Ce court métrage qui ne paie pas de mine, est un cas d'école: c'est sans doute à ce genre de films, qu'on voie que Freleng, qui parfois avait du génie, était quand même un peu décalé par rapport à ses collègues, Avery, Tashlin, Clampett et Jones... D'ailleurs, il reprend ici un truc fréquent des films de Tex Avery quand celui-ci réalisait des Merrie Melodies: le "travelogue", ou le faux documentaire qui accumulait les anecdotes, toutes prétextes à d'abominables gags. Avery, disais-je, en avait fait l'une de ses spécialités, et Clampett avait repris le truc.
Mais Freleng, ici, ne s'en sort pas très bien, car ce qu'on attend d'un dessin animé comme celui-ci, c'est qu'il soit totalement loufoque... Et dans ce cas, il ne l'est pas. A l'exception d'une intervention de deux loups, toutefois, voir photo... Sinon, c'est sage, bien rangé, presque Disneyien; soigné, bien animé, et (dans un beau tirage qui rend bien justice au Technicolor) très beau à voir... Mais c'est à peu près tout.
Un corbeau décide de chasser le ver, et tombe sur une proie de choix, un ver qui est un sosie de l'acteur Jerry Colonna, et qui va lui en faire baver...
Deux animaux, une poursuite impitoyable, et l'un des deux est à la fois plus intelligent et plus retors que l'autre... Autant dire que le corbeau a trouvé son maître, et qu'il n'arrivera jamais à ses fins. Comme souvent les personnages irascibles et nerveux dans les films de Freleng, on sent une identification forte de l'auteur, qui disait souvent que dans ses films, Yosemite Sam, c'était lui...
L'animation est impeccable et l'art et la manière de Freleng, qui utilise en harmonie constante l'image, le rythme, la musique dans une constante fluidité, sont à leur apogée. Le ver reviendra, mais pas souvent, il ne deviendra d'ailleurs jamais un personnage récurrent, contrairement à tant d'autres.
Né à Kansas City, Missouri (pas loin de Kansas City, Kansas!), Friz Freleng est techniquement un homme du Sud... Et comme beaucoup d'Américains, il nous montre ici qu'il a de sérieuses sympathies sudistes, ce qui a toujours été un trait sentimental du cinéma: voir à ce sujet la façon dont Keaton, par exemple, situe son chef d'oeuvre (The General) dans le Sud au moment de la déclaration de guerre, et fait des Nordistes les méchants de son film... On peut bien sûr en citer beaucoup d'autres, le cinéma comme la littérature classique (voire sentimentale ont allègrement gommé la partie gênante de l'idéologie sudiste pour n'en garder que l'esprit de rébellion, celui qu'on trouve derrière le geste de défendre un idéal local contre ce quiest ressenti comme une décision injuste de la part du gouvernement fédéral...
Peu importe finalement, ce qu'on attend de ce cartoons comme celui-ci, c'est le jeu du chat et du canari. Et en ce qui me concerne, je suis totalement aux côtés du chat Nordiste contre cette saleté de canari Sudiste...
Une vieille dame et deux animaux qui se font une guerre larvée et impitoyable pour ses affections... Tiens tiens, quelques années avant de raconter les mésaventures d'un chat aux prises avec le canari le plus sadique de toute la terre, Freleng faisait ses gammes... D'ailleurs il y a aussi un canari!
Donc un chat et un chien se battent tout le temps, et avant qu'ils ne s'entretuent, leur maîtresse leur pose un ultimatum: ils deviennent amis et cessent toute vélléité d'escarmouche, ou ils iront dehors dans la froidure et la neige comme il se doit. Bien sûr, les deux animaux vont plutôt tout faire pour que l'autre soit exclu, mais... ils n'ont pas compté sur le canari qui a plus d'un tour dans son sac, lui aussi...
C'est d'un côté un prototype, dans lequel le chien ("Roscoe") joue un rôle important, mais il ne sera pas de l'équation une fois de Freleng aura trouvé sa formule autour de Sylvester, Tweety et "Granny". Cette dernière ici, n'est pas encore bien défini, et ni le chat ni le canari (d'ailleurs ressemblant beaucoup plus à un canari que l'oiseau malingre créé par Bob Clampett qui évoluera ensuite pour devenir Tweety Bird) ne sont encore bien définis...
De l'autre, c'est un excellent film dans lequel l'intrigue est posée très vite, la lutte sans merci et ses enjeux parfaitement définis, l'animation splendide et le timing légendaire de Freleng à son top niveau.
L'ensemble des cartoons Warner était donc, à l'époque, divisé fermement en deux: d'un côté, les Looney tunes, des films en noir et blanc, aux méthodes de production plus rapides, et au ton souvent anarchique, dans lesquels s'illustraient Norm McCabe, Tex Avery ou même Ub Iwerks, transfuge de Disney. C'est dans ce cadre que Frank Tashlin, Bob Clampett et Chuck Jones (brièvement), allaient faire leurs gammes. De l'autre, les Merrie Melodies, au nom si clairement inspiré des Silly symphonies de Disney, des courts métrages en couleurs, soignés voire clinquant, et leur production était confiée au vétéran Friz Freleng, par exemple, voire (là encore) à Tex Avery. Souvent dédié à une chanson (choisie dans le répertoire musical détenu par WB), les films étaient souvent retenus, et à destination des enfants (on disait alors "toute la famille"...).
Ce film appartient évidemment au deuxième groupe, et ça se voit: un enfant très jeune veut veiller et écouter la radio, mais ses parents le forcent à aller se coucher. Il rêve que ses jouets lui donnent à voir un programme de radio pour lui seul...
C'est, comme on dit, charmant, c'est à dire assez gnan-gnan, mais c'est soigné, et il y a quelques gags sympathiques... Les références, notamment les caricatures, nous échappent aujourd'hui totalement à part sans doute l'apparition d'Eddie Cantor, mais je remarque que ce bébé irascible s'inscrit assez bien dans la longue liste des mauvais caractères mis en images par Friz Freleng...
Nous suivons les agissements d'un ver qui est appât professionnel, avec un métier particulièrement bien établi: il descend au fond d'un cours d'eau, signale la présence de poissons au pêcheur, les prend au piège et fait signe de remonter. Sauf qu'il tombe sur un crabe particulièrement retors...
C'est un film qui eaurait presque pu être un solo. Mais la confrontation entre le ver (humanisé avec deux très discrètes jambes et une moustache qui en revanche lest beaucoup moins, discrète!) et le crabe (très stylisé) va maintenir le spectateuren haleine.
On notera aussi une allusion, une de plus, à un personnage qui a totalement disparu de l'imaginaire collectif, Jerry Colonna, un acteur de second plan qui officiait aux côtés de Bob Hope, et dont les cartoons de la WB (Avery et Clampett en tête) ont fait un usage particulièrement important, il faut dire que sa moustache et son accent à couper au couteau étaient des ingrédients potentiels comiques non négligeables.
Un chien (pas forcément doté d'un excès de matière grise) qui n'a pas la moindre chance avec les dames, comme le montrent ses lamentables tentatives au début de ce film, fait pourtant la rencontre de sa vie: Daisy est belle, racée, parfaite et en prime... se laisse embrasser!
Et pour cause! Daisy est une statue métallique, installée dans un jardin. Mais à chaque fois qu'il l'embrasse, le sort fait qu'un orage lointain provoque littéralement un coup de foudre! Et le chien, donc, est mordu...
Mais pour pouvoir assumer son amour fou, il va devoir se battre contre le gros bouledogue vicieux (ce n'est pas moi qui le dit, il montre à sa victime potentielle un écriteau sur lequel il est écrit "Vicious dog") qui garde le jardin, et surtout faire face à une situation inattendue: c'est la guerre et le gouvernement Américain qui fait la chasse au gaspillage des ressources potentiellement gâchées, aurait bien besoin de ce métal pour l'armement...
Conte philosophique ou court métrage de contrebande? D'emblée il nous faut écarter la seconde hypothèse, car ici le chien subit la situation, et n'ira pas jusqu'à la comprendre ni s'y résoudre. L'évocation de l'effort de guerre est ici assénée bien plus pour le contexte, rappelant que les créateurs des Looney tunes (et Merrie Melodies, car ce film fait partie plutôt de cette série, les LT à l'époque étant en noir et blanc) restaient à l'écoute du monde. Mais ça reste du Freleng pur: enlevé, virtuose dans les mouvements, et profondément pessimiste pour le protagoniste...
Le titre (idiot) est une allusion à une vieille scie des années 20, I'm a ding-dong daddy (from Dumas).
Un canari (devinez lequel) a été enlevé par des malfrats, et la police est sur les dents... Pendant ce emps, un chat de gouttière (devinez lequel) a aperçu l'oiseau et a décidé de se l'approprier...
Sur un canevas très simple, Friz Freleng fait ses gammes: accumulations d'expériences ingénieuses de la part de Sylvester pour récupérer l'oiseau, gags vsuels et corporels liés à l'échec répété, utilisation adroite du hors champ et bien sûr une parfaite appropriation de la bande-son pour les besoins de la mise en scène...
Le tout avec en prime les bandits récurrents chez lui, dont l'inévitable Rocky, un patron mafieux de 58 cm de haut, au visage perpétuellement caché derrière un chapeau ridiculement grand. Il a du servir pour un paquet de films, avec son accent de New York...
Une cigogne saoule transporte un chérubin... et justement, M. et Mme Sylvester n'ont pas de petit. Sauf que ce que l'oiseau leur apporte est...
Une souris.
Dans un premier temps, Sylvester se verrait bien manger le petit, mais il se ravise, car il a craqué pour son "fils". Mais les chats du voisinage, eux, entendent bien s'emparer de la proie...
C'est un film étrange, dans lequel une vision de la situation matrimoniale qui pourrait bien être celle de Freleng nous apparaît dans toute son horreur, une vision paternaliste, machiste, et assez vieillotte, pour ne pas dire réactionnaire. Mais le réalisateur a une longue histoire de s'identifeir, justement, à ses méchants dans lesquels il disait se représenter sans aucune pudeur: Yosemite Sam ou Sylvester notamment.
On est donc dans une auto-caricature assez poussée, où Monsieur dit être occupé alors qu'il dort toute la journée, madame est préoccupée par l'absence d'enfant alors que Monsieur s'en fout... Gonflée jusqu'à la vulgarité, la caricature est grinçante, et possède sans doute juste ce qu'il faut d'exagération pour être drôle.
Mais le plus drôle ici reste bien sûr la façon dont une armée de chats aux idées toutes plus saugrenues les unes que les autres va s'attacher à kidnapper une souris adoptive...
Et la fin, qui voit un renversement des rôles, est assez surprenante...
Dans une petite maison (au mur, un canevas: home, sweet home...), deux animaux vivent en paix... L'un est un chien, un gros bouledogue (Mike), et l'autre un chat avec un souci de diction (Sylvester)... Mais il y a un troisième animal, aussi: une souris affamée. Et comme elle a senti qu'un fromage très appétissant se trouvait sur la table du salon, elle va user de stratagèmes pour se l'approprier.
Manipulation, bricolage (notamment un gros aimant, décidément un objet très usuel dans les courts métrages animés), elle va surtout tenter de ruiner l'amitié des deux bestioles en semant la division... C'est enlevé, très drôle, et comme souvent dans les dessins animés de Friz Freleng, il se plait à inverser les codes en faisant de la proie le méchant...