Basé sur un comic strip New Yorkais de T. E. Powers, ce film tient presque du cartoon, tel qu'il sera pratiqué à la Warner: deux hommes convoitent une jeune femme qui n'est pas très pressée pour les départager. C'est donc une guerre de tranchée entre les rivaux... Qui passe par des méchancetés, des coups bas et des traîtrises particulièrement élaborées...
C'est drôle, et ça réussit à ne pas être trop répétitif... Comme de juste, il est très vite impossible de prendre parti (contrairement à ce qui se passera dans les films étalant la rivalité entre Bugs Bunny et daffy Duck, par exemple). La multiplicité des décors et des environnements fait aussi de ce film une belle représentation du New York estival de 1907...
Cohen, un commerçant dont les affaires ne marchent pas comme il le voudrait, joue de malchance... Non seulement les clientes ne se précipitent pas dans son magasin de prêt-à-porter, mais quand il reçoit un lot de bonnets, un chiffonnier croyant que l'énorme colis à l'extérieur du magasin est uneinvitation à se servir, s'en saisit. Cohen réussit à récupérer certaines des coiffes mais le mal est fait, la marchandise abimée, et les carottes cuites... Une seule solution, une escroquerie à l'assurance...
Ca n'a sans doute pas l'air d'être grand-chose, mais ça accumule: la façon dont Cohen est représenté, avec un nez anormalement crochu, qui se retrouve chez son épouse aussi; leur empressement hors norme, pour ne pas dire leur aressivité, à faire venir les clientes qui n'en ont aucune envie; la façon dont dans la rue, quand Cohen est parti à la chasse aux bonnets, tout le monde se moque allègrement de lui... Et puis cette idée d'escroquerie à l'assurance, qui partirait d'un incendie volontaire (dans lequel tant qu'à faire on sacrifie un chat), est basée sur un artoon de l'époque, d'ailleurs vendu en carte postale. Bref, de là à dire que le film est antisémite, il n'y a qu'un pas. Que je franchis sans vergogne: c'est que le cinéma de cette époque ne s'embarrassait pas de délicatesse dans la peinture des minorités...
Charles Musser, historien spécialiste des films Edison, attribue a priori cette ignominie à McCutcheon. En l'absence des deux réalisateur nominatifs, tous deux morts et enterrés, je m'abstiens donc de tout autre commentaire sur le sujet, et me contente d'ajouter, qu'en plus, il faut le dire: le film n'est pas terrible du tout...
Quand le film commence, il se veut une adaptation du célèbre conte Boucle d'or et les trois ours (Goldilocks en anglais), situé à la fois dans des décors de studio, et dans les sous-bois du New Jersey... Tout y est, les ours (des acteurs déguisés, fatalement, et dotés non seulement d'une maison cossue, mais aussi de vêtements), la petite fille, l'anecdote des trois bols de soupe, les trois lits...
Au milieu du film, la fillette assiste à un étrange ballet, six ours en peluche, de taille échelonnée, qui dansent. Et lors d'une poursuite finale, le film sort de son cadre en faisant intervenir... Teddy Roosevelt lui-même! Le 26e président des Etats-Unis était en plein second mandat, et c'était un personnage haut en couleurs (il y en a d'autres, me direz-vous, mais lui au moins n'était pas un fasciste ou un sexiste notoire)... Parmi les légendes colportées à son sujet, un fait d'armes qui ne passerait pas aujourd'hui: lors d'une chasse, le préseident Roosevelt avait abattu des ours adultes et épargné un petit. Du coup, les marchands de jouets avaient eu l'idée de créer une poupée-ours pour commémorer l'incident, et c'est ainsi que naquirent les "Teddy" bears, d'après le surnom du président. La presse s'en est beaucoup amusé, en représentant souvent Roosevelt en chasseur...
A la fin du film, donc, c'est le président-chasseur (du moins un sosie) qui sauve Boucle d'Or et abat les deux parents-ours, sans le moindres scrupule, avant d'épargner le petit, mais à la demande de la fillette... J'imagine que le film ne passerait pas aujourd'hui.
Au-delà de son télescopage de deux thématiques (le conte de fées et le cartoon de presse), le film est un étrange mélange, entre théâtralité classique (la scénographie de l'arrivée de Boucle d'or, par exemple, dans la neige au début du film) et tentation d'un cinéma du dehors (les sous-bois sont si souvent le théâtre des films de Porter!), mais aussi avec la présence de cet étrange ballet animé en stop-motion au milieu du film...
Un mari soupçonneux de son épouse se rend chez le détective Hawkshaw, et lui demande de surveiller le comportement de son épouse, qu'il soupçonne d'infidélité. Il lui demande de lui en ramener des preuves... Le dfétective s'évertue alors (à son grand risque!) à photographier se cible dans des situations compromettantes... Mais non seulement ça va être difficile car le monde entier semble s'être ligué contre lui, mais en plus il aura une grosse surprise à la fin...
On s'attendrait presque, surtout si on a vu The life of an american fireman et The life of an american policeman, à une revue de détail des activités potentielles d'un détective, mais non: Porter n'a pas pour le détective privé le même respect que pour les deux autres profession, et s'est surtout évertué à réaliser un film de comédie soigné sur ses mésaventures (durant une bobine entière, soit environ 15 minutes)...
C'est peut-être répétitif, le film reposant sur le running gag d'un homme qui a pour mission de photographier des gens qui ne souhaitent pas l'être, mais c'est réjouissant dans l'invention du détective pour essayer d'accomplir sa tâche, et la façon dont systématiquement il se plante. Et puis c'est aussi la structure ...d'un dessin animé de Chuck Jones avec le Coyote. Ce qui est en soi hautement respectable!
La vie d'un policier, représentée sous tous ses aspects: en famille, avec femme et enfants, lors d'un repas tranquille, ou en ville, dans l'exercice de son métier. Pour les bons, comme pour les mauvais côtés... Avec les risques inhérents à cette activité.
On pourrait qualifier ce film très soigné de didactique, voire de propagande, mais si effectivement il a été tourné en collaboration avec les forces de police New Yorkaises, il reste un film du quotidien, qui s'inscrit dans la volonté de Porter (et d'Edison) de montrer la vie Américaine à travers ses exemples. On avait après tout déjà été familiarisé à la vie d'un pompier...
Du coup, le film est riche en péripéties, et déjà empreint de cette forme de naturalisme particulier qu'a le cinéma quand il préfère s'approcher d'une démarche documentaire plutôt que de capter la vie sur le vif... C'est un bel exemple de cette avancée du cinéma, qui débouche sur un film souvent digne dans son interprétation. Un autre film Edison le complète, par les mêmes auteurs: Police Chasing Scorching Auto est en fait une scène qui a été coupée faute de place... et exploitée comme un film court à part entière. Rien ne se perd...
Maintenant si on avait mauvais esprit, on se précipiterait après visionnage de ce film, sur le merveilleux Cops de Buster Keaton!
Cette pièce d'inspiration Irlandaise est typique de l'approche de Porter, qui souhaitait constamment ouvrir le cinéma d'un côté à plus de possibilités narratives (The dream of a rarebit fiend, The great train robbery), de l'autre aux possibilités théâtrales, le cinéma selon lui permettant d'amener le théâtre aux masses...
Et c'est là que le bât blesse. En adoptant une intrigue qui se passe d'intertitres (le film a été montré avec et sans), le cinéaste prend le risque de perdre son public... Il le rattrape donc en simplifiant à l'extrème. Le résultat est raté, sans parler du fait qu'avec le passage du temps, des pans entiers de ce film d'une bobine ont été perdus.
Reste que la chose, à n'en pas douter un clin d'oeil à la diaspora Irlandaise et en particulier aux nombreux natifs de ce pays qui résidaient dans les environs de New York et du New Jersey, a eu du succès...
L'un des principaux reproches faits au cinéma à cette époque reculée est de donner le mauvais example. C'est le cas ici, avec ces vignettes construites autour de sales gosses qui font les quatre cent coups pour emm... les adultes!
Mais d'une part, il s'agissait d'un thèms omniprésent dans la bande dessinée de l'époque, de Little Moritz à The Katzenjammer Kids. Un folklore que les journaux publiaient sans sourciller et qui tait extrêmement populaire non seulement pour les enfants mais aussi pour leurs parents... Et d'autre part, les sales gosses finissaient toujours par une punition salutaire...
Qu'importe: quelques années plus tard, les héros d'un film, à plus forte raison les jeunes gens, seraient toujours exemplaires. C'est un affadissement inévitable...
C'est une rareté, finalement: un film non narratif de Porter, pour Edison, qui a été colorié. [Pas "colorisé", non: rappel d'un maniaque des mots, la colorisation est un procédé électronique de coloration d'images vidéos, développé dans les années 80 avec l'essor de l'utilisation de l'informatique pour lédition vidéo, et la diffusion d'oeuvres à la télévision, ce qui avait (légitimement) causé de furieux débats en raison de l'atteinte à l'intégrité des oeuvres... La coloration des oeuvres initiée vers la fin du XIXe siècle (et très présente en Europe, notamment chez Méliès, puis avec le développement d'une branche de Pathé qui était entièrement consacrée à la chose, le Pathécolor) consistait en un ajout au pochoir par les petites mains des studios (avec des pinceaux à UN poil) de teintes ciblées, afin de rendre l'impression et l'illusion de la couleur. J'entends parfois parler de "colorisation au pochoir", c'est comme si on parlait de "Streaming à la charrue". Fin de la parenthèse...]. L'idée, charmante au demeurant, est de rendre hommage en couleurs vives à trois "beautés" typiquement Américaines, pour conclure les programmes de films Edison dans les cinémas où ils étaient projetés. La belle dame est donc boen une American Beauty, c'est également le nom donné à cette belle rose qu'on voit dame saisir dans sa main; enfin, dernière beauté: le Stars and stripes, qui nous fera voir des étoiles...
Adapté d'une bande dessinée de Winsor McCay (l'auteur de Little Nemo et Gertie the dinosaur), ce film est sans aucun doute l'un des plus célèbres de Porter, et tranche sensiblement sur sa production courante.
Il fait partie des oeuvres développées au-delà de l'anecote illustrative et représente la nuit troublée d'un homme qui a abusé de bonnes choses (en l'occurrence, du fromage, le Welsh rarebit)? Il s'est couché, mais ses ennuis ont empiré, et sa nuit de cauchemar est montrée dans toute son horreur...
D'une part on remarquera un effort conscient pour non seulement multiplier les effets fantastiques, mais aussi pour y trouver le meilleur truquage possible, ce que Méliès, à ses débuts, ne faisait pas par exemple. Mais à cette même époque, Pathé avait commencé la production de ce qu'ils appelaient des "films à trucs", et Porter, attentif au développement de son art, en a certainement étudié les contours. Mais une telle réussite dans le domaine du film fantastique est sans aucun doute une grande nouveauté, car si le film doit beaucoup (à Méliès, à Gaston Velle), il est aussi unique pour son époque dans la mesure où les truquages se mettent au service du récit et ne sont pas l'attraction elle-même...
Combien de films Porter a-t-il sorti avec le mot "train" dans le titre? Blague à part, c'est vrai que cet instrument du progrès est souvent pris pour être le théâtre de péripéties très variées... Comme ici une énième attaque de train, très sérieuse celle-ci contrairement à The little train robbery...
Mais elle est surtout vue de nombreux points de vue différents, tranchant sur le conte "omniscient" qu'était The great train robbery. En montrant les passagers, mais aussi une femme qui est témoin de l'attaque, et qui va être laissée sur les rails pour y mourir, 'est une histoire qui nous montre le chaos défait par la civilisation en marche, rien de moins...