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3 mai 2024 5 03 /05 /mai /2024 20:44

Ann Dixon (Helen Foster) est une jeune femme très comme il faut, qui a rencontré dans son lycée des jeunes gens de son âge, mais qui vont la pousser à se dévergonder un peu: alcool, tabac, puis son petit ami va lui imposer des rapports... La descente aux enfers, toujours plus loin, toujours plus bas, va se poursuivre, jusqu'à l'irréparable...

Ce résumé est exactement le même que celui du film de Willis Kent et Norton Parker de 1928, avec la même actrice principale... Foster, donc, reste, il est vrai qu'à 29 ans, elle a encore un minois qui lui permet de jouer les lycéennes... Mais le film, pas plus que sa version muette, ne s'adresse pas à la jeunesse, loin s'en faut! Cette nouvelle version est réalisée par Dorothy Davenport, qui signait "Mrs Wallace Reid" et s'était fait une spécialité paradoxale, suite à la mort de son mari, tué par son addiction à la morphine: produire, écrire ou réaliser des films qui alertaient sur les dangers de la société Américaine...

Elle a donc ici co-signé le script avec Kent, et il reprend fidèlement les développements du premier film: donc, la descente aux enfers pour la jeune femme va passer par la pression des copines, l'attrait de l'interdit, l'alcool, le tabac, le sexe... La sexualité, dans ce film comme dans le précédent, est principalement considéré comme un rite de passage, un moyen de s'imposer en accédant aux désir de l'homme, et non comme un désir assumé.

Une tendance qui rend le film assez prude, derrière ses provocations: la franchise de ce qui est montré, la façon dont dès que les adultes ont le dos tourné les jeunes se lissent aller, et une scène de plouf-tout-nus dans la piscine, le tout sous couvert d'éducation des masses... Le film est sans doute beaucoup plus démonstratif que son prédecesseur... Il est aussi beaucoup moins soigné, et le rythme en est vraiment beaucoup plus lent.

 

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Published by François Massarelli - dans Pre-code Mettons-nous tous tout nus Dorothy Davenport
14 avril 2020 2 14 /04 /avril /2020 15:42

Elue juge, une figure proéminente (Dorothy Davenport) des Suffragettes doit se battre pour se préserver contre la presse pro-masculine... Ce qui ne va pas s'améliorer quand simultanément, elle va solliciter les suffrages de ses concitoyens pour devenir gouverneur d'une part, et d'autre part son mari, piégé par des bandits Italiens, va se retrouver condamné à mort pour un attentat contre le principal journal qui l'attaquait...

Partiellement refait (l'intrigue a été resserrée et les intertitres adaptés) et ressorti en 1921 sous le titre Every woman's problem, il y a fort à parier que Mothers of men était déjà un solide (hum...) mélodrame avec toute la panoplie. Mais on peut comprendre le besoin d'oblitérer une première version et d'en gommer certains contours en se référant au contexte: le 20e amendement a été ratifié, et désormais ce qui était une projection fictive dans le film de 1917 devient effectivement une possibilité; contrairement à d'autres tous petits pays reculés dont la France, les Etats-Unis ont enfin garanti le droit de vote, et de facto d'éligibilité, aux femmes...

Il est donc intéressant de voir un film se pencher sur la question avec un rien de finesse, et donner à Clara Madison (Dorothy Davenport) un rôle constamment positif. Evidemment, les circonstances sont pour le moins excessives, et on déplorera, au milieu d'une belle ouverture d'esprit à l'égard des femmes, que les immigrés (ici des Italiens) soient désignés comme autant d'ennemis du progrès et de la loi... 

Une partie des éléments du film me semblent suspendus en l'air, notamment un fait: Clara Madison, l'héroïne, n'est pas l'unique enfant de ses parents, elle a une soeur; celle-ci est malvoyante, et on le sait bien, c'est un ingrédient typique du mélodrame, à plus forte raison dans une histoire où la justice a une importance. Mais si à un moment la soeur a effectivement une conviction et l'exprime (en gros, "je ferai tout ce qui est en mon pouvoir pour aider ma soeur"), le personnage n'est pas plus développé que ça dans la version disponible du film, un déséquilibre certainement dû au remontage.

Et d'un point de vue strictement cinématographique, on assiste à l'inévitable suspense lié à la peine de mort, et on le sait bien, depuis Intolerance, s'il y a bien un ingrédient qui permet le suspense, c'est l'imminence d'une exécution. Quand en plus le gouverneur est une femme, que cette femme est sous la surveillance de tous ses administrés, et qu'en plus elle est l'épouse du condamné, on se doute qu'il y a du sport... Tout ceci fait que ce film hautement mélodramatique, hautement improbable, et qui va au bout de son ridicule avec un aplomb remarquable, garde un fort capital de sympathie.

 

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Published by François Massarelli - dans 1917 Muet Dorothy Davenport
15 décembre 2018 6 15 /12 /décembre /2018 15:49

Dans ce film muet tardif, Dorothy Davenport semble avoir renoncé pour l'essentiel aux thèmes porteurs des premiers films "militants" qu'elle avait produits et réalisés, tout en préservant un ton distinctif, fait du mélange d'un point de vue féminin, et d'une plongée dans un univers assez particulier: nous sommes dans les montagnes boisées d'une zone rurale des Etats-Unis...

Linda (Helen Foster) est l'adolescente aînée d'une famille nombreuse, dont le père (Mitchell Lewis) est une abominable brute, qui pour gagner un peu d'argent, accepte de donner sa fille à marier à Armstrong Decker (Noah Beery), un homme qui en échange s'engage à lui acheter son bois. Sous la menace que son père s'en prenne à sa mère, Linda accepte, et se retrouve mariée avec un homme dont elle n'est pas amoureuse, mais qui reste un bon mari, tendre et attentionné... Jusqu'au jour où une autre femme, flanquée d'un gamin de six ans, vient et assure être la vraie Mrs Decker. Enceinte et désespérée, Linda s'enfuit...

Trois autres personnages vont jouer un rôle important dans ce mélodrame: Annette Whittemore (Bess Flowers) est l'institutrice du village, qui est rentrée à la grande ville, et qui s'est prise d'amitié pour Linda. C'est chez elle que cette dernière va se réfugier. Sinon, elle va trouver l'aide de Nan (Kate Price), une solide gaillarde qui fait de la vente en porte-à-porte dans les bois; et sinon, Linda a aussi rencontré le séduisant Docteur Paul (Warner Baxter) avant son mariage, et le retrouvera une fois en ville, pour pimenter le mélodrame. Celui-ci est solide, mais possède un défaut structurel: la bonté des uns et des autres, à l'exception notable du père, finit par désamorcer les situations trop en amont. Ce qui est dommage, car le jeu des acteurs est tout en douceur, notamment Helen Foster dont le beau visage est souvent mis à profit pour passer l'émotion. On se réjouit de trouver en Noah Beery un rôle très positif, de gros ours sentimental, qui lui sied fort bien. Par contre, la photo de Henry Cronjager est superbe de bout en bout... 

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Published by François Massarelli - dans 1929 Muet ** Dorothy Davenport
5 décembre 2018 3 05 /12 /décembre /2018 14:33

Nommé totalement indifféremment The Red Kimona ou The Red Kimono, ce film est l'une des croisades entreprises par Mrs Wallace Reid, de son état-civil Dorothy Davenport, à la mort de son mari. Pour mémoire, celui-ci est décédé suite à une descente dans l'enfer de l'addiction à la morphine, dans laquelle l'avait poussé une blessure; ses besoins en drogue étaient tels qu'il avait commencé à commettre des délits pour se payer une dose quotidienne... Le premier film qu'avait supervisé son épouse, après son décès, était le célèbre film perdu Human Wreckage qui traitait justement de la présence dans le quotidien de gens très ordinaires, de drogues qu'on n'appelait pas encore dures (Morphine, cocaïne, héroïne) et qu'on pouvait encore se procurer, pour certaines, par ordonnance... 

Ce film est par contre entièrement consacré à la prostitution; comme dans Human Wreckage, l'histoire est située plutôt dans une certaine version du quotidien: nous suivons un itinéraire, celui de Gabrielle, une jeune femme qui a tué l'homme qu'elle aimait, parce qu'il l'avait poussée vers la prostitution, avant de partir avec la caisse, et de trouver une femme à épouser à Los Angeles... Pendant son procès, nous assistons à une flash-back qui explique le cheminement de Gabrielle, puis après son acquittement, elle est prise en charge par une femme aisée, attirée par les cas de société dans la mesure où ils peuvent satisfaire son penchant pour la lumière des projecteurs...

C'est un vaste sujet, qui est abordé ici de multiples façons; tout en restant un mélo édifiant, ce que le film ne cherche du reste pas à cacher, c'est malgré tout intéressant de voir la façon dont l'histoire est traitée: le choix, par exemple, de partir du milieu de l'histoire (qui aurait pu être la fin dans d'autres films), à savoir le meurtre opéré par l'héroïne, permet en retour de donner à l'autre "crime" de Gabrielle, le fait qu'elle se soit adonnée à la prostitution, une tournure bien différente. Et la suite du meurtre, à savoir le procès, l'acquittement, et la volonté de rédemption, est montrée sans aucun angélisme. C'est difficile de reprendre pied, le film est clair. Pour Gabrielle, qui était une victime de l'homme qu'elle aimait, le risque est de redevenir une victime, celle du penchant morbide d'une société entière pour le sensationnalisme. Une scène illustre en effet cette situation: devenue presque une bête de foire pour la bonne société, elle doit répondre aux questions humiliantes de bourgeoises qui veulent connaître les détails les plus croustillants de son calvaire...

La direction, créditée au seul Walter Lang, est d'une grande délicatesse, et il obtient de ses acteurs (parmi lesquels Priscilla Bonner, Carl Miller qui rejoue son rôle de The Kid en plus explicite, ou encore George Siegmann) un jeu très naturel qui fait merveille. Le style est à la fois d'un réalisme très factuel, et d'une grande beauté formelle: on n'est pas près d'oublier ce plan qui nous montre Priscilla Bonner devant son miroir, le quel lui renvoie l'image d'une femme vêtue d'un kimono rouge, le vêtement étant teinté sur la pellicule... Ces 76 minutes consacrées au chemin de croix d'une femme des années 20, sont sinon un chef d'oeuvre, en tout cas un passage obligé de cette merveilleuse période du cinéma Américain, et sous celle qui avait adopté le pseudonyme de Mrs Wallace Reid, allait sous son vrai nom enchaîner une courte carrière de réalisatrice dès l'année suivante. En attendant, elle se présente à nous au début et à la fin du film, et nous adresse directement la parole (via des intertitres) en nous regardant dans les yeux...

 

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Published by François Massarelli - dans 1925 Muet ** Dorothy Davenport