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  • : Allen John's attic
  • : Quelques articles et réflexions sur le cinéma, et sur d'autres choses lorsque le temps et l'envie le permettront...
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8 mars 2018 4 08 /03 /mars /2018 17:13

En 1921, Lloyd s'est décidé à passer à la vitesse supérieure, en proposant des films de trois bobines. Si les longs métrages de comédie existaient déja, ils étaient relativement marginaux, jusqu'à la sortie du superbe The kid, qui a prouvé que la comédie burlesque pouvait se construire sur la longueur et acquérir de la force. Suivant l'exemple de Chaplin qui se lançait dans le film de moyen métrage dès 1918, Lloyd a commencé à allonger ses films, toujours au studio de Hal Roach. En deux ans, cette période de transition lui a permis d'arriver à son tour à des films particulièrement soignés de long métrage. L'année 1921 a été entièrement occupée par quatre films, tous de trois bobines, avant que I do ne soit finalement coupé sur la décision de Lloyd lui-même. L'équipe qui a réalisé ces films reste à peu près la même, et beaucoup de ces techniciens et artistes resteront fidèles longtemps au comédien. Tous partagent une vision très quotidienne de la vie, et en particulier les moyens métrages permettent de faire le tour des thèmes de prédilection du comédien, dont ils forment un échantillonnage très complet du style et de ses sujets de prédilection... Les héros en sont globalement des gens qui se débrouillent déjà, ils ont un travail, mais il leur manque deux choses pour être heureux: une meilleure position, et un mariage heureux. Les films sont souvent marqués par un recours au spectaculaire, des gags à la mécanique de précision, et un goût pour les véhicules...

Now or never est la première de ces comédies en trois bobines. Si on ne peut qu'applaudir la volonté d'élargir le champ d'action, on est ici devant une situation étirée plus qu'autre chose. Lloyd doit faire un voyage en train accompagné d'une petite fille. On retrouvera une série de gags liés au train dans de nombreux Laurel & Hardy plus tard... Après un prologue de cinq minutes qui établit une intrigue autour de Mildred, employée à plein temps pour s'occuper d'une petite fille, l'arrivée de Lloyd se signale par un plan qui le voit conduire une voiture à toute vitesse, le reste du film le verra parcourir un train en tout sens, courant même sur le toit à un moment... la vie maritale telle qu'elle se profile à la fin du film pour Mildred et Harold est sans doute quelque peu tempérée par l'enfer d'avoir un enfant, symbolisé par la cohabitation entre Harold et la petite fille.

Si le film ne se distingue pas encore des autres films courts de Lloyd, c'est sans doute parce qu'en dépit de bonnes idées (la première bobine est brillante, globalement), le film peine à se transformer en autre chose qu'une série de variations sur le thème de Lloyd en train...

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Published by François Massarelli - dans Muet Comédie Harold Lloyd 1921 *
17 février 2017 5 17 /02 /février /2017 19:02

Ce film est très important dans la carrière de Harold Lloyd. Non que ce soit le meilleur film, voire le meilleur court, non; mais l'idée de départ, de suivre la vie au jour le jour de deux jeunes hommes dans les années 20, dont l'un, médecin à lunettes, allait tomber amoureux, ne prédisposait pas ce film à devenir l'étincelle qui allait permettre à Lloyd de devenir cette image iconique de jeune homme bien sous tout rapport suspendu au vide... Et pourtant!

Dans la première bobine, on assiste à une salve de gags liés à la personnalité du jeune médecin, qui fait sa pub en se grimant et en jouant des "faux clients" sauvés par le docteur miracle... Une cliente arrive, amenée par son père: elle est somnambule. dans la deuxième bobine, Lloyd et son meilleur copain doivent liquider tout les résultats d'une expérience de distillerie clandestine (N'oublions pas qu'on est en plein Volstead Act, donc fini l'alcool!); dans la soûlographie qui s'ensuit, Lloyd se retrouve face à la somnambule, au dessus du vide. Les réactions du public plus du tout amusés mais captivés par le danger ont persuadé Lloyd de retenter le truc dans un film de l'année suivante, Never weaken, puis de faire encore plus fort avec Safety last... L'histoire tient parfois à peu de choses...

A part ça, le film prend volontiers son temps, on sent Lloyd prêt à s'attaquer à des films plus longs. Le format de deux bobines allait bientôt s'allonger de cinquante pour cent... Mais on sent aussi une formule en marche, ce qu'il allait falloir dépasser. La première bobine détaille finalement la double vie du héros: médecin dune part, fêtard à ses heures perdues. Puis la deuxième bobine se concentre sur la situation de la rencontre improbable entre le poivrot et la somnambule.

N'empêche qu'avec ce film, Lloyd, travailleur et fêtard, porté sur la publicité, et prêt à tomber amoureux, personnifie une fois de plus l'homo Americanus des années 20 dans toute sa splendeur, et il le faut en gags: c'est merveilleux.

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Published by François Massarelli - dans Muet Comédie Harold Lloyd
17 février 2017 5 17 /02 /février /2017 09:01

Une fois de plus, Bebe Daniels est une jeune femme à marier, et son père Bud Jamison, parmi les nombreux prétendants de tous âges et de toutes tailles, lui a préféré le plus médiocre, interprété par Snub Pollard. Et une fois de plus, c'est après avoir établi cette situation que Harold Lloyd entre dans la danse. On voit très bien son apport à ce film qui serait sinon bien parti pour être un sempiternel jeu de quiproquos et de course-poursuites certes roboratives, mais dénuées d'invention: il est introduit par un plan qui joue avec le spectateur, tenant en laisse un chien qui reste longtemps hors-champ, et qui au regard de l'effort qu'il semble nécessiter, pourrait bien être énorme... Il ne l'est pas, il est même minuscule. Lloyd, qui adorait ce genre de gag, nous a bien eu.

L'intrigue est basée sur le fait que la famille de Bebe et Bud doit se rendre à un marathon, dont le départ est situé vers la fin de la bobine. Donc, l'enjeu, c'est d'être celui qui emmènera Bebe Daniels au marathon! Mais Lloyd finira, bien sur, par disputer l'épreuve à son corps défendant, non sans avoir contribué à sa façon à un gag récurrent, classique et mémorable...

Le gag dit "du miroir" fait partie de ces morceaux de bravoure qu'on trouve dans tellement de films (sans parler de ceux qui ont pu disparaître) qu'il est inutile d'en chercher l'origine. Le principe en est simple: un personnage, situé d'un côté d'un miroir brisé, va exécuter exactement les mêmes mouvements qu'un autre personnage situé lui de l'autre côté, ignorant du fait que le miroir est cassé; chaque comédien ayant eu recours à ce gags a eu à sa disposition des gagmen différents, qui ont tous contribué à personnaliser le gag, de Billy West à Charley Chase en passant par Max Linder et les frères Marx. Moins glorieusement, le film possède un gag lourdingue avec un comédien qui joue une domestique en blackface... Autre époque.

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Published by François Massarelli - dans Muet Comédie Hal Roach Harold Lloyd
16 février 2017 4 16 /02 /février /2017 16:46

A nouveau tourné en toute liberté, ce film sera refait un certain nombre de fois, en particulier par Charley Chase qui trouvait dans ce genre de situation une source constante de gags: un jeune homme et une jeune femme s'aiment... derrière le dos du père de la belle. Ca commence à la plage, lorsque Lloyd et Daniels décident, sans que le père (Bud Jamison) s'en aperçoive, de se retrouver le soir même pour aller danser.

Et ils choisissent un proto-speakeasy (La loi de prohibition n'ayant pas été ratifiée), tenu par une bande de malfrats dont Snub Pollard et Marie Mosquini sont les chefs. Ils emploient un barman plein de ressources: c'est Noah Young... Encore une fois, ce court métrage d'une bobine utilise avec bonheur tous les trucs, toutes les ressources, avec un rythme soutenu.

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Published by François Massarelli - dans Muet Comédie Harold Lloyd
16 février 2017 4 16 /02 /février /2017 16:39

La quintessence de l'art des studios Roach à l'époque ou on pouvait à peine parler de studio... En pleine rue, Lloyd sort de chez lui, et perd tout son argent. Quelques minutes plus tard, il rencontre une jolie fille (Bebe Daniels), mais celle ci a un rendez-vous avec un galant. Sachant que l'homme en question est Snub Pollard, Lloyd relève le défi, et leur colle aux basques, permettant à l'équipe de faire exactement ce que le public attend: tout ce petit monde se rend en effet à Griffith Park, le haut-lieu de la drague de cinéma pour les studios Sennett et Roach dans les années 10, et... on n'a plus qu'à lâcher tout ce petit monde, ça dégénérera bien en poursuite.

 

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Published by François Massarelli - dans Muet Comédie Harold Lloyd
1 mars 2016 2 01 /03 /mars /2016 16:03

Rien à voir avec le milliardaire populiste, ce When clubs are trump est un court métrage de la série Lonesome Luke, imaginée par Harold Lloyd et hal Roach à leurs débuts. C'est en fait la deuxième série de films mettant en scène Lloyd, après Willie Work dont peu d'images circulent, et les Lonesome Luke diffèrent des autres films plus connus de Harold Lloyd par le costume du personnage, ressemblant à une variation en négatif sur le personnage de Chaplin: costume rapiécé, trop petit, et moustache fine. Et surtout... Pas de lunettes! Le film fait parte des quatorze rare courts de la série à avoir survécu, c'est donc une chance... et une opportunité historique, surtout, car pour ce qui est du plaisir qu'on y trouvera, on admettra que ce n'est à proprement parler pas vraiment un film d'un grand intérêt... En dépit du fait que ce court métrage se déroule sur deux bobines, ce n'est pas pour autant la garantie d'une construction solide, et Snub Pollard et Lloyd sont lâchés au début du film dans un parc public pour y improviser quelques gags, avant qu'il ne se passe quelque chose de notable: ils font tous deux le même rêve, et sont transportés... à la préhistoire. Ce ne sera pas une garantie que les gags soient du lus haut niveau, certes, mais il y a toujours dans ces films burlesques situés à l'époque de nos ancêtres (Flying elephants, His prehistoric past, The Three Ages...) un je-ne-sais-quoi de profondément anarchique et réjouissant par l'à-peu-près idiotissime qui s'en dégage. Et bien sur, ce film ne fait pas exception.

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Published by François Massarelli - dans Harold Lloyd Muet Comédie groumf
23 janvier 2013 3 23 /01 /janvier /2013 15:27

Pour la deuxième fois consécutive, Lloyd interprète un personnage, dans un film, qui n'est en aucun cas un Harold. pas important, sans doute, mais en réalité eu égard à l'histoire du comédien et la façon de faire le lien entre lui et son public, c'est une certaine forme d'acceptation d'une évolution nécessaire, si ce n'est pas une capitulation, une hypothèse d'autant plus valide selon moi qu'à la fin du film une deuxième transgression, plus choquante encore (Toutes proportions gardées) se présente à nous... J'y reviendrai.

Harold Lloyd joue donc ici un personnage de laitier un peu benêt, Burleigh Sullivan, dont la première scène nous fait clairement comprendre qu'il n'est pas des plus efficaces. Un soir, alors qu'il rentre chez lui en compagnie de sa soeur, ils rencontrent deux hommes saouls, avec lesquels il se bat. Dans la mêlée, il apparait que Sullivan a mis l'un d'entre eux K.O... or, l'homme en question n'est autre qu'un champion de boxe. Pour le manager du boxeur, le seul moyen d'échapper au ridicule de la situation, la presse s'étant joyeusement emparé de la nouvelle, est bien sur de travailler en compagnie du "laitier boxeur", sans le mettre au courant de toutes les subtilités: Burleigh commence donc une nouvelle carrière de boxeur, sans rien comprendre au succès foudroyant qui lui tombe dessus...

 

Les acteurs de premier et second plan qui entourent Lloyd sont ici des gens connus, déja vus dans d'autres films des nouveaux princes de la comédie (Capra, Leisen, LaCava, et... McCarey). Lionel Stander et Adolphe Menjou s'en donnent à coeur joie, Menjou en particulier, en manager véreux jusqu'aux orteils, et il est presque l'égal de John Barrymore lorsqu'il s'agit de voler une scène. Mais Lloyd se défend quand même, sachant qu'après tout les idiomes des deux comédiens ne sont pas les mêmes... Comédie plus verbale, donc, basée sur la nervosité et l'expression joyeuse d'une certaine vulgarité pour Menjou, et plus coroporelle pour Lloyd qui reste agile, même s'il n'a pas l'age de son rôle... McCarey ici fait son métier, plutôt pas mal dans un film qui n'est pas son meilleur, mais qui est aussi l'un des meilleurs Lloyd.

 

...Même si le fait qu'il y ait Harold Lloyd ici devient finalement accessoire. Je reviens à cette mystérieuse transgression à laquelle je faisais allusion plus haut: Lloyd, a un moment, boxe, et quelqu'un suggère à son adversaire... d'enlever les lunettes du héros. certes, il ne le fait pas... Mais c'est la première fois qu'elles sont mentionnées. On le sait, cet accessoire fait partie intégrante du personnage, qui dort avec , prend des douches avec, et ne les enlève jamais. On n'en parle pas...Ce n'est donc sans doute pas un hasard si peu de temps après ce film, et après le suivant (Professor Beware), Lloyd allait se lancer dans une nouvelle aventure inattendue, pour lui: une semi-retraite...

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Published by François Massarelli - dans Harold Lloyd Leo McCarey
17 novembre 2012 6 17 /11 /novembre /2012 09:25

Ce film est longtemps resté invisible, de la volonté même de son créateur principal, à savoir bien sur Harold Lloyd, qui s'était passionné pour un roman publié dans le Saturday Evening Post, écrit par Clarence Budington Kelland. De fait, il a tenté l'impossible, avec la complicité de son collaborateur des années de gloire, Sam Taylor: adapter un roman d'une part, relativement éloigné de son style, tout en y insérant d'autre part un personnage qu'il puisse jouer, et son univers habituel, fait d'un choc entre une version de Harold et le reste du monde... Pour surprenant qu'il soit, le film reste une grande date par son ambition et le coup de poker qu'il représentait. Mais ce fut un échec commercial, en même temps qu'une occasion particulièrement douloureuse pour Lloyd de se prendre une volée de bois vert critique, ce qui explique sans doute pourquoi le film est resté si longtemps à l'écart des réseaux de diffusion...

Ezekiel (non, pas Harold!) Cobb, le fils d'un missionnaire qui a grandi en Chine, revient brièvement aux USA, à Stockport sa ville natale, dans le but d'y trouver une femme qui accepte de le suivre et de se marier avec lui, afin de retourner à la mission en y fondant une famille. Une fois arrivé, il tente de prendre contact avec un révérend suposé l'accueillir pour le temps de son séjour, mais il arive trop tard, le vieil homme venant juste de succomber. Il était candidat réformiste aux élections municipales, et le parti qui le sponsorisait réussit à persuader Ezekiel de se présenter à sa place, en l'assurant que ce serait symbolique puisqu'il ne peut en aucun cas assurer sa propre élection. Croyant participer à une entreprise de représentation démocratique, Ezekiel change la donne en se battant avec le maire sortant corrompu, Morgan, et va se faire malencontreusement élire. Le problème, c'est qu'il découvre qu'il n'était qu'un pion, un faux candidat présent pour donner l'illusion de la démocratie, et faciliter l'élection de Morgan. Une fois élu, il prend la décision de vraiment faire le travail de maire...

Ezekiel est une variation sur les benêts habituels, allant partout dans la région distribuer des leçons de philosophie dont tout le monde se fout éperdument, citées directement à la source: le livre de chevet du missionnaire est en effet un recueil de citations de Ling Po, un poète Chinois. Il a aussi une manie, à chaque fois qu'un rendez-vous important doit être assuré, il s'efforce de se rendre chez son ami Tien Wang, à Chinatown, pour y prendre le thé... Une gentille caricature, qui joue à la fois sur les clichés de politesse et de sagesse des Chinois, et sur une peu banale affinité entre l'occidental Lloyd et les pas si caricaturaux personnages chinois. Du reste, le morceau de bravoure dans le film est le baroud d'honneur de Cobb, qui va perdre suite à une supercherie son poste de maire et qui tente le tout pour le tout, en se lançant dans une manipulation, aux dépens de tous y compris de ses appuis et du public, qui consiste à faire croire que le problème de la corruption et du gangstérisme qui gangrène la ville, représenté par la machine politique de Morgan, va être éradiqué en arrêtant tous les bandits et en leur coupant la tête...

De fait, mis au pied du mur, Cobb se comporte sciemment en dictateur pour un jour, l'idée étant bien sur de penser au bien commun. On n'est pas si éloigné d'une vision d'un Capra, qui voit Smith prendre le pouvoir sur le sénat dans Mr Smith goes to Washington, contre la machine politique qui l'a mis au pouvoir...

Le film est assez long, à 102 minutes, et a sans doute été monté de façon très serrée, pour y incorporer le plus possible de scènes qui tournent autour du combat politique de Cobb. Mais il y a des gags, et une intrigue sentimentale, bien entendu, qui va permettre à Lloyd de montrer un changement sensible dans le personnage de Cobb, qui va bénéficier du soutien d'Una Merkel. La gouaille de l'actrice, identifiée grâce à ses films Warner comme partie intégrante du cinéma de ces années pré-code, contraste évidemment fortement avec les habituelles oies blanches des films de Lloyd... Tout le film, d'ailleurs, est plus adulte que d'habitude...

On comprend la rareté du film, qui reste par enddroits maladroits, avec un personnage trop caricatural, qui de plus ne fait plus vraiment 25 ans. Mais le courage de la remise en question de Lloyd, et sa volonté de tenter par tous les moyens un renouvellement de son cinéma, forcent au moins le respect. Le film, précurseur des grands films politiques de capra, dont il adopte d'ailleurs l'urgence dans les dernières bobines, vaut bien plus que sa réputation...

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Published by François Massarelli - dans Harold Lloyd Comédie Pre-code Sam Taylor
4 juillet 2012 3 04 /07 /juillet /2012 18:57

Troisième et dernier film dirigé par Clyde Bruckman pour Lloyd, ce Movie crazy est tout simplement le plus apprécié des films parlants du comédien depuis sa redécouverte dans les années 80, lorsque les longs métrages ont enfin pu être revus et réévalués. Ce n'est pourtant en rien un filmambitieux, surtout si on le compare à son successeur, et c'est le film de Lloyd qui s'apparente le plus à une suite de gags sous couvert d'une intrigue qui est plus un prétexte qu'autre chose: A Littleton, Kansas, Harold Hall est 'movie crazy', c'est à dire obsédé par le cinéma. Sa mère observe cette manie avec tendresse et bienveillance, mais son père s'en irrite volontiers. Un jour qu'il voit un courrier destiné à un studio, que le fils s'apprête à envoyer, il le lit et sans faire exprès remplace la photo de Harold qu'il contient par une autre. Le fils reçoit donc une invitation du studio à venir faire un essai, mais il n'est pas au bout de ses peines, d'autant qu'il est d'une naïveté, d'une distraction et d'une maladrese impressionnantes...

 

On revient en arrière, avec à nouveau un benêt, ce qui revient à dire que Lloyd, comme les autres comédiens, souffre de cette notion, qui fait que dans le parlant, on assimile les comiques à des idiots. Bien sur, il est son propre producteur, et fait absolument ce qu'il veut, mais on a du mal à le croire si naïf, et à ce niveau("Jeune naïf deviendra grand") The kid brother a dit tout ce qu'il y avait à dire. Pourtant le film ne manque pas de qualités. L'enchainement de gags liés à la maladresse du personnage principal souvent muets ou quasi, le fait que pour une fois la femme aimée (Constance Cummings joue une actrice, attirée par Harold en raison de son incohérence, et qui se plait à l'appeler Mr Trouble à cause des problèmes qu'elle lui cause...) soit pour une bonne part du film aussi son ennemie (Elle se fait passer pour une autre, et mène Harold par le bout du nez...), enfin le déchainement final d'énergie, bien que totalement déplacé, tous ces éléments font que le film tient sérieusement la route... et puis il y a toujours un plaisir particulier à voir les cinéastes d'Hollywood mettre en scène leur univers, ce miroir aux alouettes sur lequel ils ne se font aucune illusion. Bruckman a soigné cet aspect de la réalisation, et il y a une série de plans-séquence d'exposition de tournages de scènes, qui sont proprement superbes... Les deux hommes ne travailleront plus ensemble, hélas.

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Published by François Massarelli - dans Harold Lloyd
10 juin 2012 7 10 /06 /juin /2012 09:05

Ayant passé avec la mention honorable l'étape du premier film parlant, Harold Lloyd a poursuivi sa carrière, encore une fois après un délai dun an pour bien préparer son film, avec ce Feet first qui n'est pas, contrairement à la légende, un remake de Safety Last. Du moins pas vraiment: la fameuse séquence de l'ascension y bénéficie d'une redite, entièrement refilmée, mais si le film parle beaucoup d'ascension sociale, le contexte est cette fois bien différent. Comme pour Welcome danger, Lloyd est sans doute confiné (Sa voix, ou une impression générale concernant la comédie en ces années de parlant, peut-être?) à jouer les benêts, comme du reste Keaton, Langdon, ou dans l'inconscient collectif, Laurel & Hardy. Impossible semble-t-il (et les films qui suivront le confirmeront) de reprendre son personnage d'ambitieux hyperactif: Harold Horne est certes ambitieux: un jour, il sera chef vendeur, dans le magasin de chaussures ou il n'est qu'un très modeste employé. Seulement, un jour il croise la route de Barbara (Barbara Kent, qui revient après Welcome danger), une jeune femme qui est la secrétaire de leur patron à tous deux, le riche chausseur Tanner. La prenant pour sa fille, il ambitionne désormais de passer pour un homme du monde, afin de la séduire...

Pour leur deuxième collaboration, Bruckman et Lloyd ont raffiné leur technique, et le film est l'une des meilleures comédies de 1930, ne souffrant pas trop des limites imposées du parlant. On sent que la donnée sonore a été intégrée tout de suite à la préparation du film, et certains gags en profitent bien... Mais pas tous: si la réalisation de la séquence finale d'ascension est remarquable, elle reste gâchée par les interjections permanentes d'un Lloyd qui n'a que des "Look out" à la bouche. Et si le film se tient, il souffre d'une part d'un manque de rythme, mais aussi de la comparaison avec Safety last, dans lequel la fameuse ascension était un passage obligé d'un parcours initiatique lié à l'ambition du personnage. Ici, c'est par hasard qu'il se trouve sur cette façade, et la scène s'en trouve amoindrie. de plus, elle finit par être répétitive, alors qu'elle est moins longue que l'original!

On se réjouira de séquences généralement très enlevées sur le bateau, ou la présence lente et hallucinée de Noah Young en marin hébété, dépassé par les événements, complète à merveille un Lloyd ingénieux dans ses idées pour se faire passer pour riche... Et puis on attendra, avec un peu d'impatience, de meilleures perspectives pour celui qui nous a donné des films magnifiques, et qui se contentait désormais de faire de bonnes comédies bien ficelées... pas plus.

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Published by François Massarelli - dans Harold Lloyd Comédie Pre-code