Adeline (Cleo Madison) vit un enfer dans une cellule familiale réduite: elle vit avec son frère, qui ne lui laisse aucune liberté, et l'utilise comme esclave... Il envisage de trouver un arrangement avec un voisin d'âge mur qui souhaite se marier. Adeline file pourtant le parfait amour avec Frank Warren (Edward Hearn) mais celui-ci doit partir pour la ville dans le cadre de son travail. Alors qu'Adeline est enceinte, son frère lui impose le mariage, sans crier gare et quand il l'apprend, Frank rompt tout contact avec elle. Ce qu'il ne sait pas, c'est que la jeune femme sitôt mariée, va s'enfuir...
Le film n'est qu'un court métrage de deux bobines, qui se résout dans une scène assez étrange, qui utilise un forme assez primitive de split-screen: les deux amants sont réunis, et se reprochent mutuellement tant de choses, que le flot d'informations de l'un comme de l'autre passe par une visualisation à gauche de l'écran. Sinon, le film est notable pour le maque total de glamour de l'héroïne qui doit subir la violence du comportement de son frère, et le rejet assumé par l'ensemble d'une communauté arc-boutée sur ses traditions. Un aspect naturaliste qui est contredit par contre par le mélodrame de la dernière partie dans laquelle Adeline en fuite, avec son bébé, trouve du travail dans la firme où, devinez, travaille Frank...
Eleanor (Cleo Madison) vit dans un quartier défavorisé avec sa maman (Lule Warrenton), et elle rencontre un homme de la haute société (William V. Mong)... qui la courtise de jour en jour au grand dam de son fiancé. Surtout que celui-ci a vu venir le type, plus louche que véritable dandy... Au bout de quelques temps, il se montre insistant pour qu'Eleanor participe à des activités de moins en moins innocentes, surtout quand il lui apprend des techniques de pickpocket.
Mais Eleanor a un secret, que nous apprendrons à temps, et que je ne vais pas vous révéler. Disons que le titre, La prise d'Eleanor, n'est pas seulement une allusion au fait que la jeune femme de la classe ouvrière a attiré l'attention d'un homme socialement plus avantagé, mais une référence à ce qu'on apprend vers la fin.
Et incidemment, ce petit film (Une bobine, une seule) est doublement intéressant: d'une part, il échappe à la caractérisation sociale telle qu'un DeMille, par exemple, voire un Griffith, la pratiquaient. Mais surtout, Eleanor, interprétée par l'auteure-réalisatrice Cleo Madison, ne correspond absolument pas aux oies blanches habituelles des mélos contemporains. C'est surprenant, fort bien mené, et ça donne envie de voir d'autres films de Miss Madison.