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  • : Allen John's attic
  • : Quelques articles et réflexions sur le cinéma, et sur d'autres choses lorsque le temps et l'envie le permettront...
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24 août 2020 1 24 /08 /août /2020 20:04

Bien qu'une demi bobine (Le début du film) ait disparu, on voit bien la méthode Sennett en action: deux bobines, un film. Le lien entre les deux moitiés est ténu, parfois juste un prétexte, mais il existe. Langdon a réussi à intégrer son style, fait de lenteur et d'innocence, sur la première partie. Il y joue un jeune garçon, auquel son père (Andy Clyde) présente "sa nouvelle maman" (Madeline Hurlock). Les gags jouent tous sur la naïveté de Harry, dont la future belle-mère essaie de se faire un dessert.... dans la moitié disparue. Zut.

Le reste du film est marqué par des trucs typiquement sennettiens: plage, bathing beauties, dont la jolie Alice Day, et poursuite en voitures folles, tournée à 12 images par secondes pendant ques Keystone Cops perdent toute humanité en tournant dans tous les sens: la routine, quoi.

 

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Published by François Massarelli - dans Muet Harry Langdon Comédie
24 août 2020 1 24 /08 /août /2020 10:25

Ce film est un pur concentré d'incohérence, dans lequel on passe du coq à l'âne, et avec un Harry Langdon prêt à s'abaisser à toutes les pires horreurs auxquelles il est confronté: il respire un putois, baisse son pantalon devant les dames, court en culottes à dentelles, etc...

Il y est un shérif-pompier-photographe qui a maille à partir avec son rival pour les affections d'une jeune femme. Les gags les plus gras et les plus répétitifs sont montrés, en succession et sans temps mort. Totalement idiot, absolument pas indispensable, à voir pour savoir jusqu'où on pouvait aller trop loin dans l'usine à gags de Mack Sennett....

Pour en finir avec cet étrange film j'ajoute que c'est le premier court métrage qui m'ait donné l'impression que The mystery of the leaping fish, de John Emerson avec Douglas Fairbanks, ses poissons gonflable, sa cocaïne, ses flics perdus qui tournent indéfiniment autour d'un rond-point, était finalement un petit film assez routinier...

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Published by François Massarelli - dans Comédie Harry Langdon Muet
23 août 2020 7 23 /08 /août /2020 16:38

Oublions ce brave Frank Capra, qui a passé sa vie à prétendre avoir inventé Langdon, mentant comme un arracheur de dents pour sans doute venger l'humiliation qu'il a subi en 1927, date de son renvoi du montage de Long pants, leur deuxième long métrage ensemble, par un comédien qui s'était mis en tête de réaliser ses films tout seul. Les débuts de Langdon au cinéma datent de 1923, et ses débuts chez Sennett de 1924, soit avant l'arrivée du gagman et futur metteur en scène dans le studio. Mais une chose, en revanche, est sûre: Capra avait raison lorsqu'il dit que personne ne savait quoi faire avec Langdon...

Horace Greeley Jr est presque un mythe; ce film, le seul des deux (Encore qu'on ne sache pas si l'autre a bel et bien été tourné...) produits par Sol Lesser et cédés ensuite à Sennett avec le contrat du comédien, ne subsiste plus que sous la forme de deux minutes de pellicule, la fin de la deuxième bobine, qui voit Langdon embarqué dans une poursuite, avec le rôle de héros hypothétique. Il m'a vaguement fait penser à West of Hot-Dog, un Laurel de 1925 basé sur une parodie de western, et voir Langdon en héros, c'est fatalement aussi incongru que Stan Laurel... le film n'est sorti qu'en 1925, sans grande publicité. Et sinon, il y a sans doute beaucoup à apprendre sur le "cas" Langdon, dans le fait que Lesser ait tourné, puis refilé un film entier, à son concurrent...

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Published by François Massarelli - dans Harry Langdon Muet Comédie
22 août 2020 6 22 /08 /août /2020 22:55

C'est le plus ancien film de Langdon qui ait été à peu près correctement conservé, et c'est aussi et surtout du pur Mack Sennett... Ce film est un témoin de la difficile arrivée de Langdon, le comédien lent, dans le monde de folie furieuse de l'usine à gags...

Pour tout dire, ça manque de cohérence, et Langdon essaie de placer son personnage de clown lunaire en obsédé sexuel: lui qui plus tard sera renommé pour le côté asexué de son alter ego, n'est pas à l'aise avec les gags au ras des fesses... Il est donc un vendeur de chaussures qui tend à profiter de son métier pour tripoter la marchandise! Mais il est marié et son épouse décide de lui rendre la monnaie de sa pièce en jouant les Bathing beauties...

Le film est un Sennett tous-terrains, et donc le prétexte permet d'aligner les jeunes beautés en maillot.

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Published by François Massarelli - dans Muet Harry Langdon Comédie
29 janvier 2017 7 29 /01 /janvier /2017 11:50

Le cinquième des films de Curtiz tournés en 1930 (Il y en a eu six) a subi à peu près le même sort que la plupart des autres: comédie musicale à sa sortie, le film a été recoupé afin de se transformer en comédie tout court, même si deux chansons, mais parfaitement en situation, ont survécu. C'est aussi une comédie militaire, avec tout ce que ce terme peut faire soupçonner en matière de délicatesse et de subtilité: coups de pieds au fondement, confusion de grade, punition... Le comique troupier, dans toute sa splendeur. Et pourtant...

Il y a des moments où on sent un peu la patte de Curtiz, cette incapacité à torcher le travail, ce point d'honneur à tout risquer: les cinq minutes qui sentent bon le film de gangsters au début par exemple: Ben Lyon joue le membre d'un gang qui se bat avec un autre, et lors de l'altercation il le fait tomber de plusieurs étages. Il n'attend pas, et suivi par les autres intègre la parade des soldats qui s'apprêtent à partir en Europe pour combattre. La foule mobilisée, la maîtrise de la mise en scène et du montage, on sent bien que le réalisateur n'a absolument pas traité la scène par-dessus la jambe.

Et de nombreuses séquences témoignent de son insistance à couvrir tous les aspects d'une scène, et à mobiliser tout le studio pour ça s'il le faut. Il fait respirer ce qui n'aurait pu être qu'une production parlante de plus, en mélangeant prise de vue à l'extérieur (Donc muettes) et scènes tournées en studio avec des mattes paintings. et du coup le travail de caméra et le montage encore une fois, gardent un dynamisme qu'on ne trouverait pas dans beaucoup de films de 1929 ou 1930.

Mais A soldier's plaything, qui d'ailleurs a été tourné en écran large, mais sans que l'on sache si ce système (Le format "Widescreen" de la Warner/First National, VitaScope) a été réellement exploité à cause des mauvais résultats des films MGM, Fox ou Paramount tourné dans ce type de procédé, reste à la base "juste un film de Michael Curtiz de 1930": bien, voire très bien fait, mais entièrement tributaire de la volonté du studio, de son script et de ses acteurs.

Parmi lesquels Harry Langdon, qui n'a pas besoin d'être dirigé. Si vous voulez mon avis, la voix ne lui sied pas, mais lors pas du tout. Pour le reste il est lui-même... Son capital de sympathie est probablement le principal ingrédient de ce petit film mal foutu.

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Published by François Massarelli - dans Pre-code Harry Langdon Michael Curtiz Comédie Première guerre mondiale
12 septembre 2016 1 12 /09 /septembre /2016 15:52

Tourné avant, sorti après les trois premiers films First National de Langdon (Tramp, tramp, tramp, de Edwards, et The strong man et Long pants de Capra), ce film était probablement une sorte d'assurance prise par Sennett en cas de désertion de son acteur. de fait, il en avait l'habitude: Arbuckle, Chaplin, même Mabel Normand, tous l'ont déserté pour aller voir ailleurs. ce long métrage a été complété longtemps avant la fin du tournage des courts métrages de Langdon. Si donc le film est sans doute plus ou moins une commande de Sennett, son intrigue est particulièrement typique de Langdon et de son équipe.

Par moments, on dirait deux films collés l'un à l'autre: le titre fait allusion à deux sortes de flammes. Le premier amour, bien sur, représenté par Natalie Kingston, la fiancée qui en veut à l'argent d'Harry aveuglé par ses sentiments, et contre laquelle son oncle Vernon Dent le met en garde. Et sinon, Harry s'improvise pompier, lorsqu'il est recueilli par Dent, qui est capitaine de la caserne locale, et il y a deux incendies dans la dernière bobine, un sérieux, et un plus douteux... Harry s'y distingue, sauvant notamment un mannequin.

Dent & Langdon tournent ce qui deviendra, de par la grâce d'une sortie tardive, leur dernier film muet ensemble, et leur équipe fait toujours merveille. Elle est assez complexe, aussi, ne reposant pas seulement sur la dynamique de la brute et du naïf. Le lien familial entre les deux permet à la fois d'imposer que l'un (Dent) ait de l'autorité sur l'autre (Langdon) sans pour autant qu'il y ait un déficit d'affection entre les deux. De son côté, Natalie Kingston se voit donner une chance de jouer un rôle inhabituel, celui de la méchante femme qui ne souhaite se marier avec le héros que parce qu'il est riche. Sa soeur, interprétée par Ruth Hiatt, se tient prête à récupérer le fiancé Harry dont elle est amoureuse, et elle a l'idée, en voyant Harry participer à un sauvetage, de l'appeler à l'aide en simulant un incendie. Le feu et Harry se mélangent fort bien, permettant à Langdon de jouer sa lenteur proverbiale dans une atmosphère de suspense brûlant.

Il est beaucoup question de mariage dans ce film, où l'oncle dissuade son neveu, la fiancée part avec un autre, et un ami rencontré par hasard se révèle mener un existence dangereuse et tumultueuse dès qu'il franchit la porte de chez lui: son épouse est violente! Harry Langdon trouve quand même le temps d'interpréter une scène habillé en femme, et n'a pas besoin de faire grand chose de plus pour déclencher le rire. Erratique, le scénario (Ripley et Capra) qui part dans tous les sens, ce qui ne sera pas le cas des films longs à venir. On a le sentiment malgré tout qu'on pourrait pas couper dans ce film, et obtenir des morceaux cohérents. D'ailleurs une coupe a eu lieu, sans doute due aux ravages du temps, et rend un passage très difficile à comprendre. Le film n'existe pour l'instant dans aucune copie cohérente, et la version la plus satisfaisante (à 44 mn, il en manque encore 8 d'après les estimations) est celle qui se trouve sur le formidable coffret Harry Langdon: Lost and found.

Inégal, le film semble résumer efficacement l'ensemble des courts et moyens métrages de Langdon pour Sennett: erratique, bizarre, avec des moments de folie (Une course contre la montre avec la carriole des pompiers, et Harry qui fait trois fois le tour de la maison incendiée avant de s'arrêter), et des moments de lenteur calculés (Harry assommé met une minute à tomber). Il fera mieux, mais est déjà cet étrange individu perdu dans un univers qui nous est vaguement familier, mais qu'on ne voit pas ici comme on le verrait chez d'autres, Chase, Chaplin, ou Keaton. Un univers singulier qui est bien plus celui de Langdon que celui de Sennett.

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Published by François Massarelli - dans harry langdon Muet Comédie 1925 *
17 juillet 2011 7 17 /07 /juillet /2011 18:26

http://4.bp.blogspot.com/-8w2fq_NVBpo/TY6dE9EMV6I/AAAAAAAACXc/TVrtsW8ZQlE/s1600/56553.jpgRéalisé à nouveau par Harry Langdon, et pensé sans doute en réaction au flop monumental de Three's a crowd, The chaser n'a fait qu'envenimer les choses. Il n'aura pas plus de succès, et ne sera jamais vraiment apprécié, bien qu'il présente une comédie noire et typique du style de Langdon, à nouveau épaulé par un script du à son complice Arthur Ripley. Le film commence par deux cartons introductifs: Dieu a fait l'homme à son image, et un peu plus tard, il a créé la femme. Les mêmes cartons reviennent en conclusion, après une heure durant laquelle les auteurs auront usé de toute leur sauvagerie et d'un certains sens de l'absurde pour explorer une certaine forme de mysoginie, mais aussi l'ineptitude de Harry en tant qu'homme...

 

Harry est doté d'une gentille épouse, mais celle-ci a une mère, qui veille au grain, et empêche le mari de faire ce qu'il voudrait, c'est à dire participer à des fiestas imbibées (A distance, Harry Langdon étant ce qu'il est, il ne participe que de loin). Elle pousse sa fille à demander le divorce, mais un juge décide de proposer une solution alternative: il impose à Harry de prendre la place de son épouse: tâches ménagères, robe, le héros se voit contraint de tomber très bas... Si bas que lui-même va se révolter, et un peu malgré lui séduire des innocentes dans un épisode quasi-surréaliste.

 

Disons pour faire court que les auteurs ont été plus inspirés dans le film précédent; ici, le mot d'ordre est clairement dans un premier temps de charger la barque sur la mysoginie, de façon tellement insistante qu'il est impossible de prendre tout cela au sérieux, et dans un deuxième temps de revenir à un comique Sennettien; mais dans les deux cas, Langdon le fait selon ses propres termes, avec sa gestuelle et sa logique. Cela fonctionne parfois extrêmement bien, et de temps en temps, le film est très étrange, comme dans cette scène qui voit l'épouse (Gladys McConnell) rentrer et trouver des indices qui tendent à prouver que Harry s'est suicidé. elle pleure, et s'essuie avec un mouchoir, faisant couler son maquillage qui la rend hideuse, voire effrayante... Langdon s'est essayé à un dispositif spécial, en construisant la maison des protagonistes en coupe, avec trois pièces enchaînées. il utilise ce décor plusieurs fois, pour obtenir d'excellents effets. D'une manière générale, en dépit de ses défauts, le film est très bien mis en scène, il faut juste pour l'accepter être prèt à adopter la logique lente et à demi-endormie de Harry Langdon...

 

Heart trouble, le long métrage suivant, n'a pas survécu. Selon les historiens, il n'aurait été sorti qu'en douce par la First National qui souhaitait se débarrasser de Langdon. Cela fait de cet étrange film la dernière trace de l'auteur Harry Langdon, en même temps que son dernier film muet...

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Published by François Massarelli - dans harry langdon Muet 1928 Comédie *
8 juillet 2011 5 08 /07 /juillet /2011 15:26

Relayant les mensonges et les petits arrangements avec la vérité de Frank Capra au sujet de Langdon, le grand public a de ce premier long métrage réalisé par Langdon seul l'impression durable d'un gâchis, d'un film raté et maladroit. De fait, ce fut un flop monumental, suivi par deux autres flops et la fin d'une carrière qui était pourtant prometteuse. Il convient néanmoins d'examiner ce film à l'écart de l'habituelle remarque, de cette critique obsessionnelle qui veut faire de cette tragi-comédie un plagiat éhonté de The Kid. On en est loin! le film est typique de Langdon, et confirme son style, enfin laissé libre de toute concession et de toutes interférence; après, bien sur, on aime ou on n'aime pas, mais si on veut voir du Langdon pur, c'est avec ce film qu'on le fera; en effet, Langdon  a conçu The chaser le film suivant, dans la panique qui a suivi l'insuccès embarrassant de Three's a crowd, et avec l'épée de Damoclès des menaces de la First National, qui réclamait un succès (D'autant que le studio était au bord du gouffre); puis, l'acteur et metteur en scène a fait de même avec Heart trouble, un film qui est à peine sorti, et qui a ensuite disparu corps et bien...

Harry vit de façon misérable dans un appartement situé au bout d'un long escalier branlant, dans un quartier pauvre; il est couvé par des amis, qui ne savent pas trop quoi faire de lui, et son rêve le plus cher est de trouver l'âme soeur; exaucé! il recueille Gladys (Gladys McConnell), une jeune femme enceinte qui a fui son amant alcoolique. Sitôt recueillie, la jeune femme accouche, et Harry se prend à devenir papa.

Comparer avec The kid ce film est déloyal, pour les deux; ceci reste après tout le premier effort d'un réalisateur novice, alors que Chaplin était particulièrement expérimenté, d'autre part, Chaplin a construit tout un univers et un quartier alors que Langdon situe 80% de son film volontairement dans "l'appartement" de Harry. Ensuite, Chaplin utilise les ressources du mélodrame pour construire une histoire qui implique une interaction entre ses deux héros, une complicité, un rapport enfin qui n'ont pas de place ici; c'est à peine si Gladys se rend compte de la présence d'Harry, et celui-ci limite ses désirs de rester en compagnie de la jeune femme et du bébé à un rêve, dans lequel, comble de l'ironie, il ne triomphe pas et doit abandonner toute prétention au profit de l'ancien petit ami. Là ou Chaplin nous montre une situation qui avance, Langdon à la fin de ce film ne peut même plus rêver come il le faisait auparavant...

Le style de Langdon diffère de celui de ses trois principaux compétiteurs (ChaplinLloydKeaton), aucun de ses films ne le montre plus que celui-ci. Là ou les autres vont utiliser le physique pour faire avancer l'action et le temps, Langdon utilise le corps pour ralentir l'action et arrêter le temps. Il agit en cartooniste (ce qu'il était d'ailleurs) et creuse les situations très loin. D'où ce décor étonnant, qui prend la place des personnages parfois. Chaque situation du film est donc soumise au développement de la réaction, de l'appréhension de Harry. Celui-ci imprime son propre état rêveur à une action décalée, dans laquelle le seul moment un tant soit peu rassurant est un rêve, qui tourne vite sinon au cauchemar, en tout cas à l'échec. Là où les autres contaient des histoires de réussite (Lloyd, Keaton) ou d'échec triste (Chaplin) au moins ils avançaient; Langdon souhaite nous faire voir l'immobilisme, l'échec sans recours, là ou Chaplin, au moins a avancé par son sacrifice ou sa bonté d'âme. Son personnage a le culot de ne servir à rien... il fallait l'oser, et c'est sans doute ce qui fait le bien méchant sel de ce film qui n'est en rien comparable aux histoires de clowns tristes, chef d'oeuvre paradoxal d'un comédien éternellement controversé: si le film vous rend inconfortable eh bien c'est peut-être parce que c'est précisément ce qu'il cherchait...

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Published by François Massarelli - dans harry langdon Muet 1927 *
25 juin 2011 6 25 /06 /juin /2011 10:12

Ceci est le deuxième et dernier film de Langdon réalisé par Frank Capra, l'homme qui prétendra toute sa vie avoir "fait" Langdon. Nous n'allons pas revenir ici sur l'histoire, le fait est désormais avéré: immense cinéaste, Capra était aussi un affabulateur de génie, comme d'autres grands: qu'on pense à Walsh, menteur et farceur; Ford qui brouillait les pistes au point de prétendre avoir été cowboy en Arizona; Lang et sa version de sa propre fuite d'Allemagne... Donc, une fois The strong man achevé, Langdon aussi bien que Capra se sont senti pousser des ailes: le film était un succès, leur ambition avait payé, et il pouvaient remettre le couvert; l'ennui était que chacun des deux s'atribuait les mérites de ce qui était avant tout une collaboration, et que la brouille allait se préciser; Langdon était le patron, et à la suite du tournage, il a écarté Capra de son équipe, jugeant le temps venu de prendre sa destinée en mains. Le film devrait s'en ressentir, mais pas du tout: C'est un film tout à fait typique de ce que Langdon pouvait réussir dans ses meilleurs moments, qui revient à des thèmes proches de ses courts métrages, et qui oppose une fois de plus la ville corruptrice à l'Amérique profonde, comme les trois-quarts des films muets Américains semble-t-il, mais dans une bulle burlesque moins caricaturale que dans The strong man.

 

Harry est un grand garçon, qui rêve toute la journée de romance, alimentant ses fantaisies de livres puisés à la bibliothèque locale. Toute sa jeune vie, ses parents l'ont gentiment couvé, persuadés qu'il se marierait automatiquement l'age venu avec la petite voisine, Priscilla (Priscilla Bonner, la jeune aveugle de The strong man). Celle-ci aussi en est persuadée. Un beau jour, les parents décident d'offrir des pantalons à Harry qui se croit enfin adulte, et se précipite sur la première venue: une jeune femme de la ville (Alma Bennett) dont la voiture est en panne, et qui appartient à un gang de trafiquants de drogue par-dessus le marché. Pour se débarrasser de lui, la jeune femme l'embrasse, et part, mais Harry, persuadé qu'il s'agit d'un pacte d'amour, l'attend. Alors que le village s'apprète à célébrer son mariage avec Priscilla, il s'enfuit pour retrouver sa "bien-aimée"...

 

http://366weirdmovies.com/wp-content/uploads/2010/07/long_pants.jpgComme chez Lloyd, le décor rural est assez classique, mais le personnage de Langdon est plus caricatural encore; par contre, les scènes urbaines installent Langdon... en 1927, avec sa corruption, son jazz et sa consommation d'alcool frelaté. La naïveté du personnage se retrouve, tout comme dans les meilleurs courts Sennett, placée au coeur d'un décor d'autant plus criard. Des scènes laissent comme il savait si bien le faire Langdon pousser son style lent et répétitif jusqu'au bout: lorsqu'il a vu la jeune femme en automobile au début, il tourne autour d'elle avec son vélo, faisant tout un tas d'acrobaties plus embarrassantes les unes que les autres. Contrairement à un Charley Chase ou un Harold Lloyd, l'embarras, avec Langdon, est pour le spectateur, pas pour le comédien; c'est ce que lui empruntera Laurel...

 

Pour le reste, il faut noter une cavale rocambolesque en ville avec Langdon qui croit porter sa "fiancée" dans une caisse, alors qu'il s'agit d'un crocodile, et deux scènes frappantes: vers la fin, Harry qui s'est lui-même aveuglé sur les activités délictueuses de sa "petite amie", assiste dans la loge d'un théâtre à un rêglement de comptes, qui l'éclaire une bonne fois pour toutes sur la vraie nature de la femme qu'il aime. Cette scène est volontairement crue, et vue par un Harry au premier plan, de dos; il joue de fait à visage masqué, la scène fonctionnant parfaitement du fait que le comédien est retourné. Une noirceur qui contraste avec la vie doucereuse de sa campagne, et qui explique deux ou http://cache2.allpostersimages.com/p/LRG/37/3723/RSTAF00Z/posters/long-pants-harry-langdon-1927.jpgtrois plans qui servent en quelque sorte de "paliers de décompression" pour le jeune homme lorsqu"il revient à la maison: on le voit l'air hagard errer à travers bois avant de rentrer chez lui, grandi, mais aussi traumatisé. Cette noirceur culmine pourtant à un autre moment de ce film: lorsqu'il s'apprête à se marier, Harry se demande comment se débarrasser de Priscilla, et imagine l'emmener dans les bois pour la tuer d'un coup de révolver, une rêverie qui contraste évidemment avec ses fantaisies du début du film, qui levoient en prince de pacotille conter fleurette à la jeune fille... Mais le plus perturbant, c'est qu'il tente effectivement de mettre son plan à éxécution! Comme si dans True Heart Susie, de Griffith, Bobby harron emmenait Lillian Gish dans le bois pour la tuer, en quelque sorte: ça fait quand même froid dans le dos, même si Harry Langdon étant Harry Langdon, ça ne marchera pas, rassurez-vous.

 

Voilà, ce film est sans doute plus mal fichu que le précédent, moins équilibré. Les partisans de Capra diraient que Langdon a trop contrôlé, les partisans de Langdon seraient d'avis d'imputer ses défauts à Capra; quoi qu'il en soit, le film est de toute façon typique de son auteur, et je parle ici de Langdon, pas de Capra: après trois ans passé à tricoter des films autour de son personnage, entièrement tissés autour de son style de gags, il serait temps qu'on reconnaisse la paternité de ces films, non?

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Published by François Massarelli - dans harry langdon Frank Capra Muet
19 juin 2011 7 19 /06 /juin /2011 08:56

http://1.bp.blogspot.com/_wkMSc5DjQ18/TEh8lMA2T1I/AAAAAAAANU0/PsNfaKw41Lo/s1600/strong_man_poster.jpgThe strong man est généralement considéré comme le meilleur film d'Harry Langdon, et est même par certains côtés le seul classique du lot... Est-ce du à la contre-publicité orchestrée par Frank Capra autour du comédien, ou au fait que les cinéphiles réfractaires à Langdon y reconnaissent la patte du metteur en scène, dont c'était le premier long métrage? J'avoue ne pas me joindre à la foule qui applaudit le film, non qu'il soit mauvais, au contraire, mais je le trouve longuet et redondant... Après un Tramp tramp tramp très enlevé, avant un Long Pants plus court, celui-ci tend à se laisser aller, et au risque d'une fois de plus détruire l'image patiemment assemblée par Capra lui-même au fil des ans, je le trouve très Langdonien, peut-être même trop. Après tout, il avait d'une certaine manière, même en n'ayant jamais dirigé un film, plus d'expérience que Capra, et a sans doute précisément utilisé un metteur en scène débutant pour mieux contrôler la production.

 

Paul Bergot (Harry Langdon), un immigrant belge, se rend aux Etats-Unis pour y retrouver la trace de Mary Brown, la petite Américaine qui lui écrivait des lettres enflammées pendant la guerre, dans le cadre du soutien au moral des troupes. Il est venu avec un "strong man", un costaud de foire, et est engagé par un music-hall situé dans une petite ville en proie à une lutte entre les tenants de la distraction (Leur QG est le music-hall-salloon), et les bonnes gens regroupés autour du pasteur local (Dont la fille, aveugle, s'appelle ...Mary Brown).

 

C'est très léger, comme argument, et pas grand chose ne se passe de plus: un prologue situé en pleine guerre montre comment Zandow, le costaud, va se retrouver flanqué de Paul: il l'a capturé pendant la guerre... Un passage par Ellis Island permet à Langdon d'illustrer sa conception du gag "froid", avec un Harry Langdon qui déclenche une longue vague de bancs qui tombent les uns sur les autres, puis un petit interlude voit Paul chercher Mary Brown en demandant à des femmes dans la rue si elles sont sa dulcinée... Langdon est plus décalé que jamais, et le réalisateur multiplie les gags en longs plans, comme pour empêcher tout montage de réduire l'effet de lente maturation répétitive des gags. Le personnage de Mary Brown, fille de prédicateur (un vrai intolérant, il fait pourtant partie des braves gens dans ce film gentiment conservateur), est une sorte d'ancêtre de bien des personnages de Capra. Le film sera un succès, et permettra à Langdon de continuer avec la même équipe, avant d'opérer un changement de taille en devenant son propre metteur en scène...

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Published by François Massarelli - dans harry langdon Frank Capra Muet