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  • : Allen John's attic
  • : Quelques articles et réflexions sur le cinéma, et sur d'autres choses lorsque le temps et l'envie le permettront...
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13 mai 2011 5 13 /05 /mai /2011 17:15

Au moment d'aborder le chapitre suivant dans la carrière de Chaplin, après la fin de son contrat Mutual, il est intéressant de se pencher sur le cas des films inachevés ou parallèles de sa filmographie. L'un de ces exemples est sans doute plus connu: Chaplin a réalisé The Bond dans le cadre de la propagande de guerre, afin d'inciter les gens à acheter des bons de la liberté (Liberty bonds) pour permetre d'accroître l'effort de guerre.

Le film n'est pas que de la simple propagande, en dépit de son exceptionnelle austérité (des décors ultra-stylisés, sur un fond noir): Chaplin y présente les liens humains ("Bond"), celui de l'amitié (Un petite saynète de pantomime assez traditionnelle avec Chaplin et Austin en ami qui tape son copain à la suite d'une interminable conversation), celui de l'amour (Chaplin séduit Edna et reçoit une flèche décochée par Cupidon), et enfin celui du mariage, avant de passer au plus important "bond", celui de la liberté, dont Chaplin incite les Américains d'une façon pédagogique qui n'a rien à envier aux dessins de presse de l'époque, avec son Oncle Sam, son Kaiser, son représentant de l'industrie (Tom Wilson, non pas en financier, mais bien en artisan-armurier: on ne se refait pas.); des gags, donc, qui tranchent sur la propagande, et un film réalisé avec soin, et même avec énergie, par un Chaplin qui s'adresse directement au spectateur.

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Published by François Massarelli - dans Charles Chaplin Muet
7 mai 2011 6 07 /05 /mai /2011 09:33

Il existe une littérature abondante sur les récriminations de Chaplin vis-à-vis de la compagnie Keystone et de son patron Mack Sennett, tout comme de nombreux griefs publics (Dont un procès en quasi-paternité, au sujet de A burlesque on Carmen) dans ses rapports compliqués avec les patrons de l'Essanay. Je suis sur qu'on pourrait trouver en grattant un peu des conflits dans son histoire avec la Mutual, mais contrairement aux deux contrats précédents, tout semble s'être passé au mieux. Tout au plus constatera-t-on que les 9 premiers films sortent à un rythme soutenu (1 par mois) avant que la lenteur de Chaplin ne fasse capoter ce projet (il devait y avoir 12 mois, 12 films); mais la notoriété acquise de Chaplin et la qualité générale des films a permis à un public généralement versatile de patienter! Sinon, il existe au moins un Mutual inachevé, qui tourne autour du golf, et qui sera recyclé, en deux temps. Mais au terme de son contrat, au moment d'aborder un nouveau chapitre de sa carrière, l'un des plus importants, Chaplin a fait des pas de géants, grâce à un grand nombre de ces courts métrages de deux bobines. Maintenant, il est temps de s'évader...

Un paysage de bord de mer, envahi par des gardes en uniforme, armés et n'hésitant pas à tirer. A nouveau, l'ouverture de ce film est en trompe-l'oeil, cette fois Chaplin nous fait croire que nous assistons à un film d'aventures de facture classique, avant de démentir en faisant apparaître son personnage de prisonnier en cavale, qui émerge du sable, sur la plage, le visage face à un fusil... Il multiplie les rebondissements,effectuant une petite révolution au passage: le film commence par une poursuite! Le bagnard réussit à échapper à ses poursuivants en "empruntant" le costume de bain d'un quidam qui restera anonyme (on ne voit pas le visage de l'acteur, qui d'après la corpulence pourrait être John Rand). Tout ceci mène à la deuxième séquence de ce film qui possède une véritable intrigue, cette fois: dans une station balnéaire proche (Venice, Cal.), Edna est courtisée par Eric Campbell et son incroyable barbe, lorsque soudain, ils entendent un cri: la maman de la jeune femme se noie! Campbell ne sachant manifestement pas nager appelle au secours, mais Edna se précipite... alors qu'elle ne sait pas nager. Chaplin, arrivé sur la plage, intervient, et sauve tout le monde, dont Campbell tombé à l'eau. La rancoeur s'installe entre les deux, et le gros se venge en jetant le sauveteur épuisé à l'eau. Il est sauvé in extremis.

Ce qui est intéressant dans cette première moitié, outre sa richesse narrative et la parfaite intégration des gags dans ce qui est une histoire dramatique, c'est l'effort pour doter Campbell d'une personnalité en dehors de son costume de méchant. Il sera clairement un antagoniste pour Chaplin par son action dans cette première bobine, ce qui est effectivement une tentative de meurtre, et non seulement par son costume. Et à ce sujet, Chaplin joue une fois de plus sur le travestissement, avec son bagnard évadé, mais avec une grande subtilité, à commencer par ce qui est une nouvelle naissance (Délesté de son costume rayé, venu par la mer...), celle du héros, anciennement bagnard évadé. Ici, le costume apporte avec lui beaucoup plus que de l'apparence, il apporte une solution pour échapper à la police, mais aussi des ennuis en perspective. Il ne s'agit plus seulement de porter un costume et de faire deux ou trois cabrioles, il faut également tenir son rôle...

La deuxième partie commence d'ailleurs par le réveil de Chaplin, en pyjama, dans un lit. Il y a été transporté inconscient après son sauvetage. La vision des rayures du pyjama, et des barreaux du lit, par le bagnard évadé, donne lieu à un court gag, et le reste de la journée sera faite de rencontres sociales, dans la maison des parents d'Edna (Le père est interprété par Henry Bergman, qui joue également un petit rôle comique dans la première bobine), envahie de nombreux bourgeois. Evidemment, l'un d'eux est Eric Campbell, toujours préoccupé de séduire Edna, et qui se trouve face à dangereuse concurrence, avec ce "Commodore Slick", venu de nulle part, qui possède un énorme avantage sur lui, puisqu'il a sauvé un certain nombre de vies, dont la sienne...

La deuxième partie est un peu moins intéressante que la première, présentant plus Chaplin face à ses ennemis traditionnels, Campbell en tête (celui-ci ayant vu un avis de recherche du bagnard évadé), mais aussi la police qui fait son apparition assez rapidement. Le film se conclut sur une nouvelle évasion spectaculaire en forme de ballet burlesque, réglée avec soin par tout ce petit monde dans des décors taillés sur mesure. la fin est abrupte, et elle est ouverte: Chaplin et Edna ne pourront pas marcher vers la liberté ensemble, chacun dans on monde, et les gardiens de prisons pourront se garder tous seuls...

Direction la First National, ou toute interférence du studio sera dans un premier temps bannie... Totalement libéré, le prochain film de Chaplin sera une petite révolution, et comptera trois bobines. Albert Austin, Henry Bergman, Edna Purviance, Rollie Totheroh seront toujours là; d'autres vont venir grossir les rangs: Sydney Chaplin, déjà présent dans l'équipe de gagmen, va rejoindre les autres acteurs, il y aura aussi Loyal Underwood, et parfois Mack Swain. Mais l'un d'entre eux manquera à l'appel, laissant une place vide, qui ne sera jamais plus occupée, celle du méchant: l'acteur Ecossais Eric Campbell, décédé en décembre, pressenti pour tourner aux cotés de Mary Pickford dans Amarilly of Clothes-line Alley. Venu comme Chaplin et Austin de chez Karno, le seul acteur de sa troupe dont Chaplin désirait faire un vrai partenaire, et entrer en interaction avec lui, et qui pouvait lui voler parfois la vedette s'est tué en voiture, le 20 décembre 1917, il avait 38 ans. Ce film est son testament, et rien que pour ça, il est sublime...

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Published by François Massarelli - dans Charles Chaplin Muet
6 mai 2011 5 06 /05 /mai /2011 17:37

Sorti deux mois après The cure, The immigrant est encore une fois un classique si connu aujourd'hui qu'il semble avoir été planifié avec grand soin alors que sa gestation a été des plus chaotiques. Comparer le point de départ (tel que le précieux documentaire de Kevin Brownlow et David Gill l'a établi) avec le résultat final donne le vertige: Chaplin est parti d'une scène de restaurant, l'a étendue, allongée, a tourné autour avant de trouver l'idée de génie pour se sortir d'un écueil: Chaplin et Purviance sont tous les deux pauvres, tous les deux clients d'un restaurant: comment les faire s'aborder et se parler de façon naturelle? C'est très simple: ils se sont connus ailleurs, avant: sur un bateau en provenance d'Europe. Une fois nanti de ce développement, il ne reste plus à chaplin qu'à tourner un prologue (Toute une bobine, en fait) et à retoucher ses scènes de restaurant, mais aussi à trouver un titre: The immigrant. Aucune intention préalable, donc...

 

Le film commence donc sur un bateau, par une scène en trompe l'oeil; le bateau est secoué, et une silhouette familière est penchée par dessus bord... pour pêcher. La plupart des immigrants pauvres vivent à même le pont, et les repas sont servis à heure fixe. Les allures sont diverses, du melon passe-partout de Chaplin à la toque façon Slave portée par Albert Austin, en passant par des accoutrements évocateurs de l'europe Centrale, sans grande précision, Chaplin s'intéressant juste à l'effet global rendu par sa figuration plutôt qu'à un quelqconque réalisme. Le personnage habituel du vagabond rencontre une jeune femme (Edna Purviance) et sa mère, et les tire d'un mauvais pas. Le moment de l'arrivée les voit se séparer, et ils ne se verront plus jusqu'au jour ou ils se rencontrent de nouveau dans un restaurant, alors que le vagabond a trouvé de l'argent par terre. Mais l'argent s'est perdu entre le moment d'entrer dans le restaurant et le moment de payer la note, et le garçon interprété génialement par Eric Campbell a une façon radicale de traiter avec les mauvais payeurs...

 

L'unité ainsi obtenue pour ce film est donc d'autant plus hallucinante, dans la mesure ou il s'est construit presque par hasard. mais une fois son sujet en tête, Chaplin a laissé l'inspiration faire, et il n'est pas surprenant que le film soit un tel classique. Comme toujours, Chaplin a retenu l'esprit de l'immigration plutôt que la letre, et après tout il n'a pas lui-même traversé dans les mêmes conditions que ses héros. ignorant Ellis Island, il choisit de faire en sorte de montrer le mauvais traitement des immigrants  en plus simple, à la façon d'avant 1892 (Année de l'aménagement d'Ellis Island, le principal point d'immigration sur la Côte Est): "L'arrivée dans le pays de la Liberté", nous dit un titre, avant que des officiers n'utilisent une corde pour parquer les immigrants comme du bétail... en deux ou trois plans, tout est dit, et ces images sont inoubliables. On notera une rare image lyrique, un plan très rapproché de la foule des immigrants, dans lequel Chaplin scrute l'expression des européens qui fixent la Statue de la liberté, un plan magnifique, qui trouvera mille échos au cinéma, jusque dans The Godfather part II, de Coppola... Le reste du film est moins dramatique, mais on ne perd jamais de vue la condition précaire de ces gens, pas plus que leur identité étrangère: au restaurant, l'essentiel de la conversation est effectué par des gestes...

 

C'est une merveille, un film qui coule de source, dans lequel le mélange de drame et de comédie, de faits finalement assez noirs, et de truculence parfois volontiers grossière (L'obsession pour la nausée et le mal de mer, le temps qui fait tanguer le bateau, et rouler les immigrants les uns par-dessus les autres) construisent un ensemble inoubliable d'images définitives. Le pathos fait des apparitions de plus en plus crédibles, comme l'anecdote de la mort de la mère d'Edna, mais le film reste très homogène malgré cela. Ce film a été (est encore?) projeté en boucle au Museum of the Moving Image, à Londres, comme un exemple parfait de l'art de la comédie, et de l'art de Chaplin.

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Published by François massarelli - dans Charles Chaplin Muet
5 mai 2011 4 05 /05 /mai /2011 16:10

Sorti six mois environ après Easy street, ce film inaugure de belle façon la longue série de délais imposés par le perfectionnisme de Chaplin, qui avait en réalité pris beaucoup de retard depuis quelques films, ceci étant du à son soin de plus en plus maniaque. The cure est atypique, une fois de plus, parce que le monde ici dépeint par chaplin est celui de riches oisifs qui se regroupent dans un établissement thermal. Plutot que de critique sociale, il est plutôt question d' humour basé sur l'observation, et de ce bon vieux truc, de lâcher dans ce petit monde un électron libre, qui va pouvoir jouer au chien dans un jeu de quilles...

Chaplin interprète donc un homme du monde atteint d'alcoolisme, qui se trouve parmi les clients d'un établissement thermal très sélect, dont Edna Purviance, Eric Campbell (atteint de goutte) et Albert Austin (affublé d'un costume très "sportif" années 15, avec casquette assortie, il fait très Anglais, tout droit sorti d'un roman d' Agatha Christie) sont d'autres clients. Le lieu central du film, et de la station thermale, est la fontaine à laquelle les curistes vont s'approvisionner, et qui sera à un moment remplie d'alcool, occasionnant des résultats franchement drôles. En dépit d'une structure basée plus sur une série de gags que sur une intrigue proprement dite, le film se suit avec plaisir, et on y distingue suffisament de moments forts. Plutôt qu'un fil narratif, on y suit les aventures du personnage principal, son attitude navrante (Saoul 24h sur 24, il scandalise ces dames) et sa tentative de faire entrer de l'alcool en contrebande dans une malle. on le voit aussi voler au secours d'Edna, menacée par l'odieux barbu interprété par Eric Campbell, et bien sûr lorsque tous les curistes sont ivres, à cause de la fontaine à la gnole, il est le seul rempart de la sobriété, regardant tous les autres de haut.

Si le film ne dénonce rien, et se contente de rire de tout, Chaplin ne se prive décidément plus, de taper sur les bonnes âmes, ces gens qui vous jugent d'un regard. Il se les paie ici assez facilement, mais ne s'arrêtera pas en si bon chemin. quant au film, il est réjouissant, on ne dirait pas en le voyant qu'il a été si long à réaliser: voir à ce sujet le piétinement dans on tournage dans le fascinant documentaire Unknown Chaplin...

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Published by François Massarelli - dans Charles Chaplin Muet
3 mai 2011 2 03 /05 /mai /2011 20:31

"To be on easy street", soit se la couler douce en Anglais. Chaplin maîtrise admirablement le sujet de ce film, qui le voit en vagabond, se réveiller juste devant une mission, un matin, puis entrer, et là, convaincu, décider de s'amender. Il va chercher du travail. On passe ensuite à la rue du titre, dans laquelle a lieu une homérique bataille de voyous, tous plus brutaux les uns que les autres. On voit les policiers retourner au poste, en loques, sur des civières. Alors, le vagabond arrive pour s'engager dans la police, et bien sur, son premier travail sera d'aller faire respecter l'ordre à Easy Street.

 

Dès la première séquence, Chaplin ne rate aucune cible. il sait quelle est la misère des petites gens, pour l'avoir vécue à Londres, mais ne peut s'empêcher de se payer la tête, gentiment pour l'instant, des bons samaritains. d'ailleurs, son personnage ne daigne rentrer dans le droit chemin que parce que c'est Edna qui le lui a demandé; sinon, le pasteur est incarné par un Albert Austin sans moustache qui a l'air aussi attirant qu'une porte de prison. durant la séquence à la mission, Chaplin se paie aussi la tête d'une catégorie de l'humanité pour laquelle son personnage aura, à une spectaculaire exception près, toujours du mépris: les enfants. Sa voisine sur le banc lui confie un bébé dont le biberon fuit, permettant à Chaplin de placer un échantillon de son humour scatologique , en jouant de son visage de plus en plus inquiet lorsqu'il sent l"humidité lui envahir le pantalon. une autre scène, plus tard, le verra regarder des enfants en surnombre dans une maison d'un oeil soupçonneux, puis il s'adressera brièvement au père, un homme apparemment éteint, auquel il dira quelque chose: des conseils prophylactiques, peut-être?

 

Easy Street est un cadre parfait pour Chaplin, une rue entièrement construite en studio, dans laquelle l'essentiel de l'action du film se déroulera. L'arrivée du policier Chaplin est construite sur une accumulation cocasse: Eric Campbell, la grosse brute la plus imposante du quartier, vient de mener une lutte déloyale contre un policier, et se partage les maigres sous qu'il avait dans la poche à lui tout seul, en s'affublant de son casque. Il fait fuir tous ses petits camarades, qui ont manifestement peur de lui, et sur ces entrefaites, Chaplin arrive. la "bataille" n'est d'abord construite que sur une observation mutuelle, Campbell ralentissant le rythme pour imposer sa supériorité. mais Chaplin va quand même vaincre le grand... avec un lampadaire à gaz.

 

Cette victoire lui confère une certaine autorité, jusqu'au moment ou Eric campbell, qu'on avait emmené au poste, revient pour se venger. a ce moment, Edna est sur place, et l'enjeu devient plus personnel encore pur Chaplin. Néanmoins, il a pris le temps de montrer le policier qui se laisse aller à fermer les yeux sur quelques rapines, une visite d'Edna, au nom de la mission, chez une famille très nombreuse (Dont il a été question plus haut), et une séquence qui montre un toxicomane qui se pique, et menace Edna. Beaucoup de péripéties, et qu'on le veuille ou non, une peinture de la misère sous tous ses visages, qui laisse pantois tant le mélange entre comédie et drame est parfait. Eric Campbell aussi: il a rarement été aussi proche d'un duo avec son metteur en scène, et ami. Le film se conclut sur une rare fin heureuse, qui est totalement justifiée. Un superbe court métrage !

 

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Published by François Massarelli - dans Charles Chaplin
3 mai 2011 2 03 /05 /mai /2011 08:30

The rink doit son titre, aussi direct et laconique que les autres films de la série Mutual, à la deuxième bobine située sur des pistes de patinage. pourtant, l'essentiel de la première partie concerne un restaurant ou Chaplin est garçon, une première moitié strictement burlesque dans laquelle l'employé brille par sa compétence à établir la note d'un client abruti par son repas, en comptant les taches sur sa cravate, son costume, et son oreille... Le burlesque gentiment grossier domine cette première partie, entrecoupée http://3.bp.blogspot.com/_MWWJg9f2FB0/TLm4DGYTm2I/AAAAAAAABWk/jY8uHFaLf2U/s200/charlot+the+rink.jpgde sections durant lesquelles Eric Campbell, client du restaurant, drague effrontément Edna Purviance à la patinoire... et c'est là qu'après son travail Chaplin se rend, et sort Edna d'un mauvais pas, c'est à dire des griffes de l'autre homme. Comme le héros se fait passer pour un comte, elle l'invite à une fête sur patins, ou il se rendra, ainsi qu'un certain nombre de personnes, dont Campbell, et sa femme (Interprétée sans aucune finesse, et sans retenue non plus, par Henry Bergman).

 

Ce final est dominé par les prouesses de Chaplin, véritablement impressionnant dans son numéro de patins à roulettes... on le reverra sur cet ustensile dans Modern times. ce qui reviendra aussi dans ce film, c'est le ballet des portes de restaurant qui est esquissé ici, dans la première partie. Mais The rink est asse mal fichu, tout entier axé sur son final spectaculaire, qui est une fois de plus centré sur une poursuite réglée comme une horloge, à patins... Un moment hilarant qui donne le sentiment d'avoir un peu sauvé le film, parfois redondant, aux parties pas toujours bien cousues l'une à l'autre. Il fallait sortir un film par mois, et Chaplin s'accomodait mal de cette pression. Qu'importe: il lui reste quatre films à tourner avant d'en finir avec son contrat Mutual, quatre chefs d'oeuvre.

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Published by François Massarelli - dans Charles Chaplin Muet
2 mai 2011 1 02 /05 /mai /2011 08:15

C'est la quatrième fois, après A film johnnie (George Nichols, 1914), The masquerader (1914), et His new job (1915) que Chaplin joue avec le cinéma en train de se faire. Ce nouveau court métrage a trouvé son ancrage-prétexte dans un studio, ou Chaplin est un employé rodé et de longue date: on trouve cet indice de stabilité dans le travail qu'est la petite pipe de Chaplin. il y est doté d'un nom, bien que ce soit surtout pour les besoins d'un gag: il interprète l'assistant David d'un accessoiriste appelé... Goliath (Eric Campbell). les deux vont d'ailleurs, je tremble au moment de l'écrire tellement c'est exceptionnel, manifester une certaine complicité, mais vont surtout jouer la farce de l'assistant exploité de façon honteuse, et tout va se résoudre une fois de plus dans la violence...

L'intrigue est divisée en deux segments, qui ne se rejoignent qu'à deux reprises: d'un coté, on assiste à la vie du studio vue par ses petites mains, avec énormément de matériel lié aux coulisses du tournage des films, et une grève du personnel qui oblige Campbell et Chaplin a tout prendre en charge puisque ils sont les seuls à rester travailler. La grève va dégénérer avec bombe et tutti quanti; de l'autre coté, on voit une jeune aspirante actrice (Edna Purviance, plus ingénue que jamais) s'introduire dans le studio, déguisée en home, avec une salopette et une casquette. Elle croise le chemin de "David" avec lequel elle flirte, puis il la retrouve après qu'elle ait tenté d'empêcher les grévistes de poser la bombe: menacée, elle est "sauvée" par Chaplin.

Une foule de choses se passent durant ces 23 minutes, c'est fascinant. Un carton introductif, ajouté par les distributeurs actuels (David Shepard) nous dit que le film est une parodie de ce qui se passe à la Keystone. J'aurais dit ça de The masquerader, mais pour celui-ci, le studio représenté va au-delà de la fabrique de comédie, même si une grande séquence finale se situe autour de la sacro-sainte tarte à la crème... ce qui est intéressant, c'est bien sur de voir Chaplin évoluer en professionnel décalé dans un milieu qu'il dépeint si bien. Le documentaire de Kevin Brownlow et David Gill, Unknown Chaplin a d'ailleurs rendues publiques un grand nombre de chutes de ce film, des séquences entières ont été mises au rebut, tendant à prouver d'une part que Chaplin avait beaucoup de choses à montrer sur ce sujet, et d'autre part que la nécessité d'allonger ses films se faisaient déjà sentir...

La grève est intéressante aussi, parce que Chaplin et Campbell y manifestent la même camaraderie devant l'adversité que Chaplin et Conklin dans Modern times, devant un phénomène similaire, à la différence que dans le film ultérieur, les deux ouvriers participeront, contraints et forcés, au mouvement social. ici, ils ne participent pas, sans même se concerter. On est loin ici de l'image d'un Chaplin "socialiste", avec ces grévistes ridicules et poseurs de bombes... La place accordée à Campbell, qui n'est pas le méchant du film, tout en étant un sévère antagoniste, est toujours plus importante. Une scène les voit tous deux manifester la même réaction devant la jeune fille: "David" la débusque, et se moque de l'apparence féminine de ce qu'il croit être un garçon. Quand il se rend compte de la supercherie, il l'embrasse. Arrive Campbell, qui surprend ce qu'il croit être un baiser homosexuel: il reprend les mêmes mimiques que Chaplin, en en rajoutant trois tonnes. Voilà donc une allusion flagrante à l'homosexualité, pas vraiment empreinte de finesse, dans laquelle toutefois Chaplin réussit un peu, un tout petit peu, à faire de son personnage une victime, sous cette grande brute de Campbell... vers la fin, lorsque les deux sont engagés dans le tournage d'une scène de bataille pâtissière, Chaplin se débrouille pour ne recevoir aucune tarte (Contrairement à ce que les chutes montrent!), et l'antagonisme profond entre l'accessoiriste et son assistant apparaît au grand jour.

Le final est fascinant, d'abord parce qu'il apporte de l'unité à ce qui aurait pu n'être qu'une série de sketches, ensuite parce qu'il laisse Edna et Charles seuls, après... la destruction du studio. On voit Campbell émerger d'une trappe (l'un des accessoires essentiels du film, pour une série de gags superbes), mais une bombe qui est au fond du trou explose. En l'absence de toute autre résolution, "Goliath" est donc mort... Le studio est en ruine, une fin logique: partout ou Chaplin travaille, l'herbe ne repousse pas. Un grand Chaplin, le dernier film de fiction qu'il tournera sur le cinéma (il s'essaiera au documentaire en 1918, avant d'abandonner le projet), cet art qu'il n'a pas fini d'aimer. Nous non plus, et c'est pour une large part à lui que nous le devons.

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Published by François Massarelli - dans Charles Chaplin Muet
1 mai 2011 7 01 /05 /mai /2011 10:38

Un prêteur sur gages, dans sa boutique, avec sa fille et ses deux employés. Voilà le point de départ de cette comédie, dans laquelle Chaplin renoue avec le burlesque méchant de ses années Keystone, mais sans pour autant négliger de raffiner la forme cinématographique. On a, au final, un festival de pantomime, et de bien belles performances d'acteur(s). Chaplin joue donc l'un des assistants, dont la principale activité reste la rivalité en tout qui l'oppose à l'autre employé, John Rand. Ces deux-là passent tout le court métrage à se chercher des poux, d'une façon violente, et sans compromission, et on s'aperçoit à la fin que cette rivalité est basée sur tout: leur place dans la boutique, leur agressivité naturelle, mais aussi la présence éventuelle de la fille du patron jouée par Edna Purviance.

http://www.doctormacro.com/Images/Chaplin,%20Charlie/Annex/NRFPT/Annex%20-%20Chaplin,%20Charlie%20(Pawnshop,%20The)_NRFPT_02.jpg

Chaplin construit sa comédie sur des saynètes, qui profitent largement de cette rivalité qui fait l'essentiel de la première bobine: la journée commence, et chacun des employés vaque à une occupation différente. comme Chaplin a en charge le grand nettoyage des étagères sur lesquelles sont entreposés les articles, il empêche l'autre de faire les comptes, et tous les accessoires deviennent bien vite des prétextes à coups. ce conflit se déplace ensuite dehors, puisque le patron (Henry Bergman, dont c'est le premier rôle important) leur demande de nettoyer la vitrine. Chaplin installe alors sa caméra à bonne distance de la scène et laisse faire. Les coups qui pleuvent sont tous prévus, répétés, mis en scène, c'est l'un des grands avantages de ce film, qui est percutant, au lieu d'être fatigant à force d'agressivité incontrôlée... une large part de ce travail de préparation des coups et des bosses doit-il quelque chose à la présence de Sidney Chaplin, assistant officieux de son frère, sur la plateau? Leur future scènes communes dans les films First National pousseraient dans ce sens...

 

http://img.listal.com/image/225682/936full-the-pawnshop-photo.jpgChaplin et les objets: il savait faire, et aimait beaucoup utiliser l'inanimé, on l' a vu avec One A.M. ici, bien sur, il a un grand nombre d'accessoires à sa disposition, dans une boutique ou on achète et on vent de tout. Donc la scène justement célèbre du réveil démonté, dépiauté, détruit, en présence d'un Albert Austin qui n'en revient pas, mais ne dit rien, est restée dans les annales. Sinon, on aperçoit vers la fin l'immense Eric Campbell, délesté de sa barbe délirante, mais avec une moustache; son arrivée, mélange subtil de menace et de grâce féline (mais oui!!), montre bien l'importance qu'il avait pris dans le dispositif que Chaplin mettait en place; il ici est présenté comme 'the crook', l'escroc, et vient proposer des affaires sans doute louches. sa présence est utile dans un premier temps, puisqu'elle justifie que Chaplin soit obligé pour remplacer le patron parti dans l'arrière-boutique, de se tenir à la caisse, et de recevoir ce pauvre Albert Austin dans la scène du réveil. Mais en plus, elle offre un enjeu à la fin de film lorsque le bandit se révèle un peu trop gourmand, conférant une unité bienvenue à l'ensemble du court métrage. Et un dernier plan voit tous les conflits arriver à terme, et Chaplin devenir un héros, le tout en 25 secondes. Décidément, Chaplin a bien changé depuis la Keystone.

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Published by François Massarelli - dans Charles Chaplin
30 avril 2011 6 30 /04 /avril /2011 08:32

Prenant une fois de plus le contre-pied de son film précédent, Chaplin utilise une structure beaucoup plus complexe, des décors variés, une importante distribution et une figuration conséquente. Si on compare avec les autres films Mutual, on constate qu'il y a un lieu emblématique ici, avec son salon bourgeois doté d'un parquet ciré pour la danse, auquel Chaplin et son complice Eric Campbell vont faire honneur. Pourtant, les cinq premières minutes sont un peu en trompe l'oeil: l'histoire à beau commencer chez un tailleur ou Chaplin est assistant, il ne s'appelle pas The tailor pour autant... Chaplin s'occupe d'une cliente pendant que dans l'arrière-boutique, Eric Campbell, affublé de sa plus belle fausse barbe, repasse. Mais on apprend très vite que Chaplin n'est que l'employé, et Campbell le vrai tailleur, à plus forte raison lorsque celui-ci licencie son subalterne. Une fois seul, Campbell fouille les poches d'un costume, et trouve une lettre: adressé à Mrs Moneybags, un message du comte Broko pour lui dire qu'il ne pourra se rendre à une fête ou il devait rencontrer la fille de la millionnaire. C'est une deuxième indication du rang social dans une comédie qui en comporte beaucoup: Moneybags, bien sur, ce sont des "sacs d'argent", et Broko, ça vient de broke, c'est à dire fauché...

Les coïncidences, ça peut parfois aider: on retrouve Chaplin qui s'apprête à entrer dans une maison, par la porte de service: c'est celle de Mrs Moneybags, dont il fréquente la cuisinière; une fois de plus, Chaplin sépare la société en deux, et nous situe son personnage dans les coulisses. mais un quiproquo avec un autre flirt de la cuisinière force l'assistant tailleur à s'enfuir, par un monte-plats, et se retrouver.... dans la bonne société. Il tombe nez à nez avec Campbell, qui s'est invité en se faisant passer pour le comte Broko, et lui propose de participer à l'entourloupe en se faisant passer pour l'assistant. Chaplin inverse de lui-même le dispositif, et s'amuse comme un fou, en particulier avec Edna Purviance, qui joue Miss Moneybags...

Identité falsifiée, une fête gâchée par l'intrusion d'indésirables, et quiproquos nombreux sur les personnages, avec l'arrivée de l'inévitable Leo White en vrai comte (il a manifestement changé d'avis, c'est sans doute pour cela qu'il n'avait pas posté sa lettre...), sont les ingrédients aisément reconnaissables de ce film, et tous proviennent en droite ligne de la Keystone. Mais Chaplin, on l'a vu, les mêle avec bonheur à un commentaire social sur ce petit homme qui décide de lui-même de ne pas respecter les conventions, et va ensuite se comporter comme chez lui dans la bonne société ou son statut de comte lui confère un droit absolu de se comporter comme un butor...

Et comme si ces éléments n'étaient pas suffisants, le film est empreint d'une bonne dose d'humour physique, les gags portant beaucoup sur l'agressivité, mais d'un genre bien plus raffiné. certains plans montrent un degré de précision très important. On est sûr, pour avoir vu les chutes assemblées par Kevin Brownlow dans son Unknown Chaplin, que Chaplin à la Mutual travaillait énormément sur ses films, répétant prise après prise. Le film fini nous prouve que ce n'était pas en vain: The count est exactement à l'intersection entre le burlesque façon Chaplin, et la sophistication de ses longs métrages; il représente un grand millésime parmi ses films Mutual.

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Published by François Massarelli - dans Charles Chaplin Muet
28 avril 2011 4 28 /04 /avril /2011 16:22

Pour son quatrième film à la Mutual, Chaplin continue à brouiller les pistes et se diversifier, en réalisant ce qui est presque... un solo. Il interprète pour la première fois depuis longtemps un homme aisé qui rentre chez lui fortement imbibé, et veut se coucher. ce qui aurait du être anecdotique se transforme en une lutte acharnée contre les objets de la maison, qui ont une furieuse tendance à faire le contraire de ce qu'on attend d'eux. Forcément, le décor de ce film jouera un grand rôle, puisque comme les autres Mutual, Chaplin avait besoin de définir un prétexte à rebondissements. A l'escalator de The floorwalker succède un décor de maison, avec ses deux escaliers, son balancier menaçant en haut des marches, ses animaux empaillés et ses peaux de bêtes un peu partout, et bien sur rien n'est simple.

 

Le film présente un paradoxe propre à Chaplin: alors qu'il a si souvent interprété un vagabond qui s'adapte de façon inventive et décalée à toute situation ou presque, dès qu'il interprète un homme aisé comme ici, les objets les plus divers ne fonctionnent pas. On a soit un homme dénué de tout qui fait fonctionner son petit système D personnel, soit un monsieur auquel ses moyens permettent d'avoir accès à tout ce qu'il veut, mais qui n'est pas en mesure de s'en servir... L'art de la pantomime selon Chaplin est bien sur à l'oeuvre ici, avec son goût pour les rôles d'ivrogne, mais d'ivrogne qui possède, mais oui, une classe folle. tout porte à croire que le seul accessoire factice du costume de Chaplin soit ici sa moustache. même sa démarche, quoique altérée par l'abus de liquides, est naturelle.

 

le film est donc intéressant, mais soyons honnêtes, il en va de ce petit film dans lequel le héros met deux bobines de film à monter un escalier pour se coucher dans une baignoire, comme de ses précédentes incursions dans ses petits souvenirs du music hall Anglais, A night at the show en tête: ce n'est pas forcément ce qu'on veut voir. on pourra s'extasier, parler de cet extraordinaire sens de la précision, du timing de Chaplin, de sa faculté à doter les objets (et les animaux empaillés, symboles absolu du mauvais goût Californien dans toute sa splendeur) d'une vie propre: rien n'y fait, ce film est quand même un brin ennuyeux, non? Chaplin ne reviendra à cette formule que partiellement, dans la deuxième bobine de son court métrage First National Pay day, en 1922, qui le verra rentrer chez lui saoul, et soucieux de ne pas réveiller son dragon d'épouse. Pas un chef d'oeuvre non plus, du reste...

 

Pour finir, je 'explique sur le "presque" du premier paragraphe: ce film n'est donc pas un solo, puisque Chaplin est accompagné durant les deux premières minutes d'un chauffeur de taxi, qui ne fait rien d'autre que de tendre la main. c'est Albert Austin, lui aussi est venu avec sa moustache, et elle aussi est factice.

http://28.media.tumblr.com/tumblr_krj9gp7HsB1qzdvhio1_r1_400.jpg

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