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  • : Allen John's attic
  • : Quelques articles et réflexions sur le cinéma, et sur d'autres choses lorsque le temps et l'envie le permettront...
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3 juin 2018 7 03 /06 /juin /2018 08:52

Après une dizaine de courts métrages très quelconques dans la carrière de Chaplin, on élève enfin le débat, avec un film de deux bobines (il totalise une demi-heure), qui met d'abord et avant tout en valeur le grand comédien Roscoe 'Fatty' Arbuckle, qui n'hésitait pas à en rajouter sur son surpoids, afin d'obtenir un effet comique. On lui doit beaucoup, en particulier parce qu'il a fait débuter Keaton, avec lequel il partageait un certain sens de l'absurde.

Le film lui doit beaucoup aussi, et on ne serait pas surpris que le début lui soit en grande partie dû, tant son style est évident, dans deux scènes en particulier: lorsque Arbuckle s'apprête à se battre, et qu'au lieu d'accélérer l'action, il la ralentit en s'approchant lentement de la caméra jusqu'à être flou, dans une allusion évidente à The musketeers of Pig Alley, de Griffith; ensuite, dans une scène qui voit le comédien se déshabiller pour enfiler un costume approprié pour la boxe, il demande avec pudeur au cameraman de le cadrer au dessus de la ceinture... Ces moments sont du pur Arbuckle, et on sait que Sennett, producteur talentueux, était (pour utiliser le terme technique approprié) nul en tant que réalisateur.

Dans cette histoire de match de boxe arrangé, on regrette que le match lui-même ait été filmé en un unique et longuet plan général, les subtilités des acteurs sont ainsi toutes noyées dans la masse. Chaplin, venu de nulle part, y interprète un arbitre qui se prend tous les coups, et on y voit aussi Edgar Kennedy, Al St-John, Minta Durfee, Mack Sennett, Mack Swain... C'est de l'histoire! Le final dégénère, comme tous les Sennett un peu longs, en poursuite stupide... Mais une chose est sûre: si le film est bien un court métrage de Roscoe Arbuckle, une affiche, visible durant toute la première bobine, nous avertit du passage en salles du film Caught in a cabaret; et le personnage du film qui est au premier plan de cette affiche, c'est bien Chaplin lui-même: un signe en forme de clin d'oeil, que le comédien Anglais est désormais un homme sur lequel il va falloir compter.

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Published by François Massarelli - dans Muet Comédie Charles Chaplin Roscoe Arbuckle
2 juin 2018 6 02 /06 /juin /2018 18:37

Le plus mauvais metteur en scène de l'écurie Sennett, c'est Mack Sennett lui-même. Pour lui, diriger un film c'est poser la caméra, et dire moteur. Mais il y a pire, il était aussi acteur, et la confrontation avec un acteur comme Chaplin, même dans la verdeur de sa jeunesse, est cruelle pour le vieux cabotin.

Deux autres vedettes, ici, Mack Swain et Mabel Normand, pour une histoire de drague un brin répétitive, ou tout un chacun se dispute la belle, au point d'en venir aux coups de pied, jets à répétition de briques, et coups de gros maillet de la mort qui tue. C'est drôle à force d'insister, mais on comprend pourquoi Chaplin voulait tant contrôler ses propres films...
 

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Published by François Massarelli - dans Muet Comédie Charles Chaplin
1 juin 2018 5 01 /06 /juin /2018 17:22

On se souvient de Kid auto races, de 1914: on recommence... Totalement improvisé, ce film montre une jeune femme (un homme déguisé en réalité) se comporter de façon vulgaire et grossière en compagnie d'un certain nombre de personnages interlopes, au coeur d'une authentique inauguration. Aucun intérêt, sauf si on veut s'amuser à ajouter une moustache sur le personnage de la jeune dame, ce qui nous révélera son identité. Sans grande surprise...

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Published by François Massarelli - dans Muet Comédie Charles Chaplin
1 juin 2018 5 01 /06 /juin /2018 17:13

Alors voilà, Chaplin se voit enfin confier par Mack Sennett la mission de tourner un film en tant que metteur en scène, et Caught in the rain en est le résultat. Un film qui apparemment est une petite bande de rien du tout basée sur le quiproquo et le flirt, dans laquelle on retrouve toutefois des bribes de souvenirs de Mabel's strange predicament. Et pour cause: je maintiens que de toutes les expériences qu'il a eu en tant qu'acteur, à la Keystone, sa collaboration avec Mabel Normand a été la plus intéressante, et a engendré son style propre. Et c'est ce que nous prouve ce petit film...

Si le film prend racine dans un parc ou le flirt est élevé au rang de sport national (et partagé par Mack Swain et Chaplin lui-même), le metteur en scène se dépêche de ramener tout son petit monde à l'hôtel, ou il va pouvoir jouer sur les quiproquos, les confusions, la proximité des chambres dans les couloirs, et les malentendus graveleux. Mais surtout il obtient de contrôler ce qui va se passer sous son autorité... Et ça, il saura l'apprécier: pendant une cinquantaine d'années.

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Published by François Massarelli - dans Muet Comédie Charles Chaplin
31 mai 2018 4 31 /05 /mai /2018 19:19

C'est amusant de constater qu'alors que Mack Sennett avait offert à Chaplin l'opportunité de réaliser afin de le dégager des jambes de Mabel Normand, qui ne l'aimait pas, ils se se soient retrouvés co-réalisateurs et co-vedettes de ce film: un garçon de café séduit une bourgeoise en se faisant passer pour l'ambassadeur du Groenland (!) mais va devoir affronter la déception de celle-ci lorsqu'elle vient dans son café pour s'encanailler.

Bon, certes, on est encore dans un territoire propice aux coups de pieds aux fesses, mais Chaplin continue à faire évoluer son personnage, déjà physiquement très proche de ce que nous allons bientôt savourer. De plus, la multiplicité des décors, l'enjeu, une situation écrite plutôt qu'improvisée, nous éloigne des mauvaises manies de la Keystone. Le cinéma est en marche!

On attribue officiellement ces deux bobines à la seule Mabel Normand, et c'est vrai que la partie romantique porte totalement sa griffe, essentiellement dégagée des obligations habituelles de la Keystone: les gags y sont liés à la situation, les caractères y sont moins caricaturaux, et il y a une vraie intrigue. Mais de la même manière, les scènes dans le cabaret sont du pur Chaplin, avec l'utilisation austère mais précise de deux décors dans lesquels Chaplin et ses collègues s'activent. Et le comédien, qui a semble-t-il décidé d'explorer toutes les ressources de cet art nouveau qui le fascine, s'amuse joliment avec les ruptures de ton, dans son jeu, lorsque pris par l'émotion d'une chanson qu'il entend, son personnage est pris de sanglots... Une scène du plus haut tragi-comique.

En deux bobines, cette collaboration qui n'a pas du être de tout repos s'avère une étape essentielle dans la carrière des deux comédiens-cinéastes.

 

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Published by François Massarelli - dans Muet Comédie Charles Chaplin Mabel Normand
30 mai 2018 3 30 /05 /mai /2018 17:00

Dans un parc Californien, un certain nombre de personnages marivaudent allègrement, liés d'une part par un vagabond qui trompe son ennui en flirtant avec les unes et en piquant les montres des autres, et d'autre part par une montre qui fait son chemin d'une poche à l'autre...

Enfin! ayant écrit l'argument, Chaplin obtient de Sennett la permission de mettre un film en scène, et le situe volontairement en un seul décor, un parc (Griffith Park, le bien nommé!) où il retournera souvent. Chaplin y joue un vagabond ou assimilé, et même si le chapeau n'est pas le fameux melon, il est très proche de ce que nous connaîtrons bientôt. Cette histoire de flirts croisés, un peu improvisée, un peu frénétique, ne paie pas de mine, mais elle porte en germe un pan titanesque de l'histoire du cinéma, donc: respect!!

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Published by François Massarelli - dans Muet Comédie Charles Chaplin
27 mai 2018 7 27 /05 /mai /2018 11:01

Lassé de jouer à contre-emploi dans les films des autres, Chaplin a détesté ce film, pourtant intéressant, puisque c'est le premier court métrage de plus d'une bobine dans lequel il jouera. Mais il n'avait pas totalement tort, ce personnage de séducteur autoritaire dans une vague histoire de courses de voiture n'est pas pour lui.

C'est un film qui est au confluent de deux, voire trois tendances de la Keystone: les films de Mabel Normand, qui tout en étant d'authentiques comédies, essaient de situer le débat autour d'un romantisme évident, fut-il grotesque; les films improvisés par Sennett sur des lieux de manifestations populaires et particulièrement sportives (ici, une course de bolides dans laquelle Sennett a placé ses acteurs, dont lui-même... Il est atroce); et enfin, les grosses comédies bien vulgaires qui étaient le plus souvent interprétées par Ford Sterling. Et celui-ci venait de quitter le studio.

C'est la raison pour laquelle Chaplin, ici, porte justement un costume qui renvoie à celui de Sterling, tout en étant une variation sur les habits de Chaplin dans Making a living et Cruel cruel love. L'interaction avec la star Mabel Normand aurait toutefois pu porter ses fruits. Mais d'une part, on ne demande pas à Chaplin de jouer la comédie, ici, plutôt de gesticuler et de vociférer en direction de la caméra... Quant à Mabel Normand, ça ne s'est pas bien passé cette fois-ci: elle n'avait que faire des comiques Anglais...

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Published by François Massarelli - dans Muet Comédie Mabel Normand Charles Chaplin
26 mai 2018 6 26 /05 /mai /2018 17:26

Chaplin, en plein raffinage de son personnage, interprète un locataire d'une petite pension de famille, tenue par Minta Durfee. Celle-ci n'est pas spécialement tendre, sauf avec un de ses locataires: devinez lequel... Le fils de la dame va donc observer la maison, où tout le monde flirte avec tout le monde, et innocemment prendre des photos de toutes les situations scabreuses possibles et imaginables, pour la séance de lanterne magique de la veillée...

Il n'est pas difficile de deviner que la film se clôt sur une poursuite... A cette époque, Chaplin insiste pour réaliser ses films, ne se sentant pas à l'aise dans les courts métrages des autres. Il a raison: ce sujet ne lui convient qu'à moitié, même s'il rejouera 33 ans plus tard les verts galants dans M. Verdoux... En cause, le fait que le comédien ne soit qu'un des protagonistes de l'action, et qu'il doive s'intégrer à un ensemble dont l'homogénéité est loin d'être le point fort, sous la direction purement fonctionnelle de George Nichols.

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Published by François Massarelli - dans Muet Comédie Charles Chaplin Mack Sennett
25 mai 2018 5 25 /05 /mai /2018 18:57

Un bourgeois (Chaplin) veut se suicider en buvant du poison, car sa petite amie (Minta Durfee) lui interdit de venir chez elle, suite à un quiproquo: elle l'a surpris avec la bonne, et a pris une conversation innocente pour une tentative de séduction. Mais le poison est-il vraiment du poison?

...Non, c'est de l'eau. Chaplin est ici bien différent de son personnage de plus en plus fréquent, avec son costume de plus en plus reconnaissable. Sa moustache est effilée sur les côtés, il porte monocle, une redingote claire et un haut de forme, plus des guêtres, ce qui immédiatement l'identifie aux yeux du spectateur moyen de 1914 comme un homme de la bonne société.

Le film est un mélodrame jovialement crétin, particulièrement exagéré, qui me semble par bien des côtés comme une réponse parodique narquoise de la Keystone à la biograph. D'ailleurs, Chaplin ferait un Henry B. Walthall tout à fait acceptable, notamment dans la scène du poison, où l'acteur qui s'imagine mourir, se voit déjà en enfer... L'année précédente, Walthall avait joué le tourment d'un personnage de Poe dans The avenging conscience.

 

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Published by François Massarelli - dans Muet Comédie Mack Sennett Charles Chaplin
25 mai 2018 5 25 /05 /mai /2018 18:45

Si on s'en tient strictement à l'intrigue, ce film très médiocre est un Keystone moyen, avec quelques ingrédients qui sont typiques de Chaplin: ce dernier n'est pas un vagabond, son costume en témoigne, mais c'est un authentique poivrot, et on pense que son "passe-temps favori", justifiant ainsi le titre de ce court métrage, sera de s'adonner à la boisson. IL est d'ailleurs accompagné par un Roscoe Arbuckle qui serait méconnaissable s'il n'y avait l'embonpoint particulièrement prononcé. Mais non: le passe-temps favori du monsieur en question est de se livrer à l'adultère, et séduit par une jeune femme qu'il a croisé dans la rue, il tente de la courtiser chez elle, ce qui devient embarrassant quand le mari débarque.

Donc à Sennett on doit la crudité de l'anecdote, le grotesque assumé des costumes et du jeu, et à Chaplin, le jeu sur la séduction et bien sûr la remarquable soûlographie... Que le film soit médiocre importe peu, et le fait qu'il soit en très mauvais état, n'arrange rien.

Mais ce qu'on voit comme la moustache sous le nez de Chaplin, c'est le racisme particulièrement choquant des situations (Chaplin exprimant carrément son dégoût devant la présence dans les toilettes du débit de boisson d'un homme noir joué par un blanc, qui insiste particulièrement sur la bêtise du personnage, et la visite chez la jeune femme que convoite le personnage entraîne une méprise: Chaplin croit dans un premier temps avoir trouvé la femme qu'il convoite, mais sursaute d'effroi quand il se rend compte qu'il est en train de draguer la gouvernante Afro-Américaine... Autre temps, autres moeurs, sans doute. Chaplin devenu réalisateur, au moins, évitera généralement les gags ethniques.

 

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Published by François Massarelli - dans Muet Comédie Charles Chaplin Roscoe Arbuckle