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  • : Allen John's attic
  • : Quelques articles et réflexions sur le cinéma, et sur d'autres choses lorsque le temps et l'envie le permettront...
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18 octobre 2017 3 18 /10 /octobre /2017 14:28

Continuant les travaux de jeunesse de Clampett, ce film est à nouveau une histoire assez classique de Porky Pig, aux prises avec un escroc qui cherche à lui vendre un terrain sans intérêt, sous le prétexte fallacieux qu'il y aurait du pétrole dessous. Pour compliquer les choses, il y a du pétrole dessous, et ça rend parfois le film difficile à suivre. Le rythme s'accélère par rapport à Badtime story, le premier film de Clampett. Mais l'animation est en prime de toute beauté, avec ce style déjà sûr et distinctif de l'animateur Chuck Jones. Clampett utilise aussi pour la dernière fois le personnage inutile de Gabby, la chèvre, qui s'oppose à l'inertie de Porky Pig par son impulsivité nocive. Pas de quoi se relever la nuit, certes, mais pas inintéressant non plus...

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Published by François Massarelli - dans Animation Looney Tunes Bob Clampett
18 octobre 2017 3 18 /10 /octobre /2017 14:20

Ceci est donc le premier film dirigé par Clampett, qui est monté en grade suite à sa glorieuse invention d'un canard givré, dans Porky's duck hunt de Tex Avery. Arrivé sur le personnage de Porky Pig suite à des développements du personnage en particulier par Tex Avery et Frank Tashlin qui ont réussi le plus souvent à dépasser la mièvrerie du personnage, Clampett va dans un premier temps explorer une veine volontiers "domestique" du personnage, en étendant autour du cochon bègue une famille: pour commencer il lui adjoint un compagnon qu'on a déjà vu dans le très médiocre film de Ub Iwerks Porky and Gabby, donc la chèvre Gabby, impulsive, et très énervante.

Ce premier film, donc, est du domaine de la vie de tous les jours: Les deux compagnons arrivant trop souvent en retard au travail, ils sont mis en demeure d'arriver à l'heure par un patron très menaçant, et vont se coucher tôt. Sauf que la terre entière semble conspirer pour les empêcher de dormir... Un type d'histoire vu et revu, raconté avec verve mais sans génie, ni, surtout, sans les excentricités qu'on attendrait de Bob Clampett. Celles-ci ne tarderont pas à venir, soyez-en sûrs... Notons que Clampett semble hériter aussi d'une partie de l'unité d'Avery, avec la présence d'un autre jeune talent qui n'allait pas tarder à voler de ses propres ailes lui aussi: l'animateur Chuck Jones.

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Published by François Massarelli - dans Animation Looney Tunes Bob Clampett
29 septembre 2017 5 29 /09 /septembre /2017 10:36

Bob Clampett? En fait, ce film, tout comme Crazy Cruise sorti la même année, recèle un petit mystère... Qui n'est pas sans solution, on le verra très vite; sans aucune histoire, c'est une promenade à travers l'univers rural, avec des gags liés à des jeux de mots infâmes, prétextes aux gags visuels les plus glorieusement lamentables, avec la voix posée, pédante et ultra-sérieuse d'un vulgarisateur, comme les "travelogues" ou les films didactiques d'un autre temps... Le genre de parodie qui anticipe de quelques années un style qui fera les grandes heures de Mad, ou Pilote par ici, et bien sur on pense à Goscinny, Kurtzmann...

...Et Tex Avery. Tiens, justement, ce type de films, Avery qui ne "sentait" aucun des héros de la WB, s'en était fait une spécialité précisément parce qu'ils lui permettaient de faire rigoureusement ce qu'il voulait: The isle of Pingo Pongo ou Cross country detour en sont de précieux exemples...

. Et justement: on ne reconnait pas la patte de Clampett dans ce film qui lui est pourtant clairement attribué... Les gags sont certes idiots et relatifs au monde des médias de l'époque, ce qu'il faisait couramment (Ici, on aura des allusions aujourd'hui mystérieuses à des émissions de radio, à Eddie Cantor, etc), mais Tex aussi! Et l'animation est d'une grande rigueur, sans ces embardées vers la folie furieuse qui caractérisaient déjà le travail de Clampett en noir et blanc.  Donc si on sait que Clampett a effectivement repris l'unité d'Avery au départ de ce dernier, il se peut que Tex soit parti très très précipitamment, et que le travail initial de Clampett ait été justement de finir les films sur le feu. Dont celui-ci, et très probablement Crazy Cruise.

Maintenant, la bonne nouvelle, c'est que peu importe ici qui a été le marmiton: la soupe est bonne.

 

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Published by François Massarelli - dans Looney Tunes Animation Bob Clampett
2 juillet 2016 6 02 /07 /juillet /2016 10:07

Deux chats (Babbitt et Catstello) ont faim, mais il y a deux problèmes: d'une part, manger, oui, mais manger quoi? D'autre part, si le malin Babbitt, grand et élancé, a de l'intelligence à revendre, le petit grassouillet Catstello est d'une bêtise hallucinante. Les deux vont s'attaquer à une victime potentiellement facile, un canari malingre, qui vit tout seul dans on nid... Ils vont vite déchanter.

Un canari? J'y reviendrai! En attendant, le film est largement occupé par les tentatives désastreuses de Catstello de monter une échelle pour capturer l'oiseau, et les échecs se succèdent de telle façon qu'on pourrait imaginer un concours entre ces deux malheureux chats, et un coyote bien connu. "Babbit et Catstello", bien sur, fait référence à Abbott et Costello, un duo de comiques Américains de très très basse envergure qui avait, de façon incompréhensible, un certain succès à l'époque; comme d'habitude, Bob Clampett fait de ses films un reflet de la culture populaire de l'époque, bonne ou mauvaise. D'ailleurs les chats ne fourniront pas beaucoup de l'intérêt de ce film. On s'intéressera plutôt à l'impeccable et toujours aussi jovialement bordélique animation, dominée par les transformations physiques perturbantes, et le talent de Rod Scribner. On s'intéressera aussi au fait qu'une fois de plus, Clampett fait intervenir le contexte, à savoir la présence de la guerre et du couvre-feu... Et il y a un canari.

Et c'est là que j'en viens à l'historique création d'un animal paradoxal, un canari minuscule, dont on se dit que ce n'est pas possible, il a du avoir une maladie grave étant enfant parce qu'il fait vraiment pitié... Mais il a une énorme batte de base-ball, et c'est une créature infernale. Je me demande d'ailleurs, y compris après des dizaines de films de Friz Freleng le mettant en scène, comment ce génie du mal qu'est l'infâme Tweety Pie (Titi, en Français), peut rester après tant d'années de mauvaises actions, un héros de nos enfants... C'est donc Bob Clampett qui l'a créé, et c'est dans ce film.

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Published by François Massarelli - dans Bob Clampett Animation Looney Tunes
7 février 2016 7 07 /02 /février /2016 08:53

Bob Clampett a quitté son poste d'animateur sur les films de Tex Avery en 1937, pour devenir réalisateur à part entière. Il est resté au studio de Leon Schlesinger jusqu'à 1946, partant faire des films ailleurs, des films qui à mon sens n'ont pas grand intérêt. Par contre, les neuf années d'activité au service de la WB sont d'une richesse impressionnante, et nous sommes nombreux à le considérer comme le plus grand des réalisateurs de cartoon, devant les deux stars incontestées du genre, Chuck Jones (Dont la longévité reste impressionnante, dans un métier qui ne pardonne pas!) et Tex Avery (Adoubé par tant d'historiens de par le monde que plus personne ne semble remettre en doute son importance). Clampett était pour moi le meilleur, parce qu'il ne s'interdisait rien, n'avait donc aucune limite, et était sans doute parmi les réalisateurs de cartoon traditionnel celui qui était le plus éloigné de la philosophie Disney: à un Bambi qui tentait de reproduire la vie par l'animation (Mais... Pourquoi faire?), Clampett opposait en permanence un univers animé fou furieux et motivé par l'absurde, mal dégrossi, parfois agressivement différent, dans lequel les gags étaient parfois invisibles à l'oeil du spectateur (Il faut procéder à des arrêts sur image souvent si on veut profiter pleinement d'un film de Clampett!). Bref, un génie trop grand pour le médium, qui le lui a assez bien rendu.

Et ce génie a, comme tous ses copains de chez Schlesinger, "dirigé" Bugs Bunny... Et ce qui n'est pas banal, c'est qu'alors que de nombreux films de Clampett sont aujourd'hui totalement invisibles pour cause d'attitude politiquement-incorrecte aggravée (Le plus joyeusement navrant de ces exemples étant l'ineffable Coal Black and de Sebben Dwarfs de 1943, qui réactualise Snow White avec tous les clichés possibles et imaginables des Afro-Américains, assumés dans un maelstrom de mauvais goût), les 11 films dans lesquels il met en scène Bugs Bunny sont aujourd'hui disponibles sous une forme ou une autre via la belle collection de DVD et de Blu-rays parue chez Warner dans les années 2000-2010... On peut donc se pencher sur ces onze joyaux et découvrir sur pièces ce qui les différencie de l'univers habituel de Bugs Bunny, car oui, les autres réalisateurs ont joué le jeu et tenté de créer un personnage cohérent: Hardaway et Dalton ont créé le mythe du lapin et du chasseur dépassé par le comportement de l'animal, Avery a créé et raffiné le personnage d'Elmer, ainsi que le rythme particulier des films, tout en trouvant la phrase d'approche définitive ("What's up doc?"), Friz Freleng l'a utilisé comme prétexte à des défilés de losers magnifiques (D'Elmer à Daffy Duck en passant par Hiawatha et bien sur Yosemite Sam), Chuck Jones a joué sur tous les tableaux, par des extensions inattendues de l'univers de Bugs, ou des variations infinies sur la situation de base, et enfin Bob McKimson a tenté une fusion malhabile entre le personnage et une version plausible de notre monde. Clampett, lui, a exploré le reste: la folie de Bugs Bunny, sa méchanceté, ses défauts voire son côté obscur. Il l'a rendu plus humain que les autres en n'hésitant pas par exemple à le voir craquer devant l'hypothèse de sa propre mort (Bugs Bunny Gets the boid), perdre complètement la face devant l'inconnu (Falling hare), et le Bunny qui perd à cause d'une tortue (Tortoise wins by a hare) est autrement plus affecté chez Clampett que chez Tex Avery... Et si tout cela ne suffisait pas, Clampett a tout transgressé, en proposant le plus absurde des meta-Bugs Bunny, une spécialité de Chuck Jones, mais qui n'a jamais été aussi loin que Clampett dans l'admirable The Big Snooze, le (Comme par hasard) dernier des films du réalisateur pour la WB.

Wabbit Twouble (1941, Crédité à Wobewt Cwampett) est donc le premier de ces films, et c'est aussi l'un des derniers films proposant un Elmer Fudd solidement adipeux. Bugs y trouble joyeusement le repos ("West and wewaxation, at wast") d'Elmer, venu chercher le calme au parce de Jello-Stone. Un ours idiot sera aussi de la partie...

The Wacky Wabbit (1942) On prend les mêmes et on recommence... Elmer est chercheur d'or, et Bugs lui met gratuitement des bâtons dans les roues. La recherche d'or est motivée, fait intéressant, par l'effort de guerre, un rappel de l'activité de propagande du studio, à laquelle Clampett a beaucoup participé.

Bugs Bunny gets the Boid (1942) permet la première addition majeure d'un personnage par Clampett au sein de l'univers de Bugs Bunny aux prises cette fois avec un Buzzard, mais pas un gros, un beau, un impressionnant: Beaky ( Qui reviendra à quelques reprises dans d'autres cartoons avant de disparaître) est une andouille, une de ces victimes inattendues de la méchanceté de Bugs Bunny... La galerie d'expressions de Clampett s'enrichit ici de la contribution magnifique d'un génie, l'animateur Rod Scribner auquel Clampett aimait donner du travail à faire pour tempérer le côté impeccable mais raisonnable de l'animation de Bob McKimson. Ce qui donne souvent aux films du réalisateur cet aspect instable...

Tortoise wins by a hare (1943) reprend la trame de base de Tortoise beats hare (De Tex Avery) elle-même inspirée du Lièvre et la tortue, en donnant à Bugs Bunny une motivation coupable: la vengeance contre une tortue qui l'a humilié. Le film apporte peu à l'intrigue et à la légende, mais a au moins l'avantage d'être probablement le film dans lequel le lapin souffre le plus, avant de perdre lamentablement. Une galerie de lapins de la pègre doit beaucoup à l'animation déjantée de Scribner. Et on peut aussi, si on n'est pas trop dégoûté, compter les bouts de carotte qui sont mâchés dans sa colère par le lapin...

Corny concerto (1943) anticipe le travail de Freleng, qui allait représenter dans Herr meets hare un lapin qui s'adonne à du ballet avec rien moins qu'Hermann Goering, ainsi que le fameux (Mais plus tardif) What's opera Doc? de Jones. Et ce nouveau film est une parodie de Fantasia, que Clampett a vu et revu avant de s'y attaquer. Elmer y joue le rôle du présentateur, et deux oeuvrettes musicales y sont illustrées à la façon de Disney (Et dans un style comme toujours animé par McKimson, mais visiblement bien différent de celui habituel de Clampett): Tales from the Vienna Woods, et Le Beau Danube Bleu, de Johann Strauss. Si le deuxième se voit gratifier d'une intrigue inspirée du Vilain petit canard, le premier est une énième variation sur le principe du chasseur et du lapin...

Falling hare (1943) est le plus malaisé des films de Clampett avec Bugs Bunny. Le lapin y est aux prises avec des Gremlins, tels que ceux animés par Clampett dans un autre film de cette même année, Russian Rhapsody. C'est d'ailleurs équivoque: si dans l'autre film, les Gremlins sont du côté des alliés et s'attaquent à HItler, pourquoi Bugs Bunny aurait-il à en souffrir? En tout cas la lutte entre des bestioles incontrôlables (Mais bien lointaines de la folie furieuse façon Joe Dante, bien sur) et le lapin qui la ramène tout le temps tient parfois du cauchemar fiévreux...

What's cooking doc? (1944) est une pause, un dessin animé de recyclage concocté vite fait par l'équipe de Clampett pour boucher un trou, et c'est quasiment, en terme d'animation, un solo... Sauf que 2 minutes de Hiawatha's rabbit hunt (Freleng, 1941) y sont recyclées! Le thème, c'est bien sur la cérémonie des Oscars, longuement introduite par des images filmées à Los Angeles, avant qu'on ne voie Bugs à sa table, s'impatientant parce qu'il est sur de gagner. A l'annonce du fait que le lauréat est James Cagney, il se lance dans une campagne d'auto-promotion pour faire changer la décision. Rod Scribner gagne la palme de l'animation la plus ahurissante avec une réaction de Bunny (Voir photo) qui une fois de plus utilise la distorsion la plus extrême...

Hare ribbin' (1944) offre une variation sur le thème de la chasse car cette fois (Comme dans The heckling hare de Tex Avery) c'est un chien qui poursuit Bugs Bunny de ses assiduités. Un chien d'ailleurs vaguement efféminé, qui va suivre Bunny dans l'eau (Une bonne partie du cartoon est en fait purement sub-aquatique... ce qui a tendance à en ruiner l'effet) et succomber à ses charmes comme à ceux d'une sirène. Si McKimson est à son aise comme à chaque fois qu'il doit animer une bestiole de taille conséquente, Scribner s'en donne à coeur joie avec les changements d'expression du molosse.

Buckaroo Bugs (1944) offre une incursion dans un far-west pour rire: Red Hot Ryder (Parodie bien sur de Red Ryder, mais le justicier est petit, avec un problème de poids, et particulièrement crétin) pourchasse le "maraudeur masqué", un mystérieux bandit qui passe son temps à piller les réserves de carottes... L'animation est une fois de plus frénétique, joyeuse et anarchique...

The old grey hare (1944) confronte Bugs Bunny une fois de plus à Elmer, mais cette fois avec une variation inattendue: les deux vont être amenés à voyager dans les époques: Elmer est transporté à l'an 2000 pour voir si enfin il va y triompher du lapin, et un vieux, très vieux Bugs lui rappelle leur jeune temps. Mais qu'il s'agisse de leur futur ou de leur passé, les deux personnages vont de toute façon être l'objet d'une animation délirante, et de gags cruels (Les pires étant bien sur les ignominies faites par le bébé Bunny au bébé Elmer...).

The big snooze (1946) Clampett n'est pas crédité au générique de ce film, qui survient deux ans après le précédent. D'autres metteurs en scène ont prolongé l'univers de Bugs, et Clampett n'est plus du tout motivé pour rester à la WB. Au moment de la sortie du film, Bob McKimson a déjà repris l'unité de Clampett, et il est probable qu'on lui doit la finalisation du film. Mais ici, c'est la patte de Clampett qui prime et son animation une fois de plus partagée entre la rigueur de McKimson et la folie de Scribner. Pour son dernier film avec la star, Clampett imagine une intrigue folle: Elmer ayant jeté l'éponge et déchiré son contrat, Bugs Bunny décide de troubler le repos (West and wewaxation again) de son partenaire, en s'introduisant dans ses rêves doux et en les transformant en cauchemars. Et ce ne sera pas une surprise de voir que ceux-ci en disent long sur la vie intérieure effrayante du chasseur comme de son ennemi juré, tout en constatant un retour en arrière intéressant: Clampett cite ici les gags d'un autre film, le controversé All this and rabbit stew (De Tex Avery) A la fois coda inspirée et excellente introduction au monde fou furieux de Bob Clampett, ce film est probablement son chef d'oeuvre...

Bugs Clampett par Bob Bunny (1941-1946)
Bugs Clampett par Bob Bunny (1941-1946)
Bugs Clampett par Bob Bunny (1941-1946)
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Published by François Massarelli - dans Bob Clampett Animation Bugs Bunny Looney Tunes
6 février 2016 6 06 /02 /février /2016 18:12

Pour commencer, ce film parfaitement admirable est l'occasion de faire un petit rappel historique. Le studio de Leon Schlesinger était dans les années 30 un endroit très clairement hiérarchisé: les stars (Freleng, Jones) y faisaient des dessins animés en couleurs, sous l'appellation Merrie melodies. Les autres, les obscurs et sans-grade, y concoctaient sous le nom fourre-tout (et plutôt bien vu) de Looney tunes, des dessins animés en noir et blanc, avec le plus souvent un héros récurrent, l'ineffable Porky Pig. Seul Tex Avery jonglait sans aucun scrupule de la couleur au noir et blanc. Malgré tout, lorsqu'il a commencé à s'occuper en priorité des Merrie Melodies (C'est-à-dire lorsque Friz Freleng est momentanément parti du studio), il a laissé son unité noir et blanc à son ancien animateur Bob Clampett. Et celui-ci a donc pu faire un grand nombre de Porky Pig, tous plus inattendus les uns que les autres...

Mais d'une part, il l'a vraiment entièrement refaçonné, tant physiquement (Jusqu'à en faire le personnage qui est parfois encore utilisé aujourd'hui: moins porcin, rond, oui, mais pas obèse) que dans son personnage: Avery ne savait absolument pas quoi en faire, mais Clampett lui a donné une famille à géométrie variable, et l'a souvent utilisé comme un pendant de Mickey Mouse, donc propre à vivre tranquille à faire pousser des légumes en compagnie de son chien, autant que destiné à vivre des aventures délirantes: Porky in Egypt, ou ce plus étonnant film, donc, Porky in Wackyland...

Que Clampett soit un dingue, c'est évident. Le degré d'absurdité, de malpolitude, d'inventivité baroque et de sauvagerie burlesque de ses films, leurs contours élastiques (Les personnages en sont souvent distordus, et leurs traits ne sont jamais totalement fixés, les décors changent du tout au tout d'un plan sur l'autre), tout les rend joyeusement surréalistes... Et celui-ci l'est d'autant plus que c'était l'intention, justement. Porky y part en Afrique, à Wackyland (Qu'un titre Français traduit par Zinzinville, mais ce serait plutôt Cingléland), dans le but d'y mettre la main sur le dernier des dodos... Et va le trouver, mais au prix pour le spectateur d'une migraine violente. A ce stade de n'importe quoi, c'est d'un pinceau à cauchemar que Clampett a dirigé son film. Il y invente des créatures effrayantes, des situations absurdes, des bruits qu'on n'oserait pas inventer avec 42° de fièvre. Il dote son univers d'un décor à la Dali, et fait exploser toutes les barrières de l'espace filmique, et du bon goût... Un panneau à l'entrée de Wackyland prévient: It CAN happen here! ...Donc tout peut arriver, un avertissement pris par le metteur en scène au pied de la lettre.

...Bref, c'est un régal.

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Published by François Massarelli - dans Bob Clampett Animation Looney Tunes
26 avril 2011 2 26 /04 /avril /2011 11:51
Voilà: 11 cartoons, des séries mythiques Looney tunes et Merrie melodies sont aujourd'hui privés de parutions DVD, ne sont jamais montrés à la télévision. Ordre d'en haut, d'une hiérarchie bureaucratique qui a décidé de faire un getse en vue du politiquement correct. ce geste ne date pas d'hier, mais du début des années 70. mais ça tient toujours... Le résultat est que ces films, inégaux mais historiques, ne peuvent être vus que sur Youtube, ou sur de médiocres DVD pirates, ou sur des sites interlopes, et que les télécharger est aussi bien vu que d'aller sur un site néo-nazi... En effet, la principale faute des auteurs de ces films est d'avoir joué avec les stéréotypes raciaux. Voyons ces films avant de les mettre au feu (ce que nous ne ferons d'ailleurs pas, tout film mérite sa place au soleil...)
 
Hittin' the trail to Hallelujah land (Rudolf Ising, 1931) Premier des 11 cartoons auto-censurés par WB, pour cause de stéréotypes: en voyant ce petit bout de film, on hallucine: pourquoi le censurer? Sinon, il est très moyen, et largement tributaire de la "Skeleton dance" de Disney et Ub Iwerks.
 
Sunday go to meetin' time (Friz Freleng, 1936) Deuxième des "censored 11", et un film bien dans la manière de Freleng: musical, avec une animation fluide. Une fois de plus, si on joue sur les clichés, pas de quoi bruler le film pour autant.
 
Clean pastures (Friz Freleng, 1937)
Uncle Tom's bungalow (Tex Avery, 1937)
Jungle jitters (Friz Freleng, 1938)
The Isle of Pingo Pongo (Tex Avery, 1938)
Tous ces films ont été retirés de la circulation pour cause de stereotypes raciaux gênants… pas tant que ça pourtant. La parodie de documentaires, Pingo-Pongo, est hilarante, et Clean pastures met en scène quelques grandes figures de Harlem, dont Louis Armstrong, Cab Calloway et Fats Waller, ce qui fait montre d’une certaine culture. Jungle Jitters est crétin et impardonnable avec ses primitifs cannibales, mais Uncle Tom’s bungalow est un chef d’œuvre, qui fait plus que
préfigurer les films MGM de Tex Avery : il les dépasse.
 
All this and rabbit stew (Tex Avery, 1941)
Bon, il est temps de s'affirmer: de toute l'oeuvre de tex Avery, de la Universal ou il a réalisé quelques films réputés médiocres, mais qu'on ne voit jamais, à la Universal et la pub, à la fin de sa carrière, alors que les restrictions budgétaires et les contraintes de la télévision ont considérablement affadi son talent, il est deux périodes qui sont primordiales: A la Warner, ou il a fait beaucoup pour transformer l'humour vers le délire, et à la MGM ou il a inventé Droopy. Il est de bon ton (Télérama l'a décrété) de préférer la seconde, mais moi, je préfère la période Warner: d'abord parce que l'animation y est pure, qu'on 'y répète moins, et les voix sont effectuées à 90% par une seule personne, le grand Mel Blanc. Et puis il y a Bugs, qu'Avery n'a pas inventé, mais auquel il a su donner une personnalité.
Ce cartoon n'est pas le meilleur des Avery, mais il est une intéressante curiosité. des gags resserviront, et sinon, le petit noir qui poursuit Bugs Bunny est aussi maltraité par le script que pouvait l'être Elmer, le chasseur. Alors pourquoi ne pas interdire les cartoons avec Elmer?
 
Coal black and de sebben dwarfs (Bob Clampett, 1943)
Je l'ai déja dit, le plus immense animateur de l'histoire n'est pas Tex Avery, encore moins Walt disney, qui n'a jamais été animateur. C'est (Roulement de tambour) Bob Clampett!! Hystérique, halluciné,tellement riche qu'on ne peut tout capter, son style explose dès le début des années 40. Coal black, c'est bien sur une version "noire" de Snow White, et la censure est-elle justifiée? Dans cette hjistoire ou tout personnage est noir, parle l'argot de Harlem, fait référence au jazz, et çà une certaine culture de vaudeville auto-référentielle (les comiques noirs de l'époque ne disaient pas autre chose, en fait), on y voit surtout un intéressant noircissment de l'écran, alors que la plupart des films à succès alignaient les gens blancs en gommant toute minorité, ce film qui pousse la "négritude" jusqu'à l'absurde est bienvenu, surtout grâce à la vitalité dont il fait preuve.
Et puis marre: on peut voir des sketches entiers de ce facho de Bigard, on peut écouter notre mini-Mussolini d'1m12, on peut aujourd'hui voir, acheter, télécharger légalement Birth of a nation, film important oui, mais totalement raciste, mais on ne peut pas voir ce petit court qui utilise gentiment des stéréotypes pour faire marrer.
 
Tin Pan Alley Cats (Bob Clampett, 1943)
Encore un WB censuré! Mais cette fois, comme avec Coal black de la même année, il est réalisé par Bob Clampett, un connaisseur des nuits de Harlem, puisqu'il trainait avec des jazzmen à chaque fois qu'il pouvait. Ici, il s'amuse à montrer la dualité de la communauté Afro-Américaine, à travers deux officines sise côte à côte: la mission baptiste locale, et le bar louche. Un chat, caricature du grand pianiste et chanteur Fats waller, choisit la deuxième, mais l'ivresse le conduit dans un pays zinzin déja exploré par Clampett dans le cartoon Porky in Wackyland, et c'est tellement idiot que le chat en question va finir par retourner sa veste. les stéréotypes sont là, mais il y a aussi une sorte d'application, en particulier pour rendre hommage aux musiciens. On notera aussi Staline et Hitler, dans le passage délirant, qui nous rappellent que Tex Avery, à coté de Clampett, n'était qu'un amateur...
 
Angel Puss (Chuck Jones, 1944)
Toujours censuré, pour toujours les mêmes raisons, voici un des premiers films typiques de Chuck Jones: Humour noir (sans jeu de mots), absurde, situation prise dans son déroulement, au lieu d'être exposée, et un grand jeu d'expressions désespérées. Le chat, dans sa malignité, est assez proche du Bugs Bunny "méchant" que Jones aimait à mettre en scène.
 
Goldilocks and the three jivin' bears (Friz Freleng, 1944)
Le dernier des "censored 11" est un film assez moyen de Freleng, c'est à dire inégal, musical, et bien en dessous des pépites de Clampett, Avery ou Tashlin, même si on n'est pas encore dans sa série très médiocre consacrée à un canari et un chat qui s'en prend plein la figure... Ici, on notera beaucoup de jazz, et des gags piqués à Avery...
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Published by François Massarelli - dans Animation Looney Tunes Bob Clampett Tex Avery