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  • : Allen John's attic
  • : Quelques articles et réflexions sur le cinéma, et sur d'autres choses lorsque le temps et l'envie le permettront...
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9 février 2019 6 09 /02 /février /2019 10:01

Tomorrowland, d'abord, c'est une idée d'attraction lancée par Walt Disney à la fin de sa vie, relayée par des modules de vulgarisation scientifique diffusés à la télévision: une fascination de gosse pour le futur et la science, qui a toujours marqué le bonhomme... Donc on est assez loin du cinéma, mais Tomorrowland, le film, est en quelque sorte un produit dérivé de cette branche singulière de l'univers Disney, et rejoint un peu la tendance actuelle à mettre le glorieux passé de l'entreprise au goût du jour. Brad Bird et Damon Lindelof, les deux auteurs, ont écrit un script personnel, dans lequel on retrouve un peu, voire plus, de l'univers des deux: de Bird, on retrouve la sensibilité de maverick génial des deux héros, ainsi que le principe de mettre des gens non informés dans une situation cuisante, sans oublier le goût pour la codification d'une époque saisie dans ses moindres détails... De Damon Lindelof, on retrouve le goût de l'énigme à tiroirs...

L'histoire, qui nous est contée par deux narrateurs au début avant (hélas) de se normaliser à la fin du premier tiers, est une rocambolesque intrigue autour de deux petits génies qui à deux époques différentes vont être confrontés sur l'invitation d'une mystérieuse fillette, à un monde merveilleux et futuriste, situé dans un univers parallèle. Les deux sont interprétés par George Clooney (Oui, même les génies grandissent) et Britt Robertson, et forment une équipe intéressante. Le film, dans ses deux premiers actes, déroule le tapis rouge à une course haletante et gentiment absurde, à la poursuite d'un monde étrange et hypothétique...

...Puis arrive le troisième acte où, comme dans un vulgaire épisode de série (oui, je pense à Lost, bien sûr!), le pot-aux-roses est expliqué, et tout à coup, le soufflé jovial retombe, l'intérêt part en courant, le tout-venant lénifiant de Disney s'installe et le spectateur n'a plus rien à attendre. C'est dommage. Au mois on aura eu, avant cette péremption péremptoire, une Tour Eiffel qui vole, des paradoxes temporels en veux-tu en voilà, et des gags réjouissants et novateurs sur la difficulté d'évoluer dans deux dimensions en même temps... Il faut croire d'ailleurs que cette fois, le public a été particulièrement troublé par le déséquilibre interne au film, puisque ça a été un désastre commercial.

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Published by François Massarelli - dans Brad Bird George Clooney Science-fiction
27 janvier 2019 7 27 /01 /janvier /2019 14:00

Forcément, ça interpelle: quand Brad Bird, metteur en scène de trois films majeurs de l'animation Américaine contemporaine, se trouve aux commandes d'un film de la franchise sous-James Bond qui sert de prétexte au Scientologue Suprême pour se rappeler occasionnellement au bon vouloir du public, on tend une oreille, et on soulève une paupière... Et quand en plus le bouche à oreille est excellent, on a envie de se laisser convaincre.

Je n'irais pas par quatre chemins: c'est une réussite, absolue et totale, si ce n'est peut-être une tendance fâcheuse à vouloir absolument se raccrocher à une sorte d'univers de la franchise, ce qui est doublement une erreur: d'une part parce que l'énorme atout du film est de nous montrer des agents désavoués par leur hiérarchie, livrés à eux-mêmes, leurs principes et leur système D. Ensuite parce que le personnage principal, Ethan Hunt (Tom Cruise) est sur la majeure partie du film limité à un signe, une sorte d'entité extra-humaine, qui lui sied finalement bien. Cette sous-intrigue qui le raccroche au monde des vivants est irritante et apporte quelques moments de fraternité gauches et mal foutus... Mais pour le reste, on comprend tout à fait pourquoi le metteur en scène des Incredibles s'est senti si à l'aise... 

L'intrigue est comme la hiérarchie: on peut s'en passer. Nous dirons juste que les agents secrets autour de Ethan Hunt vont devoir se livrer à une extraction de l'un d'entre eux de geôles Serbes, à une infiltration du Kremlin, faire un peu de tourisme au Burj Khalifa de Dubaï, visiter l'Inde, et casser beaucoup de verre, faire exploser des voitures, tuer un certain nombre de malpropres, e tutti quanti. Le tout sans jamais se prendre au sérieux, et surtout surtout, sans jamais laisser le temps à Tom Cruise de prendre son expression N°12, celle qu'il arbore quand il soupèse toute la misère du monde, ou qu'il fait un caca, car par un hasard extraordinaire, c'est justement la même: non, ce qu'il y a de bien dans ce film c'est qu'on peut le regarder en se foutant royalement d'une intrigue de terrorisme et d'agents doubles... Bref on peut la regarder.

Et ce qui devient important, ce sont les liens à l'instant T des agents entre eux, leur amitié si on veut, mais surtout, dans ce monde de "Jusqu'ici tout va bien" permanent, leur nécessité de se fier les uns aux autres, et d'avancer, pendant que le public a juste ce qu'il faut pour apprécier: la perspective de voir Cruise faire de l'escalade sur une paroi du Burj, par exemple (et on SAIT que ça ne va pas bien se passer), ou de le voir avec moustache et Russe courant de rigueur, déguisé en colonel de l'armée Russe... Le tout, comme dans The Incredibles, sans que le monde s'arrête de tourner.

Bien sûr que ça ne fait pas un chef d'oeuvre, mais c'est un divertissement irrésistible. Ce qui n'est pas un mal...

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Published by François Massarelli - dans Brad Bird
12 janvier 2019 6 12 /01 /janvier /2019 18:25

Le film qui a révélé Brad Bird, metteur en scène multi-récompensé de The Incredibles (ainsi que de son excellente suite récente), de Ratatouille, de MI4 et de Tomorrowland, est un film d'animation, réalisé pour la Warner à l'époque où celle-ci cherchait à rivaliser (un peu) avec Disney: sans grande surprise, compte tenu de la qualité parfois douteuse des films qu'ils ont sorti sous cette bannière maintenant défunte, le long métrage réalisé et écrit par le futur petit génie de Pixar est le meilleur film d'animation de long métrage jamais sorti par WB, tout simplement, tout en étant particulièrement personnel et singulier...

On parle ici d'animation à l'ancienne, donc majoritairement en 2D, même si Bird se laisse volontiers aller à utiliser avec une grande efficacité les effets 3D. L'intrigue, adaptée d'un roman de 1968 (The Iron Man) de Ted Hughes, est transposée de la Grande-Bretagne vers la côte Est des Etats-Unis, le Mine plus précisément (déjà un endroit bien connu pour ses attaques de Carcarodon Carcarias, si je ne m'abuse...). Hogarth Hughes est un petit garçon, fils unique élevé par sa maman veuve d'un pilote de chasse décédé, qui a tout du gamin des années 50: fan de films de science-fiction, peu intéressé par l'école, mais surtout désireux d'avoir un peu de compagnie. Il va en trouver lorsqu'un robot géant venu d'une autre planète va se poser à cinquante mètres de chez lui, et devenir son copain. Sauf qu'à cette époque, l'arrivée d'un engin comme celui-ci, non seulement aura du mal à être discrète, mais à l'heure où Spoutnik tourne autour de la terre pour narguer les Américains, les paranoïas vont s'échauffer...

Le style d'animation est d'une grande efficacité, avec un graphisme qui est à la fois l'héritier des Disney des années 60 et 70, et bien sûr des oeuvres de Chuck Jones, et c'est d'autant plus réussi que Bird a choisi de traiter son film comme une histoire avec des acteurs, et obtient de ses créatures aimées la même intensité émotionnelles, sans jamais mobiliser comme le font les plus embarrassants longs métrages de Disney les clichés les plus éculés! Et sa fable, qui traite non seulement avec tendresse d'un garçon à part, et de son amitié avec un tas de ferraille gigantesque qui est profondément attachant, se pare de couleurs particulières pour interroger la part d'ombre de l'humanité, dans son versant Américain. Il le fait néanmoins en ne diabolisant pas systématiquement les militaires, puisqu'il a choisi un agent spécial obsédé par l'ingérence étrangère pour incarner le mal dans son film.

Et il touche aussi des thèmes plus profonds, et qu'on retrouvera au long de son oeuvre cinématographique: la notion de choix de son destin par un protagoniste, est ici la principale leçon de Hogarth à son ami le Géant, quand il lui fait comprendre que ce n'est pas parce qu'il a été construit comme une arme destructrice qu'il doit nécessairement se laisser aller à le devenir... Un thème qu'on peut aussi, sans aucun doute, lire à double sens, là encore en le considérant comme un commentaire sur les USA des années 50, et ce qui en a suivi. Mais il a surtout fait un film, avec talent, justesse, tendresse et humour: ce Géant de fer est un pur chef d'oeuvre, comme les deux films qui suivront...

 

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Published by François Massarelli - dans Animation Brad Bird
30 décembre 2018 7 30 /12 /décembre /2018 09:58

Je n'aime pas cette manie, chez Disney ou les autres, de gâcher un film a posteriori en livrant une suite contractuelle. D'ailleurs, on constatera que dans bien des cas, en particulier pour les films Disney-Canal Historique, la suite est purement et simplement un objet commercial et ultra-formaté qui sort directement en vidéo, sans passer par les salles: Mulan 2, Le bossu de Notre-Dame 2, etc... Oui, mais il y a eu Toy Story 2! Ou la possibilité, cinq années plus tard, de revenir aux personnages et d'aller plus loin, et honnêtement, de faire mieux, beaucoup mieux, que le film initial. On pourrait aussi argumenter à partir des exemples habituels, The Godfather Part II ou The Empire Strikes Back, et conclure, après tout, qu'il y a suite et suite... Pourtant on n'attendait pas (en fin, JE n'attendais pas!) de suite au carton fabuleux de Brad Bird, à ce qui restait pour moi le film le plus abouti de toute la galaxie Pixar. Tellement complet, achevé, fermé aussi, que 'on pouvait vraiment se demander ce qui motiverait une remise en route de la franchise. Mais entre le premier film et le deuxième il y a eu le passage de quatorze années, des changements internes au studio, la carrière de Brad Bird qui a eu des hauts (Ratatouille, avec Pixar, et Mission Impossible, le protocole fantôme, sans Pixar) et des bas, voire très bas (L'échec commercial de Tomorrowland, pour Disney)...

...et il y a eu Donald Trump et l'affaire Weinstein.

Bref: le monde quatorze années après The incredibles a suffisamment changé, et tous ces gens ont suffisamment ruminé pour qu'on puisse espérer, au moins un bon film, non? Mais si ce n'était que ça!

La décision prise pour relancer la machine a été de prendre exactement à la fin du premier: on se rappelle que dans une fin ouverte qui laisse présager un retour en grâce des super-héros, la famille Parr unie comme jamais, après avoir débarrassé leur ville de la menace de Buddy, le fan de super-héros passé du coté des Super-Méchants, s'apprêtait à affronter un autre Super-Méchant, qui faisait son apparition. C'est généralement casse-gueule, mais le film commence en effet par développer cette situation, de deux façons: bien sûr, on aura une bataille héroïque, délirante, dans laquelle toute la famille (et leur copain Frozone) vont s'impliquer, pour un résultat en demi-teintes: menace écartée, certes, mais des dizaines de bâtiments endommagés, des sommes considérables volées à la banque, et en prime, le criminel ne sera pas arrêté! Un reproche qui sera souligné par tous, avec pour effet de confirmer de façon plus importante encore la défiance à l'égard des super-héros. Comme le dit un policier aux Parr: laissez faire les assurances, bon sang!

La deuxième façon de réintroduire la scène de fin du premier film fait l'objet de la séquence d'ouverture: on y rappelle un gag qui a servi d'argument au court métrage Baby-Sitting Jack-Jack. Rick Dicker est un agent des services secrets dont le boulot consiste à "nettoyer" derrière les super-héros, et notamment effacer la mémoire des témoins qui ont vu quelque chose qui pourrait les amener à percer l'identité des super-héros: ici, Dicker efface la mémoire de Tony, le garçon qu'on voyait flirter avec Violet Parr à la fin du film; il a vu les "indestructibles" en action, et a reconnu Violet... Un effacement qui sera lourd de conséquences, puisque en effaçant la mémoire de ce jour-là, Dcker efface aussi tout souvenir de Violet. Mais rassurons-nous, le film ne va pas nous conter les mésaventures de Violet tentant de reconquérir le jeune homme, non: leur idylle balbutiante n'est que la victime collatérale d'une situation qui dans son ensemble est plus détaillée, plus réaliste presque, que dans le premier film: après l'affaire lamentable d'un sauvetage partiel qui tourne mal en effet, les super-héros sont donc conspués par la police, la justice et la presse, sans parler du public; les Parr sont privés de leur maison qui a brûlé à la fin du premier film; et il faut tout reconstruire... 

C'est ici qu'intervient un nouveau groupe de protagonistes: un milliardaire enthousiaste avec un lien fort au passé (son père était un mécène qui aidait les super-héros à l'époque de leur gloire, et est mort dans des circonstances tragiques); ce nouveau personnage, Winston Deavor, est un spécialiste de la télécommunication, et il travaille avec sa soeur Evelyn (incidemment, elle est délicieusement interprétée par la grande Catherine Keener) dans une firme multinationale aux moyens super-illimités...

Bien sûr qu'on sent que ça va amener des ennuis, mais reprenons.

...Aux moyens super-illimités, donc, avec lesquels ils ont décidé de contacter autant de super-héros mis au ban que possible, afin d'aider à leur réhabilitation: simple, dit Winston Deavor... Il suffit de manipuler l'opinion, et d'assurer soi-même la couverture médiatique. Il s'agit aussi de contrôler l'impulsivité des justiciers aux super-pouvoirs, et c'est la raison pour laquelle les premiers essais seront faits, non pas avec le "couple" Mr Incredible/Frozone, jugés trop "destructeurs", mais avec ElastiGirl, soit Mme Parr, dont le style plus subtil, plus féminin, conviendra à merveille à un retour en grâce sous monitoring médiatique. Si josais, je dirais que cette fois c'est elle qui fait bande à Parr...

Beaucoup des éléments de la thématique du premier film sont donc présents, à commencer par le sens aigu de la famille, la difficulté de cohabiter à côté des gens "normaux", la quête identitaire (même si le film nous la présente comme partiellement résolue)... Il y a aussi des reprises intelligentes de certains atouts: la présence d'Edna Mode, jalouse car les Deavor ont fait appel à un autre designer pour les costumes des Parr; la question des super-pouvoirs potentiels de Jack-Jack, dont nous savons nous qu'ils sont particulièrement délirants si nous avons vu le court métrage qui lui était consacré, ce que Bob Parr, puis ses enfants, et enfin Helen vers la fin, vont découvrir par eux-mêmes... Mais le plus important, c'est sans doute la reprise par le deuxième film de la situation de base, mais inversée: cette fois, c'est Helen qui part pour travailler pendant que Bob reste à la maison, permettant en effet à toute une thématique de se mettre en place, autour de la guéguerre des genres. Helen, d'ailleurs appuyée par Evelyn, se met en avant d'une façon inattendue quand on a vu le premier film, et Bob apparaît effectivement comme un gros super-nounours incapable de maîtriser sa force exceptionnelle... 

A ces éléments viennent s'ajouter de nouvelles épices fascinantes: Brad Bird étudie de quelle façon les nouveaux communicants pourraient en effet "vendre" du super-héros, en optimisant tout et n'importe quoi. Le portrait de Winston Deavor, tout en en faisant un personnage positif, est ambigu, et nous laisse un goût étrange, surtout quand il fait dire à Helen "It's time to make Super-Heroes great again": sans doute pas un hasard, non? Le film joue sur cette ambiguité, en nous montrant un monde qui tourne fort mal, finalement, où le public peut nous apparaître comme une masse de crétins ignorants des bienfaits qui les préservent, et capables de se jeter dans le moindre piège médiatique. Tiens donc!

...Mais le film n'est pas qu'un prêche, c'est d'abord et avant tout une montagne russe de gags, d'émotions, de séquences d'action impeccablement réalisés, et d'animation sublime. Le rendu des personnages est de plus en plus beau, le style de Brad Bird et Pixar est ici à son plus haut niveau, et en prime le rendu des décors est encore plus hallucinant que la dernière fois. La musique est splendide, etc etc. Pour finir, Jack-Jack est absolument Incredible.

 

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Published by François Massarelli - dans Pixar Animation Disney Brad Bird
16 juillet 2018 1 16 /07 /juillet /2018 09:50

Dans le film The incredibles, une scène de pirouette finale est restée dans toutes les mémoires: alors que la situation s'est éclaircie, que tout va bien, c'est en écoutant les messages de la baby-sitter du petit Jack-Jack qu'Helen et Bob Parr apprennent non seulement que ce dernier a été enlevé, mais aussi qu'il a sans doute enfin démontré qu'il avait des pouvoirs... Et quels! Ce court métrage de complément (destiné au DVD) explore cette sous-intrigue en nous montrant l'envers du décor: comment Kari, la baby-sitter (Interprétée par l'animatrice Bret Parker), a vécu l'expérience de garder un bébé dont elle ne savait pas (et ses parents non plus) qu'il pouvait être invisible, léviter, traverser la matière, envoyer un rayon destructeur avec ses yeux et tant qu'à faire opérer une combustion spontanée sans la moindre conséquence sur sa propre santé... mais pas sur son entourage.

C'est une irrésistible suite de gags qui complètent avantageusement le film de long métrage; plutôt que de laisser cette suite de séquences très drôles à la fin du film, en lieu et place de l'énervant bêtisier qui était devenu la tradition Pixar, Bird a préféré en faire une cerise sur le gâteau, mais surtout un film de court métrage à part entière, soigné et fort bien construit... Tant mieux. 

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Published by François Massarelli - dans Animation Pixar Disney Brad Bird
16 juillet 2018 1 16 /07 /juillet /2018 09:15

Le beurre et l'argent du beurre, comme on dit: peut-on à la fois mener la carrière qu'on s'est choisie, le faire bien et sans regrets, et du même coup maintenir une vie de famille résolument solide et "normale"? C'est la question soulevée par ce film... Tout en étant une histoire de super-héros, ce long métrage Pixar qui me semble être tout bonnement le pic absolu de la production du studio, aborde en effet une thématique qui tient particulièrement au coeur de Brad Bird, et dont celui-ci vient d'opérer un dépoussiérage avec son nouveau film, sorti cette année, et qui s'appelle... The Incredibles 2!

Mais n'allons pas trop vite: intéressons-nous à cette drôle d'entreprise, un film qui à la fois offre une satire enlevée des films de super-héros, propose une revitalisation du genre, une histoire modèle, et se paie le luxe d'en exposer les codes dans de nombreuses scènes de méta-cinéma de haute volée! Et tout ça, comme le film Superman de Richard Donner, part d'un lien établi à l'écran entre glorieux passé et présent incertain: on commence par des interviews vintage de super-héros qui apportent leur réflexion à un thème soulevé par des journalistes: qu'est-ce que la vie de héros, quelles en sont les frustrations, et l'anonymat y est-il nécessaire? Les trois héros interviewés, Mr Incredible (Craig T. Nelson), Elastigirl (Holly Hunter) et Frozone (Samuel L. Jackson) sont assez clairs: il est impossible de concilier une vie de famille et un sacerdoce de super-héros. Frozone va même jusqu'à s'en réjouir... Dans un soupir qui en dit long, cependant. 

Mais très vite, après une séquence fabuleuse en forme de florilège du "style" de Mr Incredible, on apprend que la situation de ces trois héros flamboyants est du passé, que les gens du public se sont lassés, et que les justiciers sont priés de faire profil bas, et de ne surtout plus intervenir. Mr Incredible, soit Robert Parr, marié avec Elastigirl alias Helen Parr, est agent d'assurances. Il est la proie de son patron, un insupportable connard de 62 cm de haut qui prend un malin plaisir à se payer la fiole d'un employé taillé comme un tank. Ils ont la sécurité, un petit pavillon et trois enfants... Je n'ais pas encore parlé des super-pouvoirs des deux parents: Bob Parr est fort, très fort: il fait ses exercices matinaux en soulevant des locomotives! Helen, comme son nom de scène ElastiGirl l'indique, est dotée d'une souplesse phénoménale... Et leurs deux grands enfants, la timide fille Violet et le turbulent Dash, ne sont pas en reste: Violet est dotée d'un pouvoir d'invisibilité qu'elle a pour l'instant du mal à contrôler, et peut générer des champs de force, mais là encore, c'est balbutiant. Dash est doté d'une vitesse et de réflexes impressionnants... Mais l'un comme l'autre, tout comme leurs parents, doivent rester discrets sur ce point...

Le film prend vraiment son envol lorsque Parr est licencié après un coup de sang (salutaire, si vous voulez mon avis). Il trouve un emploi mystérieux, en acceptant la proposition d'une femme inconnue, Mirage (Elizabeth Pena) de travailler pour un commanditaire qui restera secret: il accepte, en secret pour ne pas inquiéter Helen (ce qui s'avérera une erreur riche en conséquences), et ne sait pas que pour se remettre à effectuer son boulot de super-héros, il vient de signer un pacte avec un ancien fan frustré, qui a décidé de supprimer tous les super-héros dotés de pouvoirs... Afin de les remplacer avec ses inventions. Un danger public, incarné par "Buddy" (Jason Lee)...

La famille reste le maître mot du film, qui montre de quelle façon elle va être mise en danger, puis réunie par les circonstances. Brad Bird, qui avait montré un certain pessimisme sur le sujet dans The Iron Giant (et allait le faire de nouveau dès son film suivant, Ratatouille), me parait avoir fait une concession à l'esprit Pixar ici, mais ce n'est pas un gros problème, car le thème du film n'est pas que la famille, justement. C'est le problème de la place d'une personne dans le monde que cherchent à établir Robert Parr, Helen Parr et leur ami Lucius Best (Frozone), ce qui est transcrit par des scènes enlevées, de super-héros dans la vraie vie, d'engueulade familiale à table, de rivalité de fratrie entre deux membres de la même famille dotés de super-pouvoirs... Et autre thème (très présent dans les films Pixar, bien sûr): qui est-on? Une question non seulement soulevée par la frustration de ne pouvoir assumer leur réelle identité, pour les héros, mais aussi par le fait que Jack-Jack, le dernier né de la famille Parr, n'a pas de pouvoirs. Pas, ou pas encore? Et si c'est ce dernier cas, quels sont-ils? Réponse dans le film...

Bird arrivait dans Pixar auréolé d'un succès non négligeable avec The Iron Giant. Le studio lui a déroulé le tapis rouge, le laissant libre de développer son projet avec une quasi carte blanche (si on excepte la présence obligatoire de quelques thèmes maison, évoquée plus haut). Le résultat, qui est à la fois une parodie et un film qu'on peut après tout prendre au premier degré, est une réussite au-delà de toute espérance: superbe graphiquement, à l'animation fluide et surprenante, supérieurement monté, et doté d'un script absolument étanche. Pas un défaut ne vient se mettre en travers du plaisir que génère ce film. C'est un chef d'oeuvre...

 

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Published by François Massarelli - dans Animation Pixar Disney Brad Bird