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  • : Allen John's attic
  • : Quelques articles et réflexions sur le cinéma, et sur d'autres choses lorsque le temps et l'envie le permettront...
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8 avril 2025 2 08 /04 /avril /2025 23:24

1933: un nouveau président est inauguré à la Maison Blanche... Après de beaux discours, Judson Hammond (Walter Huston) entend bien faire comme tous ses prédécesseurs, et s'en payer une bonne tranche. Mais alors qu'il exécute un caprice de gamin (conduire sa voiture présidentielle en commettant un excès de vitesse monumental), il a un grave accident. Il ne s'en remettra pas, pense-t-on... Mais il s'en remet finalement, et change du tout au tout: il considérait le leader populiste d'une "armée de chômeurs" comme un agitateur anarchiste, il va désormais les traiter avec humanité. Il ne souhaitait pas s'attaquer au gangstérisme, il va régler le problème par la force. Hammond provoque l'admiration des uns, l'espoir des autres et la crainte des corrompus... Et intrigue ceux qui l'ont soutenu: en particulier sa maîtresse, Pendie Molloy (Karen Morley), et son secrétaire particulier, Beekman (Franchot Tone)...

L'image du président des Etats-Unis au cinéma a toujours été un cas spécial, un joker presque: une façon généralement de passer outre tout soupçon de vulgarité ou d'excès de légèreté pour la comédie (The American President de Rob Reiner n'est pas une comédie sentimentale comme les autres), un laisser-passer vers l'exceptionnel (Civil war, Garland), le grandiose (Abraham Lincoln, Griffith) ou le très bizarre (Gabriel over the White House)... Ca a nourri les films de Capra (The State of the Union), voire de Preminger (Advise and consent)... et donné au cinéma quelques biopics parfois douteux (Wilson, de henry King, ou encore LBJ de Rob Reiner)...

Pourtant aucun autre film ne ressemble à cette parabole, on écrirait volontiers qu'aucun autre film n'oserait y ressembler, tant ce film est étrange, voire gênant. A plus forte raison maintenant, sans doute... Car on est prêt à tout écrire: un film profondément différent, populiste en diable, voire fasciste, provocateur, unique car exessif pour ne pas dire que ce serait plutôt un film à ne pas faire!

La crise est sans doute la première explication pour la présence de cette oeuvre unique en son genre, tournée en 1932, alors qu'on pressentait la victoire de Roosevelt, un démocrate qui rassemblait finalement tous les espoirs: les chômeurs même dubitatifs ont fini par se dire que cet "aristocrate" de l'est, élevé avec une cuillère en or dans la bouche, ne ferait de toute façon pas pire que son adversaire le président sortant Hoover; les élites (William Randolph Hearst en tête) voyaient en lui l'homme fort qui leur permettrait d'avoir leur propre Mussolini... Oui, donc, la crise a inspiré cet étonnante histoire, parue sous la forme d'un roman de Thomas Tweed, avant de devenir un script de Carey Wilson sous l'impulsion du producteur Walter Wanger. On peut s'interroger de la présence de Gregory La Cava dans une telle production, mais l'auteur de comédies qu'il était avait déjà fait la preuve de son indéniable originalité, et allait quelques années plus tard sortir l'un des films majeurs concernant la crise vue du point de vue du peuple avec My man Godfrey...

Au-delà du souvenir de Lincoln, omniprésent dans le film que ce soit en image (les portraits à la maison blanche) ou en chansons (John Brown's body entonnée avec insistance par "l'armée des sans emploi" renvoie à la guerre civile, du côté de l'union et du président à chapeau), le film semble partir d'un postulat simple: à la présidence des Etats-Unis, un opportuniste chasse l'autre, qu'il soit Républicain (et Jud Hammond, clairement, est Républicain, puisqu'il reprend à son compte la fameuse phrase de poudre aux yeux du malheureux président Hoover, "Prosperity is around the corner", qui lui a sans doute coûté la présidence en 1932; de plus, sa façon de se défiler sur toutes les questions embarrassantes en renvoyant aux responsabilités locales est totalement républicaine!), ou Démocrate. Jud Hammond, on le comprend très vite, ne fera rien d'autre que de se servir lui-même, ou comme c'est dit suvent dans le premier quart d'heure, "servir le Parti". Un constat amer qui nous fait anticiper une comédie grinçante...

Nous sommes pourtant confrontés à toute autre chose: car ce film est un cas unique dans l'histoire du cinéma, il ose se rendre sur un terrain extrème, en semblant prôner symboliquement de mettre en pause toute diplomatie inutile, de se livrer à une justice expéditive, et de cesser de payer pour le monde entier (tiens donc...). Il prône l'assassinat par cour martiale improvisée de tous les gangsters, et le recrutement dans une "armée de la construction" de tous les chômeurs, afin de redresser le pays... Judson Hammond, habité par l'archange Gabriel (ce qu'une conversation maladroite entre Karen Morley et Franchot Tone nous vend maladroitement, le reste du film est plus, disons, subtil... un rideau qui se soulève, une lumière qui s'allume...) s'empare des Etats-Unis, pour les redresser à coup de barre à mine...

Comme c'est du cinéma, ça passe... On rigole certes bien moins en 2025 compte tenu de ce qui est en train de se passer. Mais justement, avec Trump à la Maison Blanche, qui lui est un corrompu, un danger, un gangster (34 chefs d'inculpation et une condamnation pour chacun d'entre eux), un fasciste avéré, un raciste patenté, et un dangereux autocrate crain par tous, est en fait une version parodique de ce film. Film qui est un exemple, ou un contre-exemple parfait, des extrêmes auxquels la politique peut mener! uUn film habité, passionnant, grinçant, qui va plus loin que Capra n'a jamais été, même si l'autre cinéaste Italo-Américain avait, finalement, les mêmes aspirations que ce film de La Cava, il diluait son radicalisme, de Deeds en Smith et de Smith en Doe, dans un certain réalisme, et affichait la tentation d'une politique musclée, tout en traitant régulièrement Roosevelt... de dictateur fasciste, ou de communiste, selon l'humeur.

Bref: Gabriel over the White House était sans doute le film à ne pas faire... Mais puisqu'il existe et qu'il est extraordinairement différent, autant se jeter dessus et ne pas bouder son plaisir, fut-il coupable, devant un film où Walter Huston obtient de tous les pays autres que les Etats-Unis qu'ils paient leur dette... en les menaçant de les bombarder.

 

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Published by François Massarelli - dans Pre-code Gregory La Cava
25 mai 2019 6 25 /05 /mai /2019 17:04

Dans ce film qui reste avant tout une curiosité, Charle "Chic" Sale interprète un professeur d'école, qui a la vocation mais c'est à peu près tout, et qui devient la risée des élèves qu'il a en charge. Il devient aussi amoureux de Diana, la grande soeur (Doris Kenyon) du pire farceur parmi ses ouailles. celle-ci est fiancée, mais comme son bon ami est un sale caractère et jaloux de surcroît, elle a l'idée d'attiser sa jalousie avec, disons, le premier venu. Devinez qui...

Chic Sale n'est pas resté dans l'histoire comme un comédien d'envergure, et on le comprend en voyant ce film. Il est capable, mais étrangement incomplet: et pour cause, l'homme était un acteur de théâtre avant tout, et ici il a du mal avec le geste: il grimace, il exagère... Ce qui est embêtant quand on a un scénario à la Keaton. Le film se laisse voir, mais il faut bien dire que c'est la dernière bobine qui emporte l'adhésion: un pyromane évadé menace durant toute la deuxième moitié de passer à l'acte, et c'est évidemment l'école qui finit par en pâtir. Ce sera l'occasion pour l'inapte Prof. Timmons de passer à l'action en sauvant un enfant...

Et pas n'importe lequel: son tortionnaire, bien sûr. Bon, on est encore loin de l'humour à froid des films à venir de La Cava, mais je le répète: ça se voit sans trop forcer...

Sans plus. 

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Published by François Massarelli - dans Muet Comédie 1924 Gregory La Cava **
16 mai 2019 4 16 /05 /mai /2019 21:40

Bill Dana (Richard Dix), bien que vaguement venu du Texas, est un New Yorkais bon teint, qui passe du temps sur un banc à lire... Il rencontre un jour Molly (Esther Ralston), une jeune femme à l'esprit si romanesque qu'elle ne jure que par l'Ouest Américain. Afin de la séduire, Bill décide d'affronter ses racines et se rend dans le ranch Texan de son oncle, persuadé qu'il va s'y confronter à la dure vie de cow-boy... et déchante bien vite: les cow-boys sont bien fatigués, ils sont tous de New York ou du New Jersey, et ils conduisent des Ford T plutôt que de monter des chevaux. Et par dessus le marché, Bill apprend après un temps que sa fiancée vient le visiter pour l'encourager...

On se doute de ce qui va se passer: le jeune homme va essayer de faire passer le ranch "modernisé" pour une installation héroïque à l'ancienne, et le gag ne va pas marcher. Le film, lui, par contre, est adorable: toutes proportions gardées, car La Cava en était encore au début de sa carrière, mais il est déjà doué pour mettre le public sérieusement de son côté, en exploitant le ridicule d'une situation avec un mélange d'ironie et de tendresse, qui sont assez uniques.

Quant à Richard Dix, on n'a pas l'habitude de le voir interpréter un rôle de comédie, et il s'en débrouille fort bien. Mais Esther Ralston, elle... est toujours parfaite.

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Published by François Massarelli - dans Gregory La Cava 1925 Muet Comédie *
21 août 2018 2 21 /08 /août /2018 15:49

Barbara Manning (Bebe Daniels) est une jeune héritière d'une famille riche, et particulièrement excentrique d'hypocondriaques. Au moment de sa majorité, elle doit passer sous la tutelle d'un nouvel oncle, après avoir été sous la responsabilité d'un autre: ce dernier, obsédé par la santé, l'empêche de tout faire depuis sa plus tendre enfance, de peur que son père ne s'emballe. L'autre souhaite que sa filleule s'émancipe de cette obsession sanitaire et vive un peu... Quand la jeune femme décide de se rendre au sanatorium qui appartient à la famille, l'oncle en question va être servi: l'établissement est tombé dans les mains de l'étrange docteur Todd (William Powell): celui-ci n'est pas un vrai docteur, mais un bandit, et le sanatorium est devenu une plaque tournante du trafic d'alcool frelaté... Mais bien sûr, elle ne s'en rend pas compte, et va bénéficier du soutien inattendu d'un trafiquant qui est en réalité un journaliste en plein reportage sensationnel (Richard Arlen)...

La plupart des films Paramount de Bebe Daniels ont disparu, et au vu de ceux qui nous restent, c'est dommage! Venue du slapstick avec Harold Lloyd, elle combine un talent de comédienne romantique, avec une absence de scrupule pour participer occasionnellement à de la comédie un peu plus physique. Et ici, elle mène le jeu avec humour et une grande dose de charme. Elle y joue comme du temps de Harold Lloyd une ravissante farfelue, qui ne se rend absolument pas compte du fait que l'établissement qui l'accueille est tout sauf un hôpital, justement: totalement imbue d'elle-même, absolument pas ouverte au monde, la jeune femme est précisément un pendant féminin de l'hypocondriaque Harold Lloyd de Why Worry? qui ne se rend absolument pas compte que l'île Sud-Américaine sur laquelle il vient de débarquer est en proie à une révolution sanglante...

Le film est l'oeuvre de Gregory La Cava, dont la vaste œuvre reste pour moi un grand chantier de découverte... Il a le don pour faire coexister, justement, la comédie et la romance, notamment en glissant dans le sanatorium le journaliste infiltré, joué par Richard Arlen, qui va être à la fois élément perturbateur et objet de l'affection de l'héroïne... Et bien sûr, la confrontation avec William Powell est féconde. Celui-ci, clairement, s'amuse à jouer les terreurs... Son style partagé entre un jeu clair et direct, naturel mais souvent inquiétant (il a fallu attendre le parlant pour qu'il lui soit proposé des rôles positifs), et un abandon comique qui éclate lors d'une scène au ralenti, quand le "docteur Todd" est victime de l'évaporation du chloroforme, et participe à un superbe ballet surréaliste. Et Bebe Daniels, certes la star du film, n'a pas non plus peur d'affronter la comédie, et se livre ici à quelques plaisanteries, pour lesquelles elle n'a pas eu besoin de doublure. On appréciera notamment son numéro de surf sur planche improvisé, et une scène de beuverie loufoque...

On n'en revient pas: ce film a été un flop monumental, suite à des critiques unanimement négatives à l'époque de sa sortie. Dans ce cas, sa survie est un miracle, une fois de plus...

 

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Published by François Massarelli - dans Muet Comédie 1928 Gregory La Cava ** William Powell
24 mars 2018 6 24 /03 /mars /2018 08:59

Elmer Finch (W.C. Fields) est un homme usé par le temps, mais surtout par son épouse et le grand fils de celle-ci (dont un intertitre nous annonce qu'Elmer n'est pas responsable). Il a une fille, mais elle aussi souffre du remariage, et par dessus le marché le parfois très distrait Elmer est maltraité à son boulot où on le prend pour une andouille certifiée premier choix. Jusqu'au jour où, suite à un enchaînement d'événements, Elmer se fait hypnotiser (mais oui!), se prend pour un lion, et... règle ses comptes dans une scène de furie dont nous admettrons, nous qui avons vu le début du film, qu'elle est particulièrement légitime...

C'est un petit film particulièrement sympathique, à la croisée des univers de La Cava et Fields. Celui-ci n'a pas écrit l'argument cette fois, mais on y retrouve de nombreux éléments qui renvoient à ses scripts: notamment l'amour filial et exclusif pour une fille d'ailleurs adorable (Mary Bryan). Et il y est question des Américains moyens, saisis dans leur médiocrité embarrassante...

Comme souvent avec les comédies de Fields, celle-ci prend un peu trop son temps dans l'exposition, mais assume ensuite avec beaucoup de drôlerie un comique qui n'est pas que visuel, étrangement: il est parfois... verbal: on voit distinctement le comédien hurler 'I'm a lion' par exemple, et les intertitres sont parfois drolatiques: il convient par exemple de savoir que toute la ville parle, dans le film, d'un bal organisé le samedi à venir  par le Lion's club; ce qui donne l'occasion à une voisine de glisser à Mrs Finch le commentaire suivant: "Quel dommage que votre mari ne soit pas un lion; vous passeriez un très bon samedi soir". Je pense que, compte tenu des personnalités facétieuses du metteur en scène et de son comédien, le double sens y est volontaire.

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Published by François Massarelli - dans 1927 Gregory La Cava Comédie Muet **
5 juillet 2017 3 05 /07 /juillet /2017 17:32

New York, durant la grande dépression. A côté du 59th street bridge, un taudis se tient, ou tout à coup débarquent une troupe de gens de la bourgeoisie, en robes de soirée et en habit: il participent à une chasse au trésor particulière, et on pour mission de ramener un "homme oublié", une victime de la crise... C'est "Duke" (William Powell) qui va donc être amené par la jeune et un brin écervelée Irene Bullock (Carole Lombard), ce qui va permettre au vagabond d'asséner à ces bourgeois une leçon de manières... Mais Irene décide de faire de ce vagabond, qui se présente sous le nom de Godfrey Smith, un projet personnel, et lui offre une place de majordome chez elle. Chez les Bullock, il faut le dire, un majordome ne tient pas une journée: les deux filles sont folles, la mère est pire encore et a son gigolo à domicile, le père (Eugene Pallette n'en peut plus...

Godfrey va, bien sur, changer tout ça.

Godfrey, bien sur, n'est pas plus Godfrey Smith que vous ou moi, mais juste un homme du même milieu que ses employeurs... Mais ce qui est intéressant c'est qu'ils ne le savent pas, et pour notre part, nous ne le savons pas non plus avant la moitié du film. Et si les raisons qui l'ont poussé à vivre en vagabond sont du plus haut romantique, la leçon de vie qu'il assène à la famille Bulloxk reste valide. et La cava, qui n'a après tout rien d'un Capra, ne cherchait pas à passer un message social, mais à lancer du vitriol sur la haute bourgeoisie de l'est, qui en prend sacrément pour son grade... 

C'est un classique de la screwball comedy, un de ces films aussi qui ont beaucoup souffert de tomber dans le domaine public, sachant que 19 copies sur 20 seront des horreurs incomplètes et délavées... Vu dans une copie digne de ce nom, c'est une splendeur, un film quasiment entièrement situé dans ces intérieurs luxueux qui ont fait la renommée et la classe du genre. Et les dialogues signés de Morrie Ryskind sont très drôles...

 

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Published by François Massarelli - dans Comédie Gregory La Cava Criterion William Powell