Dans une firme, on a besoin d'une nouvelle sténo... On leur envoie une dame (Flora Finch) très capable, mais son supérieur est atterré: elle n'est pas du tout à son goût...
Ca ne commence pas bien...
Après quelques mois, elle est intégrée, et très efficace, mais... quoi qu'il arrive elle n'est toujours pas dotée d'un physique qui puisse satisfaire le patron. C'est alors qu'elle tombe malade, et qu'on envoie à sa place une autre merveille, interprétée par Flroence Turner. Tout va changer...
Oui, c'est profondément sexiste, et bien sûr que cette petite comédie centenaire et plus ne fait pas dans la dentelle! Mais c'est un produit de son temps, j'imagine... Un film dans lequel, qu'on se rassure, par la grâce de Florence Turner, la femme aura le dernier mot, et il pourra au moins tempérer quelque peu le sexisme de la première partie... Ouf!
Une jeune femme (Florence Turner) tombe sous la coupe d'un Svengali qui tente de l'hypnotiser, mais elle se rebelle, et bientôt tout le monde hypnotise tout le monde...
La référence à Svengali provient d'une part de la pièce de George du Maurier, qui avait triomphé, mais aussi et surtout d'une allusion claire dans le costume de l'hypnotiseur (dans le film de 1931, Barrymore portera le même...). Mais surtout, on voit ici une de ces obsessions délirantes de toute une civilisation, et du coup, tout et tout le monde ne tourne plus qu'autour de l'hypnose! En d'autres temps, ça aurait été le hula-hoop, ou la disco...
Et sinon, décidément, il faut s'intéresser à Florence Turner, son visage mobile et sa faculté à grimacer, ou à arborer une expression vide de la moindre émotion... Il passe en elle, comme une préfiguration, aussi bien d'Asta Nielsen, que de Buster Keaton... C'est dire.
Daisy Doodad (Florence Turner) est obsédée par une compétition bien particulière, qui consiste à réaliser les plus belles grimaces... Elle va tout faire pour réussir à obtenir le premier prix, y compris se faire sérieusement remarquer dans la rue: voir illustrations...
Pour reprendre une expression anglo-saxonne (triple threat), Florence Turner, comme Lois Weber, était une triple menace: actrice, scénariste, réalisatrice... Ce court film date d'une période durant laquelle la comédienne tournait à Londres, et part d'une authentique tradition Anglaise, le concours de grimaces...
Le film est surprenant parce qu'il réussit à faire la jonction entre la comédie mesurée telle que, par exemple, Weber mais aussi Alice Guy la concevaient, et y injecte une solide dose de grotesque par le seul truchement des grimaces de Mme Turner. Celle-ci, par ailleurs, n'a pas peur d'y aller franco!
C'est donc une comédie qui prend racine sur la peinture des classes moyennes, et en cela elle est très en avance, car c'est exactement la direction que va prendre le genre aux Etats-Unis dans les années 20. Et puis elle est rigolote, ce qui ne gâche rien... Pour accomplir une partie de ma mission (secrète) d'édification des masses, j'ai ajouté à cet article une photo de Mme Turner au naturel. Je vous laisse la trouver...
La fameuse pièce féérique de Shakespeare a connu de nombreuses adaptations au cinéma: celle-ci produite par Vitagraph est sans doute la première, et elle a survécu. La continuité en est parfois un peu compromise, mais c'est assez courant avec un matériau comme Shakespeare, confronté à des adaptations qui totalisent moins d'un quart d'heure...
Durant une nuit magique, deux couples de nobles qui souhaitent échapper aux exigences de mariages arrangés de leurs parents, sont soumis aux caprices de Puck (Gladys Hullette), un esprit de la forêt, pendant que la reine des elfes Titania (Florence Turner) se querelle avec une magicienne, Penelope, qui va lui mener la vie dure. Pendant ce temps, une troupe de théâtre amateur se prépare à donner un spectacle en l'honneur des mariages annoncés, et non seulement ils sont assez mauvais, mais en prime ils sont la cible de l'espièglerie de Puck...
Cette production de prestige est l'occasion pour la compagnie de montrer ses qualités et son approche constamment dynamique de l'oeuvre du dramaturge Anglais: si certains films (je pense à King Lear) sont parfois trop dynamiques pour ne pas dire expéditif, l'exubérance du casting joue ici en faveur du film, qui adapte après tout l'une des plus belles et des plus enchantées de toutes les comédies de Shakespeare... Et le fait d'avoir tourné en pleine nature, au coeur même d'un paysage (du New Jersey bien sûr) qui ressemble à celui décrit par Shaekespeare, rend le film plus intéressant encore. Et la magie particulière de cette nuit de rêve est facilitée par les truquages: stop-motion, surimpression... On notera quelques infidélités à la pièce, notamment dans le choix de faire de Gladys Hullette un Puck androgyne, ou le choix de remplacer le roi des elfes par une magicienne, ans doute pour donner un rôle-clé à une actrice de la compagnie. Si c'est le cas, nous pouvons constater que c'est raté, puisque le nom de l'actrice ne nous est pas parvenu.