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En France ce film présenté à Cannes en 2024 est sorti sous letitre September & July... Les deux jeunes filles sont deux adolescentes, dissemblables physiquement, mais au comportement de jumelles; leur mère Sheela (Rakhee Thakrar) les a élevées seule, après que le géniteur ait disparu de la circulation: on n'en saura pas plus, car ce n'est pas vraiment le sujet. La relation entre les deux est complexe, sous la domination de September (Pascale Kann) qui entend mener sa soeur (elle dira même à sa mère qu'elle "s'occupe très bien de July"), qu'elle appelle souvent Silly July lors de leurs échanges initiatiques... Autant July (Mia Tharia) aimerait se mêler au monde, autant September y est hostile. Les deux soeurs sont écartées à l'école... Et la façon dont September protège agressivement July va provoquer son renvoi, plusieurs fois. Les problèmes culminent lorsqu'un groupe de lycéens tend un piège à July, qui se voit exposée et humiliée sur internet. Un problème qui mène à une confrontation violente... et frustrante pour le spectateur.
La mère a des difficultés à gérer ses filles, d'autant qu'elle a des difficultés à mener sa propre vie: elle est créatrice de vêtements, et utilise September et July pour illustrer sa collection. Elle a du mal à veiller à leur éducation et une conversation avec une psy, dans la première partie, nous révèle un peu plus: elle est envahie par ses filles... Tout en semblant avoir fait son choix entre les deux. Après l'incident au lycée, la confrontation dont je parlais plus haut, Sheela se rend en Irlande, au bord de la mer, en famille, pour un séjour qui éloigne de plus en plus Sheela, d'un côté, et July qui avec September semble se laisser complètement aller sous sa domination...
Je marche sur des oeufs... Difficile de parler d'un film qui tend à garder certains petits secrets bien enfouis, avant de les révéler tardivement. Vous connaissez le principe, il accompagne de très grands films et quelques navets. Celui-ci n'est pas un navet... Ariane Labed, actrice Franco-Grecque, a travaillé pour Yorgos Lanthimos (Alps, The lobster) et Athina Rachel Tsangari (Attenberg), et leur cinéma minimaliste a eu une influence évidente sur son style... C'est son deuxième film (après le court métrage Olla, réalisé en Français) et son preier long métrage...
Elle choisit une approche quasi-documentaire, souvent faite de plans fixes, parfois assez longs, à distance. Une scène qui nous montre September agresser une de ses camarades en plein cours, est surprenante de précision et de froideur... Très vite, la personnalité de September, qui plus est isolée dans le titre original, prend toute la place. Elle a vampirisé sa soeur, et le rapport à la mère est complexe. Au lycée, si les deux jeunes filles en prennent pour leur grade (elles son moquées pour leur attitude, leur comportement et bien sûr, des aspects physiques: les lycéens Britanniques sont les spécialistes de ce type de rejet), c'est September pourtant qui cristallise la haine des autres... on s'attque à July car elle est une proie facile, mais September fait peur; lors d'une tentative de déstabiliser un peu plus July, ses tourmenteurs lâchent un "attention, voilà la cinglée" à l'approche de September.
Il y aura pourtant quelques accrocs à la chronologie, et des décrochages de point de vue: des scènes durant laquelle la mère tente de vivre sa vie, ne pourront être vues que partiellement sous l'oeil des deux filles... Une scène-clé lors de l'une de ses escapades: elle se rend dans un pub dans le but évident d'y trouver une compagnie nocturne, et ramène un inconnu chez elle, dans une scène à la fonrtalité hilarante, qui tranche avec le ton délibérément sombre du film: une façon de nous détourner de certaines vérités dérangeantes, mais aussi de montrer l'éloignement de Sheela...
Le film est entièrement basé sur l'emprise, celle de September sur sa soeur, et par conséquence des deux filles sur leur mère... Elle en fera d'ailleurs un étrange rêve, voyant ses deux filles sous la forme de deux Makis, qui ont envahi la maison de vacances, et mettent un désordre indescriptible (qui ressemble d'ailleurs au vrai désordre qui y règne) dans la cuisine. De fait, le comportement parfois étrange des deux filles renvoie à une part d'animalité, elles communiquent aisément par des cris, des sifflements, des comportements qui éloignent les autres, et les rendent encore plus isolées. Lors du séjour en Irlande, July perd pied avec la réalité en se laissant guider de façon plus déraisonnable encore par September... Je m'arrête ici.
Le malaise distillé par le film, son originalité profonde, les questions soulevées, les trois actrices qui sont exceptionnelles, mais aussi la proximité insistante avec des films au pedigree pourtant si différent (On pense parfois à l'étrange Canine, de Lanthimos et pourtant le ton n'est pas du tout le même)... Bref, les raisons de s'enthousiasmer ne manquent pas.
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