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  • : Allen John's attic
  • : Quelques articles et réflexions sur le cinéma, et sur d'autres choses lorsque le temps et l'envie le permettront...
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30 juillet 2016 6 30 /07 /juillet /2016 22:35

Il y a trois façons de traiter ce film, qui conte les aventures symboliques de Zed (Jack Black) et Oh (Michael Cera - L'un et l'autre ont un nom qui les rapproche de zéro): ces deux sous-doués sont des cro-magnons, l'un est un chasseur (nul), et l'autre, bien que surdoué, est un cueilleur, c'es à dire un minable, dont la principale préoccupation est de perdre sa virginité. le jour ou Zed goûte au fruit défendu (Une pomme lumineuse), tout devient pire qu'avant, et les deux hommes, bannis, vont traverser les champs de la connaissance en croisant un certain nombre de héros et d'anecdotes bibliques sans aucun sens de la chronologie.

Première façon: la fantaisie préhistorique décalée et anachronique, avec peaux de bêtes, est un classique de la comédie burlesque: Chaplin, Keaton, Lloyd, Snub Pollard, Laurel & Hardy, tous s'y sont aventurés, avec plus ou moins de bonheur, et le meilleur, c'est forcément Keaton dans The Three ages, en 1923. Dans son genre, RRRRRrrrrrrrr est un passage intéressant aussi. Par contre, rien à dire sur Year one. Deuxième façon: Jack Black et Michael cera sont deux acteurs spécialisés dans la comédie. L'un est même une star à part entière, qu'on a vu dans tout un tas de films, dont Dead Man Walking (Tim Robbins, 1995), King Kong (Peter Jackson, 2005), ou Be kind, rewind (Michel Gondry, 2008): des films exigeants, pas forcément tous drôles, et il y était parfait. Michael Cera, c'est l'inoubliable "partenaire" de Ellen Page/Juno, dans le film du même nom de Jason Reitman (2007): une merveille. Bref, ces deux acteurs populaires ont bien le droit de s'octroyer un nanar pour changer. C'est fait: il s'appelle Year One. Troisième façon: Avec Groundhog days (1993) et Multiplicity (1996), mais aussi avec Analyse this (1999), Harold Ramis, ancien acteur (Ghostbusters) s'est trouvé un terrain de prédilection: la comédie sophistiquée. Sa spécialité, c'est le décalage comique apporté par le fantastique: un jour qui recommence sans raison valable dans Groundhog days, le clonage en trois minutes dans Multiplicity (Avec Michael Keaton, Michael Keaton, Michael Keaton, et Michael Keaton), l'apparition du diable (Liz Hurley) dans le décevant Bedazzled (2000), etc. Ici, on a un peu de fantastique, si on considère que les anachronismes (Cro-magnon rencontrant Cain et Abel, Abraham, et la ville de Sodome) sont aussi nombreux que les bonnes raisons de ne pas aller voir le film.

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Published by François Massarelli - dans navets Groumf
1 mars 2016 2 01 /03 /mars /2016 16:03

Rien à voir avec le milliardaire populiste, ce When clubs are trump est un court métrage de la série Lonesome Luke, imaginée par Harold Lloyd et hal Roach à leurs débuts. C'est en fait la deuxième série de films mettant en scène Lloyd, après Willie Work dont peu d'images circulent, et les Lonesome Luke diffèrent des autres films plus connus de Harold Lloyd par le costume du personnage, ressemblant à une variation en négatif sur le personnage de Chaplin: costume rapiécé, trop petit, et moustache fine. Et surtout... Pas de lunettes! Le film fait parte des quatorze rare courts de la série à avoir survécu, c'est donc une chance... et une opportunité historique, surtout, car pour ce qui est du plaisir qu'on y trouvera, on admettra que ce n'est à proprement parler pas vraiment un film d'un grand intérêt... En dépit du fait que ce court métrage se déroule sur deux bobines, ce n'est pas pour autant la garantie d'une construction solide, et Snub Pollard et Lloyd sont lâchés au début du film dans un parc public pour y improviser quelques gags, avant qu'il ne se passe quelque chose de notable: ils font tous deux le même rêve, et sont transportés... à la préhistoire. Ce ne sera pas une garantie que les gags soient du lus haut niveau, certes, mais il y a toujours dans ces films burlesques situés à l'époque de nos ancêtres (Flying elephants, His prehistoric past, The Three Ages...) un je-ne-sais-quoi de profondément anarchique et réjouissant par l'à-peu-près idiotissime qui s'en dégage. Et bien sur, ce film ne fait pas exception.

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Published by François Massarelli - dans Harold Lloyd Muet Comédie Groumf
10 avril 2015 5 10 /04 /avril /2015 07:18

Le temps passe, et la perception des films change... Lors de sa sortie, ce film de fiction assez exceptionnel par ses choix (Pas de langage compréhensible, des 'costumes' limités à un strict minimum, et une tentative rationnelle de placer les acteurs dans des conditions aussi proches que possible de l'action) bénéficiait des recherches de plusieurs éminents spécialistes: Anthony Burgess, le linguiste, a fourni clés en main des notions de langage basées sur plusieurs indices sensés, et le zoologue Desmond Morris a livré pour sa part les clés d'un comportement proto-humain qui faisait sens. Le film n'est en aucun cas une oeuvre de vulgarisation scientifique, mais bien une fiction basée sur le roman de J.H. Rosny, ce qu'il convient de rappeler pour des raisons évoquées plus loin...

Dans notre monde, en pleine préhistoire, une tribu de pré-humains rassemblés autour des mêmes peurs, et conservant jalousement le feu, est attaquée par un groupe d'hominidés violents et plus forts qu'eux. Chassés de leur grotte, ils se réfugient sur une île, ou ils vont très vite constater l'étendue des dégâts: non seulement plusieurs d'entre eux sont morts, mais ils ont aussi perdu le feu, et ne savent pas comment en faire. La décision, pas unanime, de confier la recherche d'une source de feu à trois d'entre eux est prise, et les trois hommes partent ainsi en quête: Everett McGill, Ron Perlman et Nameer El-Kadi sont donc désignés. En chemin, ils vont rencontrer pas mal d'embuches: lions, mammouths, autres tribus hostiles voire cannibales, mais aussi une peuplade inconnue, nettement plus avancée, qui va leur apprendre trois choses essentielles: rire, utiliser des armes conçues pour tuer plus surement qu'une massue, et surtout... Faire du feu. Plus personnellement, l'un d'entre eux va découvrir aussi de nouveaux sentiments grâce à sa rencontre avec une jeune femme de cette tribu (Rae Dawn Chong), qu'ils vont sauver de la mort.

Annaud a réussi son film d'une manière éclatante, et il se voit encore aujourd'hui avec fascination, tant la clarté de l'intrigue et des comportements fait sens du début à la fin. Les émotions, essentielles en particulier pour les quatre héros, sont évidentes et parfaitement rendues, nous permettant de suivre sans aucun souci l'intrigue. Ce qui fait problème aujourd'hui, c'est bien sûr la rigueur scientifique vue par ceux que Hitchcock appelait d'un ton résolument moqueur "les vraisemblants", les gens qui vont s'attacher à certains détails d'un film pour en contester l'intelligence, puisque la vraisemblance n'y est pas. C'est particulièrement vrai avec ce film, qui mêle d'une certaine façon quatre époques bien différentes de l'humanité à travers quatre groupes d'humains ou d'hominidés aux stades d'évolution (Aussi bien physique que comportementale) bien différents... Par ailleurs, il charge un peu trop la barque pour l'animalité de la tribu des héros. Si le but était d'en faire des homo sapiens proches de nous, ils se font sérieusement coiffer au poteau par le tribu plus évoluée dont vient l'héroïne.

Et alors? Reproche-t-on à Guillaume de Baskerville de n'avoir pas existé? Ce film se présente comme une fiction, pas autre chose, et la naïveté de l'ensemble n'enlève rien au fait que c'est, décidément, toujours aussi touchant 30 ans après... Le voyage initiatique vécu par les trois grands dadais est captivant et la supériorité émotionnelle et intellectuelle d'une femme incarnée avec une énergie phénoménale par Rae Dawn Chong fait plaisir à voir. Surtout que depuis ce film, on a pu voir 10 000, de Roland "Ach!" Emmerich, qui retourne à l'âge de pierre des pin-ups à gros seins des films des années 60. La Guerre du feu a au moins tenté une approche, sinon scientifique, au moins sensée, et à la logique comportementale avérée, qui nous conte à sa façon condensée, le merveilleux de l'évolution.

 

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Published by François Massarelli - dans Groumf Yum yum
5 août 2013 1 05 /08 /août /2013 17:56

"It wasn't the airplanes, it was beauty killed the beast". En laissant la réplique si connue de Merian Cooper avoir le dernier mot, Peter Jackson rend paradoxalement raison à tous ceux qui pensent qu'on ne refera pas King Kong... Soyons juste: ce film part d'un postulat d'inutilité rare, le film de Merian Cooper et Ernest B. Shoedsack étant effectivement la "8e merveille" du monde, comme le nom de l'attraction conçue autour du grand singe par Carl Denham (Robert Armstrong dans le merveilleux et indispensable film de Cooper et Shoedsack, Jack Black dans la version de Jackson); mais voilà: devenu un monument souvent visité, ayant fait l'objet d'une armée de remakes et autres dérivatifs nippons, sans compter les innombrables parodies, le film fait partie de l'imaginaire collectif. Dès 1996, Jackson se déclarait prêt à en tourner une version personnelle, ce qui n'a abouti finalement qu'après un autre film, de douze heures celui-ci... Film sur lequel je pense qu'il n'y a absolument rien à dire.

Je pense qu'il faut considérer ce King Kong 2005 comme un commentaire de fan, une sorte de rêve de gosse: Peter Jackson a pu s'approcher de très près de son film préféré, a même rencontré sa star Fay Wray avant qu'elle décède (Et Naomi Watts a même eu à cette occasion sa bénédiction pour reprendre le rôle, excusez du peu). Il a même trouvé sur EBay un exemplaire du script signé de Edgar Wallace, qui est visible dans le film, et met constamment ses pieds dans les traces glorieuses de ses aînés: le film a beau durer le double de son modèle, tout y renvoie. Et tout ce qui n'est pas dans le film de 1933 en est une variation aussi respectueuse que possible, ou une extrapolation née d'un imaginaire maladif de sale gosse surdoué qui a tant côtoyé le film qu'il s'en est approprié l'univers: ainsi le peuple indigène de l'île est-il développé dans un sens logique qui tient compte de l'étrange physionomie des rochers: tous sont issus de peuplades différentes, aux couleurs dissemblables, probablement des gens qui se sont échoués, et leur apparent état primitif n'est pas qu'un renvoi à l'époque innocente des films d'aventures des années 30, c'est aussi explicable par le fait que ce peuple survit, après tout, sur une bande de terre très peu étendue, à l'ombre d'un gorille géant. Celui-ci est doté d'une famille dans le film: tous les cadavres de singes géants qui jonchent le sol tendraient à expliquer sa mélancolie: il est le dernier de sa lignée. Bien sûr, Jackson n'a pas évité les fautes de gout dans l'excès d'enthousiasme: sa séquence du 'spider pit', qui tente de recréer la fameuse scène perdue de King Kong (un vieux rêve du cinéaste, qui en a aussi fait un pastiche "à la manière de") est un catalogue navrant et lassant de créatures toutes plus immondes les uns que les autres. Mais de fait, on sent un enthousiasme juvénile dans cette réappropriation d'un mythe.

Au-delà du plaisir bluffant de recréer un monde en Nouvelle-Zélande (Dont un New-York enluminé d'une palette qui renvoie au technicolor deux bandes contemporain du premier film), Peter Jackson part de la même histoire, et la situe en la même année que la sortie de l'original, soit 1933. Si le développement le plus spectaculaire concerne la relation entre Kong le grand singe (Andy Serkis) et Ann Darrow (Naomi Watts), c'est aussi que le cinéaste a probablement voulu sortir des années 30, et de la litanie de hurlements auxquels Fay Wray, en véritable "damsel in distress" des années 30, était condamnée. Elle n'était qu'une anonyme qui souffrait de la faim dans le New York en crise; la Darrow de Naomi Watts est dotée d'un vrai métier, elle est actrice de vaudeville. C'est avec cet ingrédient qu'elle va apprendre à communiquer avec le grand singe, et établir un rapport... Et elle va, à New York, faire une apparition de star pour retrouver son imposant compagnon.

On notera par contre que si le thème de la masculinité si présent dans le film initial (Avec l'érection finale de son Empire state building) est repris et légèrement redéveloppé, voire souligné à travers les figures masculines présentes (Jack Driscoll, héros courageux, mais parfois inefficace, supplanté en compagnon d'Ann par Kong; Bruce Baxter, caricature lâche de mâle dominant), c'est malgré tout un autre thème qui l'emporte: on ne s'étonnera pas de retrouver en Jack Black un Carl Denham excessif, obsédé du cinéma, entouré d'un Jack Driscoll dramaturge, d'une Ann Darrow elle aussi du métier: ce film, l'oeuvre d'un passionné qui peut exceptionnellement manipuler les jouets dont il rêve depuis toujours, et qui a quasiment carte blanche après le succès phénoménal de sa trilogie, parle une fois de plus de l'importance de l'imaginaire, de l'art, de la création... du cinéma, enfin!! Donc il est inutile d'aller chercher plus loin: ce film dont on se serait si bien passé tant il ne s'imposait en rien, est une fois de plus une oeuvre personnelle d'un auteur parmi les plus attachants qui soient.

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Published by François Massarelli - dans Peter Jackson Groumf
22 décembre 2011 4 22 /12 /décembre /2011 17:48

Film de la décennie? King Kong est, à tous points de vue, un miracle. D'une part, il est le symbole d'un cinéma Américain qui relève la tête, en pleine crise mondiale, en proposant un spectacle de plus d'une heure et demie, planifié et accompli trois années durant par des artistes et des techniciens au sommet de leur art; ensuite, il représente une rareté (pas absolue, il y a d'autres exemples, mais sont ils aussi flamboyants?): un film fantastique qui ne repose sur aucun texte, aucune légende, aucun précédent, et qui va générer un mythe encore valide aujourd'hui, comme le prouve la bonne tenue du remake du fan Peter Jackson; enfin, il est un autoportrait de Merian C. Cooper (Carl Denham) doublé d'une allégorie sur l'homme et la nature, dont la structure est absolument parfaite; l'intrigue avance à un rythme soutenu, et fonctionne malgré les visions répétées. Et en prime, le film offre une vision frontale de la crise dès ses premières 10 minutes! Une accumulation de performances, qui sont à trouver dans l'excellence technique de l'animation et des effets spéciaux, tous accomplis avec maestria. N'oublions pas la beauté de la musique de Max Steiner, qui sait accompagner l'inquiétude des personnages et générer l'angoisse du spectateur lorsque celui-ci ne sait pas encore ce qu'il va voir (L'avancée du S.S. Venture à travers le brouillard, par exemple, à l'aproche de l'île), amplifier l'impression d'horreur baroque (Lorsque les indigènes de l'île donnent Fay Wray-Ann Darrow à Kong, Steiner soutient, prolonge le rythme des tambours) et passer au point de vue de Kong, lorsque la musique des indigènes s'arrête, la partition de Steiner l'accompagne en se substituant au bruitage du monstre!

Voilà, tout ce préambule pour énoncer des évidences: King Kong est un chef d'oeuvre, et bien sur il date de 1933, et donc la vision des indigènes de l'île y est volontiers caricaturale. Sauf que... On a beaucoup parlé des séquences disparues du film, et de celles qui ont été retrouvées. On sait que la version actuellement disponible contient tout ce que Cooper a voulu laisser dans le film (Il semble que la fameuse scène des araignées ait été enlevée avant la première par les auteurs, qui trouvaient qu'elle ralentissait le film. Sorry, Peter Jackson!!); mais parmi les scènes longtemps censurées, il y avait d'une part les séquences à connotation sexuelle, et d'autre part les bribes d'une scène de massacre, lorsque Kong dépasse le mur et commence à tout casser et à tout tuer, avec une certaine cruauté, dans le village de ses adorateurs. Mais cette scène certes cruelle mais indispensable trouve un écho parfait dans le massacre des New Yorkais par le gorille géant, de même que la detsruction des huttes trouve un écho dans les agissements du singe lâché en ville.

Ce ne sont pas les seuls parallèles à trouver dans le film. ils abondent, dans une structure riche en rebondissements, mais à la cohérence à toute épreuve: la tête exaltée de Denham lorsqu'il "trouve" Ann Darrow au début du film, et qu'il constate qu'elle a la silhouette idéale pour être son héroïne (Robert Armstrong la regarde en détail, partout ou il faut), est répétée par le visage réjoui de Kong, vu en gros plan après son affrontement avec l'allosaure. On songe d'ailleurs aux paroles de Zaroff dans The most dangerous game, qui parle de l'importance de la femme en tant que récompense du chasseur victorieux... De même, l'offrande faite à Kong, avec Ann attachée à deux poteaux, trouve-t-elle un écho dans la scène du théâtre, avec cette fois Kong en victime sacrificielle; regardez les tous les deux se dégager de leurs liens, l'une motivée par la peur, l'autre par la colère...

Denham, c'est Cooper, on le sait. L'auteur de l'anecdote a mis suffisamment de lui-même dans le personnage obsessionnel de ce showman de génie qui croit avoir trouvé le spectacle ultime en la persone de Kong. Mais c'est intéressant de réfléchir à la raison d'être de ce voyage: comment Denham sait-il ce qu'il va trouver sur l'île? c'est un point qu'il ne vaut mieux pas creuser, mais on constate qu'il vient en toute connaissance de cause, avec sa fameuse réplique: "Did you ever hear of...Kong?". lorsqu'il demande cela au capitaine du Venture, il a lui une idée du monstre qu'il vient chercher. Il a les plans d'une île mystérieuse, oui, et a du recouper des on-dits et des légendes locales pour finir par être persuadé de l'existence d'un gorille géant. On sait, grâce à la fameuse scène anaphorique (Un flash forward, donc) du test caméra de Ann Darrow réagissant à un monstre invisible qui n'existe que dans sa tête, que le danger qui est dans la tête de Denham est contagieux. Mais une fois arrivé dans l'île, on est chez le docteur Freud. Bien sur la montagne ressemble à un crâne humain, mais on est quand même bien loin dans l'inconscient. Après tout, cette pauvre Ann Darrow est ressentie, on s'en doute comme un passe-temps de premier choix par les indigènes qui vont la donner en pature à leur divinité poilue. Et le singe, on le sait, tombe amoureux d'elle, ne négligeant pas une occasion de l'inspecter, la humer, la toucher de ses gros doigts boudinés, et bien sur de la déshabiller entre deux palpages; revenus à New York, le singe et ses kidnappeurs vont à nouveau se confronter au sexe et à la pulsion, avec atteinte à la masculinité (un train stoppé dans sa course), masturbation métaphorique (Le dit train brisé et vidé de ses occupants), pénétration manifeste doublée de viol (Le bras de Kong vient chercher Ann là ou elle se croit sauve), et bien sur la plus belle érection de toute l'histoire du cinéma, qui se terminera mal: l'Empire State Building sera d'ailleurs réutilisé par Warhol avec ce même sens. De quoi en conclure que tout gorillle lâché dans New York attire forcément les effusions...

A la fin du film, faut-il voir une forme d'humour auto-critique lorsque Denham semble prêt à triompher d'avoir eu raison ("It was beauty killed the beast", dit il depuis 90 minutes) alors qu'il est responsable de la mort d'un grand nombre de personnes, de destructions inouïes, et pour tout dire du chaos? en même temps, le film s'accomplit sous la forme d'un double crescendo qui est encore très efficace, 78 ans après. Mais Denham reviendra, pour le pire et pire encore, avec le film suivant de Cooper et Schoedsack, une suite vite faite et bien mal faite, qui ne fait honneur à aucun des artistes géniaux qui ont suivi le duo jusqu'à cette deuxième aventure: Son of Kong est un abominable navet. Pas King Kong; son statut royal, ce film ne l'a pas volé!

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Published by François Massarelli - dans Pre-code Merian Cooper Groumf
17 mars 2011 4 17 /03 /mars /2011 18:14

Donc, Keaton est passé au long métrage avec cet étrange film, toujours drôle, mais dont il faut bien dire qu'il est une parodie d'Intolerance: un rappel de l'influence de Griffith sur Keaton, qui s'en souviendra de nouveau avec son film suivant. en attendant, il réalise avec ce film une passerelle adéquate entre ses années de formation, marquées par ses 19 courts métrages, et ses années classiques, qui comptabiliseront 12 longs métrages jusqu'à la victoire finale du parlant.

Three ages a la réputation fausse d'avoir été décidé comme un film à sketches afin de permettre le découpage en 3 courts métrages en cas de flop, ce qui ne tient pas une seconde... Si il présente en effet trois fois vingt minutes de trois histoires différentes, elles ne se départagent que par les données temporelles, sinon, ce sont les mêmes acteurs (Keaton, Margaret Leahy, Wallace Beery et Joe Roberts), et la même histoire à chaque fois: Beery et Keaton convoitent tous les deux Leahy, qui en pince pour Buster, mais les parents de cette dernière (Dont Joe Roberts) préfèrent l'autre. Ils tentent de se départager par divers moyens, sous forme d'affrontement, sportif ou autre, et bien sur Beery triche, et bien sur Buster gagne. La première histoire est située dans une préhistoire idiote, avec dinosaures et peaux de bêtes, la deuxième dans une Rome luxueuse, et la troisième en 1923. Enfin, comme dans Intolerance, Keaton mélange tout et lie avec des intertitres. il se paie même le luxe d'introduire en faisant une déclaration d'intention assez ronflante ("Voyons comment l'amour a progressé à travers les ages"), et utilise une figure symbolique qui lit un livre pour lancer le sujet. Mais ce n'est pas Lillian Gish, juste un vieillard anonyme avec une faux. Bref, on ne voit pas tellement comment il aurait pu être question de sortir ces trois histoires indépendamment les unes des autres, et comment imaginer que le public ne puisse pas s'apercevoir de leur similarité... 

Bien sur, le décalque d'Intolerance n'est pas à prendre au sérieux, mais d'une part il empêche paradoxalement la redondance, permettant même la comparaison entre les différentes histoires, et la juxtaposition sert vraiment le film, qui est de fait plus intéressant que la somme de ses parties. Mais de la façon dont Keaton conclut sur la partie moderne, on devine aisément qu'il en a fait son histoire centrale, et de fait c'est la plus soignée, avec à la fin es cascades spectaculaires. De fait, si on se concentre sur cette partie du film, on constate qu'il semble s'éloigner du coté cartoon de ses courts, et qu'à part les digressions temporelles inhérentes au projet, et qui sont annoncées sans surprise au début, le film est privé de ces ruptures étonnantes, de ces trompe-l'oeil et de ces changements brutaux de ton qui ont fait le style de Keaton jusqu'à présent. Les autres longs métrages confirmeront cette impression.

Sinon, Keaton contrairement à Arbuckle n'a pas renié totalement le style de comédie qui est le sien, et s'amuse beaucoup dans les deux autres histoires, bourrées d'anachronismes joyeux. Il met l'accent sur le sport, aussi, sa grande passion, et assume une part importante des cascades. Il est à noter que l'équipe technique reste très proche de celle de la plupart de ses courts métrages, avec pour commencer le co-auteur de ce film, Eddie Cline, qui partira ensuite pour assumer une petite carrière de spécialiste de la comédie (sans jamais retrouver la plénitude de ses années avec Keaton... Tiens donc, c'est exactement le cas de Sedgwick, Reisner, Bruckman et Crisp. Bref, aucun d'eux n'était Keaton!), mais on retrouve aussi Elgin Lessley, chef-opérateur atitré des courts, et le décorateur Fred Gabourie, qui profite ici de décors d'un autre film pour l'épisode Romain. Les gagmen, Jean Havez ou Clyde Bruckman, sont toujours là... Ce ne sera pas toujours le cas, mais pour l'instant on sent bien que Buster Keaton a les mains libres. Son premier long métrage n'a pas le raffinement de The Kid, ou la classe des premiers Lloyd (Rien qu'en 1923, celui-ci a déja produit Why worry? et Safety Last!), mais le succès de cette pochade très bien ficelée va permettre à Keaton de faire ce qu'il veut, et le second film Our hospitality sera splendide. 

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Published by François Massarelli - dans Buster Keaton Muet 1923 ** Groumf