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  • : Allen John's attic
  • : Quelques articles et réflexions sur le cinéma, et sur d'autres choses lorsque le temps et l'envie le permettront...
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17 septembre 2016 6 17 /09 /septembre /2016 17:20

Something to think about est un film de transition, un amalgame de genres qui est très impressionnant précisément par la quantité de styles qui y sont réemployés. Le voir permet de comprendre, sinon d'excuser, l'irruption dans la filmographie de celui qui avait tant et si bien réussi, de Manslaughter: car entre ses westerns (The Virginian), ses comédies piquantes et sophistiquées (Don't change your husband), ses drames mondains choquants (The cheat) et ses audaces psychologiques sans précédents (The whispering chorus), DeMille toujours à la recherche de moyen de continuer à promouvoir la portée du cinéma, s'était lancé dans la production de films à message pour la société... Celui-ci est l'un des premiers.

David Markley (Elliott Dexter) est riche, et a tout pour être heureux... sauf ses jambes, qui ne le soutiennent plus. Il en tient une rancune tenace à Dieu, auquel il refuse de croire, et s'estime perdu pour le bonheur... Jusqu'à ce qu'il fasse la rencontre d'un vieux forgeron, Luke (Theodore Roberts), et de sa fille Ruth (Gloria Swanson). Il décide d'aider celle-ci à acquérir une éducation, et trois années plus tard les deux hommes voient revenir une femme séduisante, en lieu et place de la gamine qu'ils ont envoyée en pension. David va tomber amoureux d'elle, bien sur, mais la jeune femme prendra sa reconnaissance pour des sentiments plus forts, et dans un premier temps acceptera sa demande en mariage, avant de se raviser. En effet, l'assistant de son père, Jim Dirk (Monte Blue), un grand gaillard costaud et gentil comme tout, vient d'entrer dans sa vie. Il n'est pas riche, mais il n'a pas non plus de béquilles...

Avec ses plans qui fouillent dans le décor, qui nous montrent les objets de la vie tranquille de ces gens, on est dans un premier temps dans l'univers des comédies de Cecil B DeMille: la première demi-heure joue à fond sur cette carte, même si on se doute que le drame n'est pas loin, car si c'est un homme fantastique, et doté d'un vrai sens du sacrifice (C'est Ruth qui fait les premiers pas, car il ne veut pas qu'elle se sente obligée de lui dire oui), il a un défaut rédhibitoire: il ne croit pas en Dieu. Et cet aspect va revenir dans des anecdotes de châtiment divin qui ne sont pas le meilleur du film. Mais le metteur en scène se laisse volontiers aller vers le mélo, et s'il n'est pas aussi à l'aise qu'un Borzage quand il s'agit de peindre un miracle, il fait en revanche merveille devant le drame: une scène formidable passe du rire à la tension, puis aux larmes: la mort de Jim Dirk, noyé alors qu'il participe à la construction d'un tunnel du métro, est une grande scène frontale et très impressionnante. Quel dommage que les copies en circulation ne nous permettent pas de profiter pleinement de l'excellente photographie de Karl Strüss...

Avec un temps relativement restreint (80 minutes), ses acteurs de prédilection (Monte Blue et Gloria Swanson en particulier sont impeccables), et les inévitables intertitres de Jeanie McPherson, ce film est certes moins intéressant, car plus prétentieux, que les fameuses comédies de 1918 à 1920, mais c'est largement meilleur que les tréfonds de vulgarité et de simplisme grossier dans lesquels tombera DeMille en 1922 avec Manslaughter.

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Published by François Massarelli - dans Cecil B. DeMille Muet 1920
28 décembre 2015 1 28 /12 /décembre /2015 17:16

Sorti en janvier 1921, soit quelques mois avant The affairs of Anatol, ce film partage avec ce dernier le privilège d'être une expérimentation de son auteur, qui incorpore à la fois les éléments de ses comédies et du mélodrame, pour renouveler un genre qu'il ne sent peut-être plus, après il est vrai en avoir épuisé toutes combinaisons. Pour ce faire il recycle ici l'argument de son film The golden chance, en axant l'essentiel de la première partie sur la comédie d'observation: Les Mallory sont un couple de bourgeois distingués, et M. Mallory (Theodore Roberts) a besoin de l'appui d'un jeune homme entreprenant pour ses affaires, et le jeune homme (Forrest Stanley) ne souhaite pas s'attarder chez eux, ce qui pourrait faire perdre à son ami certaines opportunités lucratives. Son épouse (Kathlyn Williams) lui propose donc de le faire rester en l'appâtant avec une jeune beauté qu'il sera facile de contrôler: leur couturière Mary Maddock (Agnes Ayres) est justement tout à fait charmante, elle fera un piège facile. Il n'y a que deux problèmes: le premier, c'est que Mary est mariée, à un homme brutal qui est revenu de tout à force de ne pas trouver de travail... Et le deuxième, c'est bien sur que Mary et l'ami des Mallory vont, bien sur, tomber follement amoureux l'un de l'autre...

Après The Golden Chance dont le titre soulignait la possibilité donnée à une jeune femme de s'élever et d'échapper à son destin, Jeanie McPherson prêche beaucoup ici, contre l'attrait du "fruit défendu". Mais comme d'habitude, le prêche sert essentiellement à masquer les intentions salaces, le film étant comme d'habitude fort risqué. On reste dubitatif devant la nécessité de refaire ce qui reste l'un des chefs d'oeuvre formels de DeMille, et le résultat ne donne pas raison à son auteur. D'autant que si on y montre avec virulence les différences entre les classes, et il faut voir comme Mary est bien mal lotie, on voit bien qu'une fois de plus les classes dirigeantes sont grâce à leur chance à l'abri de la tentation du crime... ce qui n'est pas le cas des pauvres, qui sont manifestement attirés par la malfaisance! Quant aux Mallory, ils n'auront aucun châtiment pour leur supercherie d'un goût douteux. ...Il faut croire que ce n'était pas le sujet!

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Published by François Massarelli - dans Cecil B. DeMille Muet 1920
17 juin 2015 3 17 /06 /juin /2015 11:41

Le samedi soir, pour une famille modeste aux Etats-Unis en 1921, c'est le soir du bain; on s'apprête à sortir, et on se fait beau, et on en profite pour faire les ablutions de la semaine, car il n'y a pas de petites économies... C'est donc de classes sociales qu'il sera question ici, dans un film qui est clairement une comédie, plus souriante en effet que The affairs of Anatol, que Male and female aussi, dont Saturday night prolonge la réflexion, mais en laissant le spectateur à ses propres conclusions. Rappelons d'abord que dans le film de 1919, une famille Anglaise aisée s'échouait sur une île déserte, et les bourgeois étaient désormais à la merci du bon vouloir de leur domestique qui lui savait se débrouiller et devenait ainsi l'homme le plus important, une inversion des rôles qui ne survivait évidemment pas au retour au bercail. Un constat amer? Pas tant que ça puisque le domestique pouvait trouver un nouveau départ en s'installant aux Etats-Unis, un territoire égalitaire entre tous... C'est donc aux Etats-Unis que se situe Saturday night, qui raconte l'échange entre une petite blanchisseuse (Edith Roberts) qui a rêvé de luxe toute sa jeunesse durant, et une riche héritière blasée (Leatrice Joy) qui a des notions romantiques, souhaitant trouver l'âme soeur, et de partir vivre dans le dénuement et la simplicité. Le film adopte dans son introduction le ton d'un conte de fées modernes, via des intertitres comme souvent envahissants: dans la vie moderne, il n'y a pas de fées, donc pour toute transformation d'une Cendrillon, il faut compter sur soi-même, ou sur le destin.

Soyons juste, il n'y a peut-être pas de bonne fée, mais certains épisodes de ce film renvoient quand même un peu à la magie: c'est parce que l'escalier de service est encombré d'une domestique qui prend toute la place que Shamrock la blanchisseuse tente de passer par la maison, et va déclencher une série d'événements qui vont la mener à se marier avec le fils (Conrad Nagel) de la richissime famille qui lui confie son linge. Et parmi les événements en question, c'est parce qu'ils se sont trouvés accidentés ensemble que le chauffeur Tom McGuire (Jack Mower) va s'enhardir et embrasser sa patronne Iris Van Suydam, alors qu'elle est évanouie: au réveil, comme par enchantement, elle est désormais amoureuse... Les deux couples vont se marier chacun dans leur coin, et tot le monde va avoir le plus grand mal à s'adapter. On peut aussi assimiler Elsie (Julia Faye), la soeur du riche Richard, à une mauvaise fée tant elle ne va pas prendre de gants pour mener la vie dure à sa belle-soeur venue du peuple... Le film va, au travers de gaffes, catastrophes et preuves flagrantes de l'impossibilité des deux femmes à s'adapter à leur nouveau milieu, tenter de prouver qu le mélange est impossible, et donc, la morale est assez ouvertement "Chacun chez soi". Dans un premier temps, on pourrait râler, et interpréter cette conclusion comme un renoncement des idéaux démocratiques rendus possibles dans le passage en Amérique, dans Male and female trois ans auparavant. Mais le point de vue ici, et la sympathie des auteurs, et par là-même du public, sont acquis à Shamrock et Tom, qui ont, finalement, la belle vie.

DeMille simplifie considérablement la mise en scène, qui reste néanmoins dynamique, et le metteur en scène, comme si souvent, s'essaie à des ruptures de ton assez inattendues, comme cette idée d'abord un peu saugrenue mais qui s'avérera payante, de passer une fois de plus par l'épreuve du feu, comme il l'a déjà fait pour Joan the woman, et comme il le refera dans The road to yesterday et dans The godless girl. Un incendie qui forcera chaque protagoniste à choisir son camp, à montrer qui est véritablement son âme soeur. Donc si Borzage ou Capra seront foncièrement l'un et l'autre plus à l'aise avec ce type de film dans leurs carrières respectives, on se réjouit de voir l'aristocrate DeMille s'en tirer si bien avec un film essentiellement dédié à célébrer son public populaire...

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Published by François Massarelli - dans Cecil B. DeMille Muet 1922 *
16 juin 2015 2 16 /06 /juin /2015 16:44

Michael Ramsay (Milton Sils) néglige son épouse (Anna Q. Nilsson), et celle-ci est très tentée de répondre aux avances de l'intrigant "M.Jaromir" (Theodore Kosloff); ele ne sait pas que celui-ci est en réalité le roi en exil d'un petit pays européen en ébullition. De son côté, Tillie, la fille des Ramsay (Pauline Garon) souhaite conquérir le coeur d'un anthropologue réputé mais ô combien distrait (Elliot Dexter). Les cinq vont se retrouver mêlés dans un maelstrom de coups de théâtre sentimentaux...

Ce film date de la période située, dans la carrière de DeMille, juste entre son fameux et si embarrassant Manslaughter, dans lequel il laisse la morale de pacotille l'emporter sur l'art, et sa première version de The ten commandments. Adam's rib (Ne pas confondre avec le merveilleux film de Cukor portant ce même titre) est un mélange étonnant, extravagant, mais surtout décevant et bien mal fichu, de tout ce qui fait DeMille: un sujet moderne, une vraie interrogation sur la pérennité de l'amour conjugal, un soupçon de comédie, une réflexion sur le rêve Américain, un épisode loufoque faisant référence à une époque mythique (Ici, une préhistoire de carton-pâte se substitue avec humour mais aussi une certaine insistance la sempiternelle allusion biblique), et des tonnes de prêche moralisateur et sexiste sont mélangés dix bobines durant. Le film possède aussi une séquence dans un musée, avec deux amoureux et un squelette de dinosaure, qui aura une descendance intéressante, puisque Hawks s'en inspirera pour son film Bringing up baby. DeMille continue à se raccrocher à ses comédies de 1918 à 1920, mais le film s'en éloigne aussi, comme le faisaient Male and female et The Affairs of Anatol, sans vraiment convaincre. Dans Anatol, après tout, certes DeMille divaguait, mais au moins il adaptait Schnitzler. Maintenant, il se repose entièrement sur les délires de Jeanie McPherson: trop de salade tue le saladier...

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Published by François Massarelli - dans Muet Cecil B. DeMille Navets 1923 *
10 juin 2015 3 10 /06 /juin /2015 17:35

Ce film fait partie des premiers longs métrages de DeMille, ceux qu'il tournait l'un après l'autre, le plus souvent adaptés de pièces de théâtre à succès (La fameuse formule qui a lancé la toute jeune Paramount, "Famous players in famous plays", annonçait la couleur). Après The Squaw man et The virginian, tous les deux tournés en 1914 (au milieu d'une impressionnante liste de près de dix films), c'est aussi un western, avec son folklore et ses péripéties: l'intrigue concerne une femme, interprétée par Mabel Van Buren, qui tombe amoureuse d'un bandit de grand chemin, le flamboyant Ramerrez (House Peters), et qui pour éviter la corde à ce dernier va devoir le suivre dans son exil hors de Californie.

DeMille est déjà à la recherche d'une certaine fluidité narrative et d'un nouveau relief à donner à ses oeuvres. Il fait encore confiance à des plans larges, qui contiennent beaucoup d'information, mais il compose avec assurance ses images, et il utilise le montage pour entrer plus avant dans la psychologue de ses personnages. Cet aspect intimiste est encore balbutiant, et il faudra à DeMille et son opérateur Alvin Wyckoff l'expérience artistique de The Cheat et son exploration des possibilités de la lumière et du clair-obscur pour toucher au but, mais avec ce film on sent déjà le metteur en scène en pleine recherche. Et comme dans ses autres westerns, DeMille sait qu'il peut compter sur les fabuleux paysages de la Californie du Nord pour ses films... Quant à la thématique, elle s'inscrit déjà dans la vision du western qui restera jusqu'à la fin de sa carrière le credo du metteur en scène: l'homme -et la femme- y est vu comme un pionnier, qui inscrit sa destinée dans l'idée d'une recherche du progrès. Le héros, qu'il soit redresseur de torts ou hors-la-loi (Ou les deux, comme le sera un peu Gary Cooper dans The Plainsman), ne peut s'accomplir qu'en transportant un peu la civilisation avec lui-ou elle.

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Published by François Massarelli - dans Muet Cecil B. DeMille 1915 *
30 mai 2015 6 30 /05 /mai /2015 17:17

Avec Gary Cooper et Jean Arthur, dans les rôles de deux icônes du Western, Cecil B. DeMille et sa fidèle Jeanie McPherson ont sorti en 1937 ce fort distrayant film, qui préfigure d’un certain nombre d’aspects du western à une époque (Deux ans avant le triomphe de Stagecoach) ou le genre n’avait pas très bonne presse : Le Western, dans les années 30, ce sont les petits films de série B, parlants et chantants, ou des serials à la petite semaine. Les grosses productions prennent toujours des prétextes plus nobles; The Big Trail, Cimarron, Billy The Kid seront vendus comme des épopées, pas des westerns. Si DeMille a abdiqué à l’arrivée du parlant toute prétention à faire un cinéma noble, après l’échec de son chef d’œuvre The Godless Girl, la vision de ce western de 1937 est malgré tout l’occasion de s’intéresser à ce que fut la vision de l’histoire qu’avait l’auteur de Joan the Woman, de The Crusades, et d’autres films qui prennent pour prétexte une période ou l’autre de l’histoire humaine. Il permet également de le situer par rapport à d’autres, pionniers (Griffith) ou plus modernes réalisateurs contemporains (Ford) qui ont approché ces thèmes à de nombreuses occasions dans leur fructueuses carrières… Enfin, il nous autorise à tenter une définition du héros DeMillien, en passant par le traitement par DeMille et McPherson de quatre grands noms du Far West, à savoir Wild Bill Hickok, Calamity Jane, « Buffalo » Bill Cody et le Général Custer… Vaste programme !

Suite à la volonté de Lincoln d’ouvrir les territoires des Etats-Unis à la colonisation, et le mouvement de la Frontière vers l’Ouest, les aventuriers confrontent leurs méthodes, s’aident, s’entraident, se trahissent occasionnellement, et font parfois front commun pour faire avancer la civilisation Américaine dans le sens voulu par Lincoln, tout en tissant la légende. La vision des pionniers par DeMille est, confrontée à la réalité des faits, édifiante : on voit les choix et simplifications auxquels se sont livré les auteurs, notamment en choisissant les acteurs. Si les efforts déployés par Jean Arthur qui jure, boit, crache et plastronne en Calamity Jane, sont finalement codés, mais vaguement réussis (le personnage original est suffisamment flou pour autoriser les à-peu-près un tant soit peu romantiques), on constate que Wild Bill Hickok, finalement, est surtout Gary Cooper. La scène de la première partie de cartes, au cours de laquelle les spectateurs mentionnent le tableau de chasse de l’impitoyable tueur n’y feront rien: il reste Gary Cooper jusque au bout du canon. On pourrait très bien imaginer quelqu’un lui dressant la réputation d’un William Munny (Unforgiven, de Eastwood : « Il a tué des femmes et des enfants aussi »), qu’on l’aimerait encore, totalement envoûtés par la présence minérale du bonhomme, parce que, après tout, c’est Gary Cooper. Tout ceci augure assez mal de toute prétention historique, et du reste, les autres personnages sont encore plus mal lotis: Buffalo Bill, marié, gauche, éternel second derrière la stature de Cooper est un faire-valoir assez tarte, et Custer ne vaut pas mieux, réduit à la simple représentation de son physique (une apparence qui était, historiquement, très travaillée par Custer lui-même) et l’énoncé occasionnel de son nom.

Toute date a disparu, rendant le tout fort rapide: on situerait pourtant le début du film en 1865 (La fin de la guerre civile, le 5 avril, et l’assassinat de Lincoln, le 12), puis on va vers l’ouest, rencontrant un Hickok fraîchement démobilisé: il porte encore son uniforme de l’union. Les retrouvailles avec Bill Cody ont lieu immédiatement, suivies dans la foulée de la confession de Mme Cody a Calamity Jane : elle attend un enfant. Celui-ci naîtra plus tard dans le film, ce qui ne sera que mentionné: Cody avouera en effet à Wild Bill que sa femme est retournée vers l’Est pour avoir son enfant chez ses parents, loin de toute violence. A ce moment du film, la bataille de Little Big Horn, commentée mais à peine vue, a lieu. Nous sommes donc en 1876. On le voit, le temps, la véracité des faits, n’ont pas été la préoccupation principale des concepteurs du film. Ce qui a compté, c’est sans nul doute l’impression globale, le choix capital de reposer sur des noms fantasmés, résonnant de multiples possibilités d’aventures pour le public. Mais l’absence de certains morceaux de bravoure (Après tout, pourquoi l’appelait-on Buffalo Bill? Et pourquoi ne pas nous montrer plus la bataille de Little Big Horn?) finit par être étonnante, surtout lorsque le film se dirige tout entier, de partie de cartes en rencontres avec le futur tueur, vers la fin «historique» de wild Bill Hickok, tué d’une balle dans le dos lors d’une partie de cartes par le nommé Jack McCall. Il ressort de cette volonté de slalomer un sentiment de rendez-vous manqué qui dessert le film, même si la fin rachète partiellement ce manque. Si My Darling Clementine de Ford ne nous montre pas toute la carrière, ô combien controversée, de Wyatt Earp, il évite aussi l’éparpillement en centrant en permanence le film à Tombstone, et fait de son film un portrait en creux d’une époque, en multipliant les plans de wagons de pionniers qui arrivent, il utilise la petite histoire pour raconter la grande. Il en ressort une cohérence qui fait défaut à ce film de DeMille. Si Ford avait choisi de confier à Fonda le rôle d’une grande figure, tout comme les noms portés par les personnages de The Plainsman sont des noms historiques, chez Griffith, que ce soit dans Intolerance, Birth of a nation, America ou Orphans of the storm, on constatera que les héros de ces films ne sont jamais les grandes figures, mais qu’en marge des drames humains du couple de Intolerance, des sœurs Girard, des familles Nordistes et Sudistes ou de la famille de Nouvelle Angleterre de America, l’histoire se déroule et avance. Typiquement, chez Griffith, l’histoire sert de toile de fond, et on inverse finalement le procédé observé chez Ford: la grande histoire sert ici l’histoire privée, tout en permettant l’accomplissement d’une (Ré)vision toute personnelle de l’histoire.

DeMille enfin, et ce film n’est pas une exception dans son œuvre, utilise l’histoire comme un showman, ou comme un publiciste: il est, n’en doutons pas, un héritier de ce Buffalo Bill qui fut pratiquement l’inventeur du spectacle Western, dans lequel il suffisait de voir en chair et en os l’un de ces grand noms (Annie Oakley, Sitting Bull…) pour que la légende prenne vie, voire s’invente au fur et à mesure. Combien de ces figures légendaires le sont elles devenues après quelques mois de tournées auprès de Buffalo Bill ou de Barnum? Avec DeMille, et quoiqu’il en ait dit lui-même, l’histoire sert le spectacle, et celui-ci, dans le cas de The Plainsman, est d’assez bonne qualité… Mais on en est toujours à l'utilisation du cinéma à des fins de spectacle telle qu'elle avait été théorisée en prélude à la réalisation de The Squaw Man, en 1914...

Un doute demeure sur le titre. Si la présence de Gary Cooper en figure tutélaire peut nous laisser penser que l’ « Homme des plaines » dont il est question est bien Wild Bill, une réplique, tôt dans le film, nous éclaire le film d’un jour nouveau: il y est question du plainsman, de l’homme qui se doit d’aller vers l’ouest pour y conquérir de nouveaux territoires. Il s’agit, après tout, d’un personnage générique, symbolique, qui finit par achever tout crédit à apporter aux héros, pantins d’une peinture plus vaste qu’il y parait. Et si on peut, en comparant ces personnages avec ce que l’on sait de la vérité, ou en faisant la même chose avec la Cléopatre de Claudette Colbert, on voit bien ici comment fonctionnent les héros des films parlants de DeMille: tels les figures de Pharaon et de son épouse (Ten Commandments), taillés dans le roc au cœur d’un très beau, mais très vain tableau vivant, les héros incarnent une possibilité publicitaire de raccrocher le film à une vague réminiscence historique, sont des pantins génériques, à défaut de tout autre sens. Si il est souvent reproché à Hickok d’être un tueur, jamais le fait n’est discuté, ni remis en question, ou en perspective : on n’en a pas le temps. On a juste demandé à Gary Cooper d’être Wild Bill Hickok, tout en restant Gary Cooper, et cela sert l’image du western telle que l’ont voulue les concepteurs du film. Bien sur, on préfère le Western selon Ford, que ce soit avec Stagecoach en 1939, avec The Searchers en 1956 ou avec The Iron Horse en 1924. Mais en faisant un Western en 1937, DeMille a malgré tout contribué à la survie d’un genre et de ses codes, et les passages de suspense du film(L’attaque de la cabane ou sont réfugiées Calamity Jane et Mrs Cody, ou encore la dernière partie de cartes), le lyrisme des décors, toujours plus vastes, et beaucoup plus variés que dans les Western post-Stagecoach, souvent situés dans le sud-ouest, le fourmillement DeMillien, prélude à l’action, comme dans The Crusades ou Unconquered, tous ces aspects contribuent au spectacle. Deux ans avant le très bondissant Pacific Express, un film curieux, fondamentalement regardable, et que je qualifierais volontiers de film le plus Hickokien de son auteur.

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Published by François Massarelli - dans Cecil B. DeMille Western
29 mai 2015 5 29 /05 /mai /2015 18:28

Situé entre deux classiques souvent cités dans les histoires du cinéma (Joan the woman et The little American), A Romance of the Redwoods fait, en apparence, partie du cycle de westerns mineurs de DeMille, ces films qui étaient sensés faire bouillir la marmite et garantir une certaine autorité à l’auteur qui souhaitait garder sa marge de manœuvre auprès de son studio. Il y convoque son équipe habituelle; on remarque d’ailleurs la présence des acteurs Raymond Hatton ou Tully Marshall, les Ward Bond de DeMille. S’il est donc moins important que des films contemporains, tels Old wives for new, The whispering chorus ou The Cheat, il n’en est pas moins un film a observer, notamment à cause d’un certain cousinage avec The golden chance, ce qui n’est pas rien…

Après Geraldine Farrar et avant Gloria Swanson et Bebe Daniels, DeMille fait équipe avec Mary Pickford, et la collaboration entre les deux montre bien que l’actrice n’était plus pilotée par le metteur en scène, mais une artiste en charge de son métier, comme Lillian Gish dans les années 20. Elle est époustouflante… Sur un scénario de Jeanie McPherson, A Romance of the redwoods commence par une double intrigue, montrant d’une part une jeune femme de l’Utah rendue seule par un décès, contrainte de partir retrouver un oncle en Californie, et d’autre part un bandit (Elliott Dexter) qui va usurper l’identité d’un chercheur d’or tué par les indiens afin d’échapper à la police; sans surprise, le mort n’est autre que l’oncle, ce qui va précipiter nos deux héros ensemble… Le reste de l’intrigue va se développer dans un premier temps autour de la tension née de la confrontation entre les deux, et de la difficile cohabitation : si les motivations du bandit n’ont pas besoin de développement, la nécessité de survie de Mary Pickford est liée à la présence dans la ville minière d’un bordel, annonciateur d’un possible destin tragique pour la jeune femme; puis la rédemption du bandit, déclenchée par l’amour naissant entre les deux protagonistes, va changer la donne : c’est désormais ce qui va motiver l’action des deux héros, séparément aussi bien qu’ensemble.

Le suspense reste le maître mot de l’œuvre, d’autant que les deux personnages sont splendidement campés; si Pickford l’emporte, c’est qu’elle était déjà une star, mais Dexter (Voir Old Wives for new, dans un registre fort différent), moins identifiable pour le spectateur d’aujourd’hui, est suffisamment convaincant : le spectateur n’a d’autre ressource que de prendre parti pour eux. DeMille et McPherson gardent du western le sens des grands espaces, largement exploités dans la première partie, au cours de laquelle la caméra (Alvin Wyckoff, toujours) prend ses distances, mais dès l’arrivée de Pickford dans la cabane, la tension se construit autour de plans rapprochés et d’un découpage magistral: Le sens de l’économie du metteur en scène est ici particulièrement notable: un gros plan, un seul, de Pickford en plein dilemme, et des plans moyens d’une grande lisibilité. Le souvenir des expériences en clair-obscur et de l’éclairage à la Rembrandt de The Cheat se ressent dans les séquences de la cabane, rendues baroques et inquiétantes par un jeu d’ombres et de lumières parfaitement efficaces.

Enfin, le souvenir de The Golden Chance hante ce film dans lequel la rencontre de deux mondes précipite un certain nombre de protagonistes dans le drame, résolu dans des séquences de suspense, au cours desquelles c’est bien évidemment Mary Pickford qui mène le jeu : elle recourt à un surprenant mensonge en ces temps prudes, surtout dans un film de l’auteur de Manslaughter: pour sauver celui que désormais elle aime d’un lynchage imminent, elle prétend être enceinte de lui. On retient son souffle… Néanmoins, le film est plus détendu que Golden Chance, et tout se finit dans un éclat de rire, point d’orgue pas inapproprié à toutes ces péripéties…

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Published by François Massarelli - dans Muet Cecil B. DeMille 1917 Mary Pickford *
29 mai 2015 5 29 /05 /mai /2015 18:23

Une jeune femme(Cleo Ridgely), fille de juge mais mariée par amour avec un abominable filou, se rend compte de son erreur après quelques années. Engagée par un couple riche pour du travail à domicile, elle renoue avec son passé bourgeois et s'éprend d'un jeune milliardaire. Suite à divers quiproquos, le jeune homme (Wallace Reid) tue son mari et va (sans doute) pouvoir convoler avec la belle.

Sur ce canevas de mélo, du à la fidèle Jeanie McPherson viennent se greffer divers thèmes, sociaux et moraux, qui étaient dans l'air en cette année 1915 (The Mother And The Law, Alias Jimmy Valentine, Regeneration en témoignent tous): il y est question de barrières de classes, de pauvreté, de gangstérisme, et de débrouille malhonnête; mais DeMille ne s'intéresse pas vraiment à la misère de ses protagonistes, elle lui sert de décor; au spectateur de tirer ses propres conclusions. En revanche s'il dépeint les pauvres de façon traditionnelle, il charge ses riches, bardés de suffisance et de cruauté, et confie au seul Wallace Reid un rôle positif et droit, dont il s'acquitte d'ailleurs de façon convaincante. C'est une constante de ce film: à l'instar de The Cheat, DeMille l'a admirablement dirigé. Il est vrai que l'un était tourné le jour(The Cheat) et l'autre la nuit(Chance), d'où un certain nombre de scènes nocturnes très effectives, une science de l'éclairage, plus encore que dans le film précédent, et un sentiment d'étouffement(Toutes les scènes ou presque sont des intérieurs)qui pousse le drame plus loin que l'élégant style de The Cheat, brillant mais un peu vain.

Le film précédent posait les jalons d'un mélodrame bourgeois, celui-ci est un merveilleux exercice d'économie, dans lequel contrairement aux luxueux exemples précités (Griffith, Walsh, Tourneur) on évite les grandes scènes de genre (Le Hold up de Jimmy Valentine, ou l'incendie de Regeneration, tous deux spectaculaires par la mise en scène et les moyens utilisés) pour se concentrer à chaque scène sur les drames de deux ou trois personnages, superbement interprétés et bénéficiant d'une mise en scène précise, d'une photographie à tomber par terre, et d'un montage constamment efficace, le tout fourni en prime avec une fin ouverte, abrupte et dénuée de tout commentaire, ce qui est particulièrement intéressant quand on connait le parcours de son auteur dans les décennies qui s'annoncent...

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Published by François Massarelli - dans Muet Cecil B. DeMille 1915 *
29 mai 2015 5 29 /05 /mai /2015 18:03

Le cinéma muet Américain n’a pas manqué de s’intéresser à la Grande guerre, et DeMille n’a pas été en reste, puisque dès 1916, il intègre à sa Jeanne d’arc (Joan the woman) des séquences contemporaines quasi engagées, dans lesquelles Jeanne galvanise les troupes alliées. Avec la montée des sentiments pro-guerriers aux Etats-Unis, puis l’engagement de la nation aux cotés des Français et des Anglais, le cinéma a suivi, et les films, de propagande (Hearts of the world, Griffith, 1918) ou d’exploitation pure et simple (The kaiser, beast of Berlin, Rupert Julian, 1918) se sont succédé; pourtant on a le sentiment que de tous les films sortis pendant et après la première guerre mondiale, le premier chef d’œuvre sera tardif: The Big Parade (1925) , de King Vidor, reste le premier regard honnête du cinéma Américain sur ce conflit. J’exclus ici Shoulders arms (1918) de Chaplin, un peu léger quoiqu’en dise Sadoul, et Foolish Wives (Stroheim, 1922), qui se situe loin des conflits, mais dans lequel le souvenir de la guerre se retrouvent dans tous les plans: c’est bien un chef d’œuvre, mais la guerre n’en est pas le centre. Après le Vidor, d’autres suivront, et le principal mérite de ce film MGM est d’avoir montré comment il fallait montrer la guerre : What price glory (Walsh, 1926), Wings (Wellman, 1927) et All quiet on the western front (Milestone, 1930).

The Little American, sorti en juillet 1917, est évidemment l’un des premiers films sur cette guerre, et le propos est, en dépit de la grandeur du sujet, on ne peut plus léger. Une jeune Américaine tiraillée entre un Français (Raymond Hatton) et un Allemand (Jack Holt), avec un faible pour ce dernier, se rend en France en plein conflit pour une affaire familiale, et tombe dans les filets d’une troupe d’abominables soudards Prussiens (Dont l'inénarrable Walter Long). Elle choisit son camp, et réussit à sauver son officier Prussien qui, de son coté, a pris conscience de la barbarie Allemande et a décidé de tourner sa veste après moult atermoiements. On l’imagine, les symboles plus ou moins lourds abondent (L'héroïne se fait offrir des chocolats aux couleurs du Stars and Stripes), et si il est notable que le jeune premier soit Prussien, les Allemands n’ont pas grand-chose d’ humain, préparant le terrain aux délires de 1918/1919 (Hearts of the world, Hearts of Humanity, etc…) dans lesquels Erich Von Stroheim croquera des petits enfants en violant des soubrettes(Je schématise). Et pourtant, et pourtant, dans ce film de pure propagande, scénarisé avec Jeanie McPherson et prévu pour être plus spectaculaire qu’intimiste, s’opère un miracle: une poésie de tous les instants, un bonheur cinématographique constant s’installent très vite, et emportant le spectateur, à condition que celui-ci soit consentant.

Si vous ne me croyez pas, eh bien c’est le même sentiment qui nous assaillent lorsqu’on regarde un Fairbanks de 1920/1929: Doug, c’est Doug. Eh bien Mary Pickford, c’est pareil ces deux-là étaient décidément faits pour s'entendre: elle prend les rênes tambour battant, et DeMille la laisse faire, et la suit: les péripéties s’enchaînent, et on a droit à tous les morceaux de bravoures que les deux complices Pickford et deMille ont pu nous concocter en 63 minutes; et par moment, on est proche du génie raffiné de The cheat ou The Whispering chorus : le torpillage du Veritania (Le Lusitania était dans toutes les mémoires, mais DeMille a opté pour un changement de nom), par exemple, nous est montré d’abord avec un montage parallèle (La fête sur le bateau, les préparatifs dans le sous-marin, et les plans raccourcissent au fur et à mesure de l’approche de l’instant fatidique) puis, lors du naufrage, avec une débauche de jeux de lumières: le forte de DeMille en ces années de formation, et sa passion personnelle, liée à son amour des tableaux classiques, notamment des Flamands. Le résultat est vraiment beau et la stylisation est totalement appropriée. A d’autres endroits, on se rappelle le don du metteur en scène et de son chef-opérateur (Encore Wyckoff) pour éclairer les scènes de nuit en intérieur de manière à rendre des effets baroques, voire inquiétants: a ce niveau, ils étaient vraiment en avance, et le résultat est toujours réussi dans ce film.

Pour résumer, voici un film totalement distrayant, et qui fait honneur à tous ses participants, même s’il convient de rappeler que nous sommes en 1917, et qu’ils feront tous mieux. Mais je donnerai beaucoup de Joan the Woman pour un seul Little American, et encore plus de Geraldine Farrar pour une toute petite Mary Pickford.... Y’aurait-il du parti-pris ?

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Published by François Massarelli - dans Muet Cecil B. DeMille Première guerre mondiale 1917 Mary Pickford *
29 mai 2015 5 29 /05 /mai /2015 17:55

The road to yesterday faisait assurément partie des plus étonnants films de son auteur, du moins lorsque on peut le voir dans de belles copies. Ce curieux mélange de drame bourgeois un peu boursouflé (Un couple marié subit les affres du doute tandis qu'une femme "moderne" hésite entre l'amour de sa vie, un pasteur, et un bellâtre à moustache cynique mais bien de son temps, le tout étant relié par des fils assez ténus) et de film fantastique à la petite semaine (Tous ces gens sont les réincarnations des protagonistes d'un drame du moyen âge) souffre vraiment de la gaucherie du scénario de Jeanie McPherson et de plus les personnages utilisent un grand nombre d'intertitres pour énoncer les justifications les plus inutiles: ainsi à chaque fois que c'est possible, un des 5 protagonistes dira «C'est étrange, je sens que nous avons déjà vécu cela au moyen âge», ce qui torpille toute notion d'étrangeté. René Clair, à la même époque, ne s'embarrassait pas d'autant d'explications pour ses films poétiques (Le fantôme du moulin rouge).

Quelques scènes toutefois, surnagent: dans l'une d'entre elles, située dans les beaux décors du Grand canyon, deux personnes tombent amoureuses l'une de l'autre autour d'une flèche qu'un Cupidon inattendu (un gosse qui campe dans les parages) vient de planter dans un arbre; une autre scène montre le mari d'un couple (Rudolf Schildkraut, qui est tout en retenue dans le film) qui passe outre le refus de son épouse de consommer leur union, une scène traitée tout en délicatesse, avec force ombres, détails (une rose qu'on piétine) et lenteur calculée; enfin, quand les héros sont précipités vers le moyen-age (Epoque très indéfinie: un intertitre nous transporte "300 ans en arrière" alors que les costumes font plutôt 14 ou 15e, et les décors franchement 12 ou 13e. ) dans un pays non précisé, par le biais d'un accident ferroviaire assez spectaculaire et bellement stylisé, réminiscence d'un beau film Autrichien de Michael Curtiz, Les chemins de la terreur (1921). DeMille l'avait-il vu? J'en doute, même si Curtiz avait vu les DeMille à cette époque, bien des oeuvres en témoignent. Par ailleurs, Jetta Goudal, en sorcière bohémienne, est brûlée vive dans une scène qui complète Joan the woman par l'utilisation très impressionniste d'un jeu d'ombres...

Quoiqu'il en soit, véritable curiosité, The road to yesterday est selon moi un échec: en tant que film fantastique, il est bien paresseux et trop bavard (Un comble pour un muet); même avec la meilleure volonté du monde, il me semble impossible de croire à cet enchevêtrement de coups de théâtre et manquant souvent d'humour. Les acteurs font leur minimum (On remarque dans l'un des rôles principaux Rudolph Schildkraut, déja vu chez Griffith-Orphans of the storm, America-et qu'on reverra souvent chez DeMille, ainsi que William Boyd, qui prend alors la relève de Wallace Reid.), et il n'y a, à part les scènes citées plus haut, rien pour rendre le film plus mémorable. Après ses Ten Commandments, pas extraordinaires mais sincères, et avant son impressionnant King of kings, il semble que DeMille n'ait plus rien à dire; la mise en scène mollassonne le confirme. Un coup pour rien, donc... Ou plus simplement, peut-être, maintenant que le metteur en scène était aussi le patron de son propre studio, fallait-il faire bouillir la marmite à films afin de rentabiliser les investissements.

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Published by François Massarelli - dans Muet Cecil B. DeMille 1925 *