Porky pig se rend à son travail, où il produit des pneus en caoutchouc. Mais son patron a une règle d'or: pas de chien. manque de chance, c'est justement le jour qu'avait choisi Flat Foot Flookey, son chien, pour l'accompagner au travail.
Le chien, avant peu, aura absorbé du caoutchouc et verra son corps acquérir les possibilités plastiques du matériau. Une série de gags donc liés à la thématique de la déformation, que Clampett (On a envie de dire "exceptionnellement") sait maintenir raisonnables. Et le fait que le patron n'aime pas les chiens (ce qui me le rend évidemment sympathique, mais c'est une digression inutile) va déboucher sur une autre série de gags mémorables.
Le film est excellent, et il est dommage que le chien n'ait pas été repris ça et là, il est gentiment, mais sûrement, loufoque. Notons qu'il est tellement plastique, qu'il se transforme en Edward G. Robinson, ou Clark Gable, et que son nom est une autre allusion transparente à la culture populaire, et au succès contemporain des jazzmen rigolos Slim Gaillard et Slam Stewart, The flat foot floogie (1938)
Poursuivant sa longue quête de la déconstruction du héros sans intérêt qu'est Porky Pig, Clampett lui donne le second, voire troisième, rôle dans un western de série B... Basé sur le personnage du Lone Ranger, le justicier masqué archi-connu des spectateurs Américains qui en suivent les aventures depuis 1933... à la radio. Une preuve s'il en est besoin que décidément le metteur en scène est fasciné par la culture populaire sous toutes ses formes, mais on n'avait pas besoin de le prouver: chaque film réalisé sous sa supervision regorge d'allusions attendries... A ce sujet, parmi les bandits recherchés, on remarque un inquiétant Cob Blampett.
C'est donc avec une voix off omniprésente, qui d'ailleurs deviendra la cible d'un bandit, qu'on nous raconte les exploits idiots de The lone stranger, le justicier caché sous son masque, et toujours accompagné de son cheval Silver (dont le film nous révèle qu'il s'agit en réalité d'une jument...). Et Porky dans tout ça? Eh bien, il conduit une diligence qui est attaquée par un bandit, puis pris en otage par celui-ci. Là s'arrête sa contribution à l'aventure...
C'est formidable, sans être forcément aussi révolutionnaire que Wackyland (mais là encore, aucun dessin animé au monde n'est aussi révolutionnaire que ce croisement entre les Looney tunes et Dali!): la façon dont l'intrigue se conduit, tout en étant dynamitée en permanence par les idioties de Clampett et son équipe, qui s'amusent à parodier le style "feuiletonnesque" des aventures du justicier: on demande au public si le "Lone Stranger" va s'écraser dans un ravin, par le biais d'un intertitre bardé de points d'interrogation, par exemple.
Vous vous en doutez, la réponse est évidemment non.
En cette fin 1938, Bob Clampett se retrouve souvent seul à faire fonctionner la machine des Looney Tunes consacrés à Porky Pig... Et il a plus ou moins carte blanche, comme en témoignent plusieurs chefs d'oeuvre: What price Porky en était déjà un; Porky in Wackyland aussi. Et enfin ce film paradoxal, dans lequel le metteur en scène et ses animateurs osent aller loin dans la déformation. Il est quasi irracontable: disons que dans une clinique (Dirigée par le Dr Quack, soit Dr Charlatan), on assiste à des opérations terrifiantes, sabotées par l'assistant Daffy Duck, en mode fou furieux...
Ca se terminera par une vision de Porky Pig (Le patient) et Daffy Duck après leur passage dans un poumon d'acier. Voir photos...
Avec un titre pareil, on se dit qu'on va voir les pyramides, le Sphinx... Eh bien pas du tout. Porky est un touriste qui est arrivé trop tard pour prendre le chameau collectif en direction du "tombeau de la Momie", il doit donc se contenter d'un modèle une place, mais cet animal (Le chameau, bien entendu) est tout sauf efficace, et ils se perdent dans le désert. Donc, mirage, et crises de folie à répétition... C'est à la fois typique de l'oeuvre en noir et blanc de Clampett, et un peu frustrant...
Avec ce film, Clampett tente une nouvelle fois un élargissement familial de l'univers de Porky Pig. Et l'heureux élu est... une fripouille: le neveu particulièrement mal-intentionné du dit cochon, qui l'accompagne lors d'une sortie baignade au lac du coin... les gags abondent, et souvent ils ont un rapport avec la présence de maillots de bain. Oui, ces animaux qui se promènent sans pantalon en ville, ont tous besoin d'un maillot de bain, et l'absurde règle initiée chez Disney (Tout comme celle qui fait que Donald Duck qui là encore est cul nu en permanence, se sent obligé de se couvrir d'une serviette quand il sort de sa douche) est donc ici soulignée avec insistance. Sinon, il y a une course amusante, l'occasion pour quelques gags physiques, et un gag "risqué", comme on dit en anglais: un baigneur qui ressemble à Eddie Cantor aperçoit une bouée, et s'en sait en disant "Une bouée, enfin!"
Et alors, me direz-vous? Eh bien, Eddie Cantor était gay, et bouée se dit Buoy en anglais, mais c'est prononcé plus ou moins comme "Boy". Si, si: dans un Looney Tune de 1938.
Avec ce film, c'est la quatrième apparition de Daffy Duck: comme dans Daffy Duck and Egghead, de Tex Avery, il est donc doté d'un patronyme. On remarque aussi que contrairement à Porky Pig, le canard passe indifféremment du noir et blanc (Porky's duck hunt, What price Porky, ce film) à la couleur (Daffy Duck and Egghead, et bientôt Daffy Duck in Hollywood, un grand classique de Tex Avery). Cas pas si rare d'un spin-off qui a détrôné sa série de départ, enfin, on constate que parfois, Daffy Duck dès ces années de formation, revient au bercail...
Et donc, une fois de plus Bob Clampett donne une famille à Porky Pig. Après la chèvre (Gabby), après le chien (Black Fury), c'est au tour du canard cinglé. Et ce dernier est inscrit par Porky Pig pour se battre contre "le champion" de boxe local, un coq (en apparence) famélique... C'est de bonne guerre, même si les dessins animés sur la boxe n'ont jamais eu la force des films qui prennent ce sport pour prétexte. Au moins, on pouvait s'attendre à une solide dose d'excentricité de la part de ce Daffy Duck préhistorique, véritable dynamo du n'importe quoi...
C'est l'anniversaire de Porky Pig, qui avec son chien Black Fury, se prépare à accueillir ses invités. le chien veut se faire beau mais trouve le moyen de mettre minable à la lotion capillaire, ce qui le met dans un état particulièrement désastreux... Pendant ce temps, le maître des lieux reçoit un cadeau idiot: un ver à soie particulièrement productif, qui ne s'arrête jamais et produit plusieurs chapeau et soutien-gorges par minute. Enfin deux invités arrivent, un pingouin extrêmement vorace, et une oie qui ressemble à une version déformée de Donald Duck... Le reste est idiot, mais alors idiot... Et totalement irracontable.
Le chien saoul va pour sa part occasionner des dégâts: d'une part il a du savon à barbe sur la bouche donc on a droit au bon vieux gag du chien enragé; ensuite, il n'est de toute façon pas reconnaissable puisque, ayant avalé de la lotion capillaire, sa toison est devenue touffue. Mais l'essentiel de l'idiotie provient des deux invités; l'oie étrange, et le pingouin: celui-ci a par inadvertance avalé de ver à soie, qui continue sa production... Ca va vite, et comme souvent, un léger malaise s'installe devant tant de bêtise destructive...
Un "five and ten", c'est un bazar à 5 et 10 cents, où tous les accessoires que vous trouverez sont à des prix défiant toute concurrence, car issus de lots parfois invendus. Et c'est là toute l'ambition de Porky Pig, qui (Mais pourquoi?) s'embarque sur un bateau afin d'aller installer son business sur une île paradisiaque... Le toujours optimiste écrit au bout de quelques jours 'Je vais bientôt approcher la terre", avant d'ajouter: "j'espère"... Et en réalité, il n'y parviendra pas: repéré par une colonie de poissons rigolos, il va devenir leur victime: il lui dérobent tout son fonds de commerce, et le film dégénère en une série de vignettes montrant comment avec tous les objets du bateau, les poissons recréent une ambiance de soirée Hollywoodienne!
Encore un prétexte à déchaîner la verve caricaturiste des animateurs et dessinateurs de Leon Schlesinger. Et pour résumer à un gag, lorsque deux godillots (pas de la toute première fraîcheur) tombent du bateau, un poisson s'en retrouve affublé, ce qui lui fait d'immenses pieds, et la réplique alors est inévitable: "I vant to be left aloooone"... On ne se répète pas à la WB: on recycle, voilà tout...
Bob Clampett, quand il s'attaque au western, se plait à torturer la forme. Celle du genre en lui-même dans lequel il va apporter des modifications sensibles. Celle des personnages ensuite car Clampett ne peut pas, ne veut pas que ses personnages ressemblent à ceux des autres! Enfin, il va aussi modifier les règles d'or du genre; par exemple, sa parodie de Red Ryder est un bonhomme lent et doté de surpoids! Porky, scout d'une caravane de pionniers, fait la rencontre inattendue du terrifiant Injun Joe, un Indien solitaire, sans cheval, qui à lui tout seul semble tenir tête à l'humanité toute entière... C'est un de ces films de transition, dans lesquels l'animateur se plait à tourner autour du pot, mais sans que l'ensemble soit totalement abouti.
...Et comme le veut l'habitude du metteur en scène, il y a placé un personnage qui n'obéit pas aux règles de la réalité physique, tant et si bien que son apparition deviendrait presque inquiétante: un hillbilly détenteur d'un secret, et dont la démarche idiote risque de vous hanter pendant des heures. Le film sera refait en 1945 sous le nom de Wagon Heels.
Sous ce titre glorieusement inévitable, bien que situé 12 années après la sortie du film de Raoul Walsh What price glory, se cache un film hallucinant à plus d'un titre, dans lequel Bob Clampett révolutionne à tout jamais la vision d'une ferme de dessin animé (Un univers que par ailleurs, il a déjà largement exploré), mais aussi la vision de la première guerre mondiale en cartoon, et par dessus le marché multiplie les Daffy Duck quasiment à l'infini... L'intrigue est simplissime: Porky Pig souhaite nourrir sa volaille, mais les canards d'un gang local leurs volent la nourriture. Le cochon essaie de parlementer, mais les canards répondent par une lettre d'insultes grossières... La guerre est déclarée.
Ce qui frappe, à un an du second conflit mondial (Que tout le monde pressentait), c'est à quel point Clampett (Et Daffy Duck et tous ses canards) s'en fout. Si j'osais, je dirais qu'il s'en fout comme de l'an 40... Mais ce serait trop facile. Car un tel film, qu'on imagine très bien tourné par d'autres, à plusieurs époques, aussi bien chez Schlesinger qu'à la MGM voire chez Disney, débouche le plus souvent sur une métaphore à vocation didactique. Blitz Wolf, Der Fuehrer's face ou Bugs Bunny nips the Nips, avec toute la mauvaise fois triomphante dont ils font allègrement preuve, sont tous d'authentiques films de propagande, dans lesquels le message est clair: battez-vous! Faites de la purée de nazis! Un message sain, vital même, mais ce n'est évidemment pas le sujet de cette critique.
Oui, parce que Clampett, dans son film, s'amuse en permanence: il exagère le militarisme, nous montre un Daffy Duck armé jusqu'aux dents qui s'approche d'un autre et demande le chemin du front... avant de foncer dans l'autre sens. Il nous montre des poules qui au lieu de défendre leur ferme se posent tranquilles pour un petit goûter à a fraîche (Rappelons-nous qu'en plein effort national, il nous montrera Daffy Duck tentant d'échapper à la conscription dans Drafty duck, en 1945). A l'inverse, il arme ses poussins, qui deviennent une redoutable force guerrière, et surtout il montre l'efficacité des canards, qui sont non seulement des voleurs (de maïs), mais pour faire bonne mesure, sont aussi zinzins. Clampett reprend d'ailleurs son premier titre de gloire, l'animation du canard fou qu'il avait utilisée pour Porky's duck hunt de Tex Avery.
Enfin, si on identifie clairement les poules et Porky comme les forces du bien, il me semble qu'il adopte plus souvent le point de vue des canards. Pire: ils gagnent. Enfin, la bataille du rire, au moins. Ce type ne respectait rien...