Clampett ne respectait rien, pas même la propagande; lui qui a osé, en plein effort de guerre, se moquer de la conscription (Draftee Daffy, en 1945), ne semblait pas atteint par l'esprit général, et se moquait de ce qu'il voulait, ce film le prouve... Bugs Bunny, dans une base de l'air force, lit le journal et y apprend des services de propagande nationale, que les "gremlins" travaillent dur au sabotage d'avions... Il en devient paranoïaque, et se retrouve dans un bombardier, en compagnie de gremlins qui le rendent fou...
Les gremlins, ici, ne sont qu'un gag, une sorte de lutin peu défini, qui ne sert qu'à une seule chose, provoquer le malaise de Bugs Bunny. Le film parle apparemment de rationnement, de méfiance aussi, en ces temps d'espionnage très dramatique (on est en plein effort pour commencer la guerre, en 1943, aux Etats-Unis), mais tout se passe comme si Clampett souhaitait, finalement, jeter le cartoon avec l'encre du bain!
Il en résulte un film extrême, dont le malaise du personnage principal (décidément, Clampett était sans doute le seul à vraiment maltraiter Bugs Bunny...) tend à déteindre sur nous, tant l'animation est avant-gardiste. Clampett s'assagira l'année suivante en créant une nouvelle forme de "Gremlins", ceux du Kremlin, qui rempliront vraiment leur office de propagande dans Russian Rhapsody, un film contemporain de la période étonnante durant laquelle les Etats-Unis de Roosevelt et la Russie de Staline ont travaillé ensemble à l'effort de guerre...
Yosemite sam, pirate de son état, se lance à l'assaut d'un vaisseau, dont tous les marins et passagers s'enfuient... Tous sauf un: c'est un lapin. La lutte sera inégale...
Ce film de 1954 tire son titre de l'épopée de Raoul Walsh, parue quelques années plus tôt, Captain Horatio Hornblower... Mais c'est malgré tout à un autre film qu'il fait penser: un peu à la façon de Chuck Jones avec sa fameuse trilogie autour de la chasse au canard, Friz Freleng s'amuse avec des variations infimes sur le premier film, reprenant certains gags en les gérant différemment, et en les prolongeant de façon inédite... L'énergie spécifique à la rencontre entre Yosemite Sam et Bugs Bunny, de toute façon, fait naturellement le reste...
Yosemite Sam et Bugs Bunny sont à nouveau à couteaux tirés, et dans le cadre de leurs combats, une explosion envoie Sam à l'endroit où il est inévitable qu'il finisse. Mais le diable, voyant arriver un collègue, lui propose de travailler pour lui et de remplir une mission: expédier ad patres un certain lapin...
Oui, c'est idiot, et ce dès le départ... Il ne faut pas longtemps avant qu'on découvre le pot-aux-roses: ce ilm est en fait une compilation hâtive qui reprend des extraits de films déjà sortis, et pas des meilleurs, autour de la rivalité des deux proagonistes. Le prétexte ajouté est cousu de fil blanc, et pour compliquer les choses, le designe change d'un épisode à l'autre avec des ajouts qui sont vite et fort mal faits... La physionomie de Bugs Bunny, par exemple, oscille entre son design par Freleng et celui de McKimson.
L'intrigue est simple, basique même: Bugs Bunny vit en pleine nature, dans une forêt montagneuse au Canada, et il aime à prendre ses douches sous la cascade... Mais un Québécis (avec le pire accent Franças du monde) l'en empêche, en construisant un barrage. La lutte sera inégale, car celui des deux qui n'est pas un lapin n'a aucune chance...
Les blagues les plus courtes sont les meilleures, dit-on... En ce qui concerne Bugs Bunny, on ne compte plus les classiques jusqu'au milieu des années 50, ce qui fait 15 bonnes années de bonheur. Après... Ca donne ce genre de film, mais je n'accablerai pas ce pauvre McKimson, il n'est pas seul en cause. Chuck Jones lui-même a réalisé des films avec le personnage dans les années 60, qui ne valent pas un clou...
Ce qui incidemment, est le cas de celui-ci. A force d'étaler ma science avec suffisance j'avais oublié...
Bugs Bunny est poursuivi par Elmer Fudd, et trouve un trésor dans une caverne: une capsule temporelle des temps préhistoriques dans laquelle subsiste un film (!) en parfait état... Il le visionne et constate qu'il a un ancètre, un lapin à dents de sabre, qui avait la même vie et la même malice que lui...
On touche le fond du terrier? C'est mauvais, poussif, moche, mal animé (Bugs court et parle, mais sa bouche reste désespérément immobile); le design d'Elmer a considérablement changé, sa voix n'est plus la même... On accepterait je pense les gags basés sur l'anachronisme plus facilement s'ils étaient proposés dans un cadre plus maîtrisé... Mais là, c'est mission impossible: tout, aboslument tout, tombe à plat.
Elmer Fudd achète un lapin... Mais il le met en cage ce qui a le don de l'énerver, et surtout de l'inspirer dans une multitude de façons de taquiner son nouveau maître...
Et donc, ce serait Bugs Bunny. Ca ne l'est pas, et ce pour un unique détail (si ce n'est que l'aspect du lapin en question mériterait d'être encore travaillé, ce que Robert McKimson allait bientôt se charger de faire, et avec les résultats que l'on connaît): Mel Blanc n'en a pas enregistré la voix, et si le personnage a déjà des éléments de conversation qui renvoient à son futur... Comment voulez-vous imaginer Bugs Bunny sans CETTE voix?
Quoi qu'il en soit, ce n'est pas un mauvais film du tout, juste une étape rare et essentielle vers la création d'un des personnages les plus importants de l'histoire du cartoon cinématographique... Un personnage sans filtre, assurément, dont linvention allait durant toute la décennie être mise au service d'une malice sans trop de compromis.
Première guerre mondiale, sur le front français, on décide d'envoyer un pilote pour supprimer le baron SamVon Shpamm (Yosemite Sam). Bien qu'on ait choisi uncochon (anonyme) c'est finalement Bugs Bunny qui s'y attèle...
C'est aussi idiot que ce qui précède, avec cet ajout de trente secondes qui voient Bugs remplacer le volontaire désigné auparavant... L'animation est à peine moins rudimentaire qu'un épisode des Fous du volant, et il y a malgré tout un moment qui vaut son pesant d'or: quand ça s'arrête, qu'est-ce que ça fait du bien... Il est vrai que ce film date de la périoce la plus noire du studio auparavant conduit par Leon Schlesinger, quand les films semblaient essentiellement produits vite et mal, pour alimenter les futurs programmes pour enfants de la télévision...
A noter qu'il y avait déjà eu un film sous le même titre, sorti en 1931, et dont la réalisation incombait à Friz Freleng, dont Gerry Chiniquy serait souvent un assistant.
Le coyote poursuit, pourchanger, Bugs Bunny, qui nous explique que l'oiseau habituel n'a pas pu venir. Pour le reste, ce serait un festival de ratages tous plus glorieusement lamentables les uns que les autres, s'il n'y avait un grain de sable...
Le grain de sable, c'est qu'on nous explique, justement. La grande force des aventures du coyote, c'est d'être un simple récit visuel, dépourvu de tout enjeu (on SAIT ce qu'il va se passer), une épure absolue, constamment renouvelée. Ici, un personnage bavard et qui se croit très drôle, nous explique tout? Cette redondance flingue totalement le film.
Alors que la construction d'un chemin de fer bat son plein, Bugs Bunny va s'attacher à mener une vie infernale à un pauvre ingénieur qui n'avait pourtat rien demandé à personne (Elmer Fudd)...
Tashlin, c'était un peu le chaînon manquan entre la dimension raisonnable des dessins animés de la Warner (en gros, ceux qui vont rester plus de deux décennies, les Jones, McKimson et Freleng), et les dingos (Avery, Clampett): capable de faire sérieusement déraper ses courts métrages, mais pas de façon irrémédiable, plus vers la folie douce que la folie furieuse...
Du coup, on eest ici confornté à la tendance l'espièglerie plus ou moins arbitraire de Bugs Bunny, un trait qui disparaîtra et avec lui, toute une gamme de fantaisie pure et poétique. Ce n'est peut-être pas le meilleur de tous les Bugs Bunny, mais c'est un gentil moment de loufoquerie assumée. Et ça, c'est toujours une bonne chose...
Daffy Duck, sous le nom de Jack, reçoit trois haricots magiques en paiement d'une vache. Il s'en débarrasse, en les jetant dans un terrier de lapin, et... ça pousse spectaculairement. Histoire de se confronter à l'inévitable (il connaît l'histoire du conte original), il escalade la plante pour aller au devant de la fortune qu'il s'imagine trouver au-delà des nuages...
C'est un de ces dessins animés génériques, réalisés dans les années 50 par Chuck Jones, dans lesquels il s'amusait à lâcher des personnages en constant décalage. Il est inévitable quand on voit le terrier de lapin, que daffy Duck se trouve nezà nez avec Bugs Bunny une fois arrivé au sommet de son arbre, et qui dit Buhhy et daffy, implique forcément Elmer, celui-ci sera donc le géant... C'est drôle, gentiment décalé, et rythmé par les constants dérapages de Daffy Duck.
Un pur moment de grâce nous montre Daffy Duck et Bugs Bunny mis ssous cloche par le géant, l'un passif et calme (Bugs) l'autre totalement excité. Pas un bruit, on ne peut pas les entendre, mais le contraste entre la froideur calme de Bugs Bunny et la panique de Daffy Duck est déjà hilarante. Et quand ce dernier se résigne (voir illustration) et adopte la même attitude de détachement, c'est le moment choisi par le lapin pour montrer qu'il a justement sur lui un ciseau spécial pour découper le verre. Les produits Acme, on peut toujours compter sur eux...