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16 février 2023 4 16 /02 /février /2023 15:56

Dans l'Ouest, un homme (Alfred Paget) intervient pour empêcher deux prospecteurs de maltraiter une jeune femme d'une tribu environnante. Iola est d'abord désarçonnée par sa gentillesse, et un lien se forme entre eux... Quand le père du jeune homme ainsi que sa fiancée, venus de l'est, sont attaqués par la tribu, Iola va tout faire, jusqu'au sacrifice, pour les sauver...

Les films de Griffith qui se sont attachés à montrer les populations indigènes sont de trois types: d'une part, ceux qui vont se situer dans le quotidien de la vie dans les campements (Comata the Sioux); ensuite, les films qui montrent une cohabitation, ou un échange culturel avec les anglo-saxons ou les blancs (Ramona, par exemple), enfin ceux qui montrent les deux groupes en conflit, l'exemple le plus grossier étant assurément The battle at Elderbush Gulch... Ce film appartient à sa façon aux trois traditions.

Avec Mary Pikford en particulier, Griffith a trouvé une actrice qui peut vraiment donner à ce personnage une dimension formidable, réussir à trouver un juste équilibre entre la fascination qu'on devine amoureuse de Iola pour son sauveur, et une attitude face au brave homme dont elle ne comprend pas tous les aspects de la culture, qui confine à une certaine innocence enfantine. Très réussi, le film est tout simplement poignant.

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Published by François Massarelli - dans David Wark Griffith Mary Pickford Muet
16 février 2023 4 16 /02 /février /2023 15:48

Mary (Mary Pickford) peint... Elle montre sa production à deux prétendants; l'un d'entre eux la félicite, l'autre a des réserves sur le talent de la jeune femme: du coup elle choisit de favoriser le premier... Afin de rectifier le tir, le rival malheureux se déguise, subtilise la toile, et en présence de la jeune femme, propose de la vendre à l'autre homme: celui-ci refuse, ne reconnaissant pas l'oeuvre, et dit au prétendu vendeur que c'est une croûte...

Griffith, dans la comédie, se laissant aller à un film qui n'a sans doute pas du être bien long à imaginer, ni à tourner. La rivalité entre les deux hommes est d'ailleurs du pur Sennett, et on constatera que ce dernier n'est pas bien loin: il interprète un majordome... Mary Pickford se prête au jeu sans trop de problème, maintenant toute la troupe Biograph a fait bien mieux que ce film.

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Published by François Massarelli - dans David Wark Griffith Muet Mary Pickford
16 février 2023 4 16 /02 /février /2023 10:09

Ce film tourné dans le New Jersey, sorti en novembre, est une impressionnante somme, et un film très excitant à regarder; le suspense y est à son comble, et on se réjouit d’y voir dans un rôle secondaire mais parfaitement défini, Bobby Harron.

L’histoire de ce Cœur d’avare se situe dans un petit immeuble dont le rez-de chaussée est occupé par une femme malade et sa fille de trois ou quatre ans. Celle-ci passe ses journées dans la cage d’escalier (dans laquelle se situe la principale série de plans du film, une manière symbolique de nous situer le film dans cette Amérique de 1911 ou l’ascension reste l’enjeu principal d’une vie de citoyen, et la condition de la réussite), ou elle est repérée par un vieil homme qui habite à l’étage, seul avec des sommes considérables malgré son apparente modestie. Il prend pitié d’elle, et ils passent du temps ensemble; des bandits s’introduisent chez le vieil homme, le prennent en otage et décident d’utiliser la petite pour faire pression sur le vieil homme. C’est en voyant la petite en danger que l’homme s’aperçoit de son affection pour elle; ils sont sauvés par l’intervention d’un vagabond qui a des problèmes avec la police, et qui se couche le soir avec la satisfaction du devoir accompli, pendant que le vieil homme va donner de l’argent à la famille de la petite pour en sauver la mère.

Les qualités de ce film, outre sa richesse (Tout cela est réglé en 16 minutes), sont l’authenticité de ses décors urbains, qui vont bientôt être une grande source d’inspiration pour le Griffith de Musketeers of Pig Alley ou Intolerance, la qualité de son interprétation, le rythme toujours parfait, et l’intrusion d’un suspense crapuleux d’une grande efficacité: les bandits tiennent la petite fille, attachée, au bout d’une corde, et montrent au vieil homme qu’ils vont lentement brûler la corde, et précipiter sa chute, si l’avare ne leur révèle pas la combinaison du coffre. Un gros plan de la corde et de la flamme appuie leur propos…

Le suspense est appuyé par un montage qui implique d’une part les bandits et le vieil homme, les visions de la petite fille dans sa position inconfortable, le vagabond qui l’aperçoit, les policiers qui viennent à la rescousse, et le garçon de courses (Harron) qui a reconnu le vagabond comme étant un voleur à la tire auquel il a déjà eu à faire. Ouf ! Pour finir sur ce film essentiel, Donald Crisp y joue l’un des policiers. Son rôle n’est que de la figuration, mais il est parfait, tout comme dans What shall we do with our old?, ou il joue également ce rôle, en figuration intelligente (A l’avant-plan, avec des regards qui commentent l’action).

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Published by François Massarelli - dans David Wark Griffith Muet
16 février 2023 4 16 /02 /février /2023 10:00

Griffith a confié à Mary Pickford le rôle principal de Ramona. L’enjeu est de taille : d’une part, il s’agit d’une adaptation littéraire, ce que le générique met en avant de façon très claire. Ensuite, le roman était justement situé en Californie, dans le milieu des Indiens Navajos; enfin, le décor du sud de la Californie, inspire tant Griffith qu’on peut dire qu’il laisse les lieux et les acteurs faire l’essentiel du travail:

Alessandro (Henry B. Walthall), un jeune Navajo, tombe amoureux de Ramona (Mary Pickford), une jeune femme d’origine Espagnole. La famille de celle-ci multiplie les tentatives d’intimidation (Dont une expédition punitive dans le village Navajo) mais rien n’y fait: Ramona et Alessandro se marient, peu de temps après que la jeune femme ait appris qu’elle a du sang Indien. Une fois mariés, les blancs se liguent définitivement contre les deux amants, et le film finit tragiquement.

Les décors de sierras arides, magnifiquement utilisés, accentuent la solitude et le tragique destin de Ramona et Alessandro. Il est dommage que Walthall, décidément, ait du mal à ne pas cabotiner ; de plus il est difficile de croire en sa jeunesse dans ce film, contrairement à Mary Pickford en objet de toutes les convoitises. Bien différente de la femme-enfant qu’elle aura tendance à jouer répétitivement, elle est ici très solide.

Quant au propos, différent des autres films « Indiens » de Griffith, il est situé dans le temps par le biais du roman (Situé en 1840 à peu près), plus réaliste du fait de la présence des Navajos dans le film, et des décors Californiens ; les blancs, il est vrai Espagnols, sont à plusieurs reprises pointés du doigt comme de véritables méchants, en passant par la destruction d’un village, ce qui correspondrait assez bien au type de pratiques subies par les Indiens locaux en Californie tout au long du 19e siècle.

 

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Published by François Massarelli - dans David Wark Griffith Muet Mary Pickford
16 février 2023 4 16 /02 /février /2023 09:49

En ce qui concerne l’année 1910, il serait erroné de croire que Griffith n’y ait tourné que des films sur la guerre civile: parallèlement à ses productions orientées vers l’évocation folklorique du souvenir de la Guerre, Griffith continue son exploration des genres qu’il a déjà parcourus, en poursuivant le raffinement de son style, et en particulier de sa direction d’acteurs.

A ce titre, The Usurer (Aout 1910) est exemplaire : dans ce film social qui reprend le même message que A corner in wheat, on sent le metteur en scène d’autant plus à l’aise qu’il a choisi de faire un film plus narratif, dont les comparaisons entre les différentes strates de la société sont dotées de plus de cohérence: l’histoire concerne un usurier qui, ayant précipité la ruine d’un certain nombre de familles, est enfermé par mégarde au milieu de ses richesses, et n’a plus qu’à attendre la mort par asphyxie.

Les victimes nous sont présentées justement par leur rapport avec l’usurier, dont les messagers vont répandre la mauvaise nouvelle d’un foyer à l’autre, autorisant du même coup la narration à passer d’une famille, d’une misère à l’autre, tout en nous présentant l’insolente richesse dans laquelle vivent l’usurier et ses amis. Le montage est également utilisé à des fins plus critiques encore, lors de la mort de l’usurier : un plan de quelques secondes inséré dans la séquence nous rappelle le suicide d’un homme (Walthall) à cause de sa ruine. L’excellence du jeu des acteurs, très posé et naturaliste, contribue efficacement à la réussite de ce film-pamphlet.

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Published by François Massarelli - dans Muet David Wark Griffith
16 février 2023 4 16 /02 /février /2023 09:43

Griffith continue avec ce court métrage son exploration des possibilités dramatiques et narratives, mais aussi cinématographiques, du conflit qui a déchiré les Etats-Unis entre Nord et Sud, de 1861 à 1865...

On retourne à la division entre deux points de vue avec ce film, toutefois moins réussi que le premier des trois exemples. Il nous conte la confrontation entre deux soldats ennemis: le nordiste en terre ennemie tue le sudiste, puis se réfugie chez la mère de celui-ci. Lorsque celle-ci comprend ce qui s’est passé, elle prend la décision de laisser le soldat vivre malgré tout. Le message est proche donc de In the border states, à deux différences près : c’est ici une mère courage qui joue le rôle fédérateur, et elle est Sudiste. Un détail dans un plan, dans la pièce ou se joue l’essentiel du drame, nous permet de ne pas nous tromper : un portrait de George Washington…

Griffith joue beaucoup sur le suspense, axant les premières 5 minutes de ce film sur l’évolution parallèle des deux soldats, mais il nous les montre également en famille, afin qu’il n’y ait pas d’ambiguité : il n’y a pas de méchants dans ce drame. Les décors naturels sont splendides, et Griffith est désormais très bien rodé à la représentation de la guerre: toutes les scènes de batailles, d’escarmouche, de soldats seuls qui se cachent sont du grand et du beau cinéma…
 

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Published by François Massarelli - dans Muet David Wark Griffith
16 février 2023 4 16 /02 /février /2023 09:34

Le Sudiste Griffith continue avec ce film âpre une exploration des anecdotes de la Guerre Civile, et le fait en explorant toutes les possibilités...

L'un des films précédents, situé du point de vue du Nord (In the border states) dirigeait son lyrisme vers l’idéal d’une nation rassemblée, mais celui-ci nous parle d’héroïsme et de patriotisme jusqu’au délire. L’anecdote est cette fois l’histoire d’une jeune femme, typique aristocrate du sud, qui remplace son frère au front lorsque celui-ci se révèle trop lâche pour accomplir son devoir. Tuée au combat, elle continue d’assumer jusque dans la mort l’identité de son frère, et la famille n’a pas d’autre choix que d’enfermer le couard (Walthall, bien loin du colonel Cameron de The birth of a nation, sur-joue jusqu’au ridicule son alcoolique lâche) derrière les volets clos du titre.

Ici, le danger qui menace la famille est le déshonneur, mais le choix de Griffith de titrer le film la maison aux volets clos porte justement l’attention non sur la guerre elle-même, mais sur l’acte morbide qui s’ensuit ; une fois de plus, l’ombre d’Edgar Poe plane sur ce film, trop grandiloquent pour être honnête. Toutefois, les scènes de bataille sont excellentes, avec toute la ressource plastique qui pouvait être retirée de l’opposition entre les bleus et les gris, ou entre les deux drapeaux, si cousins et si lointains en même temps.

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Published by François Massarelli - dans Muet David Wark Griffith
13 février 2023 1 13 /02 /février /2023 09:23

Griffith adapte Dickens! Ce n'est pas une surprise, l'écrivain Anglais a toujours été une source d'inspiration autant que de fascination, et le metteur en scène partageait sa vue sociale rigoriste et manichéenne, et matinée d'une forte dose de protestantisme un rien aveugle... Et s'il faut chercher la raison d'être de la façon dont Griffith a toujours fédéré le public derrière le suspense lié aux coups de théâtre du destin, c'est bien chez l'écrivain Anglais!

Cette nouvelle, adaptée par Griffith en un court métrage très ramassé, raconte l'amour contrarié d'un couple séparé par le destin: l'homme est parti en mer, et pendant son périple, la famille de la fiancée la promet à un vieil homme... En revenant, le héros va, sous un déguisement, mener son enquête: sa fiancée est-elle vraiment amoureuse d'un autre, ou pourra-t-il empêcher le mariage à temps?

C'est tellement concentré, et dénué d'intertitres, qu'on s'interroge souvent: qu'est-ce qui motive le déguisement? Pourquoi se cacher, par exemple, de la famille de sa propre soeur qui l'aide dans son entreprise? Mais on se laisse aller, car on est devant une narration classique. Mais que de péripéties en 15 minutes!

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Published by François Massarelli - dans Muet David Wark Griffith
13 février 2023 1 13 /02 /février /2023 09:11

Dans une pension de famille Italienne, un couple se forme, et ils ont se marier... Mais ce n'est pas du goût de tous, notamment d'un Sicilien qui est amoureux de la jeune femme. Il décide de se venger de son amour déçu, et imagine une machine infernale qui pourra tuer le mari, dissimulée sous l'autel...

Le fait de situer l'intrigue dans le milieu d'une pension de famille Italienne, permet d'excuser par avance, d'une part, l'exotisme de l'intrigue. Car après tout, il est certain que le public visé a priori par Griffith était constitué de gens comme lui, donc des W.A.S.P. avec un fort accent sur le P (comme Protestant). Donc ces Catholiques qu'on imagine un peu bruyants étaient idéaux pour un dépaysement total... et des moeurs fort différentes!

Ca permet aussi d'installer sans trop d'objection un personnage de sicilien qui a des méthodes expéditives d'expression de sa colère. On sait qu'en 1909, on a commencé à regarder de travers les étrangers qui viennent aux Etats-Unis, et que les Méditerranéens (les Italiens en particulier) vont souffrir d'une triple malédiction: pauvres, de religion différente, et illettrés, ils vont souvent tomber dans la caricature, et ça ira jusqu'à Sacco et Vanzetti! Donc cet homme qui est prompt à dégainer une étrange machine pour tuer son copain, c'est plus qu'un signe subliminal.

Cela étant, le film est intéressant ne serait-ce que parce qu'il repose entièrement sur un suspense fort: le spectateur sait ce qui va se passer et aucun autre personnage, jusqu'à un certain point, ne partage cette connaissance; et le metteur en scène se plait à saupoudrer le film d comédie pour ajouter à l'attente et insister sur l'innocence des futures victimes potentielles...

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Published by François Massarelli - dans David Wark Griffith Muet
13 février 2023 1 13 /02 /février /2023 09:05

Au XVIe siècle... C'est l'hiver, et une petite fille mendie... Un homme qui passe par là lui glisse un louis d'or dans son sabot, mais elle ne le voit pas. Un joueur qui se rend au casino aperçoit la pièce et décide de l'emprunter, quitte à la rembourser plus tard. Il va jouer, et gagner très gros...

C'est encore une fois l'inspiration dickensienne de Griffith qui s'exprime ici, avec un soupçon d'influence de la Petite Marchande d'Allumettes, donc... à vos mouchoirs! L'inspiration "sociale" de Griffith est souvent d'une clarté absolue, c'est le cas dans ce film révolté, et il faut bien le dire assez cruel... La petite est Adele de Garde, une jeune actrice qui a souvent interprété les petites filles fragiles chez Griffith à l'époque.

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Published by François Massarelli - dans David Wark Griffith Muet