
Trois escrocs (Thomas Meighan, Betty Compson, Lon Chaney) décident de s'associer avec un homme religieux (Joseph J. Dowling) afin de se faire de l'argent: l'homme prétend être un guérisseur, faiseur de miracles touché par la grâce divine, et toute la population de son village le vénère... Mais ils ne sont pas au bout de leurs surprises...
On va le redire, une fois de plus, hein: les films ne sont pas éternels. Parfois c'est agaçant. Parfois, c'est rageant. Et parfois, c'est tragique: en témoignent ces trois minutes... Le film, réalisé par un metteur en scène disparu trop tôt et qui avait atteint une renommée non négligeable, a laissé le souvenir d'un classique et d'un chef d'oeuvre. On le comprend tout à fait, quand on voit ce qu'il en reste...
Ces extraits a été préservé parce que la Paramount avait monté dans des courts ou moyens métrages promotionnels un certain nombre de séquences de gros succès de la compagnie (The house that shadows built, en 1931, et Movie memories, en 1935); on y trouve donc la scène emblématique du film: Lon chaney, qui joue un contorsionniste, y simule une guérison miracle, à la fois pour convaincre la foule, et pour s'attirer les bonnes grâces du guérisseur (qui lui n'est pas un escroc). La scène est courte, mais intense, et Chaney est excellent, au point qu'un grand nombre de personnes, jusqu'à aujourd'hui, sont persuadés qu'il était réellement contorsionniste... Mais la séquence se poursuit: un gamin sérieusement handicapé, qui a vu la scène, souhaite lui aussi profiter du pouvoir du "miracle man", et s'avance, lâchant se béquilles, puis... courant jusqu'au brave homme, sous les yeux médusés de tous, y compris bien sûr Chaney.
C'est un modèle de montage, qui nous montre que Tucker ne se contentait pas de poser la caméra, mais qu'il avait conçu sa scène en fonction d'un effet voulu sur le public. comment ne pas penser à Borzage et son cinéma du miracle? Sauf que Borzage, sans doute, n'aurait pas joué sur l'ironie de la contradiction comme le fait Tucker ici. Et cette séquence, avec Chaney dans un grand numéro d'illusionniste, a été annoncée par d'autres, comme le prouve la photo ci-dessous... Une scène qui donne immanquablement l'envie d'en savoir, et d'en voir plus. Une autre séquence, plus détaillée, avec des gros plans fascinants de Chaney, Compson et Meighan, est disponible dans The house that shadows built, zt là encore on y sent un sens du montage, et une nervosité du rythme, qui impressionnent...

