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11 novembre 2021 4 11 /11 /novembre /2021 18:02

La jeune Norvégienne Thelma (Eili Harboe) commence la fac, sous haute surveillance, même à distance, de ses parents (Hendrik Rafaelsen, Ellen Dorrit Petersen), qui lui ont inculqué, parfois violemment, des valeurs chrétiennes, désuètes et souvent un brin extrémistes: quand elle parle avec eux de la création du monde, ils sont bien embarrassés... Elle est assez solitaire, peu encline à faire la fête, mais tout va bien, jusqu'à sa première crise d'épilepsie...

C'est violent, inattendu, et ça la secoue bien sûr énormément. Mais ça va avoir une conséquence positive: c'est grâce à cette crise qu'elle va faire la rencontre de Anja (Kaya Wilkins), une camarade vers laquelle elle est instantanément attirée. Et inexplicablement, elle la retrouve en bas de chez elle, un soir, alors qu'Anja ne sait pas où son amie habite.

Mais l'attirance est une chose, et la religion chevillée au corps de Thelma se rebelle... Elle va se rebeller contre son désir, questionner ses problèmes d'épilepsie qui sont de plus en plus fréquents, et interroger l'histoire de sa famille, et nous avec: qu'est-il advenu de son petit frère Mattias, le bébé qui parfois remonte dans ses souvenirs? Qui est cette vieille dame dont Thelma rêve, au début du film? Pourquoi sa mère est-elle en fauteuil roulant? ...Et quel est le pouvoir de Thelma, car il est très clair qu'elle a don plus que surprenant!

Ah, aussi, j'ai failli oublier: pourquoi le film commence-t-il par une effrayante scène de partie de chasse dans les bois, dans la neige et sur la glace, durant laquelle le père de Thelma, alors fillette, cherche à la tuer?

...C'est tout en douceur, mais avec un oeil cinématographique très sûr, que Joachim Trier effectue le meilleur de son film: poser, jalon après jalon, les conditions d'une interrogation pour le spectateur. Les données viennent incidemment, les unes après les autres, au gré des conversations, et les informations qui sont glanées n'ont jamais le même sens, ou la même dose de sens. On apprend par exemple qu'elle a été élevée par des parents très chrétiens, ce qui ne semble poser aucun problème, mais on se rendra compte plus tard que ce sont des fanatiques... Le rapport entre Thelma et Anja apparaît très vite comme complice, mais n'a-t-il pas été, en quelque sorte, provoqué? Anja et son affection ne sont-elles qu'une manifestation collatérale du désir de Thelma? Trier manipule très bien toutes ces interrogations, qui changent la perspective du spectateur en même temps que celle de son personnage principal; et Eili Harboe est formidable dans le rôle principal, où elle fait parfois penser à Irène Jacob dans La double vie de Véronique, de Krzysztof Kieslowski. Et Trier jongle avec les idées récurrentes (une caméra située en hauteur, qui va ensuite chercher Thelma avant de se rapprocher d'elle) et les motifs riches de sens (le lien constant de Thelma avec tout un bestiaire, qui ne prend du sens que plus tard dans le film: serpent, cerf et oiseaux surtout)...

C'est quand les réponses commencent à arriver, et que Trier doit donner du sens à son film, que ça se gâte... Un peu: quand un critique se plaint d'un excès de charge sur le catholicisme (il travaille à Télérama, on ne s'étonnera donc pas trop), je pense qu'il se plante dans les grandes largeurs: même symboliquement, la cible de Trier est justement le fanatisme, et la façon dont il s'implante même à l'insu de la personne. Thelma est malade de la bêtise religieuse de ses parents... Mais c'est surtout la façon dont tout se précipite, un peu trop concentrée, qui fait problème. La résolution pour sa part est rapide aussi, mais a l'avantage de tourner, en quelque sorte, au happy-end. Ca fait du bien, non?

 

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Published by François Massarelli - dans Fantastique Joachim Trier
28 novembre 2018 3 28 /11 /novembre /2018 18:01

C'est sous étiquette Hammer que sort ce film, bien que le célèbre studio Anglais qui a été à l'origine d'un âge d'or du cinéma fantastique et gothique Anglais, soit plus ou moins en sommeil depuis les années 70. Le propos, avec cette "dame en noir" (rien à voir avec l'extraordinaire roman The woman in white de William Wilkie Collins) est de replonger le spectateur dans un bain de frissons à l'ancienne, dans une atmosphère inquiétante et foncièrement Britannique... Avec de vrais morceaux de Daniel Radcliffe dedans. C'est une adaptation d'une pièce à succès de Susan Hill.

Veuf depuis la mort "en couches" de son épouse, Arthur Kipps (Daniel Radcliffe) reprend son travail, et celui-ci l'amène à faire un voyage, qui va le séparer de son fils; il doit en effet se rendre à Crythin Gifford, dans le Nord-Est de l'Angleterre, pour y régler une affaire de succession compliquée. Mais une fois sur place, non seulement il est en proie à l'hostilité des villageois, sans explication valable du moins au début, mais en prime les morts tragiques et inexplicables d'enfants se succèdent à raison d'au moins une par jour. Très rapidement, Arthur et le seul villageois avec lequel il a réussi à sympathiser, Sam (Ciaran Hinds) vont être confronté à une histoire de fantômes...

...Une histoire qui va bien sûr être le prétexte pour des effets à la mise en scène calculée, tellement calculée qu'elle en devient irritante. C'est exactement le genre de film qu'on voit une première fois en se disant que c'est pour le moins une distraction potable, mais... Même pas. Daniel Radcliffe, on l'a compris, avait grandement besoin de sortir de la peau de qui-vous-savez, certes. Mais là, il fait fausse route. 

...Même pas peur.

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Published by François Massarelli - dans Fantastique
2 avril 2018 1 02 /04 /avril /2018 09:05

Dans un hélicoptère des garde-côtes, dans l'est des Etats-Unis, deux hommes répondent à un signal de détresse, qui émane d'un voilier au large. Parvenus sur les lieux, l'un des deux, Haig (Doug McClure), se rend sur le bateau et trouve plusieurs corps: un prêtre, la nuque brisée et pendu au mat par un pied, un homme d'équipage qui a littéralement traversé la coque, et dans les cabines, un homme mort flottant comme en lévitation. Mais il y a une survivante, Eva (Kim Novak), qui va raconter l'histoire. Suite à un incident technique, Haig et Eva ne peuvent être secourus, et le pilote, Pagnolini, repart afin de rassembler une équipe de secours. Eva qui va devoir passer la nuit avec Haig sur le bateau, s'efforce de surmonter son traumatisme pour donner des explications à son compagnon d'infortune, d'autant que celui-ci est une forte tête, pas le genre à croire à des balivernes.

Mais peut-on trouver une explication à tout, quand on subit accident sur accident, dans... le triangle des Bermudes?

C'est donc en 1975 que ce petit film à tout petit budget a été tourné, pour ABC TV, et vendu ensuite dans le monde entier. Vu dans les années 70 par des gens qui sont aujourd'hui quadra- et quinquagénaires, il a acquis un statut non négligeable de culte, en raison de sa construction, de sa progression et de l'excellent dosage de jeu sobre (Pour ne pas dire sous-jeu: Kim Novak a l'air complètement éteinte du début à la fin) et d'effets parfaitement placés. Pas des effets spéciaux délirants, non, juste le bon choix au bon moment: en particulier, un truc récurrent, qui consiste à simuler un orage surnaturel en glissant quelques images en négatif, teintées en verdâtre (je crois que dans tout bon nuancier, on devrait trouver ce "vert exorciste"). Et puis comme toute histoire basée sur le triangle des Bermudes, on part de pas grand chose, en l'occurrence un bateau par temps relativement calme, des corps, et un mystère. Celui-ci trouvera son explication, et chaque accident ayant laissé des traces étranges finira par être expliqué. En attendant, le sens de l'économie, et l'évident savoir-faire de la mise en scène (Avec une obsession marquée pour la profondeur de champ extrême!) nous auront allègrement promenés vers l'étrange, avec trois fois rien. 

Et quarante années après l'avoir vu, on s'en rappelle, je peux vous le dire.

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Published by François Massarelli - dans Fantastique
5 juillet 2016 2 05 /07 /juillet /2016 13:55
Black angel (Roger Christian, 1980)

Un chevalier de retour des croisades affronte la mort une fois sur ses terres, après avoir constaté que toute sa famille a été décimée par une maladie...

Ce court métrage a acquis un statut mythique, suite à son exploitation en Grande-Bretagne en 1980, en première partie de Empire strikes back; vu le nombre de spectateurs qui l'ont vu, forcément, sa disparition suite à son exploitation lui a définitivement donné une aura particulière. le négatif a en effet été perdu, avant d'être retrouvé par hasard il y a quelques années... Mis en scène (Et écrit, accessoirement) par le directeur artistique de Star wars et Alien, excusez du peu, il annonce un peu Excalibur de deux façons: esthétiquement tout d'abord, filmé en Ecosse et avec un sens aigu de la composition ouvragée... et aussi parce que fondamentalement, c'est comme le film de John Boorman une bonne vieille coquille vide. Beau à voir, mais profondément vain.

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Published by François Massarelli - dans Fantastique