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13 février 2023 1 13 /02 /février /2023 08:59

Voici un exemple de la façon dont David Wark Griffith, très tôt dans sa carrière, pouvait traiter d'un sujet en saupoudrant des touches évidentes de l'influence de Charles Dickens sur lui! Ici, il confronte sa vision traditionnelle de la famille à la force spirituelle de la nuit de Noël...

Un homme qui n'a plus de travail sombre dans l'alcoolisme, et par peur de les mettre en danger, quitte son épouse et ses enfants. Ceux-ci sont pris en charge par la famille, et obtiennent un logement décent. Le soir de Noël, le mari désespéré a choisi une maison au hasard à cambrioler, je vous laisse deviner laquelle...

On aura donc un happy-end, dans un film dont on se dit, à la lecture du scénario, que ça ne peut marcher tellement c'est gros, mais il suffit sans doute de le voir à hauteur d'enfant...

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Published by François Massarelli - dans David Wark Griffith Muet
12 février 2023 7 12 /02 /février /2023 09:20

Dans les montagne (du Kentucky, sans doute?), deux hommes vivent, dans des cabanes de fortune. Ils se rencontrent, et partagent la même condition: ils deviennent amis. Mais l'un d'entre eux va rencontrer l'épouse de l'autre...

C'est un mélodrame assez classique, ni pire ni meilleur que les films habituels du genre, si ce n'est pour un détail: pas l'intrigue, très classique, ni le déroulement, qi se clôt en tragédie. Ce que ce film a de meilleur, et qui est difficile à évaluer, c'est sa photogénie. Griffith tirait souvent le meilleur partie des scènes de montagne et il savait très bien composer des plans en montrant à l'arrière-plan des rivières en contrebas d'un promontoire, et avec son fidèle chef-opérateur Bitzer à ses côtés, ces deux-là avaient tout compris... Hélas, la copie visionnée est tirée d'un 16mm fatigué, et ça pique les yeux.

La fin est surprenante aussi, par la façon dont Griffith traite le suspense: un homme vient de se tuer et il repose, la tête sur la table; la femme qui rentre le voit et contrairement à nous ne comprend pas qu'il est mort... Nous sommes donc à attendre sa réaction: sadique!!!

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Published by François Massarelli - dans Muet David Wark Griffith
12 février 2023 7 12 /02 /février /2023 09:12

Griffith, dès 1909, avait compris qu'il serait attendu de sa production qu'occasionnellement il tourne un film adapté de la plus noble des littératures: ce sujet Russe est donc adapté de Léon Tolstoï. Comme souvent quand il tente de faire s'élever son art au-dessus de la mêlée, il se plante et produit donc un film plutôt ennuyeux...

Un prince Russe séduit une jeune paysanne, mais il est marié, et on va donc la retrouver dans une taverne, devenue alcoolique et prostituée. Elle est arrêtée. Un jour, des représentants de l'état-major viennent visiter la prison, et le prince, présent, la reconnaît...

A la fois centrée sur la rédemption du salopard et sur le rachat de l'âme de la femme déchue, le film accumule les poncifs mélodramatique... Notons toutefois que la copie visionnée est un cauchemar permanent (voir l'illustration, elle se passe de commentaires), et qu'en prime elle serait incomplète, le film n'ayant pas été conservé intégralement a priori...

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Published by François Massarelli - dans Muet David Wark Griffith
11 février 2023 6 11 /02 /février /2023 10:32

Parmi les quelques films foncièrement anti-alcooliques du Griffith des origines, celui-ci est annonciateur d'une certaine tendance de son oeuvre, qui consiste certes à asséner des leçons de morale bien senties, mais en ne fermant pas la porte à une certaine échappatoire sous forme d'un happy-end! 

Un homme rendu brutal par son alcoolisme terrorise sa femme et sa fille, mai il emmène celle-ci à une représentation d'une adaptation de L'assommoir de Zola. Il est bouleversé et décide d'arrêter la boisson...

Si l'épouse est posée comme une victime impuissante, c'est la présence de la petite fille qui fournit une catharsis au personnage; déjà, la femme-enfant est un personnage crucial des films de David Wark Griffith... Celui-ci reviendra sur ce thème avec Brutality en 1912, un film qui développe la même intrigue, mais sur deux bobines... La deuxième hélas est perdue.

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Published by François Massarelli - dans David Wark Griffith Muet
11 février 2023 6 11 /02 /février /2023 10:28

Dès le début de sa carrière, on notera la présence dans l'oeuvre de David W. Griffith de films antialcooliques, une constante de ces premières années, qui disparaitra avant de revenir à la fin de sa carrière (The struggle, 1931): on ne reviendra pas sur l’ironie de la situation, on sait que Griffith est mort alcoolique, par désoeuvrement principalement. 

What drink did et le film de la même année The drunkard’s reformation sont un peu les deux faces d’une même médaille: dans le premier, Un homme alcoolique entraine involontairement la mort de sa fille. Bien que convenu et académique, on ressent l’effort effectué sur la reconstitution d’intérieurs en studios. C’est donc le versant noir de l’anti-alcoolisme, qui passe par une leçon de morale administrée par le réformateur indécrottable qu'était le très rigoriste artiste... Et comme il a parfois une certaine cohérence, il nous montre la menace pesée par le démon de l'alcool sur la famille.

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Published by François Massarelli - dans Muet David Wark Griffith
11 février 2023 6 11 /02 /février /2023 07:25

L'héroïne de ce film des premiers temps de l'oeuvre de Griffith est une jeune femme Juive dont la mère décède au début. Elle travaille désormais avec son père dans la boutique familiale. Le père souhaite organiser un mariage traditionnel, mais la jeune femme tombe amoureuse d'un homme qui n'est pas juif, et se marie avec lui. Le père refuse de les fréquenter, et la petite famille vit heureuse, et prospère dans leur librairie jusqu'au jour ou le jeune homme meurt; contrainte de vendre sa librairie, la jeune femme tombe malade, et sa fille va trouver son grand père dans le but de réconcilier père et fille avant la mort de cette dernière...

Romance of a Jewess étonne pour trois raisons: d'une part, bien que Griffith sort peu du studio, et utilise encore des décors approximatifs et des toiles peintes, ce mélodrame situé dans deux lieux principalement (boutique et librairie) a en fait été tourné exactement sur le même décor en studio, mais agencé différemment, sous un autre angle de prise de vue: voilà comment on économisait intelligemment, sans que ça se voie trop.

Le deuxième point remarquable tient dans les ruptures de ton; un intermède très sennettien (Sennett est d'ailleurs l'un des acteurs qui y participent, et était à l'époque le conseiller ès-comédie de Griffith) occupe le deuxième plan, qui finit quand même avec souplesse dans le mélodrame. Voilà clairement un rappel du coté touche-à-tout de ces films Biograph, tournés par une équipe versatile et rompue pour l'instant à tous les styles de films. Griffith mettra cependant vite un frein à ce mélange, en prenant les drames et les histoires plus subtiles en charge, laissant la comédie à Mack Sennett.

Enfin, dans ce film plutôt délicat dans son traitement "ethnique", le titre ne trouvant aucun écho dans le déroulement de l'action, on notera une série de plans assez naturalistes qui non seulement tranchent sur le coté factice des décors cités plus haut, mais constituent aussi un avant-goût de plans similaires des rues populeuses de New York dans The musketeers of Pig Alley en 1912. Ces plans pourtant tournés en studio sont remarquables par le naturel qui se dégage de l'amoncellement de figurants..
Donc si le cinéma de Griffith balbutie encore en 1908, la construction d'une oeuvre solide et fascinante a vraiment déjà commencé.

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Published by François Massarelli - dans David Wark Griffith Muet
10 février 2023 5 10 /02 /février /2023 16:45

The song of the shirt a été tourné la même année que The Adventures of Dollie: Griffith vient darriver à la tête des productions de la Biograph, lui qui avait fourni des scénarios pour le vétéran Wallace McCutcheon...

C'est donc un mélo ultra-classique dans lequel une jeune femme s'efforce de travailler plus afin de sauver sa soeur mourante...

Des plans de joyeuses fêtes organisées par la bourgeoisie, utilisés afin de contraster avec la pauvreté Dickensienne du drame principal, constituent malgré tout un avant-goût de A corner in wheat, réalisé l'année suivante, qui montrera en parallèle les deux classes antagonistes du drame. Si la façon est encore gauche, on est déjà dans les thèmes Griffithiens...

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Published by François Massarelli - dans David Wark Griffith Muet
10 février 2023 5 10 /02 /février /2023 16:38

De tous les films sortis en 1908, c'est à dire confectionnés la même année que le premier film de Griffith, The adventures of Dollie, il sera inutile d'attendre une mise en scène "moderne", Money mad est le moins traditionnel: le résumé donné par Patrick Brion dans sa filmographie commentée en dit long en peu de mots ("Le vol d'un sac entraîne une succession de morts violentes").

En effet, il y a des morts, et ça va vite. L'inspiration est plutôt du coté du grand guignol, et le feu qui termine le film donne un aperçu de la dimension morale forcément partagée par le puritain Griffith, qui voue finalement l'argent et ceux qui y succombent aux flammes infernales. Le film est surtout remarquable par son ton et sa violence, qu'on attendrait plus facilement d'un film Italien, que d'un Griffith, même si celui-ci saura occasionnellement avoir recours à des images choc, y compris dans ses classiques: il y a notamment une décapitation truquée dans Intolerance....

Ce film possède aussi un avant-goût de belles choses à venir, puisqu'il nous propose un brouillon d'une scène de suspense qui sera l'un des clous de The musketeers of Pig alley, quatre ans plus tard... Comme quoi, dès ses débuts, le metteur en scène avait de la ressource.

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Published by François Massarelli - dans David Wark Griffith Muet
10 février 2023 5 10 /02 /février /2023 15:54

Au XVIIIe siècle, une jeune femme noble mariée depuis quelques temps réalise que son mari ne s'intéresse plus du tout à elle, et s'en ouvre par une lettre à sa cousine... Celle-ci débarque et déguisée en homme, va jouer le jeu de la séduction avec l'héroïne pour pousser le mari vers la jalousie. Le problème, c'est que celui-ci ira jusqu'au duel...

Quand on découvre la "cousine", celle-ci est très occupée: elle fait de l'escrime, et on sent la bretteuse redoutable. Du coup, le film ne perd pas de temps, et surtout n'attend pas la métamorphose du déguisement pour nous la présenter comme potentiellement une authentique rivale de l'homme.

Mais le film nous la montrera triompher sur trois points: d'une part, par son comportement qui la montrera égale de l'homme (pas sur tous les points, elle montrera quelques réticences sur la consommation de cigares et de boissons fortes par exemple), ensuite parce que la machination obtiendra des résultats positifs, et enfin parce que la mystification parfaite sera révélée à un auditoire appréciatif...

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Published by François Massarelli - dans David Wark Griffith Muet
10 février 2023 5 10 /02 /février /2023 15:34

"Farces", voilà un titre bien intrigant pour un film de Griffith, fut-il une comédie... mais c'est ce qu'on appelait un "split-reel", un film qui représentait moins de 7 minutes, et qui pouvait être exploité avec un autre court métrage de même durée sur la même bobine. De là à dire qu'il s'agit d'un bouche-trou...

Au bord d'une rivière aménagée pour la baignade, un homme cherche à séduire une jeune femme qui le snobe. Elle va se changer dans une cabine, et lui aussi de son côté, et ils vont, séparément, se baigner l'un et l'autre... Pendant le bain, deux garnements, dont le tout jeune Bobby Harron, ont l'idée d'échanger les tenues des deux baigneurs...

Dans la panique, pas trop grivoise quand même, qui s'ensuit, on aura des chassé-croisés, beaucoup d'agitation, et à deux reprises, croisant le chemin du jeune homme contraint et forcé d'adopter des vêtements féminins, un couple d'hommes efféminés qui commenteront avec force gestes, le passage éclair d'un homme travesti... Bref, Griffith, pour notre plus grand embarras, s'encanaille.

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Published by François Massarelli - dans Muet David Wark Griffith