Une actrice de New York, fatiguée de tout, décide de se lancer à l'aventure et elle se rend dans l'Ouest. Dans le train, elle rencontre une autre femme, qui est attendue dans une petite ville de la Frontière par des cow-boys payés par sa tante pour lui faire une petite farce de mauvais goût: ils vont la kidnapper, elle qui s'est plainte de la fadeur des aventuriers modernes...
Mais à l'arrivée, la nièce ayant été retenue en chemin, c'est l'actrice qui est kidnappée par un groupe d'hommes (Dont le plus grand n'est autre que Francis Ford soi-même), qui ne savent pas à quelle sauce ils vont être mangés...
Ce film complètement farfelu (et d'une manière très assumée) est incomplet: c'est une production de Gaston Méliès, le frère de Georges, qui avait eu pour mission dans un premier temps de elayer la production Parisienne de son frère par a la création de courts métrages locaux aux Etats-Unis. Mais Gaston Méliès, plus adaptable que son frère, a très vite pris son indépendance et a lancé une production systématique de westerns qui s'avéreront une grande influence sur la future Universal, et sur les films Ince.
C'est un petit bonheur, en particulier, de voir Edith Storey en actrice qui mène par le bout du nez les piètres acteurs (mais braves cow-boys) dont elle ne fait qu'une bouchée.
Lors d'une soirée huppée, deux voleurs se croisent. L'un (Francis Ford) et l'autre (Grace Cunard) comptent bien profiter de l'anonymat des masques noirs qu'ils portent, pour voler quelques bijoux. Mais lui est plus agile, et quand il s'enfuit, toute la bonne société ne parvient pas à le retrouver.
Sa collègue, si: elle le retrouve, ils se laissent aller à la romance, et... elle lui vole le collier qui était son butin ce soir là. Mais elle est prise de remords quand elle apprend qu'on a retrouvé la trace du bandit, à cause d'une canne qu'il a oublié dans un taxi. L'étau se resserre...
C'est un film d'une grande élégance, a priori: car il n'en reste que la moitié, préservée à partir d'un remontage de 1917, sous le titre Unmasked... Mais c'est bien dans la manière sophistiquée et originale des films de la collaboration entre Ford et Cunard, qui montrent ici, y compris dans une version abrégée, leur science de l'image et de l'atmosphère, et ce dès le premier plan, qui montre la nuque d'une femme dont s'approchent deux mains: en se reculant, la caméra révèle qu'il s'agit de deux mains n'appartenant pas à une seule personne, mais à deux voleurs...
Francis Ford interprète un scientifique totalement immergé dans ses recherches, et qui va devenir la victime d'un confrère d'origine mal définie, qui utilise l'ancienne addiction du héros pour l'alcool, afin de le faire tomber sous sa coupe, et lui voler ses secrets... Mais avec l'aide d'une jeune femme, le héro triomphera...
Pour commencer, j'ai de sérieux doutes quant à la présence de John Ford (même crédité Jack) dans les crédits, en tant qu'assistant réalisateur. Certes, il a travaillé à ce poste pour son grand frère, mais c'était avant de devenir lui-même un réalisateur, ce qu'il est donc depuis 1917. A moins donc que ce film date d'avant cette période (durant laquelle le jeune Ford enchainait film après film), il semble douteux d'aller dans cette direction...
C'est de toute façon un film remarquable, en particulier pour le côté baroque: à plusieurs reprises, Francis Ford utilise des effets spéciaux pour figurer l'ivresse et les tentations les plus folles... C'était dans l'air, après tout, l'année précédente, DeMille avait réalisé avec The Whispering Chorus une oeuvre d'une immense influence, dans laquelle les tourments de l'âme étaient représentés avec des surimpressions multiples... Mais Ford ne semble jamais utiliser le sac à trucs de façon excessive.
Derrière la fable un peu simplette, il y a une leçon de morale: le moins qu'on puisse dire est qu'elle n'est jamais très claire, allant des dangers de l'alcoolisme (un sujet que les frères Ford devaient hélas particulièrement bien connaître...) à la domination d'un être humain par un autre... Mais je pense que je préfère de très loin me concentrer sur le pouvoir onirique du cinéma tel que ce film hors du commun le présente!
On pouvait toujours faire confiance à Thomas Ince pour s'attribuer le crédit d'un film... Ici, le héros est Francis Ford, et comme pour d'autres films réalisés à la compagnie Bison 101, c'est vraisemblablement lui qui est aux commandes de ce court étrage de deux bobines... Un film dramatique, qui fait un usage systématique des rouages et traditions du western mélodramatique tels qu'ils étaient désormais établis...
L'intrigue est simple: dans un avant-poste de l'Ouest, les Sioux préparent et effectuent une attaque spectaculaire, mais un télégraphiste de l'armée (Francis Ford) et sa petite amie, la fille du colonel (Ann Little) vont inverser le destin et sauver une partie du bataillon...
Il est important de mentionner le personnage de la jeune femme, qui subtilise un uniforme et prend un cheval, pour se rendre sur le lieu de la bataille et sauver son amoureux, cheveux au vent: d'une part le film ne le fait pas et crédite le succès de l'entreprise au seul héros, en contradiction avec ce que nous avons vu. Et d'autre part le metteur en scène a joué de l'esthétique de cette chevauchée désespérée d'une amazone inspirée!
L'esthtétique, d'ailleurs, est importante dans ce film, qui montre que si John Ford a toujours admis avoir pour sa part "un oeil pour la composition" (et un seul comme chacun sait), son grand frère n'était pas en reste, et ce film que je lui attribue sans vergogne fait un bel usage de la profondeur de champ, du début à la fin, certes souvent à des fins mélodramatiques (la jeune femme qui fuit une maison assiégée, visible dans un coin de l'écran, pendant qu'au fond une diligence arrive), mais souvent avec des résultats stimulants: la tribu au premier plan qui aperçoit en haut d'une colline au fond du champ un guetteur qui leur fait des signaux, par exemple: c'est toujours très soigné dans un film qui nous rappelle l'importance d'un grand cinéaste oublié.
On a oublié que Méliès a aussi favorisé à sa façon le cinéma Américain, en envoyant son frère Gaston présider aux destinées de la branche Américaine de sa société, la Star-films... Mais à la fin de cette première décennie du XXe siècle, le magicien de Montreuil est quasiment en retraite. Ses méthodes d'un autre temps, son incapacité légendaire à évoluer, l'ont privé de son indépendance.
Mais la filiale Américaine s'en sortait encore, après tout, et on voit bien avec ce petit film que l'attrait du western (un genre auquel Gaston Mélès s'intéressera beaucoup) a du jouer énormément pour la compagnie, qui est probablement un vivier de futures vedettes de nombreuses compagnies qui compteront: la Kay-Bee, les films Ince, et la Universal. Francis Ford, acteur et réalisateur (le grand frère de John), a travaillé pour toutes ces compagnies.
Dans ce court métrage, il est un cow-boy qui aspire à une vie paisible. Il vit aux côtés d'une mystérieuse inconnue, alors quand il envoie une lettre à la femme qu'il aime (Edith Storey), lui demandant sa main, elle refuse... Quelques temps plus tard cette même femme, farouche et indépendante, aperçoit sa mystérieuse rivale coincée dans les herbes sèches, en proie à un incendie. Dilemme: la sauver, ou... ?
C'est sec comme un coup de trique, ça ne s'embarrasse ni de chichis ni de se livrer à une exposition... L'ensemble du cinéma Américain reposait sur les films d'une bobine, mais cette clarté narrative allait avoir des répercussions sur le style de tout le cinéma Américain pour les années à venir...
L'un des rares films de Francis Ford à avoir survécu, un court métrage d'une bobine dans lequel une jeune femme arrivée de fraîche date dans l'ouest est confrontée à un bandit dans une aventure excitante. Elle le rencontre dehors, et il lui vole un baiser, puis... il parie avec elle que le prochain baiser, c'est elle qui le lui dispensera de son plein gré! Quelques temps après, son automobile étant en panne d'essence, son frère part chercher du carburant pendant qu'elle se réfugie dans une cabane apparemment abandonnée... Mauvaise idée: c'est celle du bandit!
Grace Cunard joue la jeune femme, Francis Ford le bandit, sinon le frère de la dame est interprété par le tout jeune Jack Ford, un an avant qu'il ne devienne metteur en scène, et qu'il ne supplante son aîné qui n'allait pas tarder à survivre en jouant les poivrots chez son petit frère. Le film est parfaitement efficace, et d'une légèreté très enthousiasmante. Mais après avoir vu les films proposés par la Library of Congress, dont certains étaient justement dus au partenariat entre Cunard et Francis Ford, je pense qu'il faudrait attribuer à l'actrice-réalisatrice la confection de ce film, qui repose largement sur le point de vue de la jeune femme, bénéficiant de nombreux inserts montrant notamment ses réactions face au danger. Et on se trouve plus dans un genre de comédie western assez proche de la liberté de ton favorisée par Cunard (avec Ford) dans The purple mask...
Dans les années 10, à l'exemple de la Universal (une compagnie toujours bourgeonnante à cette époque reculée, qu'on laissait faire dans son coin pendant que les compagnies "sérieuses" faisaient de l'art), certains studios étaient tout à fait d'accord pour confier les rênes de productions à des femmes. à plus forte raison quand celles-ci avaient plusieurs "casquettes": actrices, productrices, auteures... Et réalisatrices: c'est le cas par exemple de la plus célèbre d'entre elles, Lois Weber (qui est passé par la Universal, justement) mai aussi de Helen Holmes, ou de Grace Cunard.
Cette dernière travaillait beaucoup en collaboration avec un autre acteur-directeur, le grand Francis Feeney dit Ford (oui, le grande frère de John Feeney). C'est sous l'impulsion, la direction, et l'inspiration de Grace Cunard que ce serial dont très peu d'éléments subsistent a été réalisé. Les deux principaux protagonistes se partagent donc la direction... Francis Ford y interprète l'inspecteur Kelly, un Lestrade en un peu moins coincé, qui est amené à résoudre des affaires louches qui visent souvent des gens de la haute bourgeoisie, un peu marrons dans l'ensemble. Mais si les gens pour lesquels il est amené à travailler son malhonnêtes, il est surtout obsédé par l'idée de coffrer l'intrigante aventurière surnommée Le Masque Violet, qui semble en vouloir justement à ces grands bourgeois et autres pontes de l'industrie, et dont les méthodes (identité secrète, sbires mystérieux vêtus de masques, etc) sont pour le moins douteuses. Comment se douterait-il qu'il s'agit en fait de Patsy Montez (Grace Cunard), jeune héritière richissime dont la fortune est le sésame de toutes les extravagances?
Il est dommage qu'aucun épisode ne nous soit parvenu intact, et ceux qui survivent sont tous plus ou moins issus de la fameuse découverte de Dawson City: des bobines jetées pèle-mêle dans des cavités qu'il fallait combler avant de les recouvrir de béton... Ces films, congelés mais attaqués par l'humidité, portent tous les stigmates de l'eau, et sont tous incomplets, sauf ceux bien entendus dont on a conservé d'autres copies (The half-Breed, de Dwan par exemple).
Mais soyons francs: dans ces aventures sans queue ni tête, ce qui comptait manifestement, c'est justement cette joyeuse impression de grand n'importe quoi, ces aventures dans lesquelles un petit bout de bonne femme espiègle venait à bout des injustices avec l'aide involontaire d'un grand nigaud de détective qui n'avait rien compris à rien, mais sur lequel on pouvait parfois compter... Et qu'il fallait parfois sauver des griffes d'un caïman, ou d'une chute mortelle dans un donjon.
Bref, c'est une autre époque, qu'on retrouve avec une âme d'enfant.
Une tribu Sioux prend assez mal la violation d'un accord par une compagnie Américaine qui vient installer un chemin de fer sur la réserve, et s'attaque au fort dans lequel un pauvre bataillon de la cavalerie va souffrir. Mais la tragédie viendra en réalité d'ailleurs, du destin individuel d'une jeune femme Indienne qui sera une victime indirecte de la situation.
Les Indiens, ici, sont certes une menace, mais décente, rationnelle, débarrassée des oripeaux du racisme ordinaire dont on accuse souvent le western à tort. Et le film, attribué à Thomas Ince, mais probablement du en réalité au grand frère de John Ford, Francis, qui était un acteur-réalisateur très actif à l'époque, est le premier à mettre en scène une vraie tribu Indienne, tout en proposant une vision de l'Ouest nettement plus réaliste que ne le feront bien des films ultérieurs.