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18 avril 2022 1 18 /04 /avril /2022 19:07

Curieux comme ce film pourtant situé fermement dans les milieux du cirque finit par épouser les contours reconnaissables du film musical... Mais c'est pourtant vrai que tout ici tourne autour d'un spectacle collectif à créer, des galères inévitables, des traîtrises, des alliances, des coups durs et des coups de théâtre, comme avant lui, disons, Footlight Parade, 42nd street ou The Bandwagon...

Au début du XXe siècle, Matt Masters (John Wayne) est l'heureux propriétaire d'un cirque western au succès phénoménal: il a décidé de tenter l'aventure d'une tournée Européenne, mais le bateau sombre à son arrivée à Barcelone. D'abord engagés dans une autre tournée, Masters et son équipe vont essayer de retourner à la base du cirque, en en créant un nouveau, spectaculaire, à la mode Européenne...

En même temps que ces péripéties, le film nous conte la difficile filiation d'une jeune enfant de la balle, Toni (Claudia Cardinale) dont le père serait mort, et la mère (Rita Hayworth) s'est enfuie. Matt, qui l'a élevée, en sait bien plus et cache des secrets...

C'est un film de pur plaisir, du plaisir familial de 1964, donc c'est d'une grande sagesse. Hathaway, qui a déjà dirigé les bagarres de John Wayne dans North to Alaska, se fait plaisir en remplissant très simplement son cahier des charges: du cirque, quelques larmes, des incidents et des numéros spectaculaires. Parmi les premiers on notera un naufrage inventif et un incendie gâché par des transparences coupables... Dire que ce film a eu une genèse troublée, avec Nicholas Ray, puis Frank Capra avant que Hathaway ne prenne le manche... Au final, un spectacle inoffensif, parfait pour les enfants... et le Cinerama.

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Published by François Massarelli - dans Henry Hathaway Cinerama Filmouth John Wayne
25 février 2018 7 25 /02 /février /2018 11:38

1952: une mission improbable et particulièrement urgente doit être confiée à un agent Américain; un document ultra-secret et crucial pour le maintien de l'équilibre européen va transiter, et il faut qu'il tombe dans des mains Américaines. Celui qui est choisi pour le job s'appelle Mike Kells (Tyrone Power), et il n'est qu'un courrier, autrement dit il n'a pas l'habitude des missions à haut risque, impliquant armes, coups de théâtre, femmes fatales de toutes sortes et autres trahisons de dernière minute. Autant dire qu'il va être servi, et nous aussi du reste...

Lors de cette étape de la carrière d'Hathaway, qui était en contrat avec la 20th Century Fox, le film noir n'est jamais très loin. Il a toujours su mélanger les ambiances, et s'amuser avec les codes, que ce soit pour le western (Garden of evil), le film de guerre (13, rue Madeleine), ou comme ici pour un film d'espionnage situé en pleine guerre froide. Et le metteur en scène s'est une fois de plus fixé comme mission de raconter une histoire prenante, qui bouge tout le temps; un de ces films d'espionnage dans lequel l'appartenance à un côté ou un autre finit par être totalement accessoire...

Dans un premier temps, on reste dans un réalisme assez impressionnant, avec des séquences qui nous montrent le décodage express de documents, puis la façon dont une décision est prise impliquant un agent. Kells, joué sans faux-semblants par Tyrone Power, est vraiment un novice, ce qui va lui apporter un atout considérable dès le départ: la sympathie du public! Et il va en voir de belles...

Une grande part du film a été tournée en Autriche, et c'est u autre atout considérable. Ca ajoute aux difficultés de cet agent d'un jour, habitué des aéroports et des hôtels de passage, mais qui ne s'est jamais tout à fait frotté à la réalité du terrain. Et puis il y a Patricia Neal, formidable comme d'habitude en femme sensuelle, séductrice fatale, qui joue un jeu trouble dès le début, parce que contrairement au héros, le spectateur, dès le départ, se méfie de tout, des tous, et... de toutes.

 

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Published by François Massarelli - dans Henry Hathaway Noir
31 octobre 2016 1 31 /10 /octobre /2016 11:06

Production de prestige s'il en est, ce film n'est bien sûr pas tout à fait un long métrage réalisé par cinq réalisateurs de renom... C'est l'une anthologie de cinq adaptations de nouvelles de O.Henry, écrivain immensément populaire dont la Fox a souvent tiré des films... Et afin d'assumer le prestige jusqu'au bout, le producteur Andre Hakim a demandé à John Steinbeck lui-même de faire des apparitions dans le film, pour y introduire chacune des histoires. les ambiances sont fort différentes d'un court métrage à l'autre, en fonction bien sur du ton de chaque nouvelle. Mais la compagnie a vraiment mis les petits plats dans les grands en convoquant un casting de rêve... Comme toute anthologie, le film a ses hauts et ses bas, c'est a raison pour laquelle je vais, de façon succincte, plutôt me livrer à une brève description et une courte critique de chaque segment. Pour le reste, le film réussit bien à donner l'impression d'une collection de tranches de vies Américaines, au début du 20e siècle...

The cop and the anthem (Réalisé par Henry Koster, écrit par Lamar Trotti)

Un clochard, interprété par Charles Laughton, décide de se faire arrêter, car l'hier approche... Hélas! il semble que l'humanité soit un peu trop compréhensive pour lui...

Le film se devait de commencer fort: de fait, c'est le meilleur des cinq récits, dominé il est vrai par une prestation mémorable de Laughton... Et une rencontre brève mais fascinante: il a une courte conversation avec une jeune prostituée interprétée par Marilyn Monroe. Le récit est donc enlevé, amer et fortement teinté d'une ironie que n'auront certes pas tous les autres courts métrages du film.

The clarion call (Réalisé par Henry Hathaway, écrit par Richard Breen)

Un policier (Dale Robertson) reconnait un indice dans une affaire de meurtre, qui le renvoie à son passé... Il va retrouver une fripouille (Richard Widmark) qu'il n'a pas vu depuis sa jeunesse, et dont il a deviné qu'il avait tué la victime, et les deux hommes vont mettre toutes leurs cartes sur la table... Et même trop: le policier joue un  jeu très dangereux...

On a là un bon départ vers le film noir, et l'alliance entre Hathaway et Widmark nous permet d'envisager le meilleur.Hélas, si Widmark comme d'habitude vampirise l'écran, son partenaire est un peu faiblard. On appréciera toutefois les notations acerbes sur le salaire de misère que reçoivent les policiers...

The last leaf (Réalisé par Jean Negulesco, écrit par Ivan Goff et Ben Roberts)

Une jeune femme (Anne Baxter) atteinte de pneumonie se laisse mourir, alors que sa soeur (Jean Peters) essaie de l'aider à surmonter sa maladie. la malade est persuadée que lorsque la dernière feuille de l'arbre qu'elle voit de sa fenêtre partira avec le vent, ce sera le signe pour elle de mourir. Parallèlement, leur voisin du dessus, un peintre (Gregory Ratoff), attend vainement de peindre une toile qui ait du sens...

Surprenant, le film est noir à l'extrême. Negulesco l'a uniquement filmé dans un bloc d'appartements, et on quitte rarement la chambre de la mourante. La fin est tire-larmes à souhait, mais ne manque pas de grandeur...

The ransom of Red Chief (Réalisé par Howard Hawks, écrit par  Ben Hecht, Nunnally Johnson et Charles Lederer)

L'unique film court de Hawks, sera le seul segment à être coupé du film! Et pour cause: personne n'y a jamais ri... C'est pourtant assez caustique, mais on manque ici cruellement de personnages à aimer sans doute. Et le metteur en scène a probablement eu du mal à s'intéresser à cette intrigue de deux minables (Fred Allen, Oscar Levant) qui tentent un kidnapping , mais enlèvent un gamin qui va faire d'eux des victimes... Pas très professionnel.

The gift of the magi (Réalisé par Henry King, écrit par Walter Bullock)

La deuxième vraie réussite du film est ce petit conte de Noël, tendre et inattendu. A l'approche des fêtes de fin d'année, un jeune couple (Farley Granger et Jeanne Crain) regrette de ne pouvoir se faire des cadeaux dignes de ce nom, car les temps sont durs... Mais ils vont tous deux trouver des stratagèmes...

On évite les larmes, avec une histoire inattendue, qui joue sur les fétiches des uns et les sales manies des autres, sans se départir du ton tendre choisi par King. Deux aspects de chaque personnalité vont jouer un rôle déterminant: la longue chevelure soyeuse de la jeune femme, et l'obsession du temps du jeune homme. Une fin totalement appropriée pour le film...

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Published by François Massarelli - dans Comédie Henry Hathaway Howard Hawks
26 octobre 2016 3 26 /10 /octobre /2016 16:38

"Nevada Smith" est un titre intéressant, mais bien paradoxal: personne ne s'appelle comme ça dans ce film, mais le héros, sommé de donner son nom, cache son identité sous ce nom d'emprunt lors du dernier quart de ce drame sordide de la vengeance... En un prologue et trois actes. Je vais le dire tout de suite: Steve McQueen, qui interprète environ 10 ans de la vie d'un homme, de l'adolescence à la vie d'adulte, joue parfaitement l'ado, oui. Mais physiquement? Difficile à avaler, tout comme le fait qu'il soit moitié Kiowa!

Pas une erreur de casting pourtant, loin de là, l'acteur est totalement dans son registre pour interpréter ce jeune innocent confronté au crime dans un jour de barbarie totale, et qui va y trouver prétexte à une triple mission de vengeance, pour laquelle il va lui falloir s'armer avant tout, car Max Sand n'a rien: ni arme, ni savoir-faire. Il reconnaît avoir bien tué "quelques lapins", mais c'est tout... Mais n'anticipons pas. Max est à quelques centaines de mètres de la maison de son père quand trois hommes (Martin Landau, Arthur Kennedy et Karl Malden) lui demandent le chemin de la mine paternelle: ils lui inspirent confiance, et Max s'en mordra les doigts, car les trois hommes, qui croient que la mine du père Sand regorge d'or, vont torturer et tuer les parents de Max, pour rien... Enfin peut-être pas, car le fait que sa maman soit une kiowa excite leur sadisme. Arrivé sur les lieux, Max brûle la maison et les corps, et part en quête de vengeance. Quelques jours plus tard, il tombe sur un groupe de trois cavaliers, les attaque, mais ce ne sont pas les hommes qu'il cherche. Ils lui donnent une leçon... en l'abandonnant seul dans le désert, sans arme; il tente de se refaire en attaquant un armurier (Brian Keith) mais celui-ci le prend en amitié, et il lui donne quelques rudiments de maniement des armes à feu. De rencontre en rencontre, Max Sand grandit, s'endurcit, et se rapproche de son but: retrouver les trois hommes qui ont commis le crime qui l'a obligé à grandir trop vite...

Le film est un "prequel", celui de The carpetbaggers, de Eward Dmytrik, avec Allan Ladd en "Nevada Smith"; c'est à bien des égards l'histoire d'une initiation, celle d'un homme qui pour une cause juste va se transformer en un tueur aguerri et dangereux. mais en chemin, il va faire d'autres apprentissages: celui de l'amour, auprès de deux femmes (Janet Margolin joue une jeune prostituée Kiowa qui le sauve lors de son premier acte de vengeance, et lors d'un séjour dans un bagne de Louisiane, il côtoie une femme au destin tragique, Pilar , interprétée par Suzanne Pleshette), celui de la lecture aussi, sur un conseil de l'armurier Jonas Cord. Il part de rien, et se forge une vie, celle d'un tueur, oui, mais un tueur qui a une raison de tuer... Ce qu'on ne manque pas de lui reprocher... A cet égard, une rencontre est troublante, celle d'un prêtre sur une mission (Raf Vallone), qui lui fait voir qu'il a le pouvoir de renoncer à sa vengeance... 

Le film est un merveilleux parcours initiatique, dont Hathaway s'amuse à rythmer toutes les étapes d'un certain nombre de codes, le plus évident étant le fait d'éteindre bougies puis lumières, à chaque ellipse... Steve McQueen, ardoise vierge, va tout apprendre et tout expérimenter avant d'arriver à la fin du film, dans une saga fascinante... En attendant de voir s'il renonce ou non à sa vengeance, Nevada Smith est avant tout un très beau western, tourné dans des lieux sublimes, de montagnes en bayou, de désert en plaine, dans les montagnes rocheuses, ou dans les saloons de la frontière. Hathaway profite de l'allègement de la censure pour pousser un peu plus l'enveloppe du western, et McQueen est fidèle à lui-même. Non seulement le film est d'une hauteur de vue irréprochable et d'une intelligence remarquable, mais il vous sera impossible de détacher votre regard tant il est distrayant. Bref, un classique. Un beau... Un gros.

 

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Published by François Massarelli - dans Western Henry Hathaway
26 août 2016 5 26 /08 /août /2016 17:53

Les Philippines, au début du XXe siècle. Des troubles locaux menacent la population, et une troupe de bandits s'en prennent à la paix trop fragiles. Les Américains, prêts à partir de la région, dépêchent des hommes d'armes pour aller former une vraie armée de Philippins, mais dès leur arrivée, leur colonel est tué. Pour les hommes qui restent, ça va être difficile d'autant que leur nouvel officier est dur, très dur... Et bien qu'il ne l'admette pas, il est en passe de devenir aveugle. Le docteur Cavanan (Gary Cooper) va prendre les choses en mains...

Cette production Goldwyn a tout du petit film: conflit aussi nébuleux que possible, intérêts rabaissés (Le mal contre le bien), lecture assez gentiment ethno-centriste, héros invincible et dur (C'est Gary Cooper, pas le genre à caresser les gens dans le sens du poil)... Bref on est dans du classique, de l'éprouvé. Ca n'apporte pas grand chose à la gloire de "Coop", et ça prolonge (Pour ne pas dire "copie") The lives of a bengal lancer. C'est un film criminel? Non, bien sûr.

Ca se laisse regarder? Bien sûr!

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Published by François Massarelli - dans Henry Hathaway Gary Cooper
28 juillet 2016 4 28 /07 /juillet /2016 09:09

Les Tolliver et les Falin ne s'aiment pas: il faut dire qu'on est dans les montagnes du Kentucky, et qu'sils sont voisins. leur querelle remonte à... En fait, on ne le sait même pas, et on n'est pas sur qu'ils le sachent. Un événement significatif fait l'objet du prologue de ce film: la naissance, chez Judd Tolliver, de la petite June. Il aimerait bien se rendre aux côtés de son épouse pour l'assister, mais les deux familles sont en plein affrontement. A ce moment, on sent la tristesse diffuse du père Tolliver, empêché par les siens de s'accorder une trêve. C'est un sentimental, dans l'univers barbare et reculé où vivent les deux familles, au fond des bois... Mais June (Sylvia Sydney) grandira malgré tout dans cette atmosphère de haine irrationnelle et prête à l'emploi. Quant elle a vingt ans, elle croise un homme de la ville, Jack Hale (Fred McMurray) qui travaille pour le chemin de fer, et est venu négocier avec les propriétaires du coin l'usage de leurs terres, et de leur charbon. La civilisation est en marche... ce qui va faire un mélange détonnant: en particulier, Dave Tolliver (Henry Fonda), un cousin recueilli enfant par la famille de June, et plus ou moins programmé pour devenir son mari le moment venu, va le sentir passer, car il n'y a pas plus attaché aux traditions locales de haine et de tuerie que lui...

Où l'on reparle inévitablement des Hatfield et des McCoy... Ou des O'Timmins et des O'Hara de Morris et Goscinny! Cette tradition folkloriques des forêts du Kentucky montagneux est basée sur des histoires réelles, et les gens qui en étaient les "héros" étaient bien sur à l'écart de la modernité, comme dans ce film. L'arrivée de Jack Hale est l'arrivée de la civilisation, et on croit pendant la première moitié du film que le conflit va être entre lui et les deux familles, mais ce serait trop facile. Car ce qui frappe, dans cette intrigue où les deux familles son normalement fautives d'avoir fait perdurer une situation absurde pendant des générations, et d'avoir vécu dans le dénuement intellectuel revendiqué, c'est que les deux clans ne sont pas à égalité: si les Tolliver sont aussi coupables que les autres parce que Dave, par exemple, a tué un de ses ennemis, et le referait s'il le fallait, que June est totalement fanatique, considérant les voisins comme des serpents à chaque fois qu'elle aborde le sujet, il n'en reste pas moins que la famille de Judd, en particulier sous l'influence de la mère de famille, Melissa (Beulah Bondi), est plus civilisée, plus facile d'approche que ne le sont les Falin. Pour le bien du spectateur, Hathaway a tranché, en nous livrant le film sous le point de vue des Tolliver, ou du moins de leur côté de la barrière.

Ca nous permettra de court-circuiter une option, pourtant proposée par Hale: le recours à la loi. Comme le dit un élu local, c'est de l'intérieur que doit venir la paix, elle ne doit pas être imposée de l'extérieur. C'est intéressant, même si dans la réalité un tel laisser-faire est impossible, car on évite le piège de montrer des bouseux sous-développés transformés par la belle civilisation, le piège dans lequel une telle histoire aurait pu s'enfermer (Et qui est plus ou moins le cheminement de l'excellent Mountain Justice de Michael Curtiz, remarquez, par le biais du personnage d'avocat droit dans ses bottes interprété par George Brent). Quoi qu'il en soit, je soupçonne cette très distrayante production de Walter Wanger, mélodramatique à souhait, réalisée sans faille par un expert, et dont les acteurs sont tous impeccables, d'être surtout un tour de chauffe pour le Technicolor trois bandes, qui commençait à se répandre dans le cinéma Hollywoodien en ce milieu des années trente. Parce que la principale qualité de ce film, ce sont ses merveilleuses couleurs. Rien que pour ça, il vaut le détour...

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Published by François Massarelli - dans Henry Hathaway
25 juillet 2016 1 25 /07 /juillet /2016 11:22

Dans cet exemplaire film noir, James Stewart doit non pas élucider un crime effectué 11 ans auparavant, mais plutôt démontrer les failles de l'enquête afin de libérer un innocent; on ne saura pas plus à la fin qui a tué, l'essentiel est dans les démarches du journaliste pour retrouver des traces, des bribes du passé qui vont lui permettre d'avancer. L'idée, c'est de s'approcher au plus près de la vie de ses protagonistes en détaillant avec soin les démarches, dans toute leur précision, mais aussi dans leur durée: l'attente, les fausses pistes, etc... On n'est pas ici dans l'efficacité, plutôt dans une véracité qui met l'accent sur l'humanité de ces personnages. Le style quasi documentaire de ce film réalisé à la Fox durant l'age d'or du genre est entièrement dans la lignée de ce que Darryl Zanuck souhaitait pour sa firme: apparemment authentique, mais empreint d'une réelle poésie du quotidien... James Stewart habite son rôle avec le talent qui le caractérise, donnant à voir ses doutes dans un premier temps, puis la façon dont il devient au fur et à mesure du film persuadé de l'innocence de celui qu'il défend... Henry Hathaway colle au plus près du cahier des charges avec la rigueur et le sens de l'efficacité qui le caractérisent, bref, un film noir de haute volée, et forcément... splendide!

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Published by François Massarelli - dans Henry Hathaway Noir
23 juin 2016 4 23 /06 /juin /2016 17:52
The lives of a Bengal lancer (Henry Hathaway, 1935)

C'est dans les années 30 que ce genre a explosé, avec aussi bien des films de Michael Curtiz (The charge of the light brigade), de Alexander Korda (The four feathers) que celui-ci, la version Paramount de la chose, avec Gary Cooper en vedette... Difficile de ne pas sourire devant le type d'intrigue qui nous est conté; d'une part, il est beaucoup question ici de la préservation de l'empire britannique contre les hordes barbares, et d'autre part, les trois soldats qui sont les principaux protagonistes parlent avec un accent Américain prononcé, ce qui oir deux d'entre eux est expliqué par des éléments de leur histoire: McGregor (Cooper) est Canadien, et le jeune Lieutenant Stone est passé par des écoles Américaines... L'intrigue concerne essentiellement l'arrivée de deux nouveaux soldats sur la "frontière", dans le 41e régiment des lanciers du Bengale. Le lieutenant Alan McGregor doit veiller à l'intégration du jeune aspirant lieutenant Donald Stone (Richard Cromwell), qui souffre d'être le fils du commandant (Guy Standing), celui-ci étant obligé par le protocole à garder ses distances avec son fils; par ailleurs, en même temps que Stone, un autre nouveau sous-officier est arrivé, le lieutenant Forsythe (Franchot Tone) qui lui a déjà vécu, et s'oppose dans un premier temps à McGregor, mais va rapidement développer une amitié virile de on aloi avec lui...

Oublions un instant que ce film (Parfois accusé de fascisme, suite à une remarque favorable de HItler qui aimait la façon dont, disait-il, on y montrait l'importance pour les Européens d'agit en race maîtresse!!!) situe son intrigue à un temps reculé, de façon d'ailleurs beaucoup plus romantique que militante. C'est un film d'aventures, pas autre chose. Cooper y trouve comme souvent matière à exprimer son dandysme légendaire, tout en y pêchant une occasion impeccable de dévoiler son engagement romantique. Hathaway filme comme il savait le faire à hauteur d'homme, avec un style sur et qui ne s'encombre jamais d'effets inutiles, loin des envolées baroques de Curtiz, il tourne à l'économie, et ne perd rien en efficacité... Ca ne révolutionne pas l'histoire du cinéma, mais on passe du bon temps!

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Published by François Massarelli - dans Henry Hathaway Gary Cooper
21 juin 2016 2 21 /06 /juin /2016 08:08
Now and forever (Henry Hathaway, 1934)

Ceci est loin d'être le premier film de Hathaway, bien qu'il ait été réalisé dans la troisième année de sa carrière, mais il est notable à plus d'un titre: d'abord, c'est le premier de ses films avec Gary Cooper, avec lequel il allait développer un partenariat plus que privilégié (The lives of a Bengal lancer, Peter Ibbetson, Souls at sea, Garden of evil...); ensuite, c'est l'un des premiers films sortis sous le nouveau code de production de 1934, et enfin c'est l'un des premiers rôles de Shirley Temple. Elle est impeccable, du reste...

L'intrigue commence dans la comédie, avec un couple formé de Gary Cooper et de Carole Lombard. Ils se sont mariés, mais il semble que ce soit pour le pire et le pire: il ne souhaite pas travailler et fait des escroqueries à la petite semaine, et elle s'accommode tant bien que mal de cette philosophie à la petite semaine. Mais Jerry a une idée en or: il va négocier auprès de son beau-frère les droits parentaux qui le lient à sa fille unique, dont il ne connait même pas l'âge! Toni, son épouse, le voit faire les premiers pas dans ce sens avec un certain dégoût, avant de constater que Jerry semble finalement s'attacher à sa fille. Pourrait-elle enfin le changer?

Ce qui est formidable avec Gary Cooper, c'est sa capacité à tout jouer, y compris une fripouille. Le genre de rôle que James Stewart ne tenterait pas avant les années 50, par exemple, mais Cooper les a lui joués dès les années 30: flic ou gangster, escroc ou Longfellow Deeds... Dans ce film, c'est justement à un mélange entre toutes ces tendances qu'on assiste, et Cooper y est touchant en père qui n'a pas l'habitude de la responsabilité, et qui découvre ce que ce terme veut dire. C'est mignon et distrayant, et ça nous rappelle aussi qu'Hathaway, réalisateur de westerns et de films d'aventures, était quant à lui tout aussi versatile... Le film, commencé comme une comédie, vire de façon inattendue au drame.

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Published by François Massarelli - dans Henry Hathaway Gary Cooper
22 décembre 2013 7 22 /12 /décembre /2013 15:58

L'image de Marilyn Monroe est pour l'éternité associée à ce beau film noir, l'un des fleurons les plus baroques du genre, et probablement le meilleur film d'Henry Hathaway; ce n'est pourtant pas vraiment elle qui a le premier rôle, même si elle est aisément plus visible que n'importe quel autre acteur! Elle y incarne, pour la première fois, une femme fatale, un garce de concours, avec un applomb  impressionnant: Rose Loomis est venue à Niagara avec son mari, un homme qui n'a manifestement pas la possibilité d'offrir à son épouse tout ce qu'elle désire; elle fricote avec un inconnu,et convient avec ce dernier de tuer son mari, George (Joseph Cotten). De leur coté, les Cutler, Polly (Jean Peters) et Ray (Casey Adams) sont venus à Niagara dans le but de s'offrir une lune de miel à retardement, puisqu'ils sont mariés depuis trois ans. Des liens vont se tisser entre Polly et George, et le drame des Loomis va contaminer la jeune femme...

C'est Charles Brackett, ancien collaborateur de Billy Wilder (En tant que co-scénariste et co-producteur de ses films) qui a mis le film en chantier à la Fox, et de fait, Niagara est un film noir dans lequel s'entrecroisent de façon fascinante les univers de deux grands cinéastes: Hitchcock et Wilder. Du premier, on retient ici l'intrusion d'un drame criminel dans la vie d'un couple de gens comme il faut, les Cutler (Dont on pressent qu'un beau jour, madame Cutler va probablement se lasser de son mari, un benêt intégral qui est venu à Niagara avec plusieurs kilos de bouquins à lire!). Mais la réflexion sur le crime s'accompagne d'une observation du quotidien qui confine à la comédie parfois méchante, avec le portrait d'Américains médiocres qui auraient leur place dans les films du grand Billy.

 Mais au-delà de la présence d'un grand scénariste et de l'influence de deux illustres collègues, Hathaway a largement fait sien le film, en utilisant avec génie les décors naturels extraordinaires, dont il se joue avec une aisance confondante, et qu'il magnifie dans un Technicolor rutilant. Et il y a Marilyn Monroe, dans son premier rôle qui va au-delà de la représentation d'une cruche, tout en poussant le bouchon de l'érotisme loin, très loin, n'en déplaise à Hathaway, qui a toujours fait semblant de faire le prude. Le film est très clair sur l'arrière-plan psychologique et sexuel du couple Loomis (Qui trouve d'ailleurs un écho chez les Cutler), et on se doute que ce pauvre George n'est pas revenu totalement indemne de la guerre de Corée. Le mariage compliqué de George et Rose va ainsi trouver son point d'orgue dans une scène baroque, filmée de haut, dans un décor surréaliste...

 

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Published by François Massarelli - dans Noir Henry Hathaway