En 1942, Norm McCabe avait repris l'unité "Looney tunes" de Bob Clampett, donc en strict noir et blanc, et tournait des films d'une sauvagerie et d'une absurdité à sans doute faire pâlir le maître lui-même... Celui-ci, qui met Daffy Duck aux prises d'un Dr Jerkyll, en est un exemple notable...
Daffy Duck est donc en quête d'une certaine "Cholé" à laquelle il doit remettre un télégramme. Il se retrouve dans la vaste demeure d'un certain Dr Jerkyll, qui est on s'en doute bien, en train de travailler sur la séparation du bien et du mal chez un être humain. Le reste est du grand n'importe quoi...
Alors que les Merrie Melodies, à ce stade de l'histoire de l'unité de production de Leon Schelsinger à la Warner, étaient devenues particulièrement raffinées, les Looney tunes, toujours en noir blanc pour quelques mois encore, restaient des films moins sophistiqués, dans lesquels les gags et l'animation partaient dans le délire, dans les grandes largeurs.
Dans un endroit (très) reculé des montagnes du Sud-Est des Etats-Unis, on s'apprête à fêter Thanksgiving... Pour sortir la dinde de ce pétrin, Daffy Duck décide de l'aider à ne pas prendre de poids: régime, sport, etc... Pendant ce temps, le canard de son côté commence à s'enrober de façon évidente...
L'animation d'Arthur Davis est toujours hautement originale, dans la mesure où l'animateur, réalisateur seulement sur une courte période, n'a pas eu le temps contrairement à ce que l'on pourrait dire de Tex Avery, Bob Clampett, Frank Tashlin, Friz Freleng et Chuck Jones, de poser sa marque... On est souvent surpris par le design à la fois rond et peu harmonieux, ces personnages aux traits outrageusement caricatureux, mais qui allaient bientôt être balayés par le style anguleux défendu par le studio UPA et repris bientôt dans toutes les unités de dessin animé...
Ici, la cible de son humour, au-delà d'un Daffy Duck encore vivace et d'un dindon particulièrement bas de la crête, ce sont les habitants des montagnes du Sud, ces habitants du Kentucky ou d'ailleurs, à la culture si particulière. Les clichés ici abondent: les pipes en bois, le cruchon, les pieds nus, les gens qui sont constamment en train de se tirer dessus de propriété en propriété... C'est vachard et drôle. Le style de Davis n'a pas vraiment eu le temps de se cristalliser et c'est bien dommage...
Deux hommes meurent de faim, en plein hiver, dans une cabane... Ca nous rappelle forcément quelque chose, et d'ailleurs l'un d'entre eux voit l'autre, son frère jumeau, sous la forme d'un appétissant poulet... Mais un représentant arrive, qui vend bien sûr des livres de cuisine (!)... C'est Daffy Duck, dont la condition de canard va lui jouer des tours...
C'est un superbe film, dans lequel Freleng joue à fond sur la dynamique entre d'un côté deux hommes assez bas du front, les deux sont d'ailleurs un dérivé de Yosemite Sam, avec son maquillage repris à Eric Campbell, et de l'autre un canard cinglé: c'était Daffy avant que Chuck Jones n'en fasse un insupportable loser geignard. Entre les deux, pour arbitrer en quelque sorte, une souris extrêmement rigolote...
L'humour noir ici n'est pas un vain mot, j'ai déjà fait plus hait une allusion à la reprise de la situation sordide de The gold rush, de Chaplin, qui joue autour du cannibalisme, et le cynisme du film, et la façon dont il joue avec les tabous, sans parler de la peinture terifiante et hilarante de la malnutrition... Le tout impeccablement mis en scène par un maître du rythme, en pleine possession de ses moyens.
Daffy Duck se rend au Mexique, pour y faire du tourisme, et il commence par un petit passage dans un débit de boisson, où son premier contact avec la culture locale passe par une boisson tellement épicée, qu'il en perd connaissance... Ensuite, il se rend dans une corrida, dont il ne comprend pas les règles ("ce taurau est un nul, il a raté le toréador"); ayant vexé la bête, il est réduit à le combattre...
C'est un étrange film, une sorte d'anachronisme concernant Daffu Duck, dont les différents réalisateurs de la WB étaient en train de changer considérablement l'ADN! Pendant que McLimson l'assagissait tout en l'affadissant, Friz Freleng le transformait en un personnage falot, aigri et mesquin, alors qe Chuck Jones en faisait un éternel insatisfait, victime de la malice de Bugs Bunny notamment, ou faut protagoniste (dont le faire-valoir Porky Pig avait souvent plus de jugeotte et de valeur...)... Pas Arthur Davis qui restait relativement fidèle au taitement initial: Daffy Duck, chez lui, reste donc (sans atteindre la folie manifestée chez Tex Avery, Frank Tashlin et Bob Clampett) un personnage fou, parfois furieux, souvent incontrôlable et dont la mesquinerie n'est qu'une manifestation de son hyperactivité...
Daffy Duck interprète un détective, China Jones, qui enquête à Hong-Kong, dans une mystérieuse affaire de disparition, qui réussit à être si embrouillée qu'elle n'a ni queue ni tête...
C'est un festival de tous les clichés possibles et imaginables du genre d'intrigue dont les films de la série Charlie Chan étaient nourris... C'est un film bien moyen, mais qui se laisse voir. Ce genre de court métrage en forme de commentaire sur un genre cinématographique précis était plutôt l'apanage de Chuck Jones, dont parfois le style de ce film se rapproche...
Daffy Duck décide de ne pas suivre ses congénères qui partent tous vers le sud, et il ignore leurs mises en garde, pour voler au contraire vers le nord (pour motiver sa quête il montre un encart dans un journal qui montre une jeune femme à la silhouette mise en valeur, surnommée la "snow queen"...).Mais les conditions polaires auront raison de sa détermination, et il finira par se réfugier dans une cabane à l'intérieur de laquelle vivent un renard et une fouine. Inutile de dire que ces derniers sont motivés par l'hypothèse de manger du canard...
A partir de là, c'est le bon vieux Daffy Duck, le canard crétin donc, qui prend le devant. J'ai souvent parlé des deux identités de Daffy et de cette impression que le héros tel qu'il avait été remodelé par Chuck Jones manquait de substance: en gros, c'est un minable. Mais ici, il redevient un canard-dynamo pour quelques brefs gags, tel que Tex Avery et Bob Clampett l'ont inventé quelques années auparavant...
Se rappelant qu'il est un canard, Daffy Duck se rend vers le Sud. Lors d'une escale, il souhaite demander à un confrère l'hospitalité, avant de se rendre compte qu'il est devant un canard empaillé: il décide néanmoins de squatter la belle demeure, et entre en conflit avec le chien du propriétaire, qui incidemment est Porky Pig...
C'est un film assez rare et pas déplaisant du tout, mais qui a un souci d'identification du méchant: parmoments, il s'agit de Daffy Duck lui-même, aux depens d'un chien asez rigolo, qui est bien campé, mais étant doux et fataliste, il n'a pas vraiment inspiré le metteur en scène. Porky disparait aussi vite qu'il est arrivé... Et sinon, comme très souvent chez Freleng, qui partage ce trait avec William Wellman, les meilleurs gags ont lieu hors champ.
Un inquiétant personnage sévit dans la métropole de la Côte Est: il s'agit d'un méchiavélique individu qui désacralise toutes les publicités sur les murs en les parant de moustaches! Le limier Porky Pig est sur sa piste, mais nous savons, nous, très vite, que c'est Daffy Duck.
quand je grandissais, au rythme quasi-quotidien de merveilleux dessins animés de la Warner, je pensais que daffy Duck était un minable, un imbécile ou un médiocre, un râleur, et un sale type systématiquement dans l'ombre. Héros dans l'ombre des faire-valoirs, ou faire-valoir victime des héros... La faute en incombe à deux metteurs en scène qui n'avaient que faire d'un canard. Autant Chuck Jones pouvait être intéressé par, disons, l'échec élevé au rang des beaux-arts, autant Friz Freleng adorait mettre Bugs Bunny aux prises avec des méchants rigolos, autant ils sont passés à côté de daffy, au point de le dénaturer...
C'est là que l'on va, pour une fois, parler en bien de Bob McKimson: l'animateur passé réalisateur a longtemps gangréné le vivier d ela WB à coups de dessins animés de seconde zone, de mièvreries et de redondances insipides (Foghorn Leghorn)... Pourtant il a hérité de deux équipes, celle d'Avery (parti de la WB en 1941) et celle de Clampett surtout, qui lui a laissé les clés en partant en 1946, au point que McKimson a même assuré la fin de la production de quelques films. Or Avery et Clampett (ainsi que Tashlin, ce qui complète la sainte trilogie des dingos de la Warner) avaient eux tout compris à Daffy, créé il est vrai par Clampett pour un film d'Avery. Un canard dingo, justement, d'où son nom... Un irresponsable notoire, lâché dans des dessins animés pour les détruire de l'intérieur. S'en tenant à cette vision des choses, McKimson a tout bonnement réussi ce film.
En visite près d'une ferme, Daffy Duck observe les chamailleries de Foghorn Leghorn le coq Sudiste, et du chien de la maison. Au vu de la radicalité des moyens employés, il se dit que c'est le moment de placer sa marchandise: il vend du matériel pour blagues méchantes...
C'est pendre l'idée de Acme, dans les dessins animés consacrés au Coyote, à l'envers, et après tout pourquoi pas? Mais si le chien est à demi plaisant, le coq ne l'est pas: je ne comprendrai jamais, non seulement qu'on ait confié un budget à McKimson pour ces films consacrés à ce héros, un coq insupportable et qu'il n'a jamais rendu drôle, ne serait-ce qu'au point de nous arracher un vague sourire... Mais je ne comprendrai jamais non plus comment McKimson a pu s'imposer en tant que metteur en scène à la Warner, avec l'indigence de ses films, sans odeur, sans saveur, sans conviction, torchés vite faits et mal faits...
Daffy Duck,venu en forêt, espère tirer sur un ours... Mais il lui faudra faire attention à bien suivre une règle d'or: il y a un trait qui divise la forêt en deux, d'un côté, les chasseurs sont autorisés à tirer, de l'autre, il s ne le peuvent pas. Le film va donc voir Daffy Duck tricher avec obstination, et tenter de lutter contre un ours déterminé à ne pas se laisser faire...
C'est un film "à l'ancienne", pas trop catastrophique donc, dont les gags reposent essentiellement sur la lutte inégale entre Daffy Duck, un ours malin et un garde-chasse pointilleux. C'est l'unique film de Daffy Duck en solo produit par DePatie-Freleng, qui préféraient pour leurs courts métrages l'associer à d'autres héros, notamment Speedy Gonzales.