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  • : Allen John's attic
  • : Quelques articles et réflexions sur le cinéma, et sur d'autres choses lorsque le temps et l'envie le permettront...
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16 mars 2025 7 16 /03 /mars /2025 14:40

L'étudiant de Prague a déjà fait l'objet d'une adaptation par son scénariste Hanns Heinz Ewers en 1913, avec la collaboration de Stellan Rye. Le rôle principal, celui de l'étudiant épéiste Balduin, était tenu par Paul Wegener, qui était, déjà, trop vieux pour le rôle... C'est aussi le cas de Conrad Veidt mais ça se voit moins!

En automne, un groupe d'étudiants en goguette s'arrêtent à une tavrne pour y boire et prendre du bon temps. Balduin l'étudiant est amené à secourir la fille d'un noble local, la belle Margit, dont le cheval s'est emballé lors d'une partie de chasse. Balduin est hanté par le souvenir de la jeune femme, et délaisse sa petite amie Lyduschka. Prenant conscience de sa classe sociale, il passe un contrat surnaturel avec le prêteur sur gages Scapinelli (Werner Krauss), qui lui confère richesse et gloire. Il peut désormais essayer de séduire la belle Margit...

Nouvelle variation sur le thème du double et du contrat maléfique, le film est sorti la même année que Faust... Sous la direction de Galeen, il se pare d'un souffle impressionnant, et d'une richesse que ne possédait pas celui de 1913, tout en lourdeurs assez poussiéreuses... Un remake ne s'imposait peut-être pas, mais de toute façon, ce nouvel Etudiant de prague est bien un tout autre film, plus accessible en 1926 aux spectateurs du monde entier, clairement. 

Galeen poursuit ainsi un travail de réappropriation des mythes (Germaniques ou non, puisqu'il a collaboré au film Nosferatu, après tout) en s'appropriant différemment des habitudes de l'écran allemand, l'héritage de la tentation d'un cinéma expressionniste, sempiternel sujet de débat autour des oeuvres cinématographiques de Weimar..; Il y utilise bien des aspects du style (les décors marqués d'Hermann Warm, et bien sûr les deux acteurs les plus marquants de Caligari, ce n'est pas rien) mais son film est empreint d'une vraie fraîcheur: et le jeu de Veidt en particulier y est moins chargé qu'à l'accoutumée. Et Krauss est méconnaissable!

Galeen, et Ewers qui a collaboré au scénario, placent le film dans un souffle spectaculaire, en développant l'intrigue sur deux heures, aussi, évitant les lourdeurs de l'oeuvre initiale. La scène la plus emblématique, durant laquelle Scapinelli opère un échange entre Balduin et son double à travers un miroir, est sans doute la plus traditionnelle, sous l'influence inévitable des habitudes du cinéma allemand d'avant... Mais la magnifique scène de l'entrevue nocturne entre Balduin et Margit, qui fait intervenir les quatre principaux personnages, est superbement pensée, avec l'utilisation inquiétante de l'immense ombre de Krauss...

 

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Published by François Massarelli - dans Muet Henrik Galeen Conrad Veidt 1926 *
15 mars 2025 6 15 /03 /mars /2025 08:29

Henrik Galeen, c'est bien sûr d'abord et avant tout le scénariste de Nosferatu, film unique en son genre, et incursion inattendue, pour une adaptation (même oficieuse) d'un roman Gothique anglophone, au pays de l'occulte... à l'Allemande! Mais il est aussi un réalisateur, de huit films en Allemagne entre 1915 et 1933. Celui-ci est l'un des plus célèbres... C'est auss une sortie tardive d'une oeuvre fantastique sur l'écran allemand, à une époque où la cinématographie nationale se tournait vers des études psychologiques et des drames sociaux... Galeen, sans aller jusqu'à verser dans l'occultisme comme Albin Grau, le coproducteur de Nosferatu, avait en effet une passion pour la tradition du fantastisque, et ce n'est pas un hasard si sa première réalisation était justement la première version du Golem avec Paul Wegener...

Celui-ci interprète le professeur Jakob ten Brinken, un scientifique notable obsédé par un projet délirant: il croit en le pouvoir fantastique des mandragores, cette plante mythique qui pousse au pied des gibets, et dont la présence vient de la semence éparpillée par les condamnés lorsqu'on leur met la corde au cou! Il souhaite créer un enfant, en utilisant une mandragore pour imprégner une prostituée, et voir comment évoluera l'enfant...

Le résultat de cette expérience sera une fille (Brigitte Helm): Alraune (l'allemand pour mandragore) va grandir dans un pensionnat, où elle sera très vite remarquée pour son indiscipline et ses audaces, capable de corrompre tout un dortoir d'un rien... Punie, elle s'enfuit, trouve du travail dans un cirque où elle corrompt tous les hommes qu'elle est amenée à rencontrer... Le professeur ten Brinken la retrouve et décide de la récupérer. Mais les ennuis ne sont pas finis: alors que la jeune femme s'installe dans le luxe de sa relation filiale avec le vieux professeur, ce dernier est de plus en plus persuadé de l'incapacité de sa création à échapper à sa nature fondamentalement maléfique, mais en prime il tombe fou amoureux d'elle...

Le film est intéressant sur de nombreux points, l'un d'entre eux étant cette capacité qu'a eu Galeen d'adapter le fantastique de son film à la nouvelle donne du cinéma Allemand: fini l'arrière-plan expressioniste, dont les derniers feux étaient visibles encore l'année précédente dans Metropolis et Faust. Ce film de dix confortables bobines s'inscrit dans l'élégance du cinéma moderne Européen, et son fantastique ne repose en rien sur les délires chargés d'une imagerie fascinante, mais dont il fallait bien un jour s'échapper. Il a beau être fort long, il en ressort une certaine légèreté... Et de conte fantastique, Alraune deviendrait presque un mélodrame, ou un drame de moeurs, qui aurait pu être réalisé par un Richard Oswald (qui justement en era un remake parlant quelques années après, avec Brigitte Helm), ou A.W. Sandberg. Les décors du cinéma de l'époque sont tous présents, de tables de jeu surpeuplées de bourgeois en habit, aux vastes demeures dont les appartements recréés en studio soulignent l'opulence et la vacuité d'un monde corrompu.

Car le film n'oublie jamais le rôle assigné à son personnage principal, et on comprend que Brigitte Helm a été engagée pour reprendre un rôle à la façon de sa première incursion dans le cinéma, quand elle a joué non pas Maria de Metropolis, mais son double maléfique: la gestuelle de l'actrice, sinueuse, angulaire, nous renvoie en effet aux agissements troubles de celle qu'un savant fou avait créée pour fondre sur le monde et y engendrer le chaos. Rotwang avait un but, celui de se venger... Pas ten Brinken, si ce n'est celui d'engendrer une découverte scientifique (au but bien nébuleux) qui puisse donner du sens ) son obsession d'un vie... Bref: du vide. Car le film, derrière son personnage qui découvre (en lisant les notes de son "créateur") les circonstances de sa naissance, elle comprend qu'elle est condamnée au mal, et décide... de l'assumer pleinement. Car elle pense qu'il n'y a pas d'issue pour elle: reprochant au monde d'avoir été créée maléfique, elle s'adonne au mal pour se venger! Jusqu'à ce qu'un retournement de situation révèle qu'après tout, il y a bien un responsable de sa nature...

Il y a, sans doute, des ponts entre cette histoire basée sur un roman de Hanns Heinz Ewers, et le Lulu de Wedekind, donc entre la Mandragore de Brigitte Helm et Die Büchse der Pandora de Pabst avec Louise Brooks... Comment ne pas y penser, quand l'amant de la jeune femme se donne la mort dans les coulisses d'un cirque, ou quand Wegener poursuit sa "fille" dans leur maison, un couteau à la main, partagé entre le délire érotique et l'instinct de meurtre? Et les deux films sont construits intégralement sur l'extraordinaire interprétation d'une actrice, qui crève l'écran pour l'une comme pour l'autre... Mais à la lecture sociale de Pabst, Galeen oppose une lecture fantastique, presque ludique... C'est plus léger, en effet. Il est clair qu'il y a moins de portée... Mais c'est aussi très distrayant!

 

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Published by François Massarelli - dans Muet Brigitte Helm Henrik Galeen 1927 *