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30 juillet 2019 2 30 /07 /juillet /2019 16:04

Nous y voilà: je peux faire court, la preuve: cette Attaque des clones toute en politique et en traîtrises est le point le plus bas, le film le plus mauvais de toute la saga Star Wars, et à mon sens celui qui prouve à la foi l'inutilité de toute cette deuxième trilogie en même temps que l'erreur de George Lucas d'avoir voulu reprendre le contrôle intégral sur la paternité de l'histoire en se remettant à contrecoeur à la réalisation.

Mais je vais quand même développer un peu: d'autant qu'on peut quand même expliquer un peu par des facteurs extérieurs la malédiction qui pèse sur ce deuxième épisode. Bien sûr que The empire strikes back est le meilleur moment de toute cette histoire, et c'était un deuxième épisode. Mais il semble que quoi qu'il advienne l'histoire ne puisse se répéter: The last Jedi, de Rian Johnson, a ses qualités (lui, au moins...), mais c'est bien moins excitant que The force awakens. Le premier de ces deuxièmes épisodes (vous suivez toujours?) avait pour avantage d'être le film par lequel naissait véritablement la trilogie initiale de Star Wars; après un premier film qui avait rempli sa mission et les tiroirs-caisses d'un certain nombre de personnes, la décision d'étendre la saga avait été prise par Lucas, et non comme il le prétend aujourd'hui avant. L'enthousiasme, les moyens, et la créativité d'un monde à inventer ont fait le reste...

Alors que ce deuxième deuxième épisode se contente mollement de mettre ses pas dans ce qu'on sait déjà, en faisant semblant de mettre un peu de mystère: hum, qui est ce mystérieux Sidious? hum, pourquoi le chancelier Palpatine s'intéresse-t-il à Anakin Skywalker? hum, ce dernier aurait-il des pulsions meurtrières? ...Et l'enquête menée par Obi-Wan Kenobi ne présente aucun intérêt, sans parler de l'ennui que ses recherches occasionnent: d'une part parce que je suis désolé mais je trouve Ewan McGregor épouvantable dans le rôle, mais aussi les dialogues brillent par leur nullité ("viens, R2, nous allons prendre une collation bien méritée") comme d'ailleurs sur tout le film ("Oh, regardez là-bas!" "Ca alors, mais c'est le comte Dooku!"). Encore une fois, c'est vrai que parcourir Star Wars (les vrais films, soit les trois premiers et je ne parle pas de ces épisodes 1, 45, 59 à la noix mais des films de 1978, 1980 et 1982) donne envie d'en savoir un peu plus sur les personnages, mais justement, c'est à ça que sert ce merveilleux outil qu'est l'imagination... Découvrir un Yoda virevoltant qui joue du sabre laser comme d'autres du bâton de majorette, qui plus est en images de synthèse, ça n'était pas dans ma bucket list. Au passage, il me semblait que dans le monde de George Lucas, les manieurs de sabre frimeurs avaient toujours à craindre le côté laconique et expéditif des vrais héros, qu'ils aient ou non un fouet.

L'imagination, parlons-en: il en faut beaucoup pour accepter que Anakin Skywalker soit ce gamin de douze ans, grandi un peu vite, capricieux, bête, colérique et sans aucun relief. Un personnage, ça se travaille, et Lucas qui en a créé de nombreux dans sa longue carrière, le sait bien. mais ici, tout se passe comme s'il avait juste décidé que cet acteur inadéquat au possible serait Darth Vader, et qu'on n'avait qu'à l'accepter parce que c'est lui le chef de Star Wars. Et les moments ridicules de s'enchaîner, l'un des points culminants de cette gêne occasionnée par le film reste quand même ce moment où Padmé (Natalie Portman) dit à Anakin qu'elle l'aime. Lui n'y croit pas... Eh bien moi non plus.

Bon, Padmé, souvent gâchée par les effets spéciaux dus à l'obsession du metteur en scène d'un univers tout numérique, est au moins un point positif, un personnage complexe et intéressant, mais qui pâlit en raison de son emploi tous azimuts (Reine, puis Sénatrice, jeune femme, mais elle a vécu, elle est une politicienne, mais hop elle soubresaute pour échapper à la mort dans une usine mécanisée où elle est prise au piège), et comme le reste, on finit par ne plus y croire non plus. Pas plus qu'on ne saura apprécier ces Jedi qui se battent comme on mesure sa quéquette, en jugeant leurs opposants par un examen approfondi de 12 secondes de maniement du sabre laser. Où une saga qui avait une vraie classe rejoint définitivement les jeux vidéo qu'elle a engendrée dans la médiocrité et la bêtise crasse. 

Bref, c'est vraiment pas bon, hein.

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Published by François Massarelli - dans Star Wars George Lucas Science-fiction
29 juillet 2019 1 29 /07 /juillet /2019 17:27

Le premier mystère, c'est que Lucas, qui avait terminé le tournage de son troisième long métrage en 1978 complètement épuisé (il portait à l'époque le titre de Star Wars, et en France d'ailleurs, c'était La guerre des étoiles, me glisse à l'oreille mon excellent cousin), et avait donc ensuite délégué le rôle de réalisateur à deux techniciens aguerris, Irvin Kershner et Richard Marquand. Car le tournage d'un film requiert un dialogue permanent, une remise en jeu de ce qu'on doit faire dans l'oeuvre, qui dépend AUSSI des autres, les acteurs notamment mais pas que. Et Lucas en 1978 ne voulait pas y retourner... 20 ans plus tard, est-ce pour essayer de garder le contrôle vaille que vaille, au risque de courir au choc frontal avec ses acteurs, qu'il a décidé de refaire le job? Il lui en cuira, puisque le metteur en scène finira par abandonner de plus en plus de ce qui fait la matrice tangible d'un épisode de Star Wars: les acteurs, et donc les personnages, mais aussi les vaisseaux, armements et décors auxquels on croyait parce qu'ils étaient au moins un peu vrais. Ils le sont de moins en moins dans ce film, et le seront encore moins voire plus du tout dans les suivants...

Et le deuxième mystère, au moment d'imaginer un prequel comme on dit à toute cette histoire, c'est que le maître d'oeuvre a semble-t-il perdu tout sens des réalités, à moins qu'il n'ait été pris entre son propre délire mégalomaniaque (je crée un monde, ah ah!!) et une demande du distributeur d'actualiser tout ça: car on a l'impression que Lucas croit dur comme fer qu'il est en train d'accomplir l'acte fondateur de Star Wars. Or il n'en est rien: tout, absolument tout dans The phantom menace, est lié à ces trois films mythiques, qu'ils aient été refaits, trahis, amoindris ou changés n'y fera rien. Et lorsqu'il ajoute à ces péripéties attendues (sabre laser, baston, poursuites dans les canyons, hyperespace) des causeries mi-yoga mi-yoda sur les Midi-Chloriens, c'est tellement ridicule qu'on en tombe de son siège. Car la force version Menace Fantôme, ça devient du prêchi et du prêcha de patronage, version catéchisme numérique. 

Alors oui, c'est du Star Wars, dans lequel une idée intéressante (voir le monde d'avant la trilogie aussi coloré que le monde de Star Wars est aride) débouche sur un constat: on sait comment tout ça va finir, et on n'avait absolument pas besoin de ces trois films pour nous le raconter, surtout qu'Annakin Skywalker, futur Darth Vader (pour les trois du fond qui ne l'avaient pas encore capté) est interprété ici par un petit garçon qui n'est pas, mais alors vraiment pas, à la hauteur. Et le message, c'est probablement que Annakin est devenu méchant parce qu'on la privé de sa maman?

Bon, je râle, je râle, mais il y a ici des qualités: une certaine naïveté qui a le bon goût de ne pas passer QUE par les dialogues les plus cons des années 90, des poursuites dans les canyons, quelques créatures aquatiques rigolotes, et Natalie Portman bien que son intervention soit un peu gâchée par une manipulation arbitraire des spectateurs et des personnages.

Manque de pot, il y a aussi Darth Maul, un méchant d'un vide forcément intersidéral, qui n'existe que pour nous faire patienter jusqu'à la fin du film, et aussi, il y a... Jar Jar et ses Gungans. Et ça, c'est vraiment terrible...

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Published by François Massarelli - dans Science-fiction Star Wars George Lucas
10 mars 2018 6 10 /03 /mars /2018 16:54

1983, dans une galaxie pas si lointaine, il y a... un certain temps. Les affiches sont cette fois très claires: George Lucas a gagné son pari, et tout le monde attend son troisième film de la saga. L'imaginaire de Star Wars (La franchise, désormais) est désormais établi, connu et reconnu, et les affichistes sont enfin fidèles à leurs modèles. Plus que le deuxième film, The empire strikes back, qui après tout aurait bien pu se planter dans les grandes largeurs, c'est ce troisième film qui a fini par cristalliser la légende.

Ca aurait pu, voire ça aurait du être un désastre. Parce que ce qui faisait la force de Empire, c'était de pouvoir s'établir à partir des quelques données du premier film (La donne politique, les bons, les méchants, la gentille rivalité amoureuse, les robots, les créatures) et de s'amuser à construire un mythologie en mettant tout le monde convenablement en danger, faire des révélations délirantes (Luke, I am your father) tout en ouvrant beaucoup, beaucoup de portes... Qu'un autre film se chargerait de fermer. Bref, Return of the Jedi avait la tâche impossible de rester intéressant tout en finissant le job, et il fallait que ce soit propre et net! Pas de fermer la porte en en ouvrant quinze autres comme n'importe lequel des épisodes de fin d'une saison d'une série HBO!

Certes, du coup, c'est le moins bon des trois films de la première trilogie, mais il possède des moments de grâce: les premières séquences sur Tatooïne, qui jouent avec le spectateur, tout en établissant une bonne fois pour toutes la personnalité du Jedi Luke Skywalker, endurci et au cuir désormais tanné. Sans parler de toutes les interrogations devant ces personnages (Les robots, puis Chewbacca, enfin Leïa et Luke) qui se succèdent pour venir chercher Han Solo chez Jabba le Hutt... Et la formidable poursuite en forêt, un merveilleux moment terrestre gâché un peu par l'arrivée d'une nouvelle créature en collaboration entre les ateliers Jim Henson et les établissements George Lucas: les Ewoks. Car, et c'est l'une des faiblesses du film, Lucas ne résiste pas à l'idée d'en faire trop. On sait, hélas, où ça va nous mener...

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Published by François Massarelli - dans George Lucas Science-fiction Star Wars
23 décembre 2015 3 23 /12 /décembre /2015 08:38

George Lucas est désormais l'auteur de l'histoire originale, et producteur exécutif sur ce deuxième film, qui prend acte de l'immense succès du film de 1977. Cette apparente désertion de l'auteur s'explique sans doute parce que le metteur en scène n'en peut plus: il n'est pas à l'aise sur un plateau et encore moins, si on en croit la légende, avec les acteurs. De plus, le poids de la production, les soucis des tournages en extérieurs ont fini par le dégoûter du métier... Une décision surprenante, donc, mais qui porte ses fruits: aujourd'hui, personne ne doute un seul instant du fait que Lucas ait gardé le contact avec la production, ni qu'il ait eu un rôle crucial dans la confection de ce qui est à mes yeux le meilleur film de cette saga. Et la décision de confier la mise en scène à Kershner s'avère payante tant le metteur en scène a su rentrer dans son tournage avec un volontarisme de tous les instants. Des scènes coupées du film, ni synchronisées, ni étalonnées et parfois non montées, témoignent de sa méthode directe et impulsive, de se placer au plus près des acteurs et de les guider dans chaque geste en maintenant un rythme soutenu, comme au temps du muet. Cette agitation débouche évidemment sur un film sans temps morts, et dans lequel les scènes de dialogue et les scènes d'action s'enchaînent en toute allégresse... Et les effets spéciaux, physiques et optiques, rendent le tout toujours aussi tangible.

Le style du premier film, établi par George Lucas sur imitation de celui de Kurosawa dans La Forteresse cachée, est maintenu, de même que la structure, qui prend une fois de plus l'action en cours avec l'aide d'un de ces fameux déroulants de texte qui établit un contexte plus sûrement que n'importe quel flash-back, mais cette fois un changement a eu lieu: d'une part, Star Wars devient le titre générique, et The empire strikes back est un sous-titre, et le film est désormais numéroté, d'un "Episode V" qui a beaucoup étonné les spectateurs de 1980... ou du moins moi quand je l'ai vu pour la première fois. On sait donc que les plans ambitieux de Lucas ont pris naissance à cette époque, et que de toute façon, un troisième film était rendu indispensable par une série de cliffhangers de bonne taille à la fin de ce deuxième film... Le "bestiaire" technologique s'allonge un peu plus, et si une "étoile noire" manque à l'appel (Mais on ne perd rien pour attendre), on remarquera une superbe invention, ces machines d'invasion géantes et sur pattes, qui donnent lieu à l'une des scènes les plus réjouissantes de toute l'histoire. Le film répète également brièvement la fameuse poursuite-bataille dans un canyon située lors de l'assaut de la rébellion contre l'étoile noire dans Star Wars, cette fois avec une incursion du Falcon Millenium (Pour les béotiens, l'impressionnant tas de rouille de Han Solo) sur un gros astéroïde, où les occupants du vaisseau se sont réfugiés, et où il vont faire une rencontre imprévue. Et d'une manière générale, le film déroule un univers cohérent, immédiatement saisi par le spectateur, invité à plonger dans l'action de façon dynamique... il faut aussi dire que le spectateur ne demande que ça!

Quant à l'intrigue, elle se noircit considérablement, donnant pour l'instant l'avantage aux malfaiteurs de tout poil, et permettant aux personnages de grandir un peu. Solo et Skywalker sont maintenant constamment séparés, et bien que ce soit sur quatre décors bien distincts, tous sont désormais en fuite. Luke "abandonne" ses copains pour suivre sa destinée, et Leia et Han Solo laissent leurs sentiments parler. Enfin, Luke Skywalker va devoir affronter ses démons, mais surtout il va se découvrir un peu plus en compagnie de Yoda, magnifique création qui va à la fois faire avancer la mythologie (Malgré une manie langagière qui le rend parfois volontiers obscur) et fournir, mais oui, du gag. Le final, pourtant, se déroule dans un espace qui a tout de la métaphore à la fois du mental et de l'inconscient: Luke se rend à un piège tendu par son ennemi juré, et l'affronte dans des couloirs, des boyaux, des salles de machines tout en descendant toujours plus bas dans une structure en orbite, débouchant sur le vide. C'est alors que sa vie ne tient qu'à un fil que le jeune héros va perdre une main d'une part, et faire une découverte embarrassante et qui va changer sa vie, transformant définitivement le jeune loup un peu excité en un Jedi sage et sombre dans les films suivants. Roublard et économe, George Lucas a su choisir LA bonne révélation pour terminer son film, mais il en a encore une sous le coude... Quoique arrivés à ce stade (Je parle bien sûr des spectateurs de 1980), on s'en doute plus qu'un peu.

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Published by François Massarelli - dans Science-fiction George Lucas Star Wars
20 décembre 2015 7 20 /12 /décembre /2015 10:11

Le film de 1977, phénomène de société sans précédent à sa sortie, a beaucoup changé depuis sa sortie... Que reste-t-il du troisième long métrage (Et sa dernière réalisation avant plus de vingt longues années, et soyons franc, son dernier grand film) de George Lucas, dans les infâmes tripatouillages à tous les niveaux que ce petit film d'aventures intersidérales a subi depuis? C'est un fait: pour le juger à sa juste valeur, il convient de revenir à la source, aux copies de 1977, celles qui n'ont fait l'objet d'aucun remontage, d'aucun ajout numérique, d'aucune trahison de ses personnages (qui a tiré sur qui dans la fameuse auberge de Mos Eisley?) ni d'aucun retitrage révisionniste: En 1977, le film n'était ni un "épisode IV", ni "A new hope", ni quoi que ce soit d'autre. C'était un film inattendu, inspiré par une oeuvre Japonaise, en l'occurence La forteresse cachée, de Kurosawa, et une possibilité inattendue de véritable renouveau de la science-fiction, à cette époque essentiellement cantonnée en deux courants: le courant "noble", représenté par les films-pamphlets et les oeuvres à connotation environnementale d'un côté (Planet of the apes, Soylent green), et de l'autre le reste: "Space opera", les films de genre, séries B ou Z, promesses éphémères d'échappatoire provisoire pour des cinéphiles en quête de frisson, et pas trop regardants sur les budgets. Difficile à imaginer aujourd'hui, mais un film d'aventures intergalactiques, vu et célébré à travers le monde par des millions de passionnés, c'était de la fiction... avant Star Wars.

Lucas le dit encore aujourd'hui, et à chaque fois ça change un peu: il avait tout prévu. Et c'est probablement vrai: dans sa tête, tout était déjà là: les histoires des personnages (le parcours de Darth Vader, par exemple, avant qu'il ne devienne cette menace ambulante et mystérieuse, les liens familiaux entre les personnages, etc.). Mais cela n'apparaît que succinctement dans le film, et cela n'était sans doute destiné à vraiment servir que dans l'hypothèse d'une suite. Comme on le sait, la possibilité de mettre en chantier The Empire strikes back est sans doute ce qui a vraiment donné vie à la "saga" Star Wars. Maintenant, on peut tout simplement imaginer que ce film de 1977 se soit planté, et qu'il n'ait donc rien généré au-delà des deux heures de plaisir qu'il offre, et... exit les liens mythiques ("I am your father" qui n'est pas dans Star wars puisque c'est dans Empire...), exit le développement de la "Force" et des Jedis au-delà des quelques allusions du film, exit les Ewoks, et... exit Haydn Christensen... Traitons donc ce Star Wars de 1977 à sa juste mesure, comme le film d'aventures absolument définitif qu'il est, ce ne sera déjà pas mal...

Et pour commencer, ce qui me frappe a posteriori, c'est à quel point le film est né d'une filiation étrange avec American graffiti. On a beau être,dans Star wars, situé de nombreuses années avant notre ère dans une galaxie lointaine, Luke Skywalker et Han Solo, ce sont des jeunes Américains! l'un est désireux de sortir de son trou pour se confronter au monde, et l'autre l'a déjà fait, et depuis si longtemps que la filouterie est chez lui une seconde nature... On est proche de ces jeunes Américains en proie à un rite de passage en une seule nuit avant de partir qui à l'université, qui au Vietnam. C'est frappant aussi de les entendre parler en jeunes Américains de 1977, alors que d'autre part tous les personnages adultes engagés dans la lutte, que ce soit pour l'empire ou pour la rébellion, parlent avec une emphase qui ferait passer les dialogues de Cecil B. DeMille et Jeanie McPherson pour du Audiard. Le "couple" Solo-Skywalker, deux hommes éloignés des habitudes de la rébellion, fonctionne à merveille, nous donnant toutes les clés pour entrer en douceur dans cette histoire improbable... De son côté, la princesse Leia, inspirée d'une des héroïnes les plus fascinantes de Kurosawa, fait beaucoup plus que la prolonger, et mène sa barque avec beaucoup plus qu'une autorité capricieuse: on comprend qu'elle puisse être irrésistible. Cette force des personnages du film, bons comme méchants, est un atout de poids et l'un des grands arguments du film. Depuis THX 1138 et ses personnages en quête d'humanité, Lucas a bien su justement développer ses caractères, et cet aspect se retrouve jusque dans les droïdes, cette merveilleuse invention scénaristique qui renvoie Robbie le robot (Forbidden planet) à l'antiquité de la science-fiction. George Lucas donne aussi en quelques scènes et en regards une vérité touchante à l'oncle et à la tante de Luke, et bien sûr fait d'un personnage marmoréen doté de handicaps terribles, et de soucis techniques irréversibles, l'incarnation du mal absolu. Et il laisse la porte ouverte de façon troublante, grâce à la superbe prestation d'Alec Guiness, qui donne vie sans effort au personnage le plus mystérieux du film. Lucas (encore une fois sans doute mené par une pré-science des directions dans lesquelles il allait mener la suite, mais comment pouvait-il en être sûr, et comment pouvait-on l'imaginer à l'époque?) donne même à Obi-Wan Kenobi une sortie grandiose et inexplicable à la fois, sans que jamais une explication rationnelle ne vienne gâcher la fête! Kenobi incarne bien toute la séduction de l'inconnu, de cette évasion mystique qui va faire que Luke ira dans une direction bien différente de celle de son frère d'arme Han Solo, qui lui ne se départit jamais de sa lecture cynique et terre-à-terre des événements. Avec ce film, le personnage du jeune Skywalker entame bien un authentique parcours initiatique totalement justifié par le destin de celui qu'il a, brièvement, choisi comme maître, et qui sans explication choisit de quitter la scène à un moment où il sait qu'on n'aura plus besoin de lui. Ainsi le film possède-t-il sa propre touche mythologique sans avoir besoin de trop en ajouter, ou de puiser dans le passé hypothétique des personnages!

Quant à la thématique, on ne sera pas surpris du fait que Lucas choisisse de botter en touche en choisissant du passe-partout: résistance contre la barbarie dictatoriale, et renvoi à une hypothétique et mythique situation primale: Leia Organa est donc une princesse, sans plus de précision. Elle est impliquée, oui, se bat contre une certaine forme de fascisme qui ne fait aucun doute, mais elle le fait en combattant pour "son peuple", comme le dit le déroulant initial. Le film, en ces généreuses années 70 (Jimmy Carter vient d'être élu président des Etats-Unis, et durant quatre années, la politique extérieure des Etats-Unis va se teinter d'un certain idéalisme), est exportable à l'infini, il trouvera grâce à son histoire passe-partout une résonance chez tous les peuples du monde, ce qui en fait un film bien pratique pour passer les fêtes... Non, décidément, l'essentiel est ailleurs, dans le renouveau d'un genre, dans le plaisir de passer deux heures en compagnie des personnages, et au niveau du film la création d'un univers aussi cohérent que possible est encore bien limitée par rapport à ce que ça va devenir dès le film suivant. On remarque ici, d'ailleurs, quelques détails qui vont bien changer, notamment dans la façon de s'exprimer: la Force est jugée essentiellement comme un élément purement religieux, sans qu'aucune (inutile) explication "physique" ne soit donnée quant à son existence, car après tout comme disait Alfred Hitchcock, la force n'est qu'un "MacGuffin", un prétexte à accepter si on veut que le film marche. Et dans ce monde troublé par la lutte entre dictature et résistance, les Jedis sont mentionné comme une secte, un élément qui disparaîtra au fur et à mesure des dialogues des films suivants...

Enfin, le film est aujourd'hui émouvant à voir parce qu'il tranche complètement sur l'image véhiculée par les superproductions qui ne manqueront pas de suivre, et c'est ce qui rend indispensable de le voir dans son montage d'origine: les effets spéciaux optiques, les truquages vintage, l'impression d'assister à un spectacle physique, et tangible sont sans prix, dans un business qui se noie dans l'artifice. Spielberg aujourd'hui fait tout pour maintenir le contact avec la réalité, en utilisant à l'ère numérique le plus de live-action possible, et en privilégiant à chaque fois que c'est possible et pertinent des effets spéciaux en système D. On sait que c'est précisément parce qu'il n'en pouvait plus de devoir lutter contre les imprévus d'un tournage que Lucas allait déléguer ses deux films suivants, puis tourner sa dernière trilogie en utilisant toujours plus de numérique. Mais ici, justement, le fait d'avoir utilisé de vrais décors (Et beaucoup, par leur nudité même, sont fascinants), de vraies maquettes, et ce bon vieil arsenal de la science-fiction, en l'état: truquages optiques et surimpressions sur maquettes: et c'est là que se situe le travail de l'illusionniste. Lucas était sans doute mal à l'aise, mais le résultats est une splendeur... si on a la chance de le voir tel qu'il a été conçu, et comme chacun sait ce n'est pas facile, compte tenu de la volonté farouche d'enterrer cette version, et de noyer le film spectaculaire et visionnaire de 1977 dans une saga dont il ne serait qu'un maillon.

Star wars (George Lucas, 1977)
Star wars (George Lucas, 1977)
Star wars (George Lucas, 1977)
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Published by François Massarelli - dans Science-fiction George Lucas Star Wars
11 juillet 2015 6 11 /07 /juillet /2015 21:32

THX 1138 (Robert Duvall) et Luh 3417 (Maggie McOmie) sont deux êtres humains à part dans une cité futuriste aussi déshumanisée que possible: ils s'aiment, et sous l'impulsion de Luh qui traffique les dosages de médicaments qui contrôlent normalement les pulsions des gens, vont laisser libre court de la façon la plus naturelle qui soit à leur affection réciproque... Ce qui va être le début d'une longue série d'ennuis en tous genres...

Le premier long métrage de Lucas est donc une extension de son court métrage d'études (Electronic labyrinth: THX 1138 4EB, tourné en 1967) , et c'est probablement l'un des films de science-fiction les plus distinctifs qui soient: décor unique, et largement dominé par des pièces uniformément blanches, toutes les têtes rasées, et des acteurs qui jouent des êtres totalement asservis à une société totalitaire par les drogues qu'on leur fournit quotidiennement: tout est mécanisé, prévu, automatisé, et chaque humain n'est qu'un maillon de la chaîne. Le sexe, réflexe de liberté, est proscrit au profit d'une reproduction assistée de l'extérieur. Quant à essayer de se sortir du carcan, impossible... Contrairement à sa réputation, le film possède même un peu d'humour notable, et quelques éléments qui anticipent, de façon embryonnaire sur les aspects esthétiques de l'"Empire"... La mise en scène de Lucas, des années avant ses films tournés systématiquement en virtuel, se signale déjà par une recherche du décor nu absolu, et l'invention et la débrouille se devinent encore malgré le vernis contre-nature d'effets spéciaux numériques ajoutés par Lucas qui décidément ne peut s'empêcher de refaire ses films. Quelle sale manie.

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Published by François Massarelli - dans George Lucas Science-fiction