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28 mars 2020 6 28 /03 /mars /2020 15:31

Produit par Pallas pictures, donc scénarisé et produit par Julia Crawford Ivers, ce film de cinq bobines est assez routinier. C'est pourtant, à sa façon, une rareté: un film d'espionnage, à l'époque où le genre était encore balbutiant...

Un inventeur Américain (Cecil Van Aucker) a créé une arme impressionnante, mais le gouvernement de son pays n'est pas intéressé. Le pays étant neutre, il se dit qu'il pourra sans doute sans aucun problème le placer en Europe, où les combats font rage. Ils trouvent des clients potentiels dans un pays jamais nommé dont les soldats ont des casques à pointe (et on y reconnait, quelques secondes, cette vieille fripouille Teutonne de Gustav Von Seyffertitz), et va faire affaire avec eux, mais il doit retourner au pays, accompagné du Baron Grogniart, dépêché par le pays acheteur, qui a pour mission de mettre la main sur l'invention, en l'achetant ou par tout autre moyen. Mais sur le bateau qui les amène aux Etats-Unis, se trouve aussi, déguisée en immigrante, l'espionne Sonya Varnli (Lenore Ulrich), chargée par un pays concurrent de faire tout ce qu'elle peut pour empêcher que l'arme tombe aux mains des affreux à casques à pointe...

On ne s'encombre pas trop de subtilité dans ce film fonctionnel, et sans un gramme de génie. Disons quand même qu'on y voit un Américain (le jeune premier en plus!) qui est prêt à vendre une invention vraiment effrayante (on l'essai sur un mouton, dans le film, et... c'est très efficace) à d'abominables Boches!! Mais bon, les USA étaient encore neutres. Et on notera que les casques à pointe sont plus ou moins des affreux, alors que les autres dépêchent une gentille espionne qui va, elle, tout faire pour que personne ne mette la main sur la chose! La morale est donc sauve...

Les acteurs font leur travail, la mise en scène est gentiment poussive, et curieusement l'intérêt du film monte d'un cran quand Lenore Ulrich adopte un déguisement d'immigrante pour faire son travail d'espionne... Et elle charge alors sa camériste, Florence Vidor, de jouer sa "doublure"...

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Published by François Massarelli - dans 1916 Frank Lloyd Muet Julia Crawford Ivers Première guerre mondiale **
14 décembre 2018 5 14 /12 /décembre /2018 10:40

Ecrit par Julia Crawford Ivers, le film est aujourd'hui crédité au réalisateur Frank Lloyd, mais de plus en plus souvent attribué en réalité à sa scénariste (qui le "signe" dans un intertitre au début): c'est en tout état de cause un solide mélodrame dans lequel Dustin Farnum interprète "à l'ancienne" (avec les poings levés au ciel) le personnage d'un homme du Kentucky qui s'élève, en sortant de sa condition, mais en préservant aussi son identité. Les films qui nous sont parvenus, autour de ce fameux sujet (les "feuds", ou querelles inter-clans, dans les montagnes rocheuses) étant finalement relativement peu nombreux, on se réjouira de la survie de ce petit film du canon...

Les Hollman et les South se détestent, au point d'avoir une longue histoire de meurtres mutuels. Lorsque le film commence, pourtant, un membre du clan des Hollman est tué par un membre des South. Mais lequel? Les Hollman, qui ressortent les fusils, penchent pour Samson South (Dustin Farnum), le pacifique fermier qui aime tant ses collines, au point de les peindre. Il va même partir pour New York y étudier l'art et devenir une sensation. Mais reviendra-t-il au pays, pour y retrouver la petite Sally, qui l'attend avec ferveur?

C'est gentil, naïf, très distrayant, et on y retrouve une attention au détail qui n'est pas forcément toujours si présente dans les films de Lloyd. Cela étant dit, on est quand même en territoire suffisamment connu pour qu'on parle de clichés du genre: coupons la poire en deux. Ce film est probablement une collaboration éclairée entre deux artistes qui s'en sont si bien tirés, que plus d'un siècle après le film est totalement distrayant de bout en bout!

 

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Published by François Massarelli - dans 1916 Muet Frank Lloyd Julia Crawford Ivers **
23 décembre 2016 5 23 /12 /décembre /2016 18:28

Trois enfants Américains, tous trois de parents divorcés, jouent ensemble à Paris. Les deux filles, Kitty et Jean, ont été placées dans un couvent pour enfant de divorcés aisés par leurs ères volages, et le jeune garçon Ted ronge son frein en attendant de quitter sa famille, excédé par le comportement déluré de son père divorcé... Mais en grandissant, Kitty (Clara Bow) et Ted (Gary Cooper), qui sont voisins aux Etats-Unis, sont devenus assez proche des styles de viee de leurs parents. Quand Jean (Esther Ralston) les rejoint, Ted et elle tombent amoureux l'un de l'autre. Mais Jean explique à Ted que le mariage ne sera possible que s'il travaille. Il trouve assez facilement un emploi, mais Kitty très attaché à son style de vie oisif vient l'empêcher de mener à bien sa mission, et un matin, il se réveille à ses côtés, n'ayant aucun souvenir de leur nuit, durant laquelle ils se sont mariés... Pour Ted et Jean, c'est une catastrophe: faut-il un nouveau divorce qui risque de gâcher la vie de Kitty, ou faut-il lui laisser sa chance, bien que Ted ne l'aime pas?

On fait grand cas de la participation de Josef Von Sternberg à ce film, qui a certainement bénéficié de retakes, ou d'embellissements de la part du metteur en scène génial... mais ce serait injuste de ne pas d'abord le considérer comme ce qu'il est: l'un des meilleurs films du très conservateur cinéaste qu'était Frank Lloyd. Il se surpasse globalement, même si le message anti-divorce est aujourd'hui complètement vide de sens, au moins le film se permet-il d'explorer avec un oeil volontiers critique (Et un brin trop vertueux) la vie dissolue des gens de la haute société. N'empêche que Clara Bow se jette à corps perdu dans un rôle taillé pour elle, sans arrière-pensées... Le film a de plus le bon goût, en plus de nous donner à voir Cooper et Bow ensemble, de ne pas durer très longtemps, et du coup il n'y a pas la moindre redondance. Compte tenu de son sujet, c'est un plaisir coupable, mais on ne dira rien...

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Published by François Massarelli - dans Frank Lloyd Muet Clara Bow 1927 **
25 septembre 2016 7 25 /09 /septembre /2016 09:35

Pour aborder la carrière de celle qu'on a surnommée "La tragédienne de l'écran", ce film n'est peut-être pas le meilleur moyen... L'intrigue, la réalisation et le style global devaient probablement apparaître un peu surannés dès la sortie de cette solide et parfois indigeste pièce montée en 1923. On ne peut rien y faire: Frank Lloyd était un réalisateur compétent, pas un imaginatif, ni un révolutionnaire...

L'intrigue est compliquée, du moins si on se fie au prologue, qui précède donc l'entrée en scène de la star: Lors de la St Barthélémy, le comte de La Roche (Courtenay Foote), l'un des exécutants de Catherine de Medicis (C'est encore Josephine Crowell qui s'y colle comme dans Intolerance, et décidément le rôle lui sied!), paie sa dette à un Huguenot en lui laissant, ainsi qu'à sa fiancée, la vie sauve. L'homme est Rupert de Vrieac (Conway Tearle) et en échange pour cette faveur, doit se mettre au service de De La Roche, ainsi que de sa famille. Et parmi les membres de sa famille, bien sur, il y a une soeur, Yoeland (Norma Talmadge), qui ne va pas tarder à tomber amoureuse du ténébreux Protestant... Lors d'une visite à une cousine, qui va former l'essentiel de l'intrigue du film, elle exige d'être accompagné par lui afin qu'il la protège, et ils vont tous deux être confrontés à la bestialité de l'infâme Duc de Tours (Wallace Beery), un pourceau lâche, aviné, aux mains baladeuses, fourbes, et dont on devine en plus qu'il a certainement mauvaise haleine...

Prenat appui sur l'histoire de France, Lloyd se garde de nommer les camps autrement que par leur affiliation politique, allant finalement plus loin que Griffith dans la volonté de mettre le religieux à l'écart des guerres de religion! Mais son prologue, s'il multiplie parfois les personnages, a au moins le bon goût de ne pas trop déteindre sur l'histoire, car une fois Rupert au service des De La Roche, on ne se concentre plus que sur une intrigue mélodramatique à souhait, qui va permettre à Norma Talmadge d'utiliser son talent, centré une fois de plus sur sa capacité à utiliser son visage pour transmettre passion et émotions... Quoique, on peut quand même faire la fine bouche; D'une part elle n'est pas aidée par les autres acteurs, à commencer par Conway Tearle qui est infect. Wallace Beery est fidèle à lui-même, et on sait hélas par les souvenirs publiés de son épouse Gloria Swanson, que le rôle de violeur aviné qui lui échoit ici n'est pas un rôle de composition. Il est du coup un villain tout à fait solide... Sinon tous les autres jouent un peu à l'ancienne, sans se préoccuper de subtilité. Le metteur en scène b'a pas non plus un don phénoménal pour la composition, et si le film se laisse voir sans trop d'ennui, c'est quand même une déception, pour un film tourné la même année que Souls for sale, Safety last... Ou Greed.

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Published by François Massarelli - dans Frank Lloyd Muet 1923
7 septembre 2016 3 07 /09 /septembre /2016 17:13

S'il y a un film de Frank Lloyd qui mérite les éloges nombreux qu'il a reçus, et son succès confirmé de décennie en décennie, c'est bien celui-ci! Transfiguré par un récit épique et maritime, le metteur en scène si souvent académique, voire ennuyeux, se mue en un raconteur passionné, dont le conte est bien plus qu'une simple remise en contexte d'une anecdote romantique. Car derrière l'histoire archi-connue de cette mutinerie célèbre entre toutes, Lloyd laisse paraître un message qui résonne, dans la tourmente des années 30, comme un rappel fondamental de valeurs si foncièrement Américaines... Et le fait dans un bel objet cinématographique accompli avec une réelle conviction, tourné par moments dans des lieux historiques, avec des acteurs qui ont su donner beaucoup.

En 1787, le Bounty part pour Tahiti sous le commandement du dur Capitaine Bligh (Charles Laughton). Sa mission est de rapporter des plants d'arbre à pain, qui est envisagé afin de fournir une nourriture bon marché pour les esclaves de l'empire. Bligh est un homme brutal, sur de son droit, qui fait passer la mission avant la sécurité de ses hommes, qui croit que la seule façon de commander est d'être injuste et brutal. Les hommes vont souffrir, mais les officiers aussi. Parmi eux, deux hommes, le second Fletcher Christian (Clark Gable) et le jeune aspirant Roger Byam (Franchot Tone), qui tous deux proviennent d'excellentes familles, vont être amenés à se confronter à l'ignoble façon de faire de leur supérieur. Celui-ci, afin de montrer aux hommes ce à quoi ils s'attendent, décide de leur montrer une sanction exemplaire. Il a décidé de punir un homme qui l'a frappé. Malgré la mort du puni, Bligh insiste, devant les marins estomaqués, pour que l'on continue à punir le cadavre...

Bligh, bien sur, est un rôle en or pour l'extraordinaire talent de Laughton. Celui-ci a pris un plaisir visible à incarner le sadique autocrate, et si on se pose des questions sur l'étra,ge paire de sourcils du bonhomme, cherchez une photo de Frank Lloyd et vous comprendrez qui l'acteur insolant avait décidé de prendre pour modèle... Mais Bligh n'est pas un méchant seul, ni un être inhumain, c'est le représentant d'un système qui est ici mis en cause. Et ses talents de marin, son humanité même (Bien sur, plus représentée par ses travers et sa mesquinerie que par d'autres traits, mais ne sont-ce pas là des défauts humains?) sont mis en évidence, de même que le film ne divise pas les marins entre les méchants avec Bligh et les gentils avec Christian. Ce dernier, bien sur, reste le héros objectif, le rempart des hommes contre Bligh à chaque fois que ce sera possible, un officier respectueux et rigoureux, bref un vrai marin. Qu'il fasse à un moment un choix douloureux mais nécessaire ne le transforme pas ipso facto en un personnage romantique et flamboyant, Lloyd évite cet écueil en étant assez évasif sur le destin des mutins (Qui est beaucoup plus clair dans le film de 1962, réalisé par Lewis Milestone): l'idée du film était de montrer la nécessité absolue de se mutiner, mais on n'ignore pas qu'il s'agit d'une longée inconfortable vers l'inconnu. C'est du reste historique; réfugiés à Pitcairn, les survivants du Bounty ont vite compris ce que la vie à a dure voulait dire... Donc, le film nous montre, en pleine montée des périls, la lutte entre la dictature d'un Bligh, et les idées généreuses et solidaires de deux hommes, d'ailleurs interprétés par des Américains (On est en 1935, et ni Gable ni Tone, tous les deux excellents bien entendus, ne font le moindre effort pour maquiller leur accent). L'idéal démocratique incarné par les mutins, nous dit-on, n'est pas pour autant une partie de plaisir: il leur faut faire un choix... drastique.

Le film a largement mérité son Oscar, de par son souffle épique, et la qualité impressionnante de la réalisation. On y sent le vent du large, les embruns, les difficultés des hommes, les tempêtes. Il y fait passer, à l'écart des possibles interprétations politiques, le souffle épique d'une aventure maritime... Les transparences sont adéquates, assez soignées, et les séquences Tahitiennes y ont été tournées sur place. Clark Gable est presque rendu blond par le soleil dans certaines scènes! Et puis, pour résumer, hein: c'est un classique!

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Published by François Massarelli - dans Frank Lloyd
19 juin 2016 7 19 /06 /juin /2016 18:08

Jerry Larrabee (Richard Barthelmess), un gangster redoutable (Quand il sort une cigarette, tous ses yes-men sortent un briquet), est très amoureux d'Alice (Betty Compson) et c'est chez cette dernière qu'il va se faire pincer, dénoncé par un rival jaloux. En prison, il commence par faire le grand numéro du gangster irréductible, avant de changer d'optique et de travailler son talent caché: la musique... Grâce à la bienveillance du gardien-chef, et la patience d'Alice qui a su se mettre en retrait, il en vient assez rapidement à une situation inédite, avec des émissions de radio qui lui sont consacrées depuis la prison. Sa libération pour bonne conduite apparaît comme inéluctable. Mais qu'arrivera-t-il une fois dehors?

Ceci est l'un des films qui ont valu à Lloyd son premier oscar pour la réalisation (L'autre, contemporain, était Divine lady), et on comprend, au moins, que le film n'ait pas eu l'Oscar du meilleur film! D'un autre coté, cette année-là, c'est un film encore pire qui a obtenu le hochet tant convoité, Broadway melody de Harry Beaumont. Car Weary River est un musical mais pas seulement: c'est pour un tiers un film de gangsters muet, pour un tiers un film de gangsters parlant, et pour le dernier tiers, le plus inintéressant du reste, une collection de moments musicaux qui mettent en valeur Barthelmess comme s'il était le nouveau Mozart. Mais le plus intéressant est que Lloyd se soit refusé à se contenter de lacer la caméra devant la scène pour les moments parlants, et ait privilégié un vrai découpage et des vrais mouvements de caméra. C'est paradoxal venant de quelqu'un qui s'est essentiellement formé dans les années 10, et n'a pas énormément évolué depuis...

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Published by François Massarelli - dans Frank Lloyd Pre-code Muet 1929 *
7 juin 2016 2 07 /06 /juin /2016 16:01

Réalisé à la toute fin du muet, ce film First National est un curieux anachronisme... le britannique Lloyd y exalte la légende de lady Hamilton et du héros Horatio Nelson, le mythique vainqueur de Trafalgar, dans la situation politique compliquée du tournant du XIXe siècle. Emma Hamilton (Corinne Griffith), une roturière devenue lady par la grâce d'un échange pas vraiment humaniste entre son amant (Ian Keith) qui tout à coup avait des pudeurs de collégien, et l'oncle (H. B. Warner) peu regardant de celui-ci, a rencontré l'amiral Nelson (Victor Varconi), et le courant a passé tout de suite entre ces deux-là, jusqu'au moment ou il faut à Lady Hamilton, dont le mari est devenu ambassadeur de la Grande-Bretagne auprès de la couronne de Naples, généralement fidèle à la France, choisir entre taire les élans de son coeur, et laisser la nature faire son oeuvre... Rien de scandaleux pourtant, le film reste sagement chaste, même si la turbulente star tend à loucher du côté des actrices délurées, plus que de celui des Lillian Gish ou Mary Pickford.

C'est un film anachronique parce que Lloyd a peu évolué durant les années 20, et en cette dernière année du muet, les derniers films à sortir sans dialogue ont au moins une fluidité de la caméra que ce film ne démontre jamais. Pas de quoi se plaindre trop longuement, du reste, le spectacle est soigné, et les séquences oscillent entre un ton de comédie (Les séquences d'ouverture qui jouent sur le choc entre l'aristocratie, et l'arrivée tonitruante de Emma et de sa mère interprétée par Marie Dressler) et la gravité solennelle des scènes qui représentent l'idylle étrange et mythologique entre Emma Hamilton et Horatio Nelson, empreintes d'une présence de la mort, à travers l'évolution physique de Nelson, qui revient de ses batailles toujours plus abîmé, et bien sur à travers l'incarnation inattendue du pouvoir de l'empire Brtannique en ce couple adultère...

Mais surtout, le film est formidable dans ses scènes maritimes, un sujet qui inspirait, on s'en doute bien, le futur metteur en scène de l'admirable Mutiny on the Bounty... Il y avait de la matière, et ces plans et séquences transcendant l'impression d'académisme poli qui se dégage des scènes, disons, plus "diplomatiques"...

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Published by François Massarelli - dans Frank Lloyd Muet 1929 *
5 juin 2016 7 05 /06 /juin /2016 18:22

A New York, une jeune femme qui travaille dans un grand magasin, Mary Turner (Norma Talmadge) est accusée de vol. Son procès aurait pu prendre une tournure plus clémente, mais le patron veut faire un exemple, et il fait pression sur les juges pour que la peine soit exemplaire. Elle va donc purger une peine de 3 ans, et quand elle en sort, c'est déterminée à faire payer ceux qui l'ont mise en prison, sans écouter sa version des faits. Sitôt sortie, elle rencontre d'ailleurs une jeune femme qui lui avoue avoir mis les objets volées dans son casier afin de se disculper. Elle échafaude pourtant un plan simple pour sa vengeance, en prenant le parti de ne faire que des actions légales... Elle va rester, comme le dit le titre original, "dans le cadre de la loi"...

Un grand sujet social, un film de huit bobines bien remplies, on imagine aisément le metteur en scène de Oliver Twist ou de A tale of two cities s'emporter pour faire une épopée sociale un brin didactique, mais on sent bien dans ce film, sans pour autant spéculer qu'il y ait eu le moindre conflit entre eux, que le patron n'est pas Lloyd, mais bien sa star, la grande "tragédienne de l'écran" pour reprendre la formule qu'on lui appliquait alors. Cette production First National est en effet chapeautée par Joe Schenck, le mari de Norma Talmadge, et si on a probablement engagé Lloyd pour son indéniable talent, le film reste très sage du début à la fin. Et bien sur, plutôt que de se lancer, ou même d'asséner, un message de tolérance, le film dévie vers le mélodrame. Avec talent...

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Published by François Massarelli - dans Frank Lloyd Muet 1923 *
24 avril 2016 7 24 /04 /avril /2016 19:15

Avec ce film inspiré de Charles Dickens, Lloyd est en terrain connu, ayant déjà tourné des adaptations de l'écrivain Anglais, la plus notable étant bien sur son A tale of two cities de 1918 pour la Fox. Mais cette nouvelle tâche pour la First National est beaucoup plus intéressante, confrontant le metteur en scène Britannique à deux vedettes particulièrement atypiques, en plus d'un casting absolument irréprochable. En effet, cet Oliver Twist est un "véhicule", comme on disait alors, pour Jackie Coogan, révélé l'année précédente par Chaplin dans The Kid, et que la First National souhaitait exploiter dans une série de films de qualité avec des histoires qui pourraient être vues par toute la famille. Pour l'épauler, il fallait bien sur un acteur capable de reprendre le rôle du méchant par excellence, l'odieux Fagin, aussi bien dans le jeu que dans le physique. Et bien sur, c'est Lon Chaney qui s'y colle...

On suit donc en 74 minutes les aventures d'Oliver Twist, né dans des circonstances douteuses d'une mère qui n'a pas survécu à l'accouchement, puis élevé dans des circonstances abominables dans une institution qui exploite plus les pauvres qu'elle ne leur offre une vie décente. Puis, l'apprentissage auprès d'un croque-mort avec des préjugés tels contre son employé qu'il ne voit pas à quel point le gamin est la victime de tous ceux qui' l'entourent, et enfin l'arrivée à la grande ville d'Oliver qui s'est enfui, et qui se retrouve confronté à deux mondes: celui du crime qui semble être la destinée de tous les destitués, et l'autre, celui de la bourgeoisie, vers la quelle aussi bien le hasard que la vérité de sa naissance le poussent...

Les décors sont superbes, la photographie de Glen McWilliams aussi: souvent nocturne, elle profite à fond des textures présentes, le bois des poutres, les briques, les fumées... C'est de l'excellent cinéma de studio, arrivé à son apogée. Lloyd, on le connaît, ne va pas s'amuser à changer Dickens, et il livre un film au scénario aussi direct, linéaire et chronologique que possible, en profitant au maximum de sa star de 8 ans, qui se livre physiquement et avec déjà un solide métier. Il a eu, il est vrai, un excellent professeur... Autour de Jackie, on reconnaîtra bien sur le grand George Siegmann, qui fait un costaud des plus convaincants, la grande Gladys Brockwell, qui jouait si souvent les femmes déchues, et qui trouve un de ses plus beaux rôles avec Nancy, la prostituée au grand coeur. ...Et puis il y a Chaney.

C'est un de ses grands rôles, mais il y a parfois une confusion de nos jours: il ne fait hélas pas imaginer que Chaney ait été ici en quelque façon la star. Il était encore, après tout, un acteur de composition qui, étant sans contrat, passait d'une compagnie à l'autre au gré des apparitions. Pour un Blizzard (The penalty, 1920), combien de Fagin, combien de rôles mémorables certes, mais de second plan? Il fallait attendre The hunchback of Notre-Dame (1923), puis surtout The phantom of the opera (1925) pour qu'il devienne enfin une valeur sure. En attendant, son Fagin est splendide, veule à souhait, totalement convaincant en professeur du crime et décidément très ambigu, l'acteur ayant eu en plus le bon goût de débarrasser le personnage de tout ce qui renvoyait au judaïsme selon Dickens.

Que le film soit une adaptation sage mais réussie, dans l'ombre de Griffith auquel Lloyd fait souvent penser ici, c'est indéniable. C'était une oeuvre de prestige qui a parfaitement rempli son contrat, mais pour un travail d'illustration, c'est plus que joliment fait...C'est 'un des meilleurs films muets de son auteur, qui en était fier jusqu'à la fin de sa vie.

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Published by François Massarelli - dans Lon Chaney Frank Lloyd Muet 1922 *
6 mars 2016 7 06 /03 /mars /2016 17:22

Frank Lloyd, venu d'Angleterre à Hollywood, fait partie des réalisateurs qui ont sans doute le plus compté sur la qualité des oeuvres qu'ils adaptaient... Ici, c'est donc de Dickens qu'il s'agit, et le film, concentré en 8 bobines, commence bien dans la France agitée de la pré-révolution avec la colère du peuple qui gronde (Symbolisée en particulier par une scène que Griffith reproduira dans son Orphans of the storm, qui doit énormément à ce roman de Dickens: la voiture d'un noble roule sur un enfant, et l'aristocrate, surtout ennuyé que l'incident ait probablement abîmé son véhicule, n'a d'autre pensée pour les parents de la victime, que de les dédommager en leur jetant une pièce...); il finit, bien sur, sur l'échafaud avec le sacrifice sublime de Sydney Carton, en compagnie d'une petite couturière résinée à son tragique destin...

William Farnum, la star de la Fox, y interprète le double rôle du Marquis de St-Evremond, le noble enfui en Angleterre qui tente de rattraper les crimes de ses aînés, et de Sydney Carton, avocat alcoolique et déchu. Les deux hommes ne partagent pas que la même apparence, ils aiment aussi la même femme (Jewel Carmen), ce qui précipitera le final. Dickens a bien sur favorisé le roman-feuilleton mélodramatique à souhait, ce que le raccourci proposé par le film rend bien, et on souffre durant les premières 25 minutes, qui accumulent les péripéties et les personnages... Mais il y a là un souffle, un intérêt, qui doivent finalement autant à Dickens qu'à Lloyd, dont le travail est tout à fait correct. Pas révolutionnaire, non: les vraies trouvailles cinématographiques avaient lieu à cette époque chez DeMille ou Tourneur! Mais le film est bien interprété, et les événements bien rendus dans un Paris glorieusement glauque.

A noter: A tale of two cities est le plus ancien des nombreux films de Lloyd qu'on peut consulter à sa guise sur Youtube, dans une copie regardable, C'est notable, même si l'oeuvre de ce franc-tireur assez académique n'est pas forcément la plus fascinante du cinéma Américain.

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Published by François Massarelli - dans Frank Lloyd Muet 1917