Un chien enterre un os, mais il a la mauvaise idée de le planquer dans le terrier de deux chiens de prairie vraiment beaucoup plus intelligents que lui... La lutte sera sans merci.
Les "goofy gophers", ce duo de petits mammifères Américains, m'a toujours semblé un peu insuffisants. Et comme il me semble que ce fut certainement une inspiration pour Alvin et les Chipmunks, ça ne me les rend pas du tout sympathiques... Ils ont fait partie de l'écurie d'Arthur Davis, le moins prolifique des réalisateurs de cartoons Warner de la grande époque, et il n'a pas eu le temps de leur donner une vraie dimension. Ici, ils passent leur temps à commenter l'action dans un anglais trop précieux pour être honnête...
Deux hommes meurent de faim, en plein hiver, dans une cabane... Ca nous rappelle forcément quelque chose, et d'ailleurs l'un d'entre eux voit l'autre, son frère jumeau, sous la forme d'un appétissant poulet... Mais un représentant arrive, qui vend bien sûr des livres de cuisine (!)... C'est Daffy Duck, dont la condition de canard va lui jouer des tours...
C'est un superbe film, dans lequel Freleng joue à fond sur la dynamique entre d'un côté deux hommes assez bas du front, les deux sont d'ailleurs un dérivé de Yosemite Sam, avec son maquillage repris à Eric Campbell, et de l'autre un canard cinglé: c'était Daffy avant que Chuck Jones n'en fasse un insupportable loser geignard. Entre les deux, pour arbitrer en quelque sorte, une souris extrêmement rigolote...
L'humour noir ici n'est pas un vain mot, j'ai déjà fait plus hait une allusion à la reprise de la situation sordide de The gold rush, de Chaplin, qui joue autour du cannibalisme, et le cynisme du film, et la façon dont il joue avec les tabous, sans parler de la peinture terifiante et hilarante de la malnutrition... Le tout impeccablement mis en scène par un maître du rythme, en pleine possession de ses moyens.
Un coq crooner (Bingo, façonné d'après Bing Crosby) tombe toutes les poules qu'il rencontre... Quand Clem, un brave coq rustique, arrive chez sa fiancée Emily, celle-ci croise le regard du crooner... Et elle est fichue. Mais combien de temps va-t-il s'intéresser à elle?
Amusant: Freleng et Tex Avery étaient indéniablement les deux réalisateurs les plus en vue du studio de Leon Schlesinger au milieu des années 30, et se partageaient la mise en scène des Merrie Melodies, soit les films les plus prestigieux du lot. Ils tournaient aussi des Looney Tunes, dont la série à l'époque était en noir et blanc et plus "économique"... Surtout Avery, qui s'y sentait plus à l'aise et très libre. Pourtant ce sont dans ces films en couleurs que le metteur en scène le plus cinglé des deux a vraiment fait ses gammes. Et il de bon ton d'opposer le satirique Avery au gentil Freleng...
Surprise! Ce film n'a pas grand chose à envier à l'univers de Tex Avery, pourtant, qui se servira d'ailleurs d'idées qui sont déjà bien installées ici: les poules "rustiques", en fait de vraies "rednecks", bien peu éloignées de toute sophistication, et la dynamique phénoménale de la virée de Bingo avec Emily en ville, tout pourrait nous renvoyer à Avery. Le film est drôle, enlevé, et copieusement moral et satisfaisant. Et à aucun moment, il ne succombe à la mièvrerie...
Une famille de chats cohabite avec une famille de souris... La maman chat et la maman souris ne se portent pas mutuellement dans leur coeur, c'est le moins que l'on puisse dire. L'un des chatons, et l'une de souris, pourtant, partagent un point commun: ils sont particulièrement curieux, et vont opérer un rapprochement inattendu...
Le film se base, comme c'était le plus souvent la règle pour les Merrie Melodies, sur des chansons et musiques contemporaines, dont les droit étaient détenus par la Warner. Avant de s'illustrer brillamment dans le slapstick en dessin animé, Friz Freleng était sans aucun doute le plus "disneyien" (il avait même travaillé pour le studio concurrent) des réalisateurs de l'unité de Leon Schlesinger. Et ce film nous montre bien comment il reproduisait la formule des Silly Symphonies de chez Walt Disney...
Et si le script de ce film reste bien gentillet, le talent de Freleng pour intégrer la musique dans les actions de ses personnages, et les mouvements de ses personnages dans des séquences musicales, est évident de bout en bout.
Le titre est un pur prétexte, car une fois la scène d'ouverture qui montre "Granny" à la barre de son bateau, elle disparait du cartoon au profit d'une lutte sans merci entre Sylvester et la créature la plus vile de tous les temps, le maléfique canari qui répond au nom trompeur de Tweety Bird.
On en redemande forcément puisque très vite le film se concentre uniquement sur le spectacle désastreux de la malchance d'un chat qui pour commencer est félin. Ensuite, il est inévitable qu'on regarde ses tentatives, tout en sachant qu'il ne parviendra pas à ses fins, et que l'univers entier est contre lui... A commencer par Friz Freleng lui-même, qui n'oublie jamais les lois de la réalité, y compris dans un cartoon. Son ingéniosité tourne donc à l'absurde, la glorieuse inutilité... Et le tout sans jamais, réellement, s'arrêter d'espérer. C'est magnifique.
Un loup a décidé de manger un agneau, et pense qu'il lui sera facile de se servir... Mais le chien qui garde le troupeau est très efficace en dépit d'un QI probablement assez peu élevé...
Ce court métrage servira sans doute de matrice à une série de cartoons de Chuck Jones dans lesquels il prolongera la dynamique de l'échec des aventures du coyote, transposée dans un conflit silencieux entre un loup malchanceux et un chien de berger laconique... Mais Freleng n'est pas Jones, et pour commencer, il fait les choses en musique: on retrouve cette admirable grâce des séquences qui ressemblent à du ballet, dans les scènes d'exposition, puis le loup et le choen parleront beaucoup, ne serait-ce que pour camper leur personnage...
L'animation est superbe, très proche de celle en vigueur chez Disney, auquel on pense évidemment beaucoup, surtout en se rappelant le fameux Three little pigs. C'est un excellent film!
Voici un film de Freleng qui ressemble furieusement à une Silly Symphony de Disney... de quoi alimenter l'idée d'une connection entre le vétéran des Looney Tunes (ou plutôt des Merrie Melodies), et l'autre firme de Burbank, dans laquelle il avait brièvement fait ses classes d'animateur. S'il fait trouver des différences entre ce film et une silly symphony, disons qu'ici, il y a un certain esprit un peu plus canaille, mais à peine, que dans les filmssouvent bien rangés des équipes de Disney.
Mais pour le reste, cette mini-comédie musicale avec sirènes topless (mais non conforme à l'anatomie, ouf!) reste assez anecdotique, si ce n'est pas son utilisation de couleurs chatoyantes, ce que les films des unités de Leon Schlesinger expérimentaient depuis peu, ou sa gentille énergie. Et Freleng y rend hommage à Charlie Chaplin...
Une sauterelle saute, saute, saute... Et dans on indolence repère deux oiseaux qui la regardent. Elle décide de s'en amuser...
Le titre est un abominable jeu de mot entre une phrase à l'impératif contenant trois versions de l'action de sauter, et le mot chump qui désignerait ce qu'en français un rien surranné on appelait une andouille... Voir à ce sujet le film de Laurel et Hardy, A chump at Oxford.
C'est un film dans lequel Friz Freleng raffine son système, d'opposer une victime potentielle qui aura toujours le dessus sur des prédateurs trop malchanceux (Sylvester), bêtes (Yosemite Sam), ou disons, "différents". Ici, c'est plutôt la dernière version, avec deux corbeaux qui, sans vraiment de bonne raison d'ailleurs, font furieusment penser à Laurel et Hardy, en poarticulier ce dernier, dont la façon de parler est souvent subtilement parodiée...
Une poule couve ses oeufs, qui écosent tous en même temps, mais le dernier réserve une surprise: une autruche. La bête est inévitablement la plus turbulente des "poussins", et va très vite échapper à la surveillance de sa "maman". Il va aussi tomber dans les griffes d'une fouine, qui va chanter une version corrigée de la chanson titre, remplaçant la phrase "plein d'argent et toi" en "plein de sauce sur toi"... Comment le bébé-autriche se sortira-t-il de ce mauvais pas? ...la réponse est explosive!
C'est l'un des films de la série merrie Melodies, à l'époque où Tex Avery commençait à montrer, dans ses films, une certaine impatience vis-à-vis du ton enfantin et franchement insipide des cartoons qu'on lui faisait tourner. D'où une certaine émulation, je pense: Friz Freleng, ici, adopte parfois un ton légèrement décalé, moins disneyien qu'à l'éccoutumée. On regrettera la laideur du personnage principal, mais le film est une merveille d'animation.
Porky Pig se rend au fin fond de l'Afrique ("Darkest Africa!) pour y retrouver le dernier des dodos...
...et le trouve.
Déjà vu, donc, car ce film est un remake de Porky in Wackyland, un film en noir et blanc ce 1938, réalisé par Bob Clampett qui y montrait pour la première s conception complètement surréaliste et totalement frappée du cinéma. Pour voir ce que j'en pense, on se réfèrera à la critique de ce dernier film...
...Pour ce qui est de celui-ci, on s'interroge, notamment, comment on peut l'attribuer à Freleng, dans la mesure où en dehors de certaines attitudes du héros, et de changements mineurs, la seule différence majeure (outre l'arrivée de la couleur désormais généralisée) est la substitution des décors de l'original par des images sous la directe influence de Dali. La fin a été aussi redessinée de manière significative, et changée dans les faits.
Clampett absent (il a quitté le studio deux ou trois années avant), la tâche de superviser ce remake a donc incombé au vétéran Freleng, qui débouche sur un film probablement inutile, mais qui en soi, reprenant 80% du film initial à peu près fidèlement, est forcément totalement réjouissant. Et pour le reste, Freeleng n'est pas crédité à la réalisation... et Clampett non plus.