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25 décembre 2022 7 25 /12 /décembre /2022 09:19

1936, près d'un petit village en Italie: un brave menuisier et son fils vivent en paix, et le garçon, Carlo rêve sous la bienveillance de son père, comme le font les enfants de son âge. En voyant les avions, au début, il n'a pas vu autre chose que sa fascination pour ces engins, et n'a pas vu surtout ce qui l'attendait: Carlo, en effet, va mourir dans le bombardement accidentel de l'église de son village: des avions partis distribuer la mort en Espagne, et qui en revenant probablement en Allemagne, se sont délestés en passant... Son père, Gepetto, sera inconsolable. Jusqu'au jour où, n'en pouvant plus de passer tout son temps libre, puis tout son temps tout court, à boire devant la tombe de Carlo, il va décider de construire une réplique en bois de son fils! Adroit de ses mains, mais saoul, il construit une marionnette, en effet, avec un pin que Carlo avait planté... 

Quand Gepetto va se coucher, il ne sait pas qu'il a eu un témoin dans son délire: Sébastian, un criquet très philosophe qui avait cru bon d'élire domicile dans l'arbre creux... Du coup, pour lui, la marionnette était son domicile; sauf que... le petit domicile reçoit une étrange visite pendant la nuit, celle de l'esprit du bois, qui va animer la marionnette, baptisée Pinocchio... Au réveil Gepetto découvrira que la marionnette mal foutue qu'il a construite pendant sa cuite est désormais très animée, désordonnée, espiègle, et... énergique! Une marionnette qui ne pouvait pas plus mal tomber: engagée dans la guerre, l'Italie fasciste n'est pas un endroit très rassurant pour un petit garçon, à plus forte raison s'il sort de l'ordinaire...

Guillermo del Toro, qui portait ce projet depuis longtemps, souhaitait le faire en animation stop-motion, soit image par image... Cette technique qui consiste à filmer, une image après l'autre, des marionnettes qui sont faites de parties construites spécialement pour couvrir toutes les positions possibles, toutes les expressions possibles. Soit un travail de titan... C'est bien sûr à porter au crédit des deux co-réalisateurs del Toro et Gustafson, que de souligner qu'on a l'impression la plupart du temps que ce plan a été abandonné et que le film a en fait été tourné en images de synthèse, tellement le résultat est beau, fluide, et... infiniment supérieur à tout ce que vous pouvez imaginer en termes d'animation 3D malgré tout. D'une part parce que c'est graphiquement très original (ce qu'on ne peut plus guère dire de la plupart des films d'animation en 3D), et totalement dénué de toutes ces traditions, sales manies et raccourcis d'animation qui font que tous ces films se ressemblent. Ensuite, parce que si l'animation est d'une perfection rare (alors que le stop-motion porte en lui son imperfection, quand même, et la tradition a toujours été de ne pas le cacher complètement, voire de le souligner comme c'est le cas chez Aardman... Et rappelez-vous de King Kong!), la vie, le côté tangible de ce qui nous est montré, sont d'une véracité exceptionnelle. Bref, au bout de quelques minutes on n'a aucune peine à oublier l'artifice, et on s'immerge totalement dans le film...

Le fait qu'il y ait deux réalisateurs s'explique facilement: del Toro, depuis toujours, est un graphiste, un cinéphile aussi, très connaisseur de l'animation et du cinéma fantastique sous toutes ses formes... Mais il n'est pas du sérail de l'animation, et tout comme Tim Burton retournant à l'animation avec ses Noce funèbres, puis avec le long métrage Frankenweenie, avait du se faire accompagner, del Toro a donc fait appel à un animateur dont c'est, au passage, la première réalisation. On imagine que la division du travail s'est faite naturellement, et on ne doute pas un seul instant que la maîtrise globale du film soit à créditer à del Toro. Maintenant ce dernier n'est pas Walt Disney, soit un homme qui va créditer son seul nom au générique quand il n'a en réalité pas réalisé ni animé le film... Et il n'est pas non plus comme Burton sur The nightmare before Christmas (de Henry Selick) un producteur exécutif auquel tout le monde va attribuer la paternité du film alors qu'il n'en est rien... Non, ce film est du del Toro pur jus.

Probablement envisagée en hommage aux grands noms de l'animation (notamment le premier maître Starewitch dont l'influence est évidente, ne serait-ce qu'en raison du design particulièrement évocateur du criquet), le choix de l'animation réelle en volumes se justifie pleinement, d'une part parce qu'après tout il s'agit ici d'une histoire de marionnette et de marionnette animée, plus encore: d'une marionnette qui au fond d'elle-même, de par les circonstances, devient "un vrai petit garçon", leitmotiv des désirs de Pinocchio. D'autre part Guillermo del Toro voulait certainement se démarquer totalement de la production Disney de 1940, ainsi que de sa resucée contemporaine par Zemeckis, d'ailleurs sortie elle aussi ces jours-ci, les deux films étant en concurrence directe (sous les bannières ennemies de Netflix et Dinsey +). Donc on va le redire ici: non, ce film n'est pas l'actualisation par Disney du long métrage classique, et en passant mais quelle est cette sale manie de vouloir absolument oblitérer ses chefs d'oeuvre? passons... Le film de Guillermo del Toro est totalement original et s'il a décidé de retourner à la source, soit le roman de Collodi paru en 1881, il l'a aussi ancré dans la réalité de l'Italie fasciste, faisant de son film d'animation un cousin de L'échine du diable et du Labyrinthe de Pan, avec lesquels il partage d'ailleurs plus d'un aspect!

Car si le film retient la thématique propre à Pinocchio, qui à travers cette marionnette venue de nulle part et dont la vie se justifiait par la magie, se voulait une satire morale et sociale, tout en étant l'histoire d'un être décalé et n'ayant sa place nulle part, del Toro en fait aussi un drame du  XXe siècle, ancré dans cette période noire de la montée puis du délire des extrêmes. Et si Pinocchio, Gepetto et compagnie vont bien affronter des dangers fantastiques, dont un gigantesque poisson au fond duquel il vont séjourner un temps, ce sont les monstres humains qui seront les plus redoutables, et leur univers envahissant, fait de bombes, de camp d'entrainement pour jeunes garçons innocents transformés en machines à tuer, de champs de mines, et de posters du Duce (qui est d'ailleurs présent dans le film, avec son front bas et son air de ne rien avoir inventé du tout faute de matière grise) est omniprésent dans le film. Mais au passage, les braves gens ne sont pas en reste: quand Carlo est encore vivant, et que Gepetto se rend au village pour travailler sur un crucifix à l'église, il est salué par la population, et accueilli à bras ouverts par le prêtre de la paroisse. Mais quand il a tout plaqué suite au décès de son fils, il est complètement lâché par la population, et le prêtre participe à la curée (si j'ose dire) d'autant que le vieux menuisier a laissé sa statue du Christ en plan. Mais le prêtre semble bien, dans ce film, être le premier à mettre sa soutane au service du fascisme. Un point que je ne vais pas développer tant il me semble se suffire à lui-même!

Et à l'univers fantastique du film (le poisson, le criquet qui parle, les lapins gardiens du purgatoire, ou encore les deux "esprits", jumelles antagonistes, tiens, comme dans Okja de Bong Joon-ho, et également interprétées par Tilda Swinton!), parfois hostile mais dans lequel Pinocchio, lui même une créature extraordinaire, évolue sans heurts, del Toro oppose une galerie de personnages dominée par le comte Volpe, un marionnettiste qui va se saisir de l'opportunité formidable qu'est Pinocchio, et surtout le Podestat, dignitaire fasciste du village, qui est son principal villain. Et il fait particulièrement penser à d'autres personnages, notamment Sergi Lopez dans Le Labyrinthe, et surtout Michael Shannon dans The Shape of water... Un être profondément maléfique, qui semble attiré par l'innocence des enfants pour mieux la subvertir... Bref, un sale humain, quoi, le genre à faire la guerre, faire faire la guerre, servir la dictature, la haine et le mensonge. Autant d'écueils qui trouvent tous un écho dans le parcours semé d'embuches d'un petit garçon... 

La musique, parlons-en même brièvement, a été confiée à Alexandre Desplat, qui ne s'est pas contenté d'écrire une partition comme d'habitude impeccable et brillante: tradition de l'animation oblige, il y a quelques chansons, et elles sont superbes... Elles accompagnent l'intrigue, bien sûr, sont parfois justifiées intrinsèquement, et surprennent par leur délicatesse et leur finesse. Il faut dire qu'on est tellement habitués au rouleau compresseur des musiques de film de chez Disney...

D'une richesse visuelle et thématique telle qu'un article n'y suffira jamais, brassant des thèmes incroyablement nombreux et pertinents, le film se pose en oeuvre majeure d'un parcours cinématographique que le réalisateur a voulu éclectique et gourmand. C'est aussi un film merveilleux dans lequel on se plaira à retourner, parce que... qu'est-ce que c'est beau! 

 

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Published by François Massarelli - dans Animation Guillermo del Toro Criterion
18 avril 2022 1 18 /04 /avril /2022 08:39

1939: Stanton Carlisle (Bradley Cooper), un homme inquiétant et mystérieux se joint à des forains dans un patelin à l'écart du monde. Il va s'installer et travailler parmi eux, et montrer assez vite des dispositions spectaculaires pour la manipulation du public, auquel on fait croire que le maître de cérémonie et son assistante possèdent des dons mentaux extraordinaires. Il monte un à un les échelons en ayant de plus en plus la confiance de ses pairs, et finit par "hériter" d'un système mis au point par un vieux forain alcoolique que Carlisle lui-même a plus ou moins poussé vers la tombe. Avec Molly (Rooney Mara), une artiste du cirque (Spécialisée dans... l'électrocution, on peut parler de coup de foudre) qu'il a plus ou moins embobiné, Stanton change de registre et va désormais se produire en ville, dans des salons et des hôtels de luxe. Il attire l'attention de l'étrange psychiatre Lilith Ritter (Cate Blanchett), avec laquelle il monte une escroquerie à grande échelle pour soutirer de l'argent de nombreuses personnes de la bonne société New Yorkaise...

Ca a surpris, forcément, ceux qui attendaient de Del Toro une suite au Labyrinthe de Pan, ou à The shape of water. Mais le metteur en scène a décidé de changer d'univers et déploie ainsi son talent stylistique pour une histoire dans laquelle rien de surnaturel n'effleure, y compris ou surtout d'autant plus qu'il est question ici de don, de transmission de pensée, de fantômes, de médiums et de visite d'entre les morts... Mais pour ce faire, le réalisateur effectue un remake d'un classique du film noir, réalisé en 1947 par Edmund Goulding. Un remake qui va se servir de toute l'expressivité de son metteur en scène pour devenir un tour de force baroque. On n'en attendait pas moins...

Place donc à une intrigue qui part, sinon à la source, d'un passé qui hante le personnage principal. Il est troublant de voir à quel point Bradley Cooper a joué son personnage comme un homme démoniaque, dont les blessures évoquées finissent toujours par remonter à des crimes. Le film, d'ailleurs, commence sans équivoque, par nous montrer l'homme transportant dans une maison délabrée un cadavre, le dissimulant dans une cachette sur le plancher avant de mettre le feu à la baraque: Stan est pour tout le reste du film associé à cette image diabolique... C'est le hasard qui le conduit vers les forains, mais son talent de manipulateur est phénoménal et tout se passe comme s'il poussait les gens à l'aimer, ou l'engager, ou le suivre. Son travail de bonimenteur sera donc basé sur un talent naturel... 

Del Toro prend le temps d'installer un univers de fête foraine qui est d'une incroyable richesse, en laissant libre cours à ses penchants esthétiques, associant les contraires et cherchant la beauté dans les coulisses du monde: la galerie de portraits qui s'ensuit est fabuleuse: Clem (Willem Dafoe), le propriétaire des lieux, est un paradoxe vivant, un forain qui tente de faire avec rigueur et honnêteté un boulot qui consiste à mentir et duper pour soutirer de l'argent, mais légalement. Zeena, la montreuse de cartes (Toni Collette), a vu venir le jeune homme et l'accueille sans ambiguité: elle sait qu'il apportera son lot d'ennuis. Son compagnon, Pete (David Strathaim), est un vieil homme lessivé que l'alcool a complètement ravagé. Molly est une jeune artiste de cirque qui a hérité de la vocation mais qui est sous la protection des larges épaules de Bruno, le costaud (Ron Perlman) dont le meilleur ami est le major Mosquito (Mark Povinelli), homologué (dit la publicité de la foire) comme étant le plus petit homme du monde... D'autres artistes seront vus, sans avoir à proprement parler des rôles de premier plan: un contorsionniste, un homme au système pileux envahissant, des "pinheads", une femme-araignée sortie tout droit de The show, de Tod Browning, des hommes-canons... Et un Geek.

Tel Tod Browning dans certains de ses films (The unholy three, The show, West of Zanzibar, Mark of the vampire et Miracles for sale), le réalisateur va donner les clés de quelques techniques de manipulation du public et autres attractions. Parmi ces dernières on prêtera d'autant plus attention au "geek" qu'il est souligné à plusieurs reprises. C'est donc un artiste de cirque, mais ce que révèle Clem à Stan dans la première demi-heure, c'est qu'il s'agit d'un homme qui est arrivé au bout du rouleau, soit alcoolique, soit junkie. A cette époque, nous révèle le professionnel, les vétérans qui sont revenus opiomanes sont tellement nombreux, il suffit de tomber sur celui qui est allé au bout de son humanité. Le personnage en question, qui va marquer de son empreinte le film tout en étant pratiquement cantonné à sa première demi-heure, est vu pour la première fois quand il croque un poulet en public. 

Vivant, bien sûr.

Et pourtant c'est un film noir, dans lequel le personnage sombre trouvera la femme fatale à sa mesure: inutile de dire qu'il ne s'agira pas de Molly, la frêle enfant de la balle, qui est incarnée ici par Rooney Mara dans un registre qui la rapproche d'autres femmes-enfants des films du metteur en scène, en premier lieu Ofelia (El Laberinto del Fauno) et Elisa (The shape of water). Mais cette fois elle n'est en aucun cas le centre du film... Par contre elle agira à plus d'une reprise en révélateur et en catalyseur. Elle permet aussi au personnage de Stan de perdre une partie de son caractère démoniaque. Non bien sûr, la femme fatale proverbiale du film est bien sûr l'étrange docteur Ritter, qui cache derrière ses manières des penchants pour la manipulation elle aussi, un carnet d'adresses pousse-au-crime, mais surtout des cicatrices mystérieuses... Des séquelles d'une agression perpétrée par l'un des hommes dont elle veut faire une de ses victimes en utilisant les manipulations pseudo-surnaturelles de Stan. Il s'agit donc d'un projet de vengeance, mais une vengeance dans laquelle Stanton est l'instrument, pas le véritable criminel. 

Ce que confirme son statut dans le film: il est venu, il est passé, il a trompé son monde, et puis ...pouf! Le personnage est de toute façon un spécialiste de la séduction immédiate, mais a les plus grandes difficultés à se faire aimer ou à être crédible sur la distance. Bref, il va vers son destin, que je vous laisse évidemment découvrir dans ce nouveau conte noir, pas fantastique sans doute, mais vénéneux... ça oui! Un film dont l'atmosphère est une grande réussite, avec une galerie de personnages qu'on ira retrouver avec bonheur. Deux motivations pour Guillermo Del Toro à faire le film, à n'en pas douter...

 

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Published by François Massarelli - dans Noir Guillermo del Toro
12 septembre 2021 7 12 /09 /septembre /2021 10:12

Hellboy et ses copains mutants travaillent pour le gouvernement Américain mais leur supérieur le Dr Manning (Jeffrey Tambor) aimerait qu'ils soient un peu plus discrets... Surtout le grand diable rouge. Mais ça va être difficile, car le Prince Nuada du royaume des Elfes a décidé de récupérer le pouvoir en tuant son père et de faire la guerre aux hommes...

J'ai résumé au plus court, parce que même si Guillermo Del Toro s'est investi personnellement et a lui-même imaginé et écrit cette histoire avec la rigueur et le soin qui le caractérisent, l'intérêt est strictement dans la mise en images d'un comic book qui l'a hautement inspiré, et je parle bien sûr ici de sa maîtrise visuelle... et c'est la fête. Grâce à son bon goût, le réalisateur qui n'abuse jamais des effets numériques a su créer de toutes pièces, avec une combinaison de moyens concrets et de moyens virtuels, un univers totalement enthousiasmant, dans lequel l'inquiétant (et parfois le très inquiétant, comme ces myriades de créatures vorace qui mangent les hommes en commençant par leur denrée préférée, les dents) le dispute constamment au féérique...

Si l'univers de Hellboy reste un terrain de jeux moins important que les deux films hispanisants sur le fascisme, ou l'extraordinaire conte The shape of water, Guillermo Del Toro se plaît à mettre en scène ses personnages décalés, véritables marginaux de la lutte contre le mal. Et il est difficile de ne pas craquer pour la loufoquerie de ce grand et costaud diable de Ron Perlman, qui s'émeut de la possibilité qu'un monstre puisse manger un chat (Hellboy adore les chats, une preuve de bon goût, et ce n'est en rien alimentaire) avant de distribuer d'authentiques bourre-pif qui bourrent vraiment les pifs. Un personnage avec cigare mais sans filtre, qui est rafraîchissant par sa réelle originalité dans le tout-venant médiocre des super-héros de tous poils.

 

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Published by François Massarelli - dans Guillermo del Toro
2 août 2021 1 02 /08 /août /2021 08:42

Les vampires sont inquiets: il y a un nouveau mutant qui les supprime à raison d'une douzaine par jour... Ils vont donc faire appel à leur pire ennemi, le super-héros pas rigolo Blade, déguisé non intentionnellement en clown cyber-punk...

C'est le quatrième film de long métrage de Del Toro, et c'est une commande des producteurs Germano-Américains du premier opus de cette franchise qui ne contiendra en tout et pour tout que trois films. La star Wesley Snipes y incarne un être mythique, mi-vampire, mi-humain, tout désigné pour combattre les créatures de la nuit (les vampires, bien sûr) avec des armes et une détermination sans faille... Les motivations du metteur en scène sont d'une part de continuer à marquer le cinéma populaire de son empreinte, mais aussi de se concentrer cette fois sur l'illustration pure: il n'a rien injecté de personnel, du moins apparemment, dans ce film, qui est donc bien un film d'action: un truc con, et immédiatement digestible, un héros avec zéro humour et une tendance à distribuer les bourre-pifs avant le petit déjeuner... Avec des scènes étonnantes, parfois. En particulier une très belle mort de vampire sur un magnifique lever de soleil...

Cela a-t-il de l'intérêt? Très peu. Mais bon, sans aucun doute, qu'on le veuille ou non, sans un Blade II ou un Mimic, pas de Labyrinthe de Pan...

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Published by François Massarelli - dans Guillermo del Toro
27 juillet 2021 2 27 /07 /juillet /2021 11:31

A New York, une entomologiste et un responsable local de la santé ont triomphé d'une épidémie véhiculée par les cafards en prenant le problème à la source: ils ont introduit une mutation des bestioles qui les ont éradiquées... Du moins le croient-ils. Car quelques mois plus tard...

C'est un film d'horreur tout ce qu'il y a de plus classique, avec son lot de sales bêtes qui viennent de partout, pour se frotter les mandibules, ce sera donc toujours un défi pour les insectophobes (j'en suis)... Mais c'est aussi e=le deuxième film, et le premier en Anglais, de Guillermo Del Toro qui doit ici composer avec Miramax qui ne lui a pas laissé les coudées très franches, donc le film s'impose quelques haltes gores un peu gratuites en plus d'un sous-texte dans lequel le metteur en scène commence à explorer ses propres démons: les deux héros (l'entomologiste marié au fonctionnaire local, d'ailleurs un type assez con, dont on regrette presque, spoiler, qu'il s'en sorte à la fin) sont tartes, mais autour d'eux, une petite faune se laisse voir...

On notera en particulier une figue qui revient un peu partout dans ses films, un garçonnet avec de sérieux problèmes de communication, d'ailleurs d'origine Mexicaine, qui est aidé dans la vie par un grand-père très vieillissant, et quelques autres enfants hauts en couleur. La présence obsédante de la religion catholique est un des motifs du film aussi... Un film qui au final paraît bien plus inoffensif que celui qui l'a précédé et celui qui l'a suivi.

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Published by François Massarelli - dans Guillermo del Toro
20 juillet 2021 2 20 /07 /juillet /2021 07:28

Un jeune garçon perd ses parents, et trouve refuge auprès de sa grand-mère... Qui va lui apprendre à se méfier des sorcières car elles sont partout! Justement, le garçon a fait une mauvaise rencontre dans le quartier, et la grand-mère prend la décision de partir se réfugier dans un hôtel, plus au Sud: manque de chance, on y attend un congrès d'une association caritative bidon, qui est en fait un rassemblement de sorcières décidées à se débarrasser de leur ennemi juré: les enfants... en les transformant en souris!

Le scénario a donc fait se déplacer l'intrigue de la Grande-Bretagne ers les Etats-Unis, plutôt vers le Sud, et les héros sont Afro-américains... Mais si l'espace d'un instant, on croit qu'il va y avoir une métaphore, on se trompe. Je pense d'ailleurs qu'il serait assez malaisé de s'amuser à vouloir tripatouiller Roald Dahl dans un sens qui confinerait à l'anti-racisme ou à un traitement parabolique de l'histoire de la ségrégation, vu son indécrottable antisémitisme assumé jusqu'à la nausée... Pas dans ses écrits apparemment. Zemeckis a néanmoins joué sur la couleur locale, avec notamment un superbe accent sudiste magnifiquement reproduit par la grande (hum) Ellen Chenoweth, qui interprète l'une des "souris". Le,  film, d'ailleurs coécrit et coproduit par Guillermo Del Toro, est surtout une histoire pour enfants, assumée comme telle, avec de purs moments de plaisir. C'était, en tout cas, l'intention!

C'est du Zemeckis, ce qui veut dire que nous avons, aux commandes, un sorcier de l'image qui a pour profession de foi qu'on peut tout faire, et parfois avec lui, le principal problème est qu'il s'emploie généralement à le démontrer. Mais ses plus grands films, même Forrest Gump, réussissent à transcender cet aspect. Ses pires s'y vautrent et s'y engluent. The witches, d'ailleurs également coproduit par Alfonso Cuaron, est au milieu, souvent drôle, et très retenu dans ses 39 premières minutes qui sont une exposition exemplaire au premier degré (si ce n'est une brillante introduction à la Dahl où la narration, par Chris Rock, est véhiculée par une voix off souvent très drôle), mais quand les effets spéciaux sont de la partie, on peut faire confiance à Zemeckis pour d'une part en faire trop, et d'autre part bâcler un peu, en usant et abusant de la motion capture. 

Reste une histoire simple comme bonjour, et quatre prestations impeccables: Stanley Tucci en gérant d'hôtel obséquieux à l'extrême; Octavia Spencer en grand-mère pleine de ressource; Ellen Chenoweth, déjà citée; et bien sûr Anne Hathaway qui s'est fixé comme mission d'aller au bout d'une interprétation qui tire la couverture à elle, fidèle à la loi Hitchcockienne: un méchant réussi, ça peut vous sauver un film. Mais ici, on reste quand même, bien fermement, au milieu...

 

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Published by François Massarelli - dans Robert Zemeckis Alfonso Cuaron Guillermo del Toro
2 février 2020 7 02 /02 /février /2020 17:49

Comme une pause fun entre deux films-fables autour de l'histoire et de la Guerre d'Espagne, ce Hellboy fait semblant lui aussi de prendre sa source dans l'Histoire avec un grand H, alors qu'il vient beaucoup plus de la fantaisie pure des comic books de Mike Mignola: car l'intrigue concerne, quand même, un démon des enfers, surnommé donc Hellboy, et invoqué en 1944 par une troupe de nazis, dont un immortel avec une tenue à la Darth Vader, avant d'être intercepté et élevé  par une brave troupe d'alliés...

Le film ne fait jamais la bêtise de perdre son humour, et ne perd vraiment son intérêt que quand les CGI sont utilisés avec excès pour créer des monstres d'une laideur absolue (nous sommes donc arrivés à l'âge de la tentacule dégoûtante). L'intrigue ou ce qui en tient lieu, écrite par del Toro lui-même, est parfaitement fonctionnelle et permet au réalisateur de se laisser aller à ses figures imposées, notamment en mettant le monstre du film (Ron Perlman, en pleine forme) aux prises avec des hommes, des femmes, un enfant, et des affections. Le démon mal poli et fumeur de cigares parle peu mais n'en pense pas moins, et voit rouge quand des chatons sont en danger... et surtout, il adore exploser les nazis.

Sinon, il est flanqué d'un copain de bureau, autre créature fantastique, qui est une sorte de mutant aquatique, et qui possède un certain sens de l'humour. Il est, surtout, autant une réminiscence (The creature from the black lagoon) qu'une préfiguration de la créature ultra-sensible et muette de The shape of water...

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Published by François Massarelli - dans Guillermo del Toro
21 décembre 2019 6 21 /12 /décembre /2019 16:39

1939, en Espagne: les Nationalistes de Franco ont quasiment gagné et les Républicains sont en pleine débandade. Un enfant, accompagné par son tuteur Républicain, arrive dans une petite institution Catholique au Sud du pays, tenue par des sympathisants de la cause perdue, le docteur Casares (Federico Luppi) et Carmen (Marisa Paredes). Carlos (Fernando Tielve), qui apprend à la dure qu'il est venu pour rester dans l'école (son tuteur part sans lui), est un garçon intelligent, qui va être confronté d'abord à la dureté des garçons de son âge, mais aussi à des événements surnaturels: il rencontre le fantôme de l'endroit, un garçon prénommé Santi, dont il va élucider le mystère de la disparition.

Il est aussi confronté à la fin d'un monde, pourtant situé à l'écart des villes et du tumulte de l'arrivée du fascisme. Une fin qui n'aura rien de surnaturel, et qui sera essentiellement l'oeuvre d'un homme, Jacinto (Eduardo Noriega), un ancien pensionnaire devenu concierge et qui garde une rancune particulière envers l'établissement, où il ne reste que parce qu'il sait que la directrice Carmen a de l'or (appartenant aux Républicains) caché quelque part... En attendant de le trouver, il se comporte en véritable cerbère à l'égard des enfants...

Del Toro a conçu ce film comme le premier volet d'un diptyque dont le deuxième volet est bien sûr Le Labyrinthe de Pan, qui lui aussi confronte l'enfance à une certaine forme de surnaturel, sur fonds de Guerre entre Nationalistes et Républicains. Le film est une somme d'obsessions pour le metteur en scène, qui a beaucoup mis de lui-même, tout en respectant la cohérence d'un récit essentiellement Espagnol. Cela n'a pas empêché le réalisateur Mexicain de saupoudrer de sa propre culture cette histoire magnifique: l'anecdote de Santi, le fantôme de l'eau, provient en effet d'une légende Mexicaine; un personnage de jeune garçon fasciné par le graphisme est une réinterprétation de la jeunesse du dessinateur Espagnol Carlos Gimenez, et bien sûr, Carlos est confronté comme Ofelia (Le Labyrinthe) et Elisa (The Shape of Water) d'un côté à une sorte de monstre surnaturel en la personne de ce fantôme vindicatif à la recherche d'une vengeance, de l'autre à un salaud, un bandit sans foi ni loi, qui n'affiche aucune prétention politique, mais dont le manque total de scrupules qu'il affiche nous fait dire qu'il est sans doute très proche du fascisme. De ces deux maux, le pire est bien sûr le deuxième...

Et del Toro accomplit avec ce troisième long métrage une oeuvre rigoureuse et absolument superbe visuellement, dans laquelle il transcrit à sa façon l'univers d'un Mario Bava réadapté pour l'Espagne, dans un décor dont il a choisi chaque centimètre carré, habitant son film de A à Z: choix des acteurs, pilotage du scénario recherche de tous les aspects esthétiques de son fantôme. Un film qui fait peur, mais plus encore par l'horreur palpable et réelle de la présence désormais acquise du fascisme et du Franquisme de l'Espagne de 1939, que par la présence incarnée du mal à travers un fantôme dangereux et jusqu'au-boutiste. D'ailleurs, comme une indication de la direction que va prendre le film, au beau milieu de l'école, une bombe qui s'est enfoncée dans la boue sans exploser, reste, comme un fantôme d'une autre sorte. Une bombe, oui, mais à retardement...

Car Santi fait peur, oui, mais lui, il ne fait pas exploser les enfants quand on le contrarie. Jacinto, si.

Del Toro trouve dans ses garçons qui s'entraident à l'orhelinat après s'être fait la guerre, de nouveaux Chiche-Capons (Les disparus de St-Agil, de Christian-Jacque) mais en moins bavards... Et à travers Casares et Carmen, les deux survivants paradoxaux d'une cause perdue, le metteur en scène nous offre l'image poignante de deux perdants sublimes, et c'est le reflet de toutes les interprétations fictives et littéraires de la Guerre d'Espagne, ce chaos qui aurait pu, ou du faire réagir les autres pays à l'époque...

 

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Published by François Massarelli - dans Guillermo del Toro Criterion
15 décembre 2019 7 15 /12 /décembre /2019 11:31

Un objet magique, un brave homme victime des circonstances, un riche égoïste capable des pires turpitudes afin de parvenir à ses fins, une petite fille innocente et peu loquace, un homme de main dangereux et sans aucun scrupule, et Ron Perlman... L'univers de Guillermo del Toro est déjà en place dans ce premier long métrage, un conte noir et ironique dans lequel le metteur en scène mélange adroitement conte de fées (Grimm plus que Perrault) et horreur, avec une grande pointe d'ironie...

Cronos, c'est une invention diabolique d'un alchimiste pour dominer le temps. Sauf que cet objet entraîne la perte de tous ceux qui le rencontrent sur son chemin. C'est ce qui arrive à Jesus Gris, un antiquaire d'un certain âge, qui découvre à la faveur d'un moment de jeu avec sa petite fille que dans une statue entreposée dans son magasin, un étrange objet attend qu'on le découvre. Mais une fois que cet objet (qui le rajeunit) aura pris possession de lui, c'est trop tard: il est pris au piège, et en plus un Américain, Angel de La Guardia, va tout faire pour s'approprier le système Cronos, avec l'aide de son neveu...

Alchimie, vampirisme, vie éternelle et possession... Ca fait beaucoup pour un seul film? Mais l'univers de del Toro, situé à l'écart des modes et des habitudes des genres qu'il aime tant, est suffisamment distinctif pour que la pilule passe. Et déjà ses héros, le grand-père Jesus et sa petite-fille Aurora, nous sont sympathiques, comme le seront plus tard les personnages principaux de The shape of water. Et le réalisateur s'amuse beaucoup à charger son décor et ses plans d'une multitude de signes qui sont autant d'invitations à suivre la piste: des références systématiques au temps, des statues en pagaille, non seulement chez l'antiquaire, mais aussi chez le bandit qui le poursuit, car celui-ci a passé sans doute des années à chercher le système Cronos, dans toutes les statues de tous les magasins d'antiquité de toute la terre... Cronos est un premier film, mais c'est un beau début, noir et précieux.

 

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Published by François Massarelli - dans Guillermo del Toro Criterion
14 décembre 2019 6 14 /12 /décembre /2019 10:21

Ce petit film de rien du tout est la première production de Guillermo del Toro, 23 ans, étudiant et futur réalisateur du Labyrinthe de Pan et de The shape of water... Il y rend ouvertement hommage à ses maîtres du Giallo (le film d'horreur Italien), en proposant une sorte de mini-film d'horreur mal foutu aux couleurs volontairement criardes, tout en parodiant The Exorcist de William Friedkin. 

Le script provient en droite ligne d'un de ces contes courts formidables écrits par Fredric Brown, l'un des maîtres de la forme courte, TRES courte! Un jeune homme, dont le père vient de mourir, décide réaliser un pentagone magique pour invoquer un démon en toute tranquillité, et satisfaire deux désirs: retrouver son père, et être assuré de pouvoir faire une évaluation de géométrie avec succès.

Parce que la géométrie, ce n'est pas son fort...

Tout est dans le titre en fait... Sinon, le réalisateur souhaitait à l'époque rendre son film particulièrement proche de ses modèles en les doublant mal en Italien avec sa voix, alors que les distributeurs souhaitaient imposer un doublage en Espagnol. Dans les années 2000, del Toro est donc revenu sur le mixage (et hélas sur le montage) pour satisfaire cette exigence de départ...

 

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Published by François Massarelli - dans Guillermo del Toro