Classique parmi les classiques de Charley Chase, Limousine love est une merveille, un exemple de ce savoir-faire inimitable dont savait faire preuve le studio d'Hal Roach, à une époque ou, hélas, l'étoile de Charley Chase palissait à coté de celle de Laurel & Hardy, désormais les stars incontestables du studio. Et pourtant, le film bénéficie de la mise en scène de Guiol, qui a été un complice des premiers temps du duo vedette, mais on y retrouve aussi Edgar Kennedy et Viola Richard, cette dernière assumant un rôle qui est à la fois central, inoubliable, et un brin ingrat: elle joue une femme nue. Qu'on soit clair: on n'en verra rien, jamais, et c'est justement ce qui fait tout le sel de cette comédie: jouer en permanence sur la nudité, sans jamais la montrer, et construire 20 minutes de burlesque sur un sujet aussi risqué... il fallait le faire.

C'est le jour du mariage pour le dandy Charley Chase, mais son chauffeur le quitte en rase campagne (c'est un homme sensible, et son patron a été grossier). Il résout donc de conduire seul, mais réalise bien vite qu'il est en panne sèche. Il part à la recherche d'essence. Entretemps, Mr Kennedy (Edgar) et son épouse (Viola Richard) conduisent sur cette même route; l'époux cherche à apprendre à sa moitié la conduite, mais elle n'en fait qu'à sa tête. Excédé, il quitte le véhicule, et la jeune femme a un accident: elle est précipitée.... dans une mare de boue. Trempée, dégoutante, elle aperçoit, sur le bas coté, la belle voiture de Chase, qu'elle va utiliser pour se cacher le temps que ses vêtements sèchent. Et à ce moment Charley revient, remplit le réservoir et part, sans savoir qu'à l'arrière de la voiture il y a une femme dans le plus simple appareil. Quelques temps après, une fois le jeune homme au courant, il prend un passager, qui n'est autre qu'Edgar Kennedy... Pendant ce temps, le mariage ne se fait pas, la fiancée attend, et la jeune femme n'a toujours rien sur elle...

Impossible de raconter le reste, les gags se succèdent, et la maitrise en matière de comédie de tous ces gens est bien réelle. Vers la fin, une fois arrivé sur les lieux de la noce, et incapable d'arrêter la voiture tant qu'il n'aura pas réglé le problème de sa passagère, Chase tourne autour du pâté de maisons, prétextant un ennui mécanique. La voiture transporte bientôt une douzaine d'hommes en haut-de-forme, qui sont tous, les uns après les autres, mis au courant de l'ennui... Notons l'apparition d'une bouche de métro dans la rue, et de ses effets indésirables sur les vêtements flottants des dames, trente ans avant Marilyn... Indispensable halte que ce Charley Chase-ci!