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2 novembre 2024 6 02 /11 /novembre /2024 09:20

Et pour commencer, il est rare qu'un cinéaste annonce la couleur aussi clairement: "cec sera mon dernier film"... Mais à 94 ans, c'est d'autant plus crédible qu'effectivement ce soit le cas! Il est rare aussi que le dernier film d'un cinéaste de premier plan soit une grande oeuvre, on pourrait multiplier les exemples, de Renoir à Hitchcock en passant par Lang, de dernier film miteux, honteux, indigne... D'une dernière étape dans le parcours qui s'avère trop proche d'un geste désespéré: filmer pour ne pas mourir...

La démarche mérite d'être saluée, mais on le verra vite, c'est surtout en tant que film de Clin Eastwood, pas en tant que dernier film qu'il nous conviendra de voir cette dernière étape d'une longue et fascinante carrière.

Un procès va se tenir à Savannah, en Géorgie. Un jeune homme, qui s'apprête à devenir papa, est convoqué pour être éventuellement juré dans un procès pour meurtre. Justin Kemp (Nicholas Hoult)  est apparement un brave homme, sans histoire... ce qui est trompeur, on le verra vite.  L'accusé (Gabriel Basso)   encourt une peine de perpétuité, et clame son innocence: il a été vu doté d'un comportement violent en compagnie de s a petite amie (Francesca Eastwood)  un soir de 2021, et elle a ensuite été retrouvée morte, couverte de contusions, le lendemain en contrebas d'une route.. .. La procureure, Faith Killebrew (Toni Collette) a beaucoup à jouer dans l'affaire, car elle est en campagne pour se faire élure procureure générale de l'état de Georgie. Les éléments sont en place, du moins presque tous: deux autres faits sont à prendre en compte; le couple Kemp attend un enfant, mais ce n'est pas la première fois qu'ils essaient, l'arrivée imminente de leur fille est un événement crucial voire une seconde naissance pour le jeune homme. Son épouse (Zoey Deutch) le sait: il est alcoolique, et depuis quatre ans, il remonte la pente, après avoir eu un accident grave sous l'influence de l'alcool...  

Pendant l'exposé des faits, le jeune juré se rend compte qu'il n'est pas étranger à cette histoire, et se souvient d'avoir heurté quelque chose en voiture, le soir du meurtre. Il avait justement passé une partie de la soirée au bar où le couple de l'affaire avait été vu, durant leur dispute... Et il sait désormais qu'il est juré dans une affaire dont il aurait du être l'accusé...

C'est beaucoup de coïncidences, et j'imagine qu'on le fera remarquer à un moment ou un autre. Mais le cinéma, qui fonctionne de toute façon sur l'utilisation du faux pour recréer le vrai, se base sur la rupture de l'incrédulité, le moment où le spectateur qui sait qu'on lui raconte une histoire interprétée par des acteurs, accepte le mensonge qu'on lui donne à voir et se laisse aller au fil de l'intrigue. Et l'exposition du film est particulièrement prenante, le personnage aussi particulièrement sympathique... C'est là que le spectateur s'engage inévitablement aux côtés de Justin et de sa culpabilité dérangeante...

Car Eastwood ne se contente pas de raconter une histoire épatante et incroyable pour épater la galerie, il va plus loin. Il questionne, et pas pour la première fois, une institution Américaine, cette fois la justice, dans l'expérience d'un individu, comme auparavant il avait présenté des parcours de mavericks (de Harry Callahan à Bronco Billy, en passant par le Red Stovall de Honkytonk man) confrontés à un système soit qui les excluait, soit dont ils s'excluaient eux même... Il questionne plus avant la justice face à l'individu, d'une manière plus générale, ce qu'il a fait dans le récent Richard Jewell, mais aussi et surtout dans Midnight in the garden of good and evil en 1997, l'un de ses films les plus mémorables, et situé d'ailleurs... à Savannah en Georgie.

Quel individu? Finalement, plus qu'on ne croirait, il n'y a pas ici qu'une seule personne en jeu, même si Justin Kemp, bien sûr, reste le principal personnage. Après tout, la façon dont la culpabilité inattendue de Justin Kemp éclaire le film, finit par impliquer Faith, la procureure qui a tant intérêt à mener ce procès à son terme, sans aucun accroc, et qui a donc besoin que l'accusé officiel devienne le condamné officiel. Elle n'a donc aucun intérêt à ce qu'un élément extérieur ne vienne jeter le doute sur la façon dont l'enquête et l'instruction ont été menées. Un autre juré, l'ancien policer Harold Tchaikovsky (J. K. Simmons), se rend compte très vite que des pistes policières n'ont pas été explorées, et va planter insidieusement les graines du doute dans le parcours de la procureure... Le sponsor (Keifer Sutherland) de Justin, qui reçoit sa confession, sait donc la vérité, mais conseille de ne rien faire au prétexte que l'accusé est detoute façon un sale type, ce qui tient lieu de certitude pour une grande part des jurés... Certains d'entre eux ont même tendance à vouloir condamner l'accusé, pour le punir de leurs propres blessures... Même l'épouse a un comportement qui nous laisse croire qu'elle pourrait basculer du mauvais côté: la naissance de sa fille est pour elle (légitimement) le plus important, donc si son mari pouvait expédier son devoir de juré, ce serait très bien...

Mais le film se tient surtout sur la personnalité ambigue de Kemp, qui au lieu d'expédier son acte de participation à la justice, va essayer de trouver un juste milieu, d'amener ses co-jurés (qui sans lui auraient trouvé une unanimité contre l'accusé en deux temps trois mouvements) à reconsidérer, et envisager le doute raisonnable, ce concept judiciaire qui permet à un juge de décider l'acquittement d'un prévenu. Il tente donc de surfer entre l'évidence pour lui que l'accusé ne peut payer pour son crime à lui d'une part, et d'autre part les risques qu'il court, car son délit de fuite ("hit-and-run") lui fait risquer gros, et il sait que la justice ira chercher un autre coupable si jamais l'accusé n'est pas condamné. Le dilemme est donc épineux... Et dans un prmier temps, le personnage tente de se persuader que sa démarche est noble, ce qu'une conversation finale avec la procureure fera exploser en plein vol...

Eastwood questionne finalement autant les parcours individuels que le concept de justice; il montre les jurés obsédés par l'idée d'en finir au plus vite pour retrouver leur routine personnelle,sans se soucier plus avant du destin de l'accusé ("bien sûr qu'on ne sait pas s'il a tué sa petite amie, mais il a quand même l'air d'être une belle ordure"), ou du réel concept de justice. Il montre la procureure hésiter: doit-elle mettre sa propre carrière en danger sous prétexte d'exprimer un doute? Le policier en retraite, qui a flairé un cas plus épineux qu'il n'y paraissait, va au-delà de ce que la loi lui permet, en replongeant dans une enquête qui ne lui appartient pas. La loi est la loi, et il va dvoir abandonner son rôle de juré, échappant de peu à une contravention... Mais pourtant il a raison sur toute la ligne...

On reconnait Eastwood le libertarien dans cette mise en perspective de l'impossibilité d'aligner la volonté légitime d'un individu, et un système apparemment huilé, mais qui fonctionne de façon absurde (ce que le réalisateur souline parfois avec des personnages, comme cette rapporteuse du jury, qui se repait de son importance d'un jour, ou cet avocat de la défense qui essaie tout et surtout n'importe quoi, pour masquer une certaine incompétence...). ce peut être agaçant, mais il n'avance aucune thèse, aucune remise en question profonde. Le film est juste une radiographie de la notion de justice, dans un cadre parfaitement défini. Une réflexion, en quelque sorte, entamée avec les frasques provocatrices de l'inspecteur Dirty Harry, prolongée avec l'ambiguité du Pale rider, la revendication du droit à la paix du tueur de Unforgiven, ou la façon dont parfois, dans True crime ou dans Mystic river, la justice ou la recherche de la vérité dans le cadre judiciaire, se met en porte à faux de la tranquille petite vie d'un citoyen, ou de sa famille, qu'il soit honnête ou pas...

Un grand film donc pour finir, avec ses petites doses de raccourcis dont le metteur en scène est un habitué, mais peu de griefs, dans un film magistralement interprété par des gens qui ne sont pas forcément, mais devraient être, des monstres sacrés...

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Published by François Massarelli - dans Clint Eastwood
4 novembre 2022 5 04 /11 /novembre /2022 09:16

Ben Shockley (Clint Eastwood), un policier bourru et alcoolique, revenu de tout, sauf des bases de sa vocation (car il a une morale) est un peu étonné qu'on fasse appel à lui pour une mission de confiance: il doit escorter un prisonnier depuis Las Vegas jusqu'en Arizona, où "il" devra témoigner dans le cadre d'un procès-clé contre la Mafia... Sauf que ce n'est pas UN témoin, mais une jeune femme, au caractère bien trempé, une prostituée qui répond au nom d'Augustina 'Gus' Mally (Sondra Locke). Et celle-ci est claire dès le départ: elle n'a pas envie de faire le voyage, puisque elle sait fort bien que tout l'Ouest des Etats-Unis parie sur l'échec de la mission, puisqu'on ne s'attaque pas à la Mafia sans y laisser des plumes...

Sauf que Be Shockley, lui, a une mission et il compte bien la mener au bout, y compris quand il apprendra que la dite mission ne lui a été confiée par ses supérieurs, mouillés jusqu'au cou, que parce qu'on compte bien qu'il ne la réussisse pas...

C'est l'un de ces film faits un peu de la main gauche par Eastwood, il y en a toujours eu... Après The outlaw Josey Wales, c'est vrai que cette histoire rocambolesque fait un peu tâche, mais... Ca ne manque pas de charme, quand même, surtout quand le réalisateur a pris du plaisir à confronter son personnage à un personnage féminin qui réussit (parfois de justesse) à transcender les clichés et les inévitables raccourcis de son personnage. Le fait de voir se développer au milieu des balles, littéralement d'ailleurs, une histoire d'amour entre la barbouze bourru et la prostituée énergique, joue totalement en faveur du film... Ce n'est pas peu dire que Sondra Locke et Clin Eastwood étaient cinématographiquement faits l'un pour l'autre...

Et puis c'est sans doute l'un des plus baroques de tous les films de série B d'Eastwood: totalement impossible à prendre au sérieux, mais alors vraiment, et avec un parti-pris manifeste de placer le titre du film au Guiness Book, catégorie "le plus grand nombre de balles tirées dans un film". Ce qui renforce, forcément, notre incrédulité, mais finit par donner un film à 'énergie qui va dans le bon sens! Quand ces deux parias arrivent à l'issue de leur mission étrange, on est de tout coeur avec eux...

 

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Published by François Massarelli - dans Clint Eastwood
14 juin 2022 2 14 /06 /juin /2022 07:25

Mike Milo, cowboy de profession et artiste de rodéo maintes fois primé, a perdu son prestige suite à l'accident qui a tué sa femme et son fils; maintenant il perd son travail d'entraîneur... Mais son patron lui demande un service: aller chercher son fils Rafael au Mexique, quitte à le faire contre l'avis de sa mère... Commence alors pour le vieil homme une équipée menée tambour battant de l'autre côté de la frontière... à trois kilomètres à l'heure.

C'est la troisième fois que Clint Eastwood travaille avec le scénariste Nick Schenck, après Gran Torino et The mule: on voit bien la filiation aussi bien avec l'un qu'avec l'autre de ces films. De Grand Torino, Eastwood retient la complicité paradoxale entre le vieil homme et l'adolescent, et de The Mule, le côté Papy flingueur... Mais ce nouveau film établit surtout un dialogue entre un homme et un jeune homme, qui n'ont pas beaucoup de points communs, sans insister énormément sur le danger qu'ils courent.

Certes, l'ex-épouse du patron de Mike est une parvenue vaguement cinglée, qui a les points pouvoirs chez elle, et dirige des hommes de main qui ne rigolent pas, et certes, le chemin est propice aux mauvaises rencontres, mais on retiendra surtout que le film est un peu une leçon de vie, menée cahin-caha, sans véritable rythme, avec un vieux sage fatigué (c'est de moins en moins un travail d'acteur, du reste) et un jeune plein de sève... avec un coq.

Le coq, animal combattant malgré lui au Mexique, est celui qui donne son titre au film, d'ailleurs, symbolisant à la fois la masculinité légendaire et perdue dans la boisson pour le vieil homme, et l'avenir dans lequel on a envie de mordre pour le gamin. Ce dernier est adéquat, je ne suis pas sûr que Eduardo Minett, le jeune acteur choisi par Eastwood pour l'accompagner, ait une maîtrise totale de la langue de Shakespeare (et Donald Trump), mais comme d'habitude, les méthodes de travail font que Clint Eastwood tire de ses partenaires une performance naturelle: une prise, pas de chichis. On se plante dans le dialogue? Ca sera naturel...

De belles images sur la route, des pans du désert, une réalisation à l'économie. Faut-il le dire? C'est un petit film d'Eastwood, une oeuvre qui réussit à être trop longue en 1 heure et 45 minutes, mais le capital sympathie de l'ensemble reste étrangement valide. On appréciera mollement, lové dans un canapé aussi confortable, voie au coin du feu... mais pas en juin.

 

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Published by François Massarelli - dans Clint Eastwood
26 mars 2022 6 26 /03 /mars /2022 11:57

Walt Kowalski (Clint Eastwood) vient de perdre son épouse, ce qui le laisse seul: seul avec le fantôme de ses relations compliquées avec ses enfants, deux garçons qui semblent pressés de placer leur père en maison de repos, et dont la progéniture lorgne déjà sur le maigre héritage: une magnifique Ford Gran Torino, bichonnée depuis 1972... Seul aussi avec son aigreur, exacerbée par la présence de nombreux étrangers d'origine Asiatique dans son quartier, lui qui est revenu plus qu'amer de la guerre de Corée. Seul aussi avec sa conscience, abîmée précisément en Corée, et qu'il cache derrière une tendance à l'agression verbale, xénophobe et sans filtre...

C'est dans ces circonstances qu'il va trouver Thao (Bee Vang) un jeune Hmong chez lui, poussé par son cousin gangster à aller voler la belle voiture qui repose dans le garage; après un petit temps, Walt va commencer à se laisser apprivoiser et se lier avec le jeune homme et sa soeur Sue, puis toute la famille... 

Héros paradoxal, Walt Kowalski est un descendant d'immigrés Polonais, qui n'oublie jamais d'installer son drapeau Américain sur le porche de sa maison. Qu'il soit ouvertement raciste ou que cette xénophobie galopante (et parfois hilarante) soit un mécanisme de défense importe finalement peu: Eastwood nous montre ici l'éveil aux autres d'un vieil homme qui a un peuoublié ce que c'était de vivre pour les autres et le moins qu'on puisse dire est qu'il va se rattraper.

Le film est touchant, fort bien équilibré, bien plus sans doute que bien des films du metteur en scène Eastwood, qui ici persiste et signe: il fait une prise, que les acteurs soient bons ou mauvais. Il est plutôt bien servi par la gaucherie occasionnelle de ses jeunes interprètes qui donnent une vérité intéressante à leurs incarnations, et se fait plaisir en opposant l'irascible Walt à une grand-mère Hmong qui est sans doute encore plus outrageusement raciste que lui. Un personnage secondaire de luxe (le coiffeur Italien qui rivalise de remarques inappropriées avec son copain Walt) est interprété par John Carroll Lynch: ces personnages secondaires font souvent le sel des films d'Eastwood, et on pourrait rappeler les interventions de luxe d'Anjelica Huston, James Woods ou encore Laura Dern... 

C'est finalement relativement soigné, dans lequel les facilités récurrentes (le style même d'Eastwood les rend absolument inévitables) sont souvent gommées avec une certaine aisance par la grâce de l'humanité du film! La pudeur de Walt Kowalski, son attitude souvent réjouissante face à la religion, tant de choses emportent l'adhésion... N'attendez cependant pas un plaidoyer humaniste à 100%, ça reste un film très marqué à droite (On prend bien soin de nous présenter les Hmongs comme des victimes du communisme Vietnamien, par exemple, comme pour justifier que Walt s'ouvre à eux), mais on ne se refait pas...

 

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Published by François Massarelli - dans Clint Eastwood
4 octobre 2020 7 04 /10 /octobre /2020 11:12

En 1986, un cinglé d'extrême droite a placé une bombe sur un site de rassemblement des JO, situés cette année là à Atlanta. L'attentat a fait une centaine de morts, mais Eastwood s'intéresse à un autre type de victime, selon son habitude (American Sniper, Sully, The 15:17 to Paris): un héros qui a longtemps été soupçonné d'être le terroriste, en raison d'une théorie de profiling: on a découvert de nombreux cas de personnes (policiers, militaires ou agents de sécurité) ayant mis en évidence un attentat, qu'ils avaient en réalité planifié ou aidé, le but de l'opération devenant essentiellement de se mettre en avant et de profiter d'une heure de gloire, bien plus que d'attenter à la vie d'autrui ou la sécurité d'un état... Ce qui est, on l'imagine, tout à fait possible, et plus important: au vu du déroulement de l'intrigue, qui part d'une période durant laquelle l'agent de sécurité Jewell est un jeune adulte pétri d'ambitions (devenir un agent du FBI ou des services secrets, pour servir son pays) qui ne se réaliseront jamais, il est très facile pour le spectateur de se dire qu'après tout, ça pourrait bien être lui le coupable. De quoi maintenir l'intérêt, dans un film qui une fois de plus est du Eastwood: méthodique et lent, il nécessite l'adhésion à son déroulement.

Mais ce n'est pas tout. Si il y a bien un enjeu dramatique lié à la sympathie naturelle qu'inspire Jewell, un homme simple et abusé par des bureaucrates qui se raccrochent à la seule piste qu'ils ont, aussi ténue soit-elle, le film se penche sur tous les aspects de ce drame de l'héroïsme et du soupçon (exactement comme Sully le faisait d'ailleurs, en se reposant également sur le caractère sympathique et direct de Tom Hanks): l'effet de l'héroïsme ET du soupçon, de la médiatisation à outrance de l'éventuelle culpabilité du héros, montée en épingle par le FBI justement parce que la presse en faisait ses choux gras, sans peu de scrupules d'ailleurs. A ce titre, la composition par Olivia Wilde d'une journaliste arriviste, adepte de toutes les méthodes y compris les avantages en nature, pour arriver à ses fins, est l'un des gros problèmes du film. D'une part parce que, confrontée à la méthode Eastwood (un plan, une prise), elle en fait dix fois trop... et ensuite parce qu'à l'heure où un psychopathe dangereux a pris en otage la nation Américaine et le monde entier en maltraitant la presse à chaque intervention, le timing est quand même embarrassant.

Cela étant, on aime ce film attachant pour son héros (Paul Walter Hauser), un homme en surpoids, lent et instinctif, qui semble incapable de mentir; un homme intègre à sa façon, qui est sans doute un habitant de Géorgie comme beaucoup d'autres: un peu droitier, mais pas terroriste. Un peu "white trash" sans doute, mais désireux de s'élever; appartenant à la NRA, mais c'est parce qu'il chasse... Le portrait rendu par Eastwood en a certainement gommé es aspérités et les zones d'ombre, mais on retiendra de ce brave type qu'ile st essentiellement un nounours, dont on comprend que l'avocat Watson Bryant, son ami, l'ait pris en affection. Sam Rockwell, excellent et tout en retenue, compose un autre portrait attachant avec cet avocat de gauche, qui soutient le naïf Jewell durant son supplice. Enfin, on appréciera comme de juste, dans le rôle de Maman Jewell, la grande Kathy Bates, magistrale comme à son habitude.

Et ce que Eastwood fait, au-delà de son thème si pratique de l'héroïsme, qui est par nature volatil et subjectif, c'est de sonder notre époque à travers son passé récent. Depuis Sands of Iwo Jima, combien de films a-t-il fait, bons ou mauvais peu importe, qui donnent une lecture de notre passé lointain ou immédiat, avec un regard sur les médias, sur la hiérarchie, et une exploration le plus souvent de la conscience des hommes à travers leur présence au milieu des autres? Certes, il le fait avec ses moyens, et le recours ici aux événements d'Atlanta passe par une recréation qui est brouillonne; mais il garde constamment l'humanisme paradoxal d'un conservateur invétéré.

 

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Published by François Massarelli - dans Clint Eastwood
31 juillet 2020 5 31 /07 /juillet /2020 11:30

Certains films ont les acteurs qui vont faire se déplacer les foules et, ce qui est plus important, donner une interprétation iconique; d'autres reposent sur une mise en scène parfaite, novatrice qu'elle soit discrète ou voyante; pour d'autres films, c'est la musique, d'autres enfin reposent sur un décor tellement emblématique... Le cinéma c'est toujours une combinaison de ces facteurs (j'entends une personne au fond qui dit "et le script"?, je répondrai que je l'ai sciemment laissé de côté, on parle de choses sérieuses ici), mais rares sont les films qui cochent toutes les cases... Le troisième western de Sergio Leone, lui, y parvient sans problème...

Les gens qui habitent au sud de Burgos, en Espagne, le savaient, quelque part dans le désert, on trouve les lieux sur lesquelles la production de Il buono, il bruto, il cattivo pour reprendre le titre Italien, s'était installée à l'été 1966 pour recréer une Guerre de Sécession fantasmée qui devenait le symbole glorieusement absurde de toutes les guerres; de part et d'autre d'une colline, deux séquences emblématiques du film avaient été tournées: près d'un ruisseau miteux, le décor de tranchées plus proche de celui de la première guerre mondiale, et le pont qu'il a fallu faire sauter... deux fois, comme on l'apprend dans le film grâce à un Clint Eastwood hilare. de l'autre côté, le cimetière mythique qui sera l'arène finale, le lieu du sacro-saint duel, un cimetière de 5000 tombes qu'il a fallu créer de toutes pièces! Les lieux ont été laissés tels quels par la troupe une fois le tournage fini, et la nature a fait le reste...

Mais des dizaines d'années plus tard des passionnés, locaux comme étrangers, se sont mis en quête d'abord de retrouver le site du cimetière (facile à repérer d'en haut, d'ailleurs, puisque si la nature a repris ses droits, elle l'a fait en imitant la structure particulière circulaire et concentrique de la construction initiale. Puis ces doux dingos organisés en association se sont décidés à recréer le cimetière puis à l'entretenir. Seule quelques débris de tombes subsistaient... C'est l'étonnante histoire de ce film, qui est fait e constants allers-retours entre les pèlerinages des passionnés, puis leur entreprise du dimanche (il se trouve que certains d'entre eux sont des archéologues, ça tombe bien) , et des interviews de spécialistes (Christopher Frayling), des survivants de l'équipe du film (en premier lieu Eastwood, mais aussi Morricone, et pas qu'eux!) mais aussi d'autres passionnés, dont James Hetfield de Metallica, ou les réalisateurs Alex de la Iglesia et Joe Dante! Enfin, un concert de Metallica en Suède est utilisé avec pertinence, bien que ce soit parfois très surprenant! 

Et de tout cela on va prendre une belle leçon d'histoire, méthodique et qui ne néglige pas le moindre détail, on va évidemment revenir sur la scène du duel le plus spectaculaire des films de Sergio Leone et en détailler la genèse, on va aussi aborder la question de l'absurdité d'aller faire un tel film en plein pays fasciste... Mais on va aussi et surtout assister à une belle leçon d'humanité, de la part de ces quidams qui vont aller tellement loin dans la reconstruction de leur lieu de mythe, qu'ils vont être applaudis par trois artistes de premier plan à la fin du film, à leur grande surprise d'ailleurs... Ce film inattendu est un documentaire humain et tellement réjouissant qu'il est hautement recommandé...

 

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Published by François Massarelli - dans Documentaire Clint Eastwood Sergio Leone
24 novembre 2019 7 24 /11 /novembre /2019 15:19

Après la guerre de Sécession, un ancien soldat (Clint Eastwood) reconverti en mercenaire est passé au Mexique: alors qu'il se rend dans le Sud pour une mission, il porte secours à une femme (Shirley McLaine) que trois bandits s'apprêtent à violer. A sa grande surprise, une fois qu'elle a remis de l'ordre dans ses habits, il s'avère que Sara est une nonne... Alors que leurs chemins s'opposent, l'un et l'autre vont cohabiter durant quelques jours, finissant par mélanger leurs deux "missions": Sara doit en effet aider un groupe de partisans Mexicains de Juarez à se débarrasser d'une garnison de Français, et les Mexicains ont demandé à Hogan de fournir son expertise en matière d'explosifs pour exactement la même raison... moyennant finances, cela va sans dire... 

L'équipée tranquille, sur fond de musique aisément reconnaissable (Ennio Morricone, qui s'est bien amusé), de ce mercenaire et de cette nonne, s'est pris une volée de bois vert de la critique à l'époque: le problème, écrivait-on dans Variety, c'est qu'il est impossible de croire un seul instant à Shirley McLaine en nonne... sauf que je ne suis pas d'accord du tout. Certes, son maquillage trahit le fait que les dernières habitudes de Hollywood avant la grande fiesta des années 70 ont la peau dure, mais elle accomplit un excellent travail pour nous faire croire (et pas que nous, d'ailleurs) qu'elle est ce petit bout de religieuse qui traverse le Mexique de part en part pour aider les petites gens à se débarrasser des français! Et elle tient la dragée haute à Eastwood, qui reprend avec humour son personnage laconique de redresseur de torts aux pris fluctuants, qu'il avait développé chez Leone. Le film, à sa façon, est un peu un "à la manière de"...

On se perd facilement dans ces deux heures de distraction singulièrement récréatives, dans ces décors superbes, filmés de main de maître par Gabriel Figueroa, et dans les dialogues pleins d'une humoristique tension sentimentale (et un rien sensuelle aussi) qui renvoient un peu à une sorte d'African Queen... avec des cactus.

 

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Published by François Massarelli - dans Western Al Dente Clint Eastwood
9 juin 2019 7 09 /06 /juin /2019 09:01

Earl Stone a tout donné à ses fleurs: son entreprise a d'ailleurs bien marché pendant tant d'années... C'était son idée à lui, pour "donner" à sa famille, et bien entendu, ça l'en a éloigné. Aujourd'hui, à 90 ans bien sonnés, il fait faillite, et se retrouve bien mal parti. Sa petite-fille se marie et il était supposé payer sa part, alors Earl écoute une voix qu'il n'aurait normalement pas écouté; quelqu'un qui lui dit: j'ai des amis qui ont besoin d'un bon conducteur qui ne se fasse pas trop remarquer, et qui conduise sur des distances importantes pour véhiculer des choses qui doivent rester secrètes...

Donc, Earl devient une "mule", un passeur de drogue, et non seulement il le fait une fois, mais il en fait une habitude. Totalement conscient de l'illégalité de son geste, il assume totalement la chose, jusqu'à se croire autorisé (lorsque le patron du cartel lui impose un "surveillant") à donner son avis et des conseils à de redoutables bandits aguerris. Pendant ce temps, la police (le DEA, Drug Enforcement Administration) se casse les dents pour arrêter les gens comme lui, mais deux détectives (Bradley Cooper et Michael Pena) finissent par trouver la trace de ce mystérieux passeur qui a véhiculé une quantité impressionnante de cocaïne...

C'est presque une comédie, si on veut, un film indolent qui obéit au rythme particulièrement lent de Earl Stone, un rôle en or pour Eastwood. Celui-ci, qui après tout fait rigoureusement ce qu'il veut, nous venge de son dernier film qui était atroce, en racontant une histoire destinée à être ironique, mais qui ne tombe jamais dans ce piège: Stone est un personnage doux, qui impose non seulement son rythme, mais aussi sa philosophie de la vie au film. Toujours adepte de la liberté absolue, Eastwood ne juge évidemment pas son personnage, qui du reste assumera jusqu'à la dernière seconde son geste, et nous promène dans les coulisses des cartels avec une vision surprenante de ces "entreprises". On notera que pour l'assister, il a embauché du beau monde: Dianne Wiest est l'ex madame Stone, Alison Eastwood leur fille, et le parrain du cartel n'est autre qu'Andy Garcia...

Il ressort de cette histoire de papy bandit une étrange impression de merveilleux rêve éveillé, qui ne manquera pas de soulever des protestations: Earl Stone se rendait-il vraiment compte qu'il véhiculait des kilos de ces produits que des gosses allaient ensuite s'envoyer dans le nez pour ensuite s'envoyer au cimetière? Mais ce n'est pas le sujet... Continuant toujours plus avant sa réflexion douce-amère sur la place du troisième age dans l'Amérique d'aujourd'hui, Clint Eastwood se place ici, et c'est remarquable, sur le versant le plus positif de ce cheminement philosophique, et Earl Stone est sans aucun doute l'un de ses plus beaux personnages!

 

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Published by François Massarelli - dans Clint Eastwood
7 novembre 2018 3 07 /11 /novembre /2018 17:59

Continuant à explorer la notion d'héroïsme qui le passionne tant (en vrac, Unforgiven, Flags of our fathers, Gran Torino, American Sniper et Sully en sont des étapes essentielles), Clint Eastwood s'est précipité sur cette anecdote récente pour en tirer un film, et tant qu'à faire, engager pour interpréter les "héros du Thalys", les trois personnages eux-mêmes, qui ont commis l'action héroïque dont il est ici question: je veux bien sûr parler de ce terroriste qui avait été empêché de commettre un massacre dans un train Européen qui allait ce 21 août 2015 d'Amsterdam à Paris, par l'intervention d'un Britannique mais surtout de trois hommes Américains, tous amis et originaires de Sacramento.

Et tout ce petit monde se vautre dans les grandes largeurs, ce film "ni fait ni à faire" (une expression que j'utilise mais qui me pose toujours des questions, puisque s'il y a bien un reproche à faire à ce film c'est précisément d'avoir été fait!) qui repose essentiellement sur une action certes héroïque voire spectaculaire, qui n'occupe que quelques minutes, est l'occasion pour Eastwood, dans une salade à la chronologie hasardeuse, de déconstruire et reconstruire l'histoire de la vie de ces trois héros (le Britannique étant tout bonnement ignoré), en nous racontant leurs vies qui mènent à cette action.

Quoique...

Si Alek Skarlatos et Anthony Sadler jouent effectivement leur rôle, c'est quand même Spencer Stone qui se taille la part du lion. Les mauvaises langues pourront toujours dire que c'est parce qu'il est le seul W.A.S.P. des trois (ce qui est parfaitement exact du reste), mais je pense qu'il a été "choisi" par Eastwood pour être le centre de sa narration, parce qu'il était celui des trois qui a donné l'impulsion de résistance et utilisant sa formation de militaire d'un côté, et son courage bien sûr, de l'autre; et Eastwood a écouté les trois hommes dire que Spencer était celui qui "sentait" que quelque chose allait arriver.

Hein?

Bref, ces trois hommes que rien ne destinait (ou alors si, Dieu, ou la providence, ou Krishna, ou le Cosmos) à devenir des héros, sont devenus des héros, au terme d'un parcours qui nous est conté par le menu: scolarité médiocre (la faute aux profs, tous des nuls), envie d'aller dans l'armée, mais là aussi les classes sont assez peu probantes, et de visites chez le directeur de l'école, en passe-temps guerriers (armes, chasse, etc... Bref, des hobbies normaux, quoi), nous arrivons à une série de séquences molles du genou qui nous racontent les pérégrinations de ces trois futurs héros en Europe, se saoûlant, mangeant de la pizza, et faisant des selfies faisant des selfies faisant des selfies faisant des selfies faisant des selfies faisant des selfies faisant des selfies faisant des selfies faisant des selfies faisant des selfies faisant des selfies faisant des selfies faisant des selfies faisant des selfies faisant des selfies faisant des selfies faisant des selfies faisant des selfies faisant des selfies faisant des selfies faisant des selfies faisant des selfies faisant des selfies faisant des selfies faisant des selfies faisant des selfies faisant des selfies faisant des selfies faisant des selfies faisant des selfies faisant des selfies faisant des selfies faisant des selfies faisant des selfies faisant des selfies faisant des selfies faisant des selfies faisant des selfies faisant des selfies faisant des selfies faisant des selfies faisant des selfies faisant des selfies faisant des selfies faisant des selfies faisant des selfies faisant des selfies faisant des selfies faisant des selfies faisant des selfies faisant des selfies faisant des selfies faisant des selfies faisant des selfies faisant des selfies faisant des selfies avant de prendre un train parce que Spencer pense qu'on doit prendre un train.

Non seulement Clint Eastwood qui a pourtant toujours été un peu Hawksien sur les bords, pensant qu'un shériff doit faire un travail de shériff et un militaire un travail de militaire, demande aux trois faiseurs de selfies de s'improviser acteurs, et certes, ils ne s'en tirent pas trop mal, sachant que les dialogues sont indigents (attends, on va faire un selfie) et que le metteur en scène ne fait qu'une prise de chaque plan. Mais fondamentalement, l'histoire de ces trois médiocres qui deviennent des héros finit par être déplacée, et ressemble à une propagande pour le libertarianisme à la Eastwood, sous ses pires penchants. Sinon, ce film est nul.

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Published by François Massarelli - dans Clint Eastwood Navets
20 janvier 2018 6 20 /01 /janvier /2018 17:46

Curieusement, ce film est un peu passé inaperçu, entre le diptyque de la seconde guerre mondiale qui l'a précédé (Flags of our fathers, et Letters from Iwo Jima, 2006) d'une part, et les deux gros succès publics qui l'ont suivi (Gran Torino, 2008, et Invictus, 2009). C'est pourtant un film passionnant, tant par sa recréation d'une période-clé de l'histoire Américaine, que par sa thématique qui le met en cousinage avec bien des films importants d'Eastwood, et aussi par le fait qu'à mon avis c'est le film le plus dur, le plus violent, le plus noir de son auteur.

Los Angeles, 1928: Christine Collins (Angelina Jolie) vit seule avec son fils Walter depuis sa naissance: le père, selon elle, a eu peur de la responsabilité... Pas elle toutefois: elle l'élève, et lui consacre tout son temps libre, tout en travaillant à un poste à responsabilité. Un jour, elle rentre, et Walter n'est pas là. La police intervient, on le cherche, mais il ne donne aucun signe de vie. La presse s'intéresse à son cas, et un pasteur parti en guerre contre les forces de police locales, le révérend Briegleb (John Malovich), lui apporte son soutien. Quand le Lieutenant Jones (Jeffrey Donovan) lui annonce que son fils est retrouvé, Christine a la surprise de voir arriver un garçon qui n'est pas Walter. La police refuse de reconnaître son erreur, et quand elle s'entête, Christine finit dans une institution pour malades mentaux... Pendant ce temps, l'inspecteur Ybarra (Michael Kelly) fait dans le cadre d'une enquête routinière une découverte inattendue, et très choquante...

L'histoire est vraie, et probablement aussi un brin exagérée: le film était prévu au départ pour Ron Howard, et on sait que ni celui-ci ni Clint Eastwood ne prennent de gants quand il s'agit de mettre un grain de sel personnel dans leurs films; et justement, Eastwood retrouve ici le thème de la mise en danger des enfants, qui est souvent présent dans des films comme A perfect world, Gran Torino ou bien sûr Mystic River. Ce dernier a d'ailleurs beaucoup de points communs avec Changeling... A commencer par le côté âpre, et un certain parfum de vengeance.

Pourtant Angelina Jolie a joué Christine Collins avec énormément de retenue, comme une personne qui ne dit jamais un mot plus haut que l'autre... Tout le contraire des malfaiteurs qui cherchent la vengeance dans Mystic River. C'est que l'héroïne, une femme seule qui a élevé son fils toute seule, et qui travaille, est une femme du jazz age, cette période durant laquelle les Etats-Unis deviennent enfin modernes. Modernes, et particulièrement corrompus, comme le film le dit et le redit (un peu lourdement du reste) à travers l'exemple des forces de police. Un autre thème qui parcourt l'oeuvre d'Eastwood...

La mise en scène est du Eastwood pur et dur, avec l'efficacité qu'on lui connaît, la simplicité des mouvements de caméra, le naturel des acteurs, et les idées de montage parfois farfelue (deux procès vus en montage parallèle, qui rendent une séquence parfois difficile à comprendre). Mais le metteur en scène est à l'aise devant cette histoire de femme qui s'est prise en mains, et qui devient victime d'une erreur judiciaire délibérée. les corps constitués en prennent pour leur grade, comme toujours, mais les passages les plus étonnants et les plus durs (même si le passage à l'asile est particulièrement violent) concerne la deuxième partie, et la découverte d'une ferme avec un charnier contenant les restes de quinze enfants. Et il y a au bout du film, une exécution...

Je laisse la parole à Eastwood: "In a perfect world, the death penalty would be an ideal punishment for such a crime", dit-il, interrogé sur le film par Samuel Blumenfeld du Monde; dans un monde parfait, il estime que le crime horrible dont il est question dans le film serait une occasion justifiée de pratiquer la peine de mort, mais comme il l'a lui-même montré dans son film True Crime, la peine capitale est toujours l'objet de soupçons (ce qui n'est pas le cas ici, le type est vraiment un monstre), ou tout bonnement insupportable en soi. La scène de l'exécution est absolument insupportable, quels que soient les crimes commis...

Comme dans tous ses films, il y a des longueurs, des petits soucis de cohérence, et des rôles un peu limites (le lieutenant Jones, qui vire très vite à la caricature), mais il ne rate pas ses cibles. On le quitte vidé, choqué, mais en choisissant de traiter une affaire qui ne sera jamais totalement élucidée, en en faisant le portrait d'une femme en lutte contre la corruption et l'injustice, Eastwood a réalisé un film courageux, accompli, et totalement prenant. .

 

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Published by François Massarelli - dans Clint Eastwood Noir