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A Moscou, une équipe Américaine est venue s'intaller pour trois mois. Sur le tournage de leur film d'horreur de catégorie Z plus, nous faisons la connaissance de Billy Hughes (Marina Zudina), une accessoirisete et maquilleuse qui est muette. Après une journée de tournage saupoudrée d'incidents divers, elle est enfermée par mégarde dans le studio, et va être témoin d'une scène terrifiante. Surprenant ce qu'elle imagine être le tournage en douce d'une scène pornographique, elle voit le protagoniste masculin de la chose sortir un couteau (de sous un oreiller, je vous rassure) et poignarder pour de vrai son infortunée partenaire... Désormais, Billy, que bien sûr personne ne croit (quand ils arrivent à communiquer avec elle, ce qui n'est pas gagné) est l'unique témoin muet d'une sombre affaire de traffic de snuff movies...
Ce dernier terme désigne un genre de films dont on finirait volontiers par croire qu'il n'existe pas vraiment, mais qui a fait les beaux jours d'une série de films à suspense, liés au tabou ultime, celui de filmer la mort du protagoniste d'un film. De fait le film de Waller fait la part belle à une thématique liée au cinéma, depuis la première scène qui dans la plus pure tradition est un film dans le film... Qui va graduellement se révéler comme tel au spectateur, quand on constate que d'une part il y a beaucoup de monde pour assister au meurtre nocturne d'une victime innocente, et que si certains manifestent une indifférence polie, d'autre sont plus franchement rigolards! Ce thème du cinéma ne lâchera jamais l'intrigue, d'autant que l'héroïne est du métier. Les pirouettes qui seront liées au faux, à l'image menteuse, au montage, et aux accessoires de cinéma, seront nombreuses...
Mais le metteur en scène a aussi vu ses classiques, et il se plait à convoquer les inévitables situations à suspense, les mouvements de caméra et le montage les plus efficaces possibles. La musique aussi, assez "Hermanienne", accompagne le film à la perfection. Nous n'échapperons pas à une situation à la Rear Window, évidemment.
Bien sûr qu'il est impossible de prendre ce film au sérieux, mais le fait est qu'il se place dans un univers de complications dans la communication: non seulement Billy est elle-même muette, mais elle et ses collègues anglo-saxons sont coincés à Moscou, où peu de gens parlent leur langue... Ce qui ne favorise jamais l'échange, loin de là.
C'est d'autant plus ironique que le film est en fait une co-production internationale, réalisée à Moscou même (peu de temps après la гласность, "Glasnost" en français, et la fin de l'empire Soviétique (vous savez, l'ancêtre de la dictature actuelle) par une équipe anglo-saxonne et Allemande. Waller lui-même est Allemand... S'il pourrait sans souci être considéré comme un exemple flagrant de réussite d'une co-production Européenne, cet excellent thriller parfaitement réalisé et jamais dépourvu d'humour semble nous dire que le tournage n'a pas été de tout repos!
Une dernière chose, au passage: Waller qui avait de la suite dans les idées, a tourné la première scène de son film en 1986, profitant d'une rencontre avec un immense acteur. Non seulement ce dernier a été intégré au montage, et en plus il joue un rôle crucial (le script du film ayant été "construit" autour de sa participation, mais en plus il a refusé tout paiement. Voyez le film pour découvrir son identité...
Ah, on me signale que selon toute vraisemblance, un public qui désormais appelle les acteurs "le mec qui joue dans..." et ne va pas voir des films tournés plus de six mois avant le temps présent, seront bien à la peine... Bon, tant pis pour eux.