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4 mars 2020 3 04 /03 /mars /2020 16:11

Sans être aussi connu que Broken Blossoms, ou aussi flamboyant que les énormes Birth of a nation et Intolerance, cette petite comédie tendre et à la petite musique douce et nostalgique est un bien beau film: avec Lillian Gish, bien sur, dont le point de vue reste le principal point d'ancrage d'une narration souvent douce-amère , mais aussi avec Bobby Harron, dont c'est l'un des derniers rôles en vedette pour Griffith.

Je ne reviendrai pas en longueur sur les circonstances tragiques et jamais élucidées de sa mort (On estime qu'il se serait suicidé en raison du choix de Richard Barthelmess pour interpréter Way Down East), mais c'était une grosse perte: on connaît son interprétation magistrale du "Garçon" de Intolerance, et son visage juvénile (ici, il a 26 ans) et malléable lui permet dans True Heart susie d'interpréter de manière convaincante un pré-ado aussi bien qu'un jeune adulte.

L'histoire, située dans l'Indiana, est la chronique rurale d'une petite communauté à l'écart des bouleversements du monde, dans laquelle vivent Susie (Gish) et William (Harron); inséparables, ils se sont aimés comme des enfants jusqu'au jour où par un stratagème, la jeune fille a réussi à envoyer William à l'université, sans lui révéler qu'elle était sa bienfaitrice. Revenu quelques années après et devenu pasteur, il se marie avec la première pimbêche venue (Clarine Seymour, qui allait bientôt décéder aussi), mais Susie souffre en silence car elle sait que ce mariage est une erreur, non seulement de son point de vue à elle, mais aussi par rapport à William qui ne se rend pas compte que sa femme le mène en bateau...

Une fois accepté le trou béant du scénario, par ailleurs typique du mélo facile (Mais pourquoi diable Bettina -Seymour- se marie-t-elle avec William?), le film est un enchantement, basé sur la dichotomie propre au muet (Et si bien illustrée par les films The Kid Brother de Harold Lloyd, Tol'able David de Henry King ou même en plus complexe et intérieur, l'inégalable Sunrise de Murnau) de l'opposition entre une ville qui corrompt, et une campagne authentique et sincère, les deux étant symbolisées par une femme. Le film déroule tranquillement sa trame, à coupe de séquences ponctuées d'intertitres avec clins d'yeux permanents d'un Griffith narrateur, dans un style lumineux et forcément doux.

Mais bien sur, les fans de Lillian Gish sont à la fête, avec une Susie qui ne se laisse jamais aller à devenir une figure tragique, restant du début à la fin une femme-enfant: elle a déjà, par un deuil précoce (Elle est orpheline) une certaine maturité, qui la pousse à se comporter en vraie grande soeur avec ce grand nigaud de William, mais grandie trop vite, elle garde en adulte son allure d'enfant. Le contraste avec Bettina est assez peu subtil, mais Griffith et Clarine Seymour ont bien chargé le personnage, avec un certain succès: il ne s'agit pas ici de faire dans le réalisme, et la comédie se satisfait de cette exagération. C'est d'ailleurs un film pour lequel on convoquerait volontiers les comparaisons avec les grands longs métrages burlesques: Keaton s'inspirera de cette veine Griffithienne dans The goat, ou dans Our Hospitality. Sinon, j'ai déjà fait allusion à Harold Lloyd, mais le jeu de Lillian Gish fait aussi penser à Harry Langdon, en particulier par sa lenteur, son décalage, et l'importance de ses yeux par rapport à un corps dont elle souligne la gaucherie.

Après une séquence un peu plus relevée, dans laquelle Bettina fait face à son destin, et doit affronter les conséquences de ses mensonges, une tempête et la maladie, le film permet aux amoureux d'avoir une seconde chance, et on les revoit une fois de plus, à distance, par le souvenir des enfants qu'ils ont été. On est loin du cynisme, du tumulte des grandes épopées, on est en pleine Americana, et que voulez-vous, on en redemande... On retrouvera une partie de cette atmosphère dans Way Down East.

https://www.youtube.com/watch?v=NxpjXrzWW4Q

 

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Published by François Massarelli - dans David Wark Griffith Muet 1919 Comédie Lillian Gish *
20 février 2020 4 20 /02 /février /2020 16:35

On peut éventuellement se perdre en conjectures sur les deux "longs métrages" tirés d'Intolerance trois ans après sa sortie. Essayer de voir dans quelle mesure ils étaient légitimes, quelle part la simple nécessité de rentrer dans ses frais avait joué dans la décision trois ans après la sortie du très long métrage, d'en découper des bouts pour en faire des histoires indépendantes.

Reste que, à la vue de ce film (et de The mother and the law) qui est une version longue du deuxième épisode le plus important d'Intolerance, force est d'en venir à la conclusion qui s'impose: Griffith savait parfaitement ce qu'il faisait, et il avait prévu pour ces deux histoires les plus importantes, de devoir un jour les rendre indépendantes du long métrage final. Les scènes (assez nombreuses) qui complètent ce film pour l'amener à une heure (sachant que tout ce qui est dans la version "Intolerance" de The fall of Babylon ne figure pas dans cette version!) datent clairement toutes de la même époque que le tournage de 1915-1916! Et tous ces ajouts permettent d'amener le film à un tout autre développement, une tout autre conclusion aussi, que dans le film de 3 heures... Désormais, l'accent est mis sur l'histoire d'amour (eh oui, ici, Constance Talmadge se laisse séduire) entre "la fille des montagnes " et le Rhpasode joué par Elmer Clifton.

Cela étant dit, on ne pourra pas nier que contrairement à The mother and the law, dont la force pamphlétaire reste intacte dans sa version "indépendante" (voire renforcée par la concentration autour d'une seule intrigue), ce long métrage reste anecdotique, paradoxal aussi: ces plans de l'énorme décor délirant, ces figurants littéralement par centaines, la prise de vue en ballon captif... Tout ça pour un plaisant mais anecdotique long métrage de 62 minutes aussi décoratif que vide? ...Il est malaisé de séparer cette Chute de Babylone de sa position de choix dans Intolerance.

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Published by François Massarelli - dans David Wark Griffith Muet 1916 **
18 août 2019 7 18 /08 /août /2019 11:50

Un couple d'amoureux se marient, et... un accident arrive: lors d'une expérience scientifique, monsieur perd la vue. Mais madame, très attachée à la vie mondaine, va commencer à se détacher de son mari, et cela ira jusqu'au divorce. Sa sœur, révoltée, décide de se faire passer pour l'épouse afin de sauvegarder la quiétude du mari aveugle. Très vite, elle va prendre son rôle d'épouse au sérieux.

Parlons donc de mélodrame extrême, avec cet étonnant film, qui me rappelle furieusement un autre court métrage d'une bobine, français celui-ci, et produit par Eclair en 1911! Le hasard des visionnages est parfois bien fait. C'est donc hautement improbable, et particulièrement noir. A noter que Griffith joue du suspense lors d'une situation peu banale: un médecin est venu et a tenté l'opération de la dernière chance. Mais quand celle-ci rate, on peut distinctement voir sur le visage de la sœur amoureuse, un air totalement soulagé...

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Published by François Massarelli - dans David Wark Griffith Muet
17 juillet 2019 3 17 /07 /juillet /2019 08:18

Le titre du film est clair : il est question ici de ces fameuses courses contre la mort, de ces moments où il importe de faire vite pour sauver un personnage. Une fois de plus, Griffith prend du temps pour raconter la vie sentimentale de ses protagonistes afin de pouvoir provoquer plus efficacement la sympathie, en particulier, du public féminin: cette fois, c’est Blanche Sweet qui doit choisir entre Walthall et Wilfred Lucas. Elle choisit le dandy Walthall, mais elle s’aperçoit bien vite avoir fait le mauvais choix: il découche, joue, perd, boit, et va même voler l’argent de la firme ou il travaille (Avec Lucas) pour financer ses soirées de poker.

A la fin, l’épouse inquiète reçoit la visite du collègue de son mari qui l’informe que celui-ci a commis une grave faute, et le téléphone retentit: Walthall, une arme à la main, téléphone à son épouse pour lui dire adieu. Pour une fois, je ne dirai rien de l’issue de la chose, mais on se doute de ce qui suit.

Décidément, la technique est bien au point, et la combinaison téléphone-véhicules est une bonne base… Par ailleurs, le film est aussi centré sur le personnage féminin, avec une scène durant laquelle Griffith utilise le miroir pour accentuer la solitude de Blanche Sweet: le miroir est au fond d’une pièce. A l’avant-plan, la jeune femme dit au revoir à son mari, qui la toise d’une façon trop condescendante pour être honnête. Une fois seule, elle se dirige vers le fond de la pièce et s’écroule sur un sofa, en pleurant. C’est le reflet dans le miroir qui nous renseigne sur cet événement : l’héroïne est désormais habituée à dissimuler ses sentiments et sa frustration à son mari, mais le miroir nous renseigne sur les tourments de son âme. 

 

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Published by François Massarelli - dans David Wark Griffith Muet
17 juillet 2019 3 17 /07 /juillet /2019 08:10

Une jeune femme (Blanche Sweet) vit en bord de mer, dans une petite communauté de pêcheurs. Elle a un petit ami, qui pratique ce métier, et tout va bien dans le meilleur des mondes... sauf que des contrebandiers se sont installés dans le coin et lors d'une de leurs opérations, elle est prise en otage sur un bateau...

Ceci, tout en étant l'un des plus embrouillés parmi les courts métrages tardifs de Griffith, est un peu l'anti-Lonedale Operator. La même actrice qui avait tenu tête à des bandits et sauvé la mise du télégraphe en bon petit soldat est ici réduite à être une otage. Elle va bien sûr attiser la convoitise d'un homme, mais le film repose essentiellement sur la mécanique du sauvetage de dernière minute, avec pour seule valeur ajoutée la rédemption d'un marin qui défend à sa façon Blanche Sweet contre les autres, et se rachète donc avant de se jeter à l'eau. C'est maigre, pour un film qui a du mal à être plus que, disons, "distrayant".

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Published by François Massarelli - dans David Wark Griffith Muet
12 avril 2019 5 12 /04 /avril /2019 19:05

David Wark Griffith n'est certes pas passé à la postérité de par ses comédies, raison de plus pour s'intéresser à elles quand on peut les voir: la Gibson Girl était dans les années 1905-1910 un prototype médiatique, propagé par le peintre Charles Gibson, qui avait fait le portrait robot de la femme idéale...

Une jeune femme en vacances dans une station balnéaire de la côte Atlantique, attire le regard de tous les hommes, et finit par s'en irriter. Elle trouve un moyen de les tester: elle se montre en un maillot de bain (1900...) tout ce qu'il y a de gentil, mais avec des pantalons à pois... Instantanément, ils se détournent tous. Sauf un...

le film est simple, direct et assez mécanique; la jeune femme est interprétée par Marion Leonard, qui est excellente de sobriété dans le rôle de la jeune femme consciente de son charme, mais légèrement agacée par l'effet qu'elle produit. Et elle le produit sur du beau linge: Mack Sennett, d'abord, toujours là quand il fallait de la comédie; James Kirkwood est là aussi, ainsi que George Nichols. Parmi les passantes, Mary Pickford, Kate Bruce... On reconnaît aussi Billy Quirk, acteur spécialisé dans les rôles particulièrement efféminé. Bref: une tranche d'histoire.

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Published by François Massarelli - dans Muet David Wark Griffith Comédie
23 février 2019 6 23 /02 /février /2019 11:05

Une fois indépendant, Griffith a commencé à réaliser systématiquement des longs métrages, de 6 bobines pour commencer, qui se sont succédé jusqu'à l'été. Le dernier d'entre eux, après les expériences de Home sweet home (film à sketches) et Battle of the sexes (adaptation de pièce de théâtre) est aussi un film bien curieux. Inspiré de Edgar Poe, un auteur éminemment Américain auquel le metteur en scène vouera longtemps un culte, le film se situe pourtant dans l'Amérique contemporaine, et plutôt que d'adapter un récit ou un poème précis, Griffith a amalgamé un certain nombre d'événements tirés de divers contes, nouvelles et poèmes. L'histoire est celle d'un enfant gâté par son tuteur et qui, devenu adulte, ne supporte pas que celui-ci lui refuse d'épouser celle qu'il aime. Pris de dépit, il l'assassine et emmure soigneusement le cadavre, et devra ensuite être tourmenté par sa conscience, par un détective un peu trop malin, et par un maître-chanteur Italien.

Les acteurs sont tous tirés de la troupe de Griffith, et à l'exception de Blanche sweet (Qui n' a pas grand-chose à faire ici, hélas) se retrouveront dans le film suivant: Walthall est le héros, assez convaincant. Spottiswoode Aitken joue l'oncle, affublé d'un bandeau sur l'oeil. Ralph Lewis est le détective, et George Siegmann l'Italien (forcément louche, un navrant signe des temps). Quant à Mae Marsh et Bobby Harron, Griffith les a placés pour un intermède comique qui ne s'intègre pas très bien à l'ensemble. Le résultat est, disons, bizarre, mais pas sans qualités: l'idée d'intégrer des éléments d'horreur dans un drame bourgeois donne lieu à une série de surimpressions, trois ans avant The whispering Chorus de DeMille, qui sont moins virtuoses, mais bien dosées: Bitzer a bien relevé le défi ici. Griffith utilise à merveille le montage, c'est bien connu, et on n'est pas déçu: les scènes spectaculaires intègrent de façon dynamique des gros plans qui relaient efficacement le suspense: outre un gros plan des yeux de Walthall torturé par la culpabilité (Il voit partout le fantôme de son vieil oncle), il y a aussi utilisation de plans des pieds d'un personnage pour souligner la nervosité, etc... Griffith fait même jouer pour un plan les mains de Lewis et Walthall, avec un effet de précision. C'est, bien sur, dans les deux dernières bobines que le feu Griffithien se déchaîne: montage parallèle, élargissement du cadre, accélération de l'action, meurtre, morts violentes, suicide... (Pas de train, par contre!) Honnêtement, l'attente est un peu longue, mais elle en vaut la peine...

Certes, Griffith se cherche encore en 1914, mais le film, s'il est souvent gauche, est une bonne surprise: on n'attendait pas vraiment Griffith sur le terrain du fantastique, et il ne s'en tire pas si mal. Et puis, avant de devoir se replonger dans le tumulte et la salissure du film suivant, The Birth of a Nation, ce petit conte est assez ravigorant.

 

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Published by François Massarelli - dans 1914 David Wark Griffith Muet *
23 février 2019 6 23 /02 /février /2019 10:51

Le vrai titre de ce film, tel qu'il a été distribué en tout cas à partir du 8 février 1909, est Edgar Allen Poe, la copie la plus souvent montrée aujourd'hui commençant par établir que la coquille était attribuable à la volonté de la Biograph de sortir le film à temps pour l'anniversaire du poète...

Pour fêter le centenaire d'un auteur maudit que Griffith a toujours, de son propre aveu, admiré, il le représente donc en cinq plans: le poète (Herbert Yost) reste au chevet de son épouse malade (Linda Arvidson), et lors de la scène, est visité par l'inspiration, car un corbeau empaillé semble lui aussi veiller de façon lugubre la malade. Les deux plans suivants montrent Poe se rendre chez un éditeur, puis à la rédaction d'un journal, où on finit par accepter son poème. Le quatrième plan nous montre, en plan rapproché, la mort de Virginia dans une dernière convulsion. Le dernier plan enfin montre Poe retournant au chevet de son épouse.

Bien sûr, ce n'est pas dans ce court métrage commémoratif qu'il faut chercher le génie de Griffith, mais l composition soignée est un élément intéressant. Et le film, privé d'intertitres, se débrouille très bien tout seul pour véhiculer du sens. Griffith s'inspire de façon évidente de l'univers de l'écrivain dans The sealed room tourné la même année, et il retournera à Poe avec l'un de ses premiers longs métrages en 1914, The Avenging Conscience...

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Published by François Massarelli - dans Muet David Wark Griffith
20 février 2019 3 20 /02 /février /2019 17:52

A l'origine, ce film contenait deux bobines, dont on imagine si on compare aux autres films Biograph de Griffith de la même période, qu'il était assez long, autour d'une demi-heure... Il n'en subsiste que la première bobine. 

Deux jeunes gens se rencontrent, elle est interprétée par Mae Marsh, et lui par Walter Miller. Ils s'aiment et se marient, mais au fur et à mesure de leur histoire, la jeune femme voit son mari devenir de plus en plus violent, au poing de se battre à la moindre occasion. Elle en fait elle-même les frais, et commence à le craindre. Au cours d'une représentation théâtrale, ils vont être confrontés à une version d'Oliver Twist dont une scène de violence conjugale va réveiller chez eux des souvenirs cuisants, pour l'une (qui a subi la violence) comme pour l'autre (qui va laisser enfin ses regrets s'exprimer)...

La fin de ce résumé est bien sûr tirée des nombreuses mentions du film dans l'histoire du cinéma, puisqu'on ne peut plus la voir. Mais il y a peu de doutes que c'est effectivement de cette façon que le film se termine, puisque il reprend une formule déjà exploitée à plusieurs reprises par Griffith, le plus souvent avec des films anti-alcooliques: What drink did ou The Dunkard's Reformation notamment. Le principal intérêt du film, au-delà de la mention pas si courante de la violence maritale, est bien sûr Mae Marsh: contrairement à sa co-star qui est lui absolument infect, la future enfant bondissante et irritante de Birth of a nation et Intolerance, est au contraire d'une grande dignité ici, profitant du temps imparti à l'intrigue pour ralentir sérieusement le tempo et laisser sa terreur monter et s'exprimer avec subtilité. 

On peut rapprocher l'utilisation dramatique de l'actrice de ce qu'il allait faire quelques mois plus tard avec une jolie jeune femme qu'il avait beaucoup négligée, à tort, et à laquelle il donnerait enfin, à contrecoeur sans doute, la vedette dans The mothering heart. Celui-ci est d'ailleurs un film autrement plus important que ce Brutality un peu sommaire.

Sinon, Griffith faisant appel à sa "troupe" pour tous ses films, ce qui nous gratifie ici d'une vision d'une figurante de grand luxe: Miriam Cooper... Voyez la photo ci-dessus.

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Published by François Massarelli - dans Muet David Wark Griffith
18 février 2018 7 18 /02 /février /2018 20:21

Ce film est généralement en dehors des radars, sans doute parce qu'il n'a pas été préservé dans une copie très décente (C'est en 16mm, comme tant des courts Biograph). C'est dommage, car c'est un film dans lequel Griffith cherchait à sortir du carcan de la bobine de 15 mn, en étoffant l'intrigue et en développant ses personnages; il est contemporain d'une série de films en deux bobines qui ont précédé le passage au long métrage avec Judith of Bethulia.

Maintenant, ce film qui fait un peu pour Mae Marsh (éternelle adolescente écervelée, en proie aux pires turpitudes du destin) ce que The mothering heart faisait pour Lillian Gish, est quand même un mélo assez conventionnel, dans lequel Griffith continue à explorer les mille et une façons de menacer la quiétude familiale: ayant grandi avec ses parents rigoristes, au milieu de nulle part, la jeune femme se laisse séduire par un inconnu (Henry B. Walthall), et tombe dans le piège: la ville, les établissements louches... Retrouvée par l'ami de toujours (Bobby Harron), elle s'en va retrouver son père. En effet, la mère n'a pas supporté la disgrâce et en est morte...

Griffith tourne son film dans une campagne qui ressemble furieusement à la nature sud-Californienne, et ses acteurs (On reconnait aussi Kate Bruce en éternelle maman) font tous leur travail avec talent...

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Published by François Massarelli - dans Muet David Wark Griffith