinov est parti du projet et que le tournage était sur le point de commencer, il a fallu que Blake Edwards trouve un remplaçant le plus vite possible... Enter Peter Sellers.
Et le film prend méthodiquement son temps, se comportant le plus souvent en comédie élégante et légère, avec champagne, parties, et ski à Cortina d'Empezzo en compagnie de la jet-set. Un film qui aurait tout pour être ennuyeux, si on ne sentait dès le départ une volonté délibérée d'en décaler le propos et de faire déraper inéluctablement, d'abord en douce avec l'intrusion du caractère distrait, incompétent, mais aussi sacrément loufoque de Jacques Clouseau. Le générique animé, avec sa Panthère Rose (Allusion au surnom du fameux diamant qui sert de fil rouge), sur la musique fabuleuse de Henry Mancini, puis un petit gag par-ci, un petit gag par là... Puis la situation change.
En effet, plus ça va, et plus l'inspecteur prend de la place, dépasse son destin de personnage secondaire dans le casting pour assumer le devant de la scène... Hum, "assumer" n'est peut-être pas le bon terme! Car Jacques Clouseau, s'il est sûr de sa supériorité (Mais pourquoi???), est bien le seul. Venu à Cortina d'Empezzo sur une intuition (qui d'ailleurs s'avère juste), l'inspecteur ne voit pas ce qui est devant ses yeux, à savoir que la maîtresse mystérieuse du "Fantôme" n'est autre que sa propre épouse interprétée par Capucine.
Et inexorablement, le film se reconstruit sous nos yeux, s'adapte à son nouveau personnage principal, en adopte aussi la loufoquerie fondamentale, le tout culminant dans une scène de bal masqué dans laquelle le surréalisme loufoque et souvent muet prend le pouvoir, contre toute attente! Un bal masqué qui se termine par une course poursuite hallucinante dans laquelle une Jeep conduite par un bouffon et un chevalier en armure (Clouseau sait toujours choisir un costume en toute occasion) poursuivent deux gorilles en voiture individuelle. Le tout sous les yeux éberlués d'un homme d'un certain âge, le genre qui pourrait vous dire qu'il a tout vu, jusqu'à ce jour-là, en tout cas.
Et tout s'éclaire: ce film a été piraté par son propre metteur en scène, qui s'ennuyait tellement sur le tournage qu'il en a détourné le propos en s'alliant avec un génie de l'improvisation loufoque, cantonné à un second rôle, et qui s'ennuyait probablement autant que lui. Edwards, libéré de ses chaînes, a eu en plus le culot d'en tirer un gros succès, et s'est enfin adonné à ce dont il rêvait: un film construit comme un court métrage de Laurel et Hardy: établir lentement, avec soin, une situation logique, patiemment, et... lâcher les lions et les fous. Ca a dû lui faire un bien fou, et le film est splendide, car il se bonifie à chaque vision.
Et il est loin de ce que feront Sellers et Edwards du personnage, dans la série de films qui suivront: un appauvrissement, à coup de mécanique, de gags récurrents qui peuvent irriter, et d'un langage massacré qui est un procédé indigne. Tous les films réalisés par Edwards avec Sellers (de son vivant, car il y a eu une sacrée faute de goût, un film posthume qui est tout bonnement indigne) ont bien sûr un petit je-ne-sais-quoi de sympathique, mais celui-ci est dans une classe à part, comme tous les films contemporains de Blake Edwards.
Pour la troisième fois consécutive, après Wild rovers (Western) et The Carey Treatment (plus ou moins un film noir à la sauce hospitalière et sentimentale), Edwards ne tourne pas de comédie. Mais le pedigree de ce film est difficile à définir; le fait d'échapper au burlesque qui a fait la renommée de l'auteur de The Pink Panther et The Party n'empêche absolument pas l'ironie mordante, pas plus qu'un romantisme un brin triste, apporté ici essentiellement par le personnage de Julie Andrews, qui tourne pour la deuxième fois avec son mari...
Elle y interprète une jeune veuve Anglaise, Judith Farrow; son mari est mort quelques années auparavant dans un accident de voiture qui la hante, et elle sort d'une histoire compliquée et peu glorieuse: elle travaille pour le ministère de l'intérieur, et elle a eu une liaison avec un sous-fifre de son ministre. En vacances à la Barbade elle est accostée par un homme, en vacances lui aussi. Fedor Sverdlov (Omar Sharif) est un attaché militaire à l'ambassade d'URSS à Londres, et ne s'en cache d'ailleurs pas. Il va jusqu'à dire à Judith qu'une fois revenu en Angleterre, il prétendra essayer de la convertir a marxisme-léninisme afin de pouvoir continuer à la voir sans éveiller de soupçons auprès de sa hiérarchie.
Une fois Judith revenue à Londres, elle va effectivement revoir Fedor, sous une haute surveillance, non seulement des services secrets Russes, mais aussi du ministère; en effet, le ministre de l'intérieur semble particulièrement s'intéresser à cette affaire. Du coup, l'idylle devient un enjeu particulièrement important dans les relations internationales... Ce qui n'empêche pas les réticences de Judith: elle accepte de revoir Fedor, mais cotinue à repousser ses avances.
Dans The great race, on se rappelle comment Tony Curtis, engagé dans une course sous les yeux du monde entier, prenait la décision soudaine de tout arrêter afin de prouver son amour à Natalie Wood; de même, Lili (Julie Andrews) dans Darling Lili perdait son patriotisme pour les beaux yeux de Rock Hudson, et Peter Carey (James Coburn) dédiait dans The Carey Treatment à peu près autant de temps à son couple avec Jennifer O'Neill, qu'à son enquête pour meurtre. Pour Blake Edwards comme pour HItchcock, un film se doit d'obéir à un commandement: "boy meets girl"! Et ce film élégant, voluptueusement lent et méthodique ne nous raconte pas autre chose.
A l'âge atomique, alors que les rapports internationaux, surtout s'ils impliquent la Russie, se compliquent dangereusement, le metteur en scène nous raconte donc une histoire d'amour, rendue d'autant plus charmante qu'elle attendra longtemps avant d'avoir une réalité physique (ce qui la différencie considérablement du reste du monde, d'ailleurs, la coucherie étant ici souvent la forme la plus simple mais aussi la plus directe de compromission, de corruption et de duperie)... Son couple est finalement un vrai couple de cinéma à l'ancienne, qui évolue dans un monde qui ne semble pas les toucher.
Une fois de plus, on a le sentiment qu'Edwards a un peu trop facilement fait passer la forme avant le fond (Ce que confirme un générique signé du maître du genre, Maurice Binder), mais il le fait avec une vraie sensibilité, et avec des acteurs en majorité Britannique qui ne s'en laissent pas compter. Une quasi-réussite, donc.
Avec ce film, je pense qu'on peut vraiment parler soit d'un incompréhensible caprice un rien embarrassant, ou éventuellement d'un acte de foi! Blake Edwards, établi grâce à une série de succès certifiés et planétaires (Breakfast at Tiffany's, The Pink Panther, The Party...), s'est senti obligé de marquer son époque en reprenant les rênes d'un genre dans lequel on ne l'attendait certes pas! Et le western, en 1971, ne va pas bien, alors s'imaginer que ce film mal fichu allait le régénérer, ce serait bien naïf.
Non que le film n'ait pas la moindre qualité, mais... D'une durée initiale paraît-il excessive (on parle parfois de trois heures, pour la version qu'Edwards a donné à la MGM comme étant le film à sortir!), et une fois ramené à un peu plus de deux heures, le film s'attache à nous montrer l'équipée plus ou moins picaresque de Frank et Ross, deux cow-boys employés sans histoires dans un ranch du Montana, qui soudainement, sont pris d'un coup de folie, et volent l'argent contenu à la banque dans une action qui n'a rien d'éclat. Ils s'enfuient ensuite vers le Mexique, poursuivis par un posse constitué essentiellement des fils du propriétaire du ranch qui employait les voleurs.
...Et c'est tout. Beaucoup de temps morts, de digressions, sous forme le plus souvent de discussions entre les deux bandits improvisés, le jeune écervelé (Ryan O'Neal) et le vieux sage (William Holden), ce dernier ne ratant pas une occasion de rappeler qu'il est plus âgé, donc plus expérimenté, plus sage et plus intelligent en tous points que son collègue... Le reste de la distribution est certes très western-compatible, et on y verra en particulier Tom Skerritt interprétant l'un des deux fils qui poursuivent les deux voleurs, et Karl Malden, en propriétaire terrien impeccable comme d'habitude. Ah, oui, je m'en voudrais d'oublier Rachel Roberts qui compose un personnage inoubliable de tenancière de bordel.
Mais une fois qu'on constate que Blake Edwards, profitant de l'allègement conséquent de a censure à cette époque, a livré un western dans lequel on appelle un chat un chat, et dans lequel on fornique, on boit, et on urine à tout va, le reste du menu est d'un classicisme sans relief. Si ce n'est que j'ai fait exprès de ne pas utiliser les mots "hold up" ou "cambriolage", puisque le braquage de la banque ne ressemble à rien de connu, et donne une série de scènes assez enlevées. Mais d'une certaine façon, le choix de passer par les figures imposées du western ne fait que souligner la médiocrité du film.
Bon, soit: les paysages et le Scope valent le détour, mais pour le reste... Et Blake Edwards, qui envisageait un coup d'éclat après l'accueil très froid fait à Darling Lili, a du composer avec des studios (Surtout la MGM qui ne digérait pas du tout ce film-ci) bien décidés à lui mettre des bâtons dans les roues.
Un meurtre compliqué à résoudre pour la PJ, et hélas, il leur fait demander à nouveau à l'inspecteur Clouseau de s'en occuper... Un an après ses lamentables aventures autour du vol de la fameuse "Pink Panther", il n'a pas changé... Quoique si: il est pire.
Pour sauver du désastre un film policier dans lequel il est amené à interpréter un rôle, Peter Sellers appelle son copain Blake Edwards à la rescousse, et... c'est le retour de l'inspecteur Clouseau, débarrassé (Mais ce n'est que momentané...) de l'ombre gigantesque de l'animal rose qui a fait la gloire du premier film du tandem. Cette fois, sans l'obligation de faire semblant de réaliser un film normal, Sellers et Edwards s'en donnent à coeur joie, et cassent tout, y compris l'intrigue. C'est aussi le début de la redondance, toutefois, avec un univers qui finira par irriter: Kato et ses interventions intempestives, l'accent de Clouseau qui déraille, les déguisements idiots. En attendant que ça devienne de sales manies, c'est encore drôle...
Et surtout il y a Dreyfus, victime nerveuse de la seule présence de Clouseau, le seul personnage qui semble à peu près conscients de l'inanité totale de son inspecteur. Herbert Lom, prié de ne jamais faire dans la subtilité, y trouve peut-être le rôle de sa vie. Et les variations multiples sur les désastres physiques causés par son irritation grandissante à l'égard de son subalterne sont autant de grands moments.
Zack (John Ritter) est un écrivain à succès, mais...il n'a pas le temps d'écrire, ou de quoi que ce soit d'autre: les femmes occupent le plus clair de son temps. A tel point que le film s'ouvre sur une séquence qui voit Zack surpris au lit avec une coiffeuse par... sa maîtresse; puis, durant le règlement de compte qui s'en suit, c'est au tour de son épouse Alex d'intervenir! Celle-ci lui demande donc de disparaître de sa vie, mais Zack s'entête: il est persuadé de pouvoir changer. Pas une mince affaire, quand on sait qu'il le confesse lui même, la monogamie, il n'a rien contre tant que ça ne l'empêche pas de goûter à tout: les poitrines opulentes ou plates, les lèvres discrètes ou pulpeuses, etc... Bref, c'est un obsédé sexuel au dernier degré, et nous suivons la progression de son mal, d'anecdote en anecdote, au cours de ses confessions auprès de ses deux spécialistes favoris: un psychanalyste, et un barman...
Ce film écrit par Edwards souffre du même défaut que, disons, Blind date (1986): une bonne idée de départ et quelques gags superbes et magnifiquement amenés ne font pas un film... Et esthétiquement, nous sommes, à nouveau, en territoire dangereux, les années 80 n'ayant pas été la période la plus heureuse pour ce qui est du style vestimentaire et des coiffures. Alors, une fois passées quelques anecdotes croustillantes, l'ennui s'installe et dure... On retiendra, bien sur, quelques moments anthologiques, quand même: la rencontre avec une body-buildeuse, la scène d'ouverture avec son accumulation, et bien sur le fameux gag des préservatifs fluos... Au-delà, si on veut s'intéresser au démon de midi, il existe un film définitif: 10, de... Blake Edwards!
Le docteur Carey (James Coburn) traverse les Etats-Unis: originaire de Californie, il se rend à Boston pour accepter un poste lucratif. C'est d'ailleurs la motivation qu'il met en avant quand on lui demande ce qui l'a décidé à faire le voyage... Mais sous des dehors cyniques, c'est un homme aux valeurs profondément ancrées, aux méthodes parfois un peu expéditives, mais qui tient à une certaine idée de la justice: lorsqu'une adolescente, victime probable d'un avortement clandestin, meurt dans des circonstances abominables et qu'un de ses collègues probablement innocent est désigné coupable, il va mener l'enquête, et ne va pas s'encombrer des limites de la bienséance... Parallèlement, il a une relation avec une jeune diététicienne, mariée mais séparée, Georgia Hightower (Jennifer O'Neill). Peter Carey tente de concilier ses exigences professionnelles, une enquête qui lui prend du temps et de l'énergie, et une vie sentimentale tumultueuse...
On suit leDocteur Carey, dans une arrivée qui détonne avec la tranquillité parfois pincée de Boston. James Coburn joue à fond la carte du médecin qui s'est habitué aux moeurs de Californie, et qui provoque partout où il passe une sorte de choc des cultures dont Edwards s'amuse... un peu. Mais ceux qui l'entourent ont effectivement bien besoin d'être décoincés, et on retrouve là une situation qui n'est finalement pas si éloignée de The party qu'on voudrait le dire! Mais les similitudes s'arrêtent là; puisque The Carey Treatment ne va pas plus loin dans la comédie que dans le fait d'ajouter à son intrigue médico-policière un soupçon de comédie sentimentale, comme il le refera d'ailleurs dans The Tamarind Seed.
C'est un film, finalement, essentiellement sympathique, comme on dit. Les efforts répétés de Blake Edwards pour montrer sa versatilité (Réelle), pour sortir de son style de prédilection (Mais pourquoi, enfin?), et pour passer d'un studio à l'autre sont depuis 1968 marqués par les échecs, et aussi par l'ingérence des studios: la Paramount a trituré Darling Lili, ce qui n'a pas empêché le film, mélange de comédie musicale et de comédie sentimentale, d'être un flop; Wild Rovers qui était un western a été là aussi remonté par la MGM, et n'a pas marché... mais pourquoi Edwards est-il revenu à la charge, dans le même studio, pour qu'exactement la même chose lui arrive?
En l'état, ce film ressemble à un petit polar sympathique, marrant, avec une sorte de Docteur Harry Callahan auquel Coburn prête sa séduction naturelle. Le film est donc mineur, mais le metteur en scène a longtemps dit que son film ne ressemblait absolument pas à ce désastre à l'origine. On veut bien le croire, mais en attendant, on se retrouve avec un premier film inspiré de Michael Crichton (qui a écrit le roman sous le pseudonyme de Jeffery Hudson) qui débouche sur pas plus qu'un honnête, inspiré, mais dispensable film de genre.